C'était quoi cette île de bargeots ? Les yeux écarquillés une minute, Nate avisa la rouquine froide dont lui avait parlé Donovan lors de leur sortie, puis déposa May dans l'un des brancards à dispo.

- C'va aller, Lâcha-t-il en lui serrant la main. Elle papillonnait encore, et son cœur à lui battait comme un dingue à l'idée que ces conneries n'aient fait qu'empirer l'état de sa petite amie. Petite-amie, première fois qu'il la voyait ainsi, sans réfléchir, sans plus penser. C'était juste le cas non ? j'te r'trouve au dispensaire ou dans leur p'tin d'hosto beloved, j'fais vite.

Les Docs du coin emportèrent sa blonde et il souffla un coup, prêt à aller seconder Lance, mais ce dernier recevait l'aide de Miss Canada, Lawrence d'Arabie celle de Shwarzy, Morgan se faisait un peu secouer par Will quant à Zack, Fuller allait soutenir Ansel pour l'aider à se déplacer au mieux, mais fut coupé dans son élan par Hulk. Il lui voulait quoi débilos ? Lui coller un pain dans la poire aussi, pour un truc qui datait ? Méfiant, le trentenaire plissa les paupières avant d'arquer les sourcils en lâchant un rictus. Sur le cul complet, ce type était bipolaire nan ? Ils s'étaient pas revus depuis que sa nénette s'était pris une super murge à lui rentrer dedans, depuis qu'ils avaient failli s'arracher la gueule, et il lui demandait si ça aller ? Holy shit !

- P'tin ouais j'pête la forme, les autres avec.... T'es aveugle ? Et nan les frères pécores sont pas là, sont canés pour c'qu'j'en sais, c't'en partie à cause d'eux qu'ma pote et et mon chef sont dans c't'état, alors si tu veux bien bouger ton cul, histoire qu'j'aille les soutenir, vas t'occuper d'Amrani Lucas, on verra plus tard pour l'reste. Il se contenait puis, de toute évidence, il avait pas la force de cogner et ça servait à rien sinon à retarder les soins qu'on devait porter aux siens. Enfin Nathan arriva près de Zack pour aider Ansel à le soutenir. T'vas poser ton cul sur un brancard, Lâcha-t-il en un rictus amer. Ces types avaient des moyens qu'eux n'avaient pas, et n'auraient jamais eu à Renton. Bordel à cul, cette baraque, presque sans confort, lui manquait déjà et se retrouver ici, même s'il en voulait pas à Floyd une seconde, à constater que la moitié de ces trous ducs étaient pas foutus d'être soudés, lui filait clairement la gerbe. J'te lâcherai pas Zack, tu décideras, j'suivrai, on rest'ra ensemble. Même ici, même ailleurs, c'était eux avant tous les autres, ça changerait pas.

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Il fallait croire que parmi toute la masse d'abrutis qui composait l'île, quelques personnes sortaient du lot. Cain qui venait porter son aide à Lance, Jenna un peu plus loin qui semblait soucieuse de leur état, et quelques autres qu'il ne connaissait pas. À partir de quel moment certains de ceux qui avaient partagé leur quotidien au District étaient-ils devenus aussi débiles ? Qu'importait. Ce n'était pas à lui de les gérer mais bel et bien à Phelbs. Il s'était déjà démené pour être partout, chez eux, courir à droite à gauche pour mettre tout le monde à l'abri. Risquer sa vie et celle de Vic pour éviter une mort certaine à Amrani. Et voilà ce qu'ils avaient en retour. Terminé de se plier en quatre pour d'autres que les siens, définitivement terminé.

S'arrêtant un instant en sentant la douleur dans son flanc se faire d'un seul coup bien trop vive, Zack inspira profondément sous le regard toujours inquiet d'Ansel. Il perçut le léger haussement de ton de Nathan, ne retenant pas un soufflement des plus dédaigneux. C'était en effet à cause d'eux qu'ils étaient dans cet état désormais et il avait fallu quelqu'un pour le dire à voix haute, restait qu'à espérer que le message serait clair : ils avaient plus urgent à gérer pour l'instant que des guéguerres non justifiées. Qu'ils demandent des comptes à Amrani si elle survit, les siens et lui en avaient assez fait.

Nate vint alors vers eux et le quarantenaire lui adressa ce regard grave qui signifiait en l'instant que d'une, mieux valait éviter de faire des vagues, et que de deux, il était désolé d'avoir à leur infliger ça. Désolé de ne pas avoir pu trouver d'autre solution. Aux mots du brun il ronchonna pour la forme, s'installant difficilement dans un brancard. Pour la forme oui mais tout au fond ne rien pouvoir faire de plus le bouffait réellement. Serrant les dents, il avisa à nouveau Nathan et, à ses mots, il lui lança un regard à la fois grave et reconnaissant. Ils resteraient ensemble oui, c'était ce qu'ils pourraient faire de mieux pour l'instant et l'ancien homme d'affaires se refusait à perdre qui que ce soit d'autre. Agrippant brièvement le bras de Nate, il inspira. « Assure-toi que tout se déroule bien, pour eux » avait-il soufflé en soutenant son regard. Parce-que lui ne pouvait pas le faire pour l'instant, et que si le moindre travers devait arriver il devait être au courant. Le brun saurait veiller sur les leurs jusqu'à ce qu'ils soient tirés d'affaire et, d'ici là, Zack n'aurait d'autre choix que de prendre sur lui et d'accepter le fait que, pour une fois, il ne pourrait pas garder un contrôle sur tout.

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L’odeur iodée de la mer. Premier écho de la réalité au milieu des ténèbres dans lesquelles elle sombrait. Victoria reprit conscience mais ouvrir à peine les paupières. La rétine brûlée par la lumière du jour accentua le mal de crâne qui plantait des lames jusque dans sa nuque. Elle avait déjà oublié les événements qui avait succédé à l’explosion de la grenade. La route en voiture, l’accident, sa brève veille pendant l’attaque des mordeurs, puis le rideau d’ombres à nouveau. Sa mémoire était comme le rouleau usé d’une vieille imprimante. Les messages qu’elle s’évertuait à essayer d’imposer étaient illisibles.

Vaguement, la pigiste sentit qu’on la portait et que les voix se mêlaient. Certaines qu’elle connaissait, d’autres qu’elle ne connaissait pas. De toute façon, les timbres s’embrouillaient jusqu’à former une mélasse d’où ne jaillissaient que des sons. Des sons dont une seule couleur se détachait clairement. Quand elle comprit de qui il s’agissait, elle eut envie de se moquer d’elle-même. Putain. Elle n’était pas amoureuse elle avait dit. Sauf qu’au milieu de toute la merde auditive recraché par ses tympans enroués par le choc, c’était Lance.

Il avait serré brièvement sa main, elle l’avait senti. On la posait sur un brancard, on la soulevait, en la plaçait sans doute dans un véhicule. Victoria était trop faible pour ouvrir les yeux, même pour articuler une connerie. Il y en avait plein qui lui venait en tête pourtant, à commencer par commenter le confort qui laissait franchement à désirer. A la place, ses doigts cherchèrent lentement, péniblement, jusqu’à retrouver ceux du pilote et s’y entremêler fébrilement.

Dis rien ducon. C’est juste parce que j’ai l’tournis, okay ?!

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Elle avait à peine eu le temps de sentir sa main dans la sienne qu'il disparaissait de son champs de vision. Lucas se jetait sur lui, encore, et elle sentit son cœur bondir de la mauvaise manière. Trop fort, trop vite …. Trop trop vite.

- Lucas …. Son timbre n'était plus qu'un souffle écorché par la souffrance. Est-ce qu'elle avait besoin de ça, que Richardson s'en prenne encore à lui alors qu'il était pas responsable ? C'était pas lui qui lui avait tiré deux balles, pas lui qui avait fait s'encastrer un cerf dans une foutue bagnole. Douloureusement, Evelyn redressa le buste mais sentit le vertige la clouer de nouveau dans le zodiac avant d'être soulevée de là par l'unique personne qu'elle pouvait tolérer près d'elle. Lucas venait d'agir, une fois encore, comme elle détestait qu'il agisse. Sur le chemin, elle entendit sa voix mais peinait à répondre, elle sentait que son cœur qui battait comme un dingue, bourdonner à ses oreilles. A peine déposée sur le lit, sa main libre fila au bras du militaire auprès d'elle tandis qu'un type du dispensaire s'agitait près d'elle. J'me sens …. pas bi..... Et là, Evelyn se sentit partir, la tête clouée dans l'oreiller. Ses paupières voilèrent la dernière image qu'elle eut de lui et son cœur ne fut plus qu'un lointain écho, lourd …... lent jusqu'à s'arrêter. Deux minutes ? Plus ? Elle n'en eut pas conscience, s'il put repartir après quelques temps, elle ne rouvrit pourtant pas les yeux. Poupée de chiffon sous les mains des infirmiers dont elle n'entendait plus les timbres. Évaporée, ailleurs …....

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Lance, elle lui serra la main brièvement et laissa quelques blouses blanches soulever le brancard où il avait déposé Raven. En un rien de temps, les lumières vives du dispensaire lui firent plisser les paupières tandis qu'on emportait l'ex pigiste. Est-ce qu'elle s'inquiétait pour elle ? Peut-être, un minimum, c'était pas habituel chez elle de se faire un sang d'encre pour des gens qu'elle estimait pas comme Floyd ou Davis, mais le brun près d'elle la tira de ses pensées avant qu'elle dépose les yeux sur son bras ensanglanté. O neg, ça pouvait servir mais étant donné l'état de son bras, valait mieux pas risquer. Tes amis, qu'il se charge déjà des siens, visiblement même les American Dream avaient sérieusement morflé.

- T'en fais pas, y a c'qu'il faut ici, et tu saignes. Cain jeta un coup de menton vers son bras avant d'agripper un infirmier au vol. Il glandait quoi celui là, à tourner et tourner sans vraiment agir ? Et, toi, au lieu d'jouer les ventilos, occupes toi d'lui t'veux. Le jeunot fronça les sourcils à l'en faire arquer les siens. Il était con ou vraiment stressé ? Son bras, magnes toi l'train. Relâchant la blouse du gamin, Joann considéra de nouveau Lance en lui offrant un vague sourire. C'était pas l'esquisse du siècle, juste de quoi paraître agréable, un minimum. Occupes toi d'toi Lance, j'pense qu'il vont charcuter Raven. C'est passé quoi au juste ?

Vu l'état de la brune, ça avait dû clasher sévère non ? L'infirmier avisa le gars pour l'inviter à suivre jusqu'à un espace moins peuplé et Cain leur emboîta le pas. Elle désirait savoir, Victoria était pas vraiment une amie mais elle avait eu une bonne accroche avec elle non ? Du moins suite à leur cassage de dents.

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