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Elle ne servirait à rien dans les pattes du corps médical alors la rouquine les laissait prendre de l’avance. De toute façon, elle ne tirerait rien des blessés dans cet état, elle aurait tout le temps de les interroger plus tard. Amelia lui avait déjà résumé l’essentiel et alors que ses yeux froids observaient les ambulances s’éloigner, ses réflexions étaient déjà en pleine effervescence. Ils avaient perdu Renton. Une défaite qu’il faudrait digérer. Au-delà des vies humaines sacrifiées dans cette ambition, c’était tout un prototype de projet qui s’effondrait ; un modèle que l’avocat prévoyait de pérenniser. Et puis… il faudrait expliquer à toutes les personnes de leur micro-société que leurs proches étaient morts à des kilomètres de chez eux et qu’ils n’auraient aucun corps à enterrer. Une vraie épine dans son pied alors que tout se passait si bien jusque-là.

- Le ranch a trouvé un moyen de nous battre, répondit-elle dignement à Lawrence, sans laisser l’émotion la faire flancher, ceux qui sont revenus sont les seuls survivants.

Il faudrait qu’elle consulte le registre des sorties pour savoir exactement combien de victimes cela représentait, mais c’était autour d’une trentaine. Autrement dit, environ 15% de leur population venait de se volatiliser. Les gens allaient demander des comptes et des réponses, à tous les coups. Leur mode de vie était devenue tellement verrouillé, tellement huilé, que les décès n’étaient plus aussi fréquents qu'au départ. Un tel trou dans leur effectif, sans dépouille à mettre en terre, c’était une bombe dont elle serait la première à ressentir la déflagration.

- Pas d’annonce officielle pour l’instant, glissa-t-elle à son collègue en sachant pertinemment qu’il ne serait pas celui qui irait galvauder la mauvaise nouvelle.

Elle n’avait pas l’habitude d’être vulgaire mais pour le coup, c’était de circonstance : à moins d’un miracle qui lui permettrait un tour de force, c’était une tempête de merdes qui approchaient.

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La pression de ses doigts sur les siens la rassurait un peu, découvrant par la même occasion qu’elle avait eue besoin de ce contact pour se reconnecter à l’instant présent. C’était difficile, parce  qu’en plus de la tempête d’émotions dans son crâne, les médicaments s’échinaient à l’endormir et l’apaiser. Le regard que Donovan posait sur elle lui disait qu’elle n’avait peut-être pas totalement perdu, qu’elle se devait d’essayer au moins. Elle hocha la tête, doucement. « Je survivrai… Evelyn aussi. »

Puis les infirmiers revinrent vers elle, il était temps que l’on s’occupe de cette écharde géante plantée dans son ventre. Elle tenta un sourire à Donovan, parce que les médicaments étaient forts. « Merci, Donovan. » Murmura-t-elle. Pour son soutien, pour sa présence et parce qu’elle voyait bien que malgré tout, il y avait encore quelqu’un qui croyait en elle. Alors que l’israélienne même n’était pas sûre qu’il y ait encore quelque chose à sauver. Elle survivrait, parce qu’elle se le devait. Elle le devait aussi à Merl, à Abel. Parce qu’elle ne se laisserait pas éteindre, pas cette fois. Le Kansan l’avait réveillé depuis le jour de leur rencontre. Il avait réveillé en elle des sentiments puissants qu’elle croyait éteint à jamais. Il lui avait donné sa force, sa détermination. Il lui avait de redonner vie, alors qu’elle se croyait morte à l’intérieur. Elle ne pouvait pas abandonner, pas maintenant. Alors elle se laissa emmener par les infirmiers vers le bloc avec cette rage de vivre au creux du ventre.

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Il lui expliqua vaguement, suffisamment pour qu'elle pige que les cul-terreux, lui ayant arraché Swann, étaient à l'origine de tout ce merdier. Joann fronça les sourcils et laissa l'infirmier s'occuper du bras du brun. Déjà à la prison la défaite avait été cuisante, sa jambe s'en rappelait encore même si, pour le coup, elle n'avait plus qu'une lézarde rosâtre qui creusait sa peau. Est-ce que ces abrutis de faux détenus étaient avec les cinglés aux fourches ? Elle n'en saurait pas plus pour le moment, peut-être car c'était la première fois qu'elle croisait ce gars, qu'en Juillet il ne lui semblait pas l'avoir vu au District, et qu'elle n'y avait pas prêté attention pour être en compagnie de Casey en Octobre.

L'abandonnant, elle avança dans le dispensaire avant de croiser Floyd et son air tiré, le nain de jardin faisait des siennes sans le vouloir …. Quant à Ela vers laquelle elle dévia les cils, c'était pas non plus la forme, bien au contraire. Elle n'était pas amie avec l’israélienne, mais elle l'avait aidé et l'aiderait encore si c'était nécessaire. Bordel Blackmore avait chamboulé son existence, complètement. Cain le haïssait pour ça, autant qu'elle l'aimait de son vivant, autant qu'elle le détestait de l'avoir abandonnée et d'avoir, à son départ, laissé la porte des sentiments, qu'elle ne connaissait pas suffisamment, grande ouverte. La canadienne approcha de la brune et glissa une main réconfortante sur le bras tatoué de Floyd. Ils étaient plus proches désormais, et si elle n'aimait pas celle qu'il avait choisie, elle l'estimait lui avant tout.

- T'as embrassé une clôture Amrani ? Lui sourit-elle avant de reprendre. Tu vas t'accrocher, tu m'dois bien ça, s'tu claques j'te le ferai payer cher une fois que je casserai ma pipe pour t'rejoindre où qu'tu sois t'entends ? Tiens bon. Souffla-t-elle à Ela avant de serrer la main libre de son ami, son quasi frangin aussi con qu'elle l'était tandis qu'on emportait la brune. T'peux rester à la maison l'temps …. l'temps qu'elle se remette.

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Les dernières paroles de Zack, qui lui avait agrippé le bras, le trentenaire les laissa glisser dans chacune de ses veines. Il ferait gaffe à eux ouais, eux tous. S'il avait calé une chose aujourd'hui, c'était bien qu'il n'avait pas que Vic ou May, mais tout un groupe. Des gens soudés malgré leurs pensées divergentes. Opinant, il laissa les autres emporter son leader et Ansel suivre le mouvement avant de jeter un dernier regard à la rouquine qui supervisait ce monceau de grouillots cons comme des pines. Rien à foutre, pour le moment, Fuller quitta la plage et en suivit quelques uns, dont une petite blonde qu'il avait vaguement croisé en Octobre, pour trouver le dispensaire.

A peine là dedans il entendit sa blonde beugler. Putain de ….. Shit, que lui faisaient ces trous d'balles en blouse ? Se repérant à sa voix, repoussant sans ménagement des abrutis trop curieux, il la vit enfin et fronça les sourcils quant au type penché sur elle et à ce qu'elle baragouinait. Son cœur se serra. C'était ses propres conneries qu'elle bavait à ce mec, ce qu'il lui avait déjà dit et qu'il lui avait prouvé. T'es qu'une tête de gland Connard.... Yep, vraiment pour le coup mais, en remarquant son œillade froide, le gars se redressa d'un bond tandis qu'il approchait d'elle.

- Hey, ç'va darling ? Quand elle croisa ses yeux, elle reprit en un tas de conneries décousues, il ne put s'empêcher de lâcher un rictus en glissant la main contre son front pour en dégager les mèches blondes. T'es conne sans l'faire exprès là, ça t'rend mignonne. Inquiêt, Nathan l'était, sans doute pour cette raison qu'il lâchait dix conneries à la seconde. Vous allez la r'mette sur pieds, comme le grand blond, la brune et la rouquine, pas d'faux pas, si vous tenez à pas bouffer d'l'asphalte, tout ça sans pression m'sieurs. Petit sourire de connard à l'appuie, si ces gens sauvaient pas les siens, dieu seul témoignerait de ce qu'il serait foutu de faire.

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