Re: Destiny still arrives

Putain de journée de merde, dans la bagnole il avait simplement zieuté Vicky. D'où venait c'bleu sur le coin de sa mâchoire, qui lui avait foutu un pain dans la gueule ? L'un de ces pécores ? La route fut chiante à souhait, et lorsqu'il quitta l'habitacle ce fut pour aider Zack à sortir le corps de Neil du véhicule ayant transporté sa dépouille. Pauvre gars.... Nate ne l'avait pas vu clamsé, ni n'avait vu cette goule l'agripper, trop occupé à tenter de sortir le Phasme de dessous le paquet de manouches ayant eu raison de lui. Bref, c'était pas la joie malgré la « victoire »... A son regard ce n'était pas le moment de se marrer, pas après avoir vu la tronche de Vicky. Ce mec était son pote et bien qu'il ait pu le jalouser un temps, à l'heure actuelle cette sensation s'était évaporée au profit d'un profond dégoût pour ces abrutis de fermiers que d'autres, nullement touchés par les pertes, menaient vers leurs quartiers.

- J'les défoncerai ces trous d'balles. Cracha-t-il avant de soulever la dépouille d'un dès leurs. Son regard sombre croisa celui de Zack, il pouvait être sûr d'une chose, le type qui avait ouvert sa putain de gueule, alors qu'il avait quémandé le silence, apprendrait à la fermer pendant son stage. Allez Mondial Moquette, on t'ramène à la maison mon gars... Sourit-il, attristé, avant d'emmener ce dernier – aidé d'Atkins – jusqu'à la bicoque ou Kyle, Ansel et Will attendaient.

A la vue du mort, leurs traits pâlirent néanmoins ce n'était pas le temps de la parlotte, Neil devait être enterré dignement. Le duo l'emporta jusqu'au jardin et le déposa dans l'herbe avec précaution. Avisant Vic, le journaliste lui indiqua d'un mouvement de menton de le suivre. Il leur fallait des pelles, de quoi creuser la dernière demeure du pote de la pigiste. Silencieux le temps du chemin, ce ne fut que lorsqu'ils parvinrent dans le garage que Nate se hasarda à ouvrir la bouche.

- Tu tiens l'coup Honey ? Pour une fois qu'il se foutait pas de sa gueule, c'était à marquer d'une pierre blanche. Mal à l'aise malgré tout, Fuller agrippa du matos puis soupira avant de reprendre. J'sais qu'tu l'aimais bien, ça m'emmerde pour lui, toi et les autres. Mais, j'te remercie d'avoir t'nu tête au rouquin. Une fois encore son regard fut attiré par l'ématome sur la mâchoire de Raven. Faudra qu'tu m'dises qui t'a déglingué la gueule, qu'je passe mes nerfs dix s'condes.

Spoiler:

Le trajet jusqu'au District fut lourd, bien trop lourd. Dans le véhicule tout était calme, presque. Ils avaient perdu l'un des leurs et c'est dans cette optique qu'ils avaient repris le chemin jusqu'à la maison. Annoncer cette nouvelle à ceux restés là-bas ne serait pas chose aisée mais que pouvaient-ils bien faire d'autre ? Zack avait bien vu le regard d'Aodhan, il avait bien compris sa déception de n'avoir pu tenir sa promesse, celle de ne pas perdre encore l'un des leurs. Et lui-même ne pouvait que s'en vouloir de n'avoir pas été plus attentif, de n'avoir su lui sauver la mise quitte à prendre sa place. Même Morgan ne disait rien. Pas un sourire, pas une réaction. Simplement cette froideur habituelle mais le trentenaire ne se leurrait pas : elle n'avait jamais porté le métis dans son cœur et sa mort n'y changerait rien. Il ne la blâmerait pas pour cela, lui-même avait eu des différends avec leur cadet, mais il était l'un des leurs et, en ce sens, sa mort était intolérable. Et ce bleu sur le menton de Victoria...

Arrivé au quartier, il amorça la descente du véhicule avant de poser un regard sur les siens. « On va l'enterrer chez nous » avait-il annoncé sur un ton morne, froid, presque sans émotion, mais également sans appel. « Aodhan, va prévenir les autres de ce qui est arrivé, on se charge de le ramener. » Et sur ces mots, il était allé en direction de la voiture où se trouvait le corps du jeune homme, servant simplement des ''plus tard'' à ceux qui voulaient lui parler. Qu'ils se débrouillent pour l'instant, ils connaissaient désormais suffisamment le quartier pour savoir où mettre les otages. Le plus important pour le moment était d'accorder à l'un des leurs un enterrement légitime, pour ne pas le laisser finir comme tous ces inconnus que le blond avait déjà laissé derrière lui à maintes reprises.

Ayant aidé Nate à prendre le corps du métis, il n'avait pas répondu à ses paroles, lui adressant simplement un regard compréhensif au brun. Il avait alors inspiré profondément en se dirigeant jusqu'à la maison, la contournant pour rejoindre directement le jardin. Le reste des leurs ne tardèrent pas à arriver et, s'il ne dit pas un mot, son regard témoignait bien de ce qu'il se jouait au fond de lui. Laissant alors le soin à Nate et Vic d'aller chercher de quoi creuser la terre, il se passa une main lasse sur le front, soupirant une nouvelle fois. Sans doute que l'enterrer n'apporterait rien de plus, mais élevé dans une ambiance catholique, l'ancien homme d'affaires ne pouvait se résigner à simplement laisser l'un des siens en pâture aux morts, pas après n'avoir pu accorder ce repos à Stew.

Spoiler:

Caleb avait regardé sa femme souffrir de son départ sans pouvoir dire ou faire quoi que ce soit, il s’en voulait terriblement de ce choix, mais il l’avait fait. Il pouvait faire une croix sur ses chances de gagner en crédibilité auprès de son groupe, quoi que… Il se demandait pourquoi il pensait à ça d’ailleurs. Il portait ses yeux à son poignet pour regarder l’heure tout en réalisant qu’il n’avait plus sa montre, il l’avait laissé à Eileen. Sa femme, qui lui en voudrait sans doute à vie pour avoir fait ça. Il regarda les autres otages, les uns après les autres et il avait mal, bien qu’il n’en disait rien. Une simple larme coula le long de sa joue qu’il essuya d’un revers de manche. Avant de parler à ses amis parce qu’il faudrait se serrer les coudes.

- Ne vous en faites pas les amis, il faudra juste faire en sorte d’obéir et tout se passera bien. Il faut croire en notre groupe, ils se sont démenés pour Finan et Megan qui n’était ici que depuis quelque temps, alors imaginait pour vous qui êtes là depuis si longtemps. Nous ne sommes pas seuls, ce ne sera pas facile la vie ici, mais il faudra se tenir à carreau et rester fort.

Il avait peur d’imaginer ce qui allait se passer pour eux, mais il avait envie de croire en leur bonne fois, c’était sans doute un rêve bien utopique quand il voyait ce qui se passait, mais il n’avait pas d’autre choix. C’était impossible pour lui de voir les choses d’une autre façon. S’il devait mourir ici et bien, il le ferait en sachant que sa femme est en vie et plutôt en sécurité. C’était la seule chose qui avait de l’importance. Finalement, le véhicule s’arrêta. Ils devaient être arrivés dans leurs nouvelles maisons. Caleb avait définitivement peur de l’inconnue, mais il restait de marbre, il ne voulait pas que la peur se lise sur ses traits alors il se grandissait un peu plus, prouvant au monde qu’il était tout de même un homme fort même s’il n’avait pas une carrure très développée.

Spoiler:

Le silence était de mise durant tout le reste du voyage, j’avais mauvaise ce qui c’était passé, je ne comprenais pas comment Ela avait pu laisser faire ça, surtout qu’elle comprenait de quoi il était question, elle avait failli ne pas rendre ce gamin. Je ne la comprenais pas, je ne savais pas et une chose était certaine, les choses n’allaient pas se passer comme ça. Avant même que le véhicule dans lequel je me trouvais s’arrêtât, j’étais déjà dehors à chercher la femme du regard, elle allait m’entendre parce que je n’acceptais définitivement pas ce qui était en train de se passer à l’heure d’aujourd’hui. Lorsque mon regard se posa sur elle, j’arrivais à sa hauteur en quelques secondes et posait ma main sur son épaule.

- Il faut qu’on parle.

C’était les seuls mots que j’avais prononcés et je savais très bien qu’elle savait de quoi il était question, j’avais peut-être agi comme un gamin puéril un peu plus tôt, il était évident que ce n’était pas normal ce que j’avais vu. Dans son regard, je pouvais voir qu’elle avait compris et on s’éloigna un peu du centre du groupe pour pouvoir avoir une discussion un peu intime.

- Explique-moi ce qui vient de se passer ! Pourquoi tu t’es écrasé comme une merde devant lui ? D’où c’est Zack qui commande alors qu’il a trois péquins sous ses ordres ! Tu aurais aimé qu’on te prenne ton enfant comme ça ? Je ne comprends pas pourquoi tu l'as laissé faire ! On est censé être une équipe et tu laisses un connard jouer avec des règles de merde ?

J’étais au bout du rouleau, j’étais dans une incompréhension la plus totale, des larmes de rages avec commençait à couler les longs de mes joues, mes points s’étaient serrés. J’avais désespérément envie de frapper quelqu’un et ça finirait par arriver si un des AD venait me parler, si les frapper c’était la seule façon de rentrer, je le ferais sans la moindre hésitation.

- Je t’ai suivie parce que je t’aime, mais aujourd’hui, je ne te reconnais pas, ce que j’ai vu aujourd’hui, c’est pas Ela, du moins pas celle que je connais. Je me rends compte aussi que si je reste, je vais m’en prendre à chacun des membres de ce groupe de connard dégénéré. Je dois rentrer, je vais rentrer et si je n’ai pas le droit, je tire un véhicule et je trace jusqu’à l’ile avec Jason ! Si tu as besoin d’une excuse, et bien on prendra la dépouille de Swann, je n’aime pas ce type, mais c’est là-bas qu’il doit être enterré, il appartient à cet endroit.

Pendant le trajet j’avais réfléchi à tout ça et je m’étais rappelé d’une discussion que j’avais eue un jour avec Joann, il était important pour moi de lui rapporter le corps de l’homme qu’elle aimait même si je ne l’aimais pas. C’était pour elle et pas pour la victime.

Spoiler:

Le retour au camp avait été lourd. Peu de personnes parlaient et bien que ce fût une victoire face aux personnes du Ranch, la perte de certains membres de l’équipe avait laissé un arrière-goût amer à tout le monde. Tout le monde à l’exception de Jenna sûrement. Elle ne connaissait pas ce Neil et elle n’appréciait pas Swann, aussi elle n’irait pas verser une larme, pour aucun des deux. La seule personne pour qui elle avait un peu de tristesse alors qu’elle descendait du véhicule en arrivant au camp de Renton, était Joann. Elle venait de perdre l’amour de sa vie et s’imaginant dans la même situation si jamais cela venait à arriver à Lucas, la serveuse pouvait ressentir toute la tristesse qui serait celle de la canadienne à l’annonce de la mort de Swann.

Aidant rapidement ses coéquipiers à descendre le matériel et à gérer les nouveaux otages, Jenna se décidait à aller marcher un moment dans le camp. Elle avait les idées dans le vague. Elle n’avait pas eu l’occasion de se défouler mais bizarrement celui ne lui manquait pas réellement. Cela devait être l’air de Renton, le changement que cela lui apportait jouer sur ses nerfs et elle se sentait bien ici, aussi l’idée d’y emménager avec Lucas ne lui déplaisait pas. Non pas qu’elle ne voulait plus résider à Fort Ward mais elle avait besoin d’air frais, de changements, de voir de nouvelles têtes.

La serveuse déambulait dans les allées du camp lorsqu’elle tombait un peu plus loin sur ce qui semblait être une cérémonie funéraire en hommage au membre des American Dream qui était tombé, Neil. Zack avait pris soin de rassembler toutes ses troupes à cet égard. Sans intervenir et sans avancer plus que cela, Jenna assistait à cet enterrement. Ce n’était pas le premier qu’elle voyait depuis le début de cette Apocalypse, mais celui-là avait quelque chose de spécial. Ils semblaient tous être soudés comme une famille et le leader Zack semblait particulièrement éprouvé. Jenna restait silencieuse, observant la scène. Elle ne voulait pas interférer dans ce moment. Elle avait déjà vu des funérailles à Fort Ward mais elle n’avait pas souvenir qu’une seule ait eu la même intensité que celle-là. Cela en était presque touchant à ses yeux.

Spoiler:

Ça l’emmerdait. Perdre Neil. Elle ne le montrait pas, parce qu’elle n’avait pas pleuré une putain de fois depuis le début de ce merdier – et parce qu’elle avait bien compris que c’était la vie. Les gens mourraient, comme les millions d’autres américains qui avaient déjà subi le même sort. Ça l’emmerdait quand même. Même si elle ne s’attachait pas, même si elle était d’un égoïsme sans nom, même si on serait tenté de penser qu’elle n’avait pas de cœur… bordel, ça l’emmerdait.

- Ouai, c’bon, avait-elle simplement répondu à Nate qui ouvrait enfin la bouche.

Zack les avait missionnés pour ramener gants et pelles, histoire qu’ils puissent dignement enterrer leur compère. Victoria n’avait pas attendu d’être descendue de la voiture pour se débarrasser de son gilet pare-balle. Malgré tout, la sensation d’étouffer demeurait. Sans doute la fatigue. Les nerfs en pelote. Ils n’avaient pas chômé pendant trois jours, tout ça pour cette victoire à l’arrière-goût amère. Les paroles de son ex étaient supposées lui remonter le moral mais elles ne firent que l’encourager à se fermer comme une huître. Les yeux de la trentenaire se levèrent sur lui tandis qu’un sourire en coin ourlait ses lèvres charnues.

- Ouai. Pis c’est rien, t’saurais pas ouvrir ta braguette pour pisser sans moi, plaisanter, c’était sa façon de se montrer invulnérable – ça ou la rage, et t’en fais pas pour ça, papa, elle parlait bien entendu de son hématome, ça va s’régler.

L’heure n’était toutefois pas à songer à comment elle allait se venger. Tout le groupe se réunissait. Sans doute allaient-ils creuser chacun leur tour et Victoria insista pour commencer. Elle retroussa les manches de son haut noir, enfila une paire de gants et planta la pelle dans la terre. Elle était encore humide des récentes pluies, dégageait un parfum qui ne la touchait pas. Parait qu’ils étaient poussière et redevenaient poussière. C’était tout ce que cette odeur lui évoquait : qu’ils n’étaient rien et qu’ils ne serait jamais que putain de rien.

Spoiler:

Et il s'était tue. Pendant tout le trajet, son regard s'était perdu dans le vague, il s'était laissé faire, calmement, presque comme un robot, sans manifester la moindre émotion. Le visage à peine fermé. Même les mots rassurants de Caleb ne parvinrent pas à lui arracher le moindre tic.

Leur arrivée au camp se fit dans un calme presque trop solennel. Du coin de l'oeil, il vit leurs morts se faire sortir d'un véhicule. Lui et les autres otages furent emmenés aussitôt là où Ludwig l'appellera désormais sa Prison Dorée.
Malgré cela, il regardait autour de lui, un brin curieux, presque déjà à la recherche d'un moyen de fuir. Pour ne pas rester passif. Mais tout était gardé. S'éloigner, ne serait-ce que de quelques pas, lui semblait impossible.

Il se mordilla la lèvre inférieure après avoir considéré ceux qui les escortaient jusqu'à leur nouveau chez-eux. Sans pouvoir s'empêcher de penser au ranch. À Axel. Ludwig n'était pas croyant. Pourtant il priait, n'importe quel Dieu voulant bien l'entendre, de l'épargner. Ils avaient déjà trop de pertes et Ludwig tenait à lui. Et le reste des survivants ne devaient pas à avoir à essuyer une nouvelle mort.

Stupidement aussi, il songea à sa chambre. À ses affaires. C'était là une pensée futile, si futile qu'elle manqua de lui arracher un triste sourire. Il n'avait plus rien. Lui qui, à chaque coup dur, s'évertuait à reconstruire un mini chez-lui, l'avait de nouveau perdu. Tant pis. Il l'avait choisi, cette fois-ci.

Soupirant doucement par le nez, il baissa de nouveau la tête pour fixer ses chaussures alors qu'ils évoluaient dans les rues de ce lieu inconnu.

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