Aaron passe une main sur son front quand Faith évoque la dangerosité potentielle d'une grossesse ou d'un avortement. Cette situation lui donne le tournis. Il a l'impression d'avoir mis un pied dans un cauchemar qui risque de le hanter quelques temps. Il a du mal à voir quelque chose de positif dans cette grossesse, il ne voit que les potentiels dangers pour sa compagne. Même s'il n'en a pas l'air, il peut se montrer assez nerveux et la perte de son fils a réveillé quelques angoisses. Chaque mort lui rappelle douloureusement que la vie n'est qu'éphémère et peut s'arrêter brutalement.

« Je vais t'enrouler dans du papier bulles » souffle-t-il doucement. « T'es prête à passer quelques mois un peu à l'étroit dans une pièce loin des dangers extérieurs ? » Aaron plaisante évidemment, mais cette petite blague cache un malaise bien réel. La distance avec sa bien-aimée devient difficile, l'attaque des pirates a porté un coup à ses convictions. Il avait plutôt confiance en la vie et là, la mort de Lee est venue tout ébranlé.

Faith affirme qu'elle tentait de lui dire son amour depuis un moment. « N'aies pas peur de me dire ce que tu penses... surtout si c'est aussi positif... » murmure-t-il d'un petit ton taquin. « C'est toi la meilleure »Il Il vient à nouveau tendrement l'embrasser. Un bref sourire soulève ses lèvres quand elle évoque Elena et sa folie des mariages. « Peut-être qu'un jour, on pourra lui donner raison... » Il n'est pas contre l'idée de s'unir à une femme à nouveau. Il aime Faith, il tient beaucoup à elle.

La question lui arrache un sourire, secouant doucement la tête à l'idée. Tu t'ennuierai si je n'étais pas si impétueuse. Ne peut-elle s'empêcher de lâcher dans un rire léger. Mais l'idée me plaît. Sous réserve que tu sois dans la même pièce, sinon ça ne serait pas intéressant. C'était bien tout ce qui comptait, à ses yeux. Cette présence, ces bras qui l'entouraient, et lui autorisaient à se montrer elle même, sans aucun artifice. Plus douce, peut-être plus mise à nue également.

Quoi que l'on décide tous les deux... Je serai prudente. Lui promet-elle néanmoins, riant à sa remarque. J'avais peur ... Mais après tout ce qu'on à vécu, je me suis dis que j'aimerai te le répéter tous les jours de ma vie. Je cherchais juste à faire ça bien. Et les événements ne l'avaient pas aidé, à trouver un moment idéal. Je préfère bien plus ta spontanéité, du coup. C'est bien plus simple comme ça.

Répondant bien volontiers à ce baiser qu'il lui offre, rapidement suivi d'un sujet qui lui fait hausser les sourcils. Tu aimerais ? Qu'on se marie ... Ils n'en avaient jamais discuté, après tout. L'avisant avec une curiosité certaine à l'idée, au vu de leurs passifs respectifs et de leur veuvage. Tu n'es pas ... obligé de répondre, de toute manière. Le rassure t-elle pour la forme, effleurant sa joue du bout des doigts. Une chose à la fois, un pas après l'autre. Mais, oui. Peut-être qu'un jour, on lui donnera raison en effet. Et elle ne doutait pas une seule seconde qu'Elena serait infernale sur la question, quoi que l'idée ne lui arrache un sourire franc.

« Hmm, je ne pense pas, comment on pourrait s'ennuyer avec toi ? » glisse Aaron avec un petit sourire au coin des lèvres. C'est bien vrai. Ils ne comptent plus les soirées passées à discuter. Faith n'est pas qu'impétueuse, elle est aussi intelligente et cultivée. « Bien sûre que je serais avec toi... » Comme dit, il compte bien veiller sur elle.

Aaron grimace lorsqu'elle évoque sa spontanéité. Disons qu'il ne prend pas forcément le temps de réfléchir avant de parler. Il n'analyse pas les choses avec les mêmes précautions ou retenues. Il aime Faith ? Il le lui dit. L'ancien surveillant pénitencier est rassuré lorsqu'elle lui dit qu'elle sera prudente. Il n'en doute pas et il glisse ses doigts sur sa joue. Il descend jusqu'à sa nuque pour la tirer doucement vers lui.

« Tu aimerais, toi ? » souffle-t-il sans vraiment répondre à sa question. Cela ne lui semble pas vraiment le bon moment pour réfléchir à cette question. Il avait déjà renoncé à l'amour avant de rencontrer Faith, alors le mariage, pourquoi pas ? Chaque chose en son temps. Déjà, il fallait qu'ils s'occupent de la question de la grossesse de la jeune femme, savoir que faire et comment. Puis, venait l'histoire des pirates, la menace qui planait sur eux et qui lui avait pris son fils. Et s'ils s'en sortaient et bien, ils pourraient songer à un avenir plus doux et plus serein.

Elle se laisse attirée contre lui, fermant un instant les yeux. Ne les rouvrant qu'à la question qu'il lui pose en retour, penchant brièvement la tête sur le côté, non sans un sourire. Reparlons en, après... Tout ça. Si elle se doutait de sa réponse, il n'empêchait. Cette grossesse devait déjà se définir, voir ce qu'ils comptaient en faire. On s'aime. Pour l'heure... C'est tout ce qui m'importe. Malgré la tempête quotidienne qu'ils traversaient à bras le corps.

____

Les jours étaient passés, avec douceur, malgré ce qui grandissait dans son ventre. Jusqu'à cette nuit qui l'avait réveillé en sursaut.  Il y avait eu les douleurs, et puis la perte. Veillant à s'enfermer dans la salle de bain pour ne pas réveiller Aaron en pleine nuit quand les crampes avaient commencé à s'intensifier, jusqu'à se stopper subitement. Silencieuse, alors qu'elle terminait de reprendre ses esprits, malgré ses mains tremblantes. Inspirant profondément pour calmer ses nerfs, terminant de manière presque mécanique de se changer et reprendre contenance, avant que la voix d'Aaron ne la tire de son état presque léthargique, déglutissant péniblement. J'arrive. Au vu de sa panique, elle aurait dû se sentir mieux, non ? Alors, pourquoi ne s'arrêtait-elle pas de trembler, au juste ?

Se décidant enfin à sortir de la salle de bain, avisant la nuit encore avancée, avant de croiser le regard d'Aaron juste devant la porte. A croire qu'elle n'avait peut-être pas été si discrète que ça, finalement. Je ... Elle n'avait pas besoin d'examen médical, pour le savoir. Je l'ai perdu. Fixant le sol à l'idée, cherchant ses mots avant de revenir à Aaron, esquissant un sourire qui se voulait rassurant. C'est ... Mieux, que ça arrive au plus tôt, dans ces cas là. Bien plus que si c'était arrivé à quatre ou cinq mois, ou de devoir procéder à un avortement. Ouvrant la bouche sans savoir quoi rajouter, venant poser une main sur son ventre encore douloureux, secouant doucement la tête. Ca va aller. Je crois. Mais les douleurs étaient toujours présentes, malgré tout. Retournes te coucher, je gère le reste. Elle essaierait, du moins.

Les jours sont passés. L'attaque de la plate-forme est désormais imminente. Elle est fixée au lendemain et Aaron a toujours du mal à se faire à l'idée qu'il n'accompagnera pas les siens se battre. Sa blessure à la jambe est en bonne voie de cicatrisation mais la plaie reste trop fragile. Il a encore besoin d'une canne pour se déplacer. Là-bas, il a conscience qu'il sera plus un boulet qu'autre chose. L'inquiétude est donc forte et les insomnies sont fréquentes. Il s'interroge beaucoup sur la suite. La grossesse de Faith occupe pas mal son esprit, son fils Lee aussi.

En plein milieu de la nuit, Aaron se réveille. Il tend la main pour atteindre sa bien-aimée mais il trouve un lit vide à ses côtés. Il se redresse et constate qu'elle est allée à la salle de bain. Le barbu s'avance, n'osant pas frapper pour ne pas la déranger. Et lorsqu'elle sort enfin, il comprend avant même qu'elle prenne la parole. « Je suis désolé.. » souffle-t-il. Pourquoi ? Pour la souffrance que ça doit lui donner ? Ou bien parce que la grossesse s'est arrêtée avant même qu'ils ne se soient positionnés dessus ? Peut être un peu les deux..

« Viens là... » souffle-t-il avant de la tirer doucement vers lui pour l'entourer de ses deux bras. « Cesse de vouloir tout gérer toute seule s'il te plaît.. » lui murmure-t-il. Hors de question de retourner se coucher. « Tu as le droit de te reposer sur moi aussi... » Il ne demande que ça. Il vient embrasser le haut de son front. « Comment ça va ? » s'inquiète-t-il. L'homme ne parle pas forcément que de la souffrance physique mais aussi celle de l'esprit. « Est-ce qu'il y a.. quelque chose à faire ? » Il aimerait pouvoir faire plus en tout cas. L'ancien surveillant pénitencier ne se sent pas particulièrement soulagé, comme il aurait pu le croire.

Désolé. Elle hausse les épaules à la remarque, incapable de dire ce qu'elle peut en penser, en l'état. Peinant à comprendre cette douleur sourde dans son coeur, se laisser entraîner dans les bras d'Aaron pour venir timidement agripper sa taille de ses mains tremblantes, fermant les yeux pour ne pas laisser les larmes affluer. Ce n'est pas ça... Tu as déjà trop traversé. Avec Lee, principalement. Son souhait n'était pas de le rejeter, seulement de le protéger à sa façon, alors qu'il assure qu'elle pouvait se reposer sur lui ,quand la demande lui donne envie de pleurer sans raisons valables. Resserrant sa prise pour ne plus le lâcher, son baiser allégeant une courte seconde la douleur sourde dans sa poitrine. Quand à comment ça allait ?

C'est ... Les mots lui manquent, alors qu'elle peine à expliquer ce qu'elle peut ressentir. Déglutissant avec peine, sans trouver quoi répondre à sa question, pour se concentrer sur la suivante, secouant doucement la tête. Non, rien. Le corps ... Fait ce qu'il faut. De ce côté ci au moins, ils n'auraient à s'inquiéter de rien. C'était toujours ça de gagné, non ?

Je ne pensais pas... Que ça m'atteindrait autant, je crois. Parvient-elle néanmoins à articuler, offrant un regard désolé à l'homme qu'elle aime. Mais ça va passer, c'est juste. Douloureux. Sans doute d'avantage moralement que physiquement, alors qu'elle vient passer une main contre son ventre, machinalement. Essuyant les larmes qui pointent à ses yeux d'un revers de main, offrant un sourire rassurant à Aaron.

Désolée. De quoi, elle ne sait pas vraiment. Inspirant profondément pour apaiser ses nerfs et sa douleur, venant chercher la main du barbu pour la serrer dans la sienne.

Aaron secoue doucement la tête. « Ce n'est pas parce que j'ai perdu... mon fils, que je ne peux pas être présent pour toi. » Au contraire, il a besoin aussi de se sentir utile, d'être présent pour sa compagne. Il l'aime et il ne veut pas la laisser traverser une épreuve aussi difficile sous prétexte qu'il va "mal". « Je veux être là pour toi. » affirme-t-il d'une voix plus ferme. « Je t'aime et nous allons traverser ça ensemble. » Si elle souffrait déjà avec son corps, elle ne devait pas en plus traverser ça seule avec la souffrance morale aussi.

Le corps fait ce qu'il faut. Aaron acquiesce. Nul besoin de soins médicaux donc. C'est au moins une bonne chose. Il serre plus fort sa main lorsqu'elle pensait que ça ne la toucherait pas autant. « Désolée de quoi ? » Il passe doucement un bras sous ses jambes pour la soulever et la conduire jusqu'au lit. « Ce n'est pas de ta faute, c'est... la vie. Avec ses hauts et ses bas. » Et malheureusement, personne ne peut lutter contre ce genre de choses.

Il vient s'allonger à ses côtés. « Qu'est-ce que tu voulais vraiment Faith ? Est-ce que tu te voyais avec ce bébé ? » Il cherche au fond de son regard ce qu'elle pense réellement. Il a réagit assez brusquement la dernière fois, encore sous le choc de la mort de Lee. Avec le recul, si cette grossesse avait tenu, il aurait accepté cet enfant. C'est surement facile de le dire après cette fausse couche, mais il a eu le temps de le cogiter aussi. La vie peut parfois faire de sacrés surprises et au final, ne faut-il pas profiter de chaque instant et accueillir ce que la vie nous offre ?