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Toujours planté sur son coin de plage, Davis tirait tranquillement sur la cigarette magique entre ses lèvres. Oh pas que ce qui était arrivé ne l'intéressait pas mais il observait. Certes, le fait qu'une trentaine des leurs, à vue de nez, ne soient pas présents ne lui faisait à proprement parler ni chaud ni froid, mais il n'oubliait pas une chose : Amrani était responsable d'eux là-bas. Elle était là, parmi les blessés, mais n'avait apparemment pas pu gérer leurs troupes. Bien sûr, il attendrait d'avoir des informations complémentaires avant de porter un jugement trop hâtif mais, pour l'instant, les faits parlaient d'eux-mêmes.

Les minutes défilaient et il vit certains habitants de l'île en venir aux mains. Ridicules. Ceux qui devaient être leurs alliés n'étaient pas en meilleure forme mais, au moins ne faisaient-ils pas de vagues pour l'instant ; pas même ce brun qui s'était pris une baigne de Floyd. Et Joann plus loin qui semblait sermonner Richardson avant d'aller aider leurs alliés. Qu'elle fasse sa BA, lui avait bien plus important à penser pour l'instant.

S'apprêtant à rejoindre June qui avait sans doute plus d'informations, il croisa Amelia, le regard grave. Lui adressant ce regard constamment indifférent, il s'arrêta à ses mots et bloqua un instant. Autant dire qu'il ne s'attendait pas à un quelconque mot au sujet de sa jumelle, encore moins venant d'elle. Tirant une dernière fois sur son joint avant de l'écraser au sol, il hocha la tête. « Merci. » Parce-que c'était bien cela qu'il fallait dire non ? Ça plutôt qu'un te fous pas de moi t'en as rien à carrer, ça plutôt qu'un qu'est-ce que t'y comprends ?, parce-qu'elle comprenait. Elle aussi avait perdu une part de sa chaire et si Davis n'y était pas sensible, il était évident que le moment était mal choisi pour envenimer la situation.

Après un dernier regard posé sur la brune, il s'était dirigé vers Phelbs, se plantant à ses côtés. « Tu sais ce qui est arrivé ? » avait-il simplement demandé en suivant du regard les blessés qui étaient amenés au dispensaire.

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L’agitation avait gagné le campement dès que les bruits des moteurs de bateau avait brisé le silence ambiant. Casey avait retrouvé la foule bien assez vite, accompagnée de Madisson, se doutant que quelque chose de grave s’était passé durant son repos. Entre les blessés, les têtes que sa sœur ne connaissait même pas, les plaies encore ouvertes et les corps qu’on trimballait, la blonde ne put s’empêcher de faire le décompte de qui elle ne voyait pas.

Ce fut comme un premier coup dans la poitrine en remarquant l’absence de Merl. Elle le chercha pourtant dans l’agitation, comme s’il allait soudainement se redresser et apparaitre avec sa formidable moustache de fermier, râlant d’avoir perdu son chapeau. Son espoir fut déçu, et une boule s’ancra profondément dans sa gorge. Maddie, à côté, ne cacha pas le souci sur son visage, de voir autant de gens revenir blessés. Qu’est-ce qu’il s’était passé ? C’était la première question qu’elles avaient envie de poser.

Mais rien ne sortit. Elles gardèrent religieusement le silence. Jusqu’à ce que sa cadette lui annonce partir aider au dispensaire, c’était le moins qu’elle puisse faire. Casey hocha la tête, et quand un sanglot attira son attention, elle détourna les yeux vers une rouquine à côté d’elle : Sacha. Derrière ses lunettes brisées, elle pouvait voir les larmes couler sur ses joues.

« Restons pas là. » Fit-elle à la jeune femme, attrapant son bras pour l’amener ailleurs. « On gène le passage, on pourra rien y faire. » Et personne ne devait la voir comme ça.

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A peine consciente, elle sentit avec violence la chaleur des bras de Clayton qui la portaient. Glacée à cause de l’état de choc, l’homme semblait irradier tout entier et elle se laissa aller contre cette chaleur comme un pantin désarticulé. Elle avait mal, le morceau de palissade devait être enlevé au plus vite, elle ne survivrait pas sans une opération. Autour d’elle, elle entendit les éclats de voix, la colère des siens… dirigés vers les mauvaises personnes. Mais Ela était trop lasse pour s’en préoccuper pour l’instant. Clayton fut relayé par Hokulani qui ordonna qu’on la pose à l’intérieur de l’ambulance sur une civière. Elle avait envie de les arrêter, de leur demander de s’occuper d’abord d’Atkins et des siens, parce qu’elle, Evelyn et Amelia ne seraient pas ici sans eux. Mais elle n’était pas capable de donner des ordres en cet instant, et si elle tenta, tout le monde l’ignora. Pour changer.

L’israélienne fut installée sur un lit et préparée pour l’opération qui l’aiderait à se remettre sur pied. Le visage d’Hokulani était tendu, mais elle lui offrit un semblant de sourire rassurant. « Tes organes vitaux n’ont pas été touché… Tu vas survivre Ela. » Elle ne pouvait s’empêcher de se demander ; pour quoi faire ?. Pour qui, pour quoi ? Elle ne répondit pas, se contentant d’hocher la tête avec indifférence. Elle avait tellement perdu ce jour, que plus grand-chose ne l’affectait. Les calmants qu’Hokulani lui avait injecté en préparation de l’opération faisait effet, lui donnant l’impression de se trouver dans un nuage de coton. Elle se sentait si légère qu’elle avait l’impression de partir. Mais ce fut sans compter sur une intervention un peu brusque d’une personne qu’elle ne peina pas longtemps à reconnaitre. Elle tourna la tête vers un Donovan à bout de nerfs, inquiet. « Surveille ton langage, Donovan. » Souffla-t-elle avec peine. Puis elle lui offrit un sourire. C’était une tentative d’humour bien pittoresque en cet instant. Puis elle tendit la main, sans arrière-pensée, elle cherchait juste un contact. Et dans ses yeux un profond chagrin se creusa. Elle trouva la main de Floyd et ancra son regard dans le sien. « Merl est mort. » Parce qu’elle avait besoin de le dire, pour l’accepter. Elle l’avait vu tomber, et sur elle perlait encore sur ses vêtements son sang séché. Et le chagrin laissa place non pas à l’abattement… Mais à une colère peu commune chez elle. « Ils me le paieront tous. » Souffla-t-elle, avant de relâcher sa pression sur les doigts de Donovan. Que le militaire se rassure, elle ne sombrerait pas dans le même chagrin que pour son défunt mari. Elle vivrait. Farouchement, elle s’accrocherait.

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May pouvait encore sentir la main de Nathan qui pressait la sienne, se désolant quand il laissa ses doigts pour l'obliger à prendre place sur un brancard de merde. La petite entêtée ne voulait pas qu'on s'occupe d'elle, putain. Les autres avaient besoin de soins bien plus qu'elle. Mais le brun ne lui donnait pas le choix, lui assurant que ça irait, qu'il viendrait la rejoindre. Elle posa difficilement les yeux sur lui, puis sur tout ce bordel sans nom, avant de finalement abdiquer. Et déjà, les types de l'île prenaient la direction du dispensaire.

On la déposait sur un lit ensuite, découpant au ciseau le tissu sanguinolent qui recouvrait son ventre. Il fallait retirer la balle, qu'ils disaient. Mais Liv n'était bonne qu'à s'affoler, levant la tête et s'appuyant sur ses coudes pour découvrir Evy, plus loin, à peine consciente. Fuck. Son coeur se serrait tandis que ses prunelles se déplaçaient sur Vicky, dans le même état auprès de Lance et d'une brune qu'elle ne connaissait pas. FUCK! C'était bien réel, alors? Tout ça était vraiment arrivé? Comment avaient-ils pu en prendre dans la gueule à ce point? La blonde commençait à avoir vachement chaud, tout d'un coup, elle qui était congelée la minute d'avant. Ceux qui prenaient soin de Cendrillon sortaient leurs instruments, et c'est à ce moment qu'elle leur servit une crise monumentale. "Me TOUCHEZ pas avec ces trucs là, merde!" hurla-t-elle avant de continuer. "Non, je... J'ai dis non!" reprit-elle douloureusement en essayant presque de leur enlever des mains. C'était pas sa faute si la dernière fois qu'on l'avait réparée, il avait fallu charcuter sa jambe à froid. Traumatisme assuré.

Un des deux hommes demanda tout de suite à son collègue une injection pour la calmer, lui administrant dans le bras aussitôt la seringue en main. En quelques secondes, la princesse sentit ses muscles se détendre, et son envie de tout briser laissa la place à un drôle d'état qu'elle était bien loin de comprendre. Son esprit était dans la brume, là, et elle se sentait presque flotter. C'était quoi ce truc, chiotte, de la drogue?! La demoiselle regarda le type qui se penchait sur elle d'un drôle d'air. "T'sais, j'crois que mon mec est infidèle parce que mon prénom se termine pas par A, en fait! Jenna, Donna, Ameliaaaaaaaaa..." Et merde. Adieu les filtres, avec cette médication.

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