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La journée avait été… pffff : épuisante. Après toutes les discussions et autres séances de teambuilding, Victoria restait en colère contre Nathan. Pas parce qu’il était jaloux – ça c’était son problème et elle ne se priverait pas de s’envoyer qui elle voulait sans son consentement – mais parce qu’il ne savait pas faire autre chose que jouer au con. Elle avait beau demeurer sur le fil rouge de l’impertinente nonchalance, la pigiste prenait très au sérieux ce qu’ils faisaient. N’en déplaise à ceux qui voulaient la prendre pour une idiote : elle était loin d’être conne et avait parfaitement compris que s’ils n’étaient pas à la place du ranch, c’était simplement parce que les chefs de la bande de touristes voulaient utiliser leur quartier comme avant-poste stratégique. Le jour où ils décideraient de changer les accords du contrat, ce n’était pas la force de l’amitié ou les promesses de mort de Morgan qui allaient les sauver. La trentenaire espérait sincèrement que Zack était conscient qu’on le tenait par les couilles : cette alliance était une mascarade, mais ils devaient jouer leur partition sans faute, sous risque de tout perdre. Tout simplement. Enfin… ceci dit, si ce mauvais jour arrivait, Victoria savait à qui irait son allégeance : elle ne survivait que pour son propre profit, ce n’était pas un secret. Pas pour elle.

Pas trop envie de sociabiliser au billard tiens. Elle avait laissé sa batte et son flingue au placard, n’ayant gardé que son piolet et le couteau militaire dont l’étui était épinglé à la ceinture. Certains étaient encore équipés comme s’ils attendaient un assaut imminent, elle se contentait d’un tee-shirt et de son blouson en cuir. A ses yeux, rien ne servait d’être sur les dents : il n’y avait aucune chance que les paysans les aient suivis jusqu’ici. D’ailleurs, en rencontrant une jeune femme aux cheveux très courts et avec l’expression de celle qui ne rigolait pas souvent, elle ne put s’empêcher d’imiter un salut militaire en l’alpaguant d’un « Sergent, au rapport ! ». Elle aurait bien voulu dire « sergent gouine », mais elles ne se connaissaient pas encore assez pour ce genre de gentillesses.

- Pourquoi z’avez tous l’air aussi tendus ? On dirait qu’vous attendez un débordement d’l’armée rouge. Et j’parle pas d’vos règles.

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Les choses avaient été dites, tout avait été clair, presque comme de l'eau de roche. Mais en réalité, la rousse était toujours aussi en rogne. Elle avait juste avalé sa rage, la retenant dans ses tripes. Zack avait été clair au sujet des otages et du comportement à suivre, ensemble ils avaient pu s'exprimer sur cette journée pluvieuse et merdique. Mais Morgan restait elle aussi fortement aux aguets, elle savait que des animaux blessés étaient toujours plus dangereux et stupides que des animaux juste dorlotés.

La soirée avançait, elle avait le tour du pâté de maison, vu certains sortir un billard. Grand bien leur fasse de jouer avec des perches pour tirer dans des boules à foutre dans des trous. Elle n'avait pas envie, pas envie de s'amuser, pas envie d'aller jouer la sociabilité alors qu'elle ne l'était plus depuis perpette. Elle avait juste marché, les mains dans les poches, avait aussi croisé Victoria, qui semblait étrangement ne pas vouloir aller brailler avec les autres autour d'une partie de billard. Pourtant les perches, les boules et les trous ça semblait être carrément son truc à celle-là.

Avançant toujours, elle se dirigea toujours avec calme vers la baraque où étaient soigneusement gardé les otages. Elle regarda autour d'elle, sans craindre d'être vue, au final elle s'en contre balançait les reins. Entrant dans la maison, l'ancienne barmaid, vérifia qu'elle était toujours en possession de son couteau et de son glock qui ne l'avaient pas quitté de la journée.
La trentenaire entra et alla voir les deux cambroussards. Elle serait de surveillance. Elle ne comptait plus ses nuits où elle ne dormait pas. depuis l'arrivée des autres, elle était sur les nerfs, se méfiant encore plus.
La femme tira alors un fauteuil, observant du coin de l'oeil les deux machins qu'ils avaient ramené, et elle s'installa dans l'assise avant de darder un regard impartial sur eux. Pas causante la rouquine, c'était ainsi. Elle se contenterait juste de surveiller et de veiller au fait qu'il n'y ait pas de nouveau débordement.

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On avait installé un billard ? A même la rue, en dépit de la pluie qui avait dégouliné du ciel une bonne partie de la journée ? C’était pas une idée à la con, ça ? Assez et Stanley n’y était pas étranger ! Il avait repéré l’engin dans une des maisons au cours de la journée et n’avait pas été long à motiver quelques glandus dans son genre pour se joindre à lui, déplacer le billard et se lancer dans une partie. Il fallait dire que cette activité avait bercé une bonne partie de son adolescence et qu’il avait passé un temps certain dans les bars à pratiquer. Il se démerdait donc plutôt bien. Il s’était ainsi lancé illico dans une partie avec ses compagnons du moment et retrouvait ses anciennes habitudes.

Il s’était penché sur le tapis, positionnant la queue entre ses doigts, avant de la faire coulisser doucement pour taper la boule blanche, quand Clayton apparut. La boule rebondit sur un bord avant de venir taper la jaune, qui fila tout droit dans le trou. Stan ne retint pas un sourire en entendant le bruit si caractéristique du coup réussi. Il se redressa pour saluer son pote.

- Hey Clay’ ! Tu viens jouer ? Swann cherche un partenaire pour prendre la gagne ! Autour du billard, ce n’était pas encore la grosse affluence, mais ils étaient tout de même deux ou trois à regarder. Le garçon avisa son partenaire pour qu’il joue le prochain coup. Vu comment c’était parti, la gagne, c’était eux deux !

A noter que le garçon était plutôt de bonne humeur. Ils avaient bien avancé le taff qu’ils voulaient faire aujourd’hui et la petite réunion qu’ils avaient eue un peu plus tôt avait porté ses fruits. Il avait en tout cas eu le sentiment d’être entendu et écouté surtout et de partager ses idées. Affaire à suivre…

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