Dante était en train de me renvoyer dans ma voiture, en compagnie d’Izzy, chose que je pouvais comprendre, il s’inquiétait tout ça, mais je pouvais enfin voire mes pieds, c’était un exploit. Je pouvais marcher sans trop problème alors autant me rendre utile non ? Et voilà qu’Alan en rajoutait une couche, nan mais les hommes c’est tous les mêmes ultras machos. Je préférais abandonner parce que de toute façon, ils ne me laisseraient pas faire.

- Mais ! Je ne veux pas rester le cul posé sur un fauteuil à vous regarder bosser. Je suis assez grande pour m’occuper de moi-même…

Un grand blanc apparu à ce moment-là de la conversation. J’étais en train de réaliser un truc, j’avais été trop absorbé par mes conneries pour m’en rendre compte jusqu’à présent, c’était vraiment très con. Mais genre très très con. Je baissais doucement les yeux vers mes pieds et j’étais en train de réaliser que l’un d’eux était mouiller, genre un peu trop. Mes chaussures n’étaient pas vraiment adaptées à la neige et ne me tenaient pas vraiment au pied, mais quand même, c’était un peu étrange cette sensation. J’avais compris maintenant. Quand j’avais trébuché un peu plus tôt et bien j’avais perdu ma chaussure. Oui, ma chaussure !

J’avais un putain de pied dans la neige ! Comment c’était possible, comment j’avais fait pour ne pas le voir avant ? Je n’en savais fichtrement rien et pourtant l’évidence était là. Il me manquait une chaussure ! Je regardais alors Kassandra avec un regard plein de tristesse et d’amertume. Je ne savais pas quoi dire ni faire et finalement, c’est à mit voix alors que j’étais presque sur le point de pleurer que j’ajoutais.

- Je… J’ai… J’ai perdu ma chaussure.

Kassandra voulait m’aider sérieusement et je l’en remerciais pour ça, mais voilà que je faisais tout de travers. Je ne voulais pas qu’elle perde du temps à me consoler, même si c’était une éventualité qui pourrait sans doute rapidement arriver. J’étais à fleur de peau, tout le monde l’était sans doute, mais c’était pire de mon côté. Il parait que c’est les hormones, m’enfin elles ont tout de même bon dos les hormones, ça n’explique pas pourquoi, j’ai un pied dans la neige ! J’étais tellement focalisé sur ce détail que je ne remarquais pas un rodeur un peu plus loin qui était en train de venir dans le dos de Kassandra. Du moins, pas avant qu’Ethan qui passait par là lui plante son couteau dans la tempe. Pour le coup, je pouvais lui dire merci parce que sinon, je ne sais pas ce qui se serait produit à ce moment-là.

Le bruit que les survivants produisaient en dégageant la voie avait attiré l'attention de quelques rôdeurs qui convergeaient vers les vivants, à présent. Il en sortait de nulle part, entre deux tentes, à l'improviste. Ethan n'était pas loin de Brooke, mais aucun danger ne semblait la menacer pour le moment. D'ailleurs, elle était toujours en compagnie de son père, ce qui voulait dire qu'ils sauraient se débrouiller. Henry était un excellent tireur, et il avait tout appris à sa fille. Le jeune homme se dirigeait néanmoins vers eux quand son regard fut attiré par une autre scène. Tam, en pleine discussion avec Kassandra, ce qui semblait avoir un rapport avec son accouchement récent. La moitié du camp voulait la surprotéger, elle et sa fille. Il ne pouvait pas les en blâmer, il faisait exactement la même chose avec sa femme, et d'ailleurs celle-ci le lui avait reproché à plusieurs reprises. Malgré son envie, il ne pouvait pas tout gérer.

Il était en train de s'interroger sur les raisons qui poussaient Tam à être debout avec un pied nu dans la neige, lorsqu'il aperçut la forme sombre et titubante d'un mort-vivant se dresser dans le dos de Kassandra. Puisqu'il n'était qu'à quelques pas, il ne réfléchit même pas et bondit en avant. Ce faisant, il dérapa légèrement sur la neige gelée mais rétablit son équilibre. Il arriva à temps pour planter sa lame dans le crâne de la chose qui poussa un râle d'agonie définitive et s'effondra en une masse informe. La peau boursouflée, de couleur gris verdâtre, avait l'air durcie par le froid. Répugnant. Il resta un instant debout à côté des deux femmes pour leur signaler la présence de plus en plus significative des rôdeurs.

« Méfiez-vous, il en sort d'un peu partout. Il faut être prudents... Vous êtes équipées pour vous défendre ?

L'agent fédéral les interrogeait du regard lorsqu'un nouveau rôdeur apparut et se dirigea vers eux. Le jeune homme se porta en avant pour s'interposer, attrapant la créature par le col de sa chemise crasseuse et déchirée. D'une poussée, il l'accula contre le rebord du pont. Il planta la lame de son couteau dans la tempe fragile et exposée, alors que les mandibules claquaient rageusement dans sa direction. La chose enfin réduite au silence, il retira sa lame et fit basculer le monstre par-dessus le rebord du pont. Un moyen de faire place nette. Se retournant vers les deux femmes tout en nettoyant sa lame, il marqua une hésitation avant de reprendre maladroitement.

- Tam... Tu euh... Tu sais, tu devrais trouver quelque chose à mettre au pied avant de finir gelée. Ou que tu te fasses mal avec quelque chose qui traîne au sol. »

Merci pour le conseil évident, Ethan.

Spoiler:

Ils n'avaient pas trouvé ce nouvel endroit d'eux même. C'était le destin qui les avaient guidé jusqu'à ce quartier résidentiel. A son retour, Blake eut du mal à expliquer correctement l'endroit tant il lui paraissait idéal. Des maisons, un portail pouvant les protéger une fois correctement barricadé, des vivres à proximité puisqu'ils seraient désormais bien plus proche des villes. Ils allaient s'en sortir, c'était avec cet espoir en tête que la blonde s'était mise à organiser leur départ.

Installée dans le camion, le trajet fut des plus pénibles. Si Blake s'était installée avec John c'était simplement pour qu'aucun autre membre du groupe n'ai à subir le foutu caractère de son ex-mari. Malgré le fait qu'elle ait appris sa prise de responsabilité durant son absence, la Lieutenant n'arrivait toujours pas à lui adresser une phrase de plus de trois mots. Ce fut donc dans le silence qu'elle assista à l'arrêt des véhicules placés en tête. Les sourcils froncés, sans même prévenir John, la blonde s'était extirpé du véhicule, prenant une rafale de vent et de neige en plein visage.

Un campement. Génial. A vrai dire, Blake comprenait pourquoi les survivants s'étaient installés ici. Un pont limitait véritablement les possibilités d'attaque. Deux accès à surveiller, seulement. Mais là, pour eux, l'installation de ce campement ne faisait que les retarder alors qu'ils n'avaient déjà pas besoin de ça.

A l'extérieur, tout le monde commença à s'activer. Il fallait déblayer l'accès. Un détour n'était pas possible. Les camions n'étaient pas encore capable de traverser l'eau. Rapidement la blonde se mit à répartir les tâches mais la visibilité l'empêchait de réellement voir tout le monde. Elle même se mit en mouvement mais au moment où elle passa à côté de Marcus et Jake, les paroles du militaires lui vinrent aux oreilles. Il n'en fallut pas plus à la blonde pour l'attraper brutalement à l'épaule, agrippant le tissu de son manteau. « Un problème ? » Dit elle, le regard noir, sans véritablement attendre de réponse de sa part. Elle n'appréciait pas vraiment les remarques d'un mec à peine arrivé dans le groupe. « T'es là depuis hier, ils sont là depuis un an. T'as encore envie de la ramener ? » D'un geste sec, elle le secoua un peu. « T'as plutôt intérêt d'écouter c'qu'on t'dit et d'la fermer. » Elle lâcha son emprise sur son collègue militaire et s'éloigna d'un pas. Avec son bras, elle désigna la route qu'ils venaient d'emprunter, juste derrière elle. « ET SI CA T 'CONVIENS PAS, L'AUTRE ROUTE, C'EST PAR LA. PIGÉ ?» Clairement, si le militaire l'ouvrait encore, il se retrouverait à faire le chemin à pied. Chemin vers un camp, autre que celui vers où le groupe se dirigeait.

Pour elle, l'information était passée. Il était temps de se mettre à dégager la route. Rapidement, la blonde se dirigea vers la tente déchirée dont des lambeaux de tissu volaient au vent. Sans ménagement, elle l'arracha du sol et la fit passer par dessus de le pont.

Les larmes étaient en train de monter, tout le temps un peu plus. Je n’arrivais simplement pas à mon contenir, j’avais juste l’impression d’être la dernière des abrutis. Voilà que j’étais même plus capable de me défendre face à un rodeur. J’avais honte de moi, peut-être qu’il avait tous raison à vouloir me faire remonter dans cette maudite voiture. Je n’en savais fichtrement rien, moi j’étais juste une pauvre femme au milieu de nulle part en train de devenir toute rouge parce que j’avais perdu une chaussure. Ethan était en train de s’adresser à moi. Je le regardais avec les mêmes yeux de chien battu alors que je portais une main à ma dague.

- Oui… J’ai tout ce dont j’ai besoin.

Ma voix était faible, mais je savais qu’il m’avait entendu. Il ajoutait qu’il serait appréciable que je trouve une chaussure au lieu de marcher dans la neige, je me contentais de hocher la tête de haut en bas. Qu’est-ce que je pouvais bien dire de plus ? Rien, il avait raison et j’avais tort. Je m’en voulais vraiment d’avoir foiré à ce point-là. Je ne pouvais rien ajouter de plus en réalité. C’était comme ça et puis voilà. Je sentais bien que Kassandra voulait aussi me renvoyer à la voiture maintenant que j’étais plus en possession de mes moyens, mais ce n’était pas elle que je craignais le plus, non, c’était la voix dans mon dos.

- Tam ! Je t’avais dit de rester dans la voiture qu’est-ce que tu fais là ?

Cette voix, je la connais beaucoup trop, je l’aimais et la craignais parce que je n’arrivais pas à lui résister. Je savais qu’Abel s’inquiétait pour moi et que c’était pour cette raison que je l’avais esquivé. Je me retournais en sa direction et c’est avec un calme presque déconcertant que je répétais une seconde fois la même phrase.

- J’ai perdu ma chaussure.

Cela sonnait presque comme une question, je me faisais même pensé à l’arbre dans un film dont le nom m’échappait à ce moment précis qu’il ne connaissait que trois mots : "je, "s'appelle" et "Groot" et toujours dans cet ordre. Je montrais mon pied avec un air dégouté et incapable de faire quoi que ce soit de plus. Heureusement, il fallait croire que la bonne étoile était de mon côté puisque Marcus m’apporta ma chaussure. Je lui prix quelques secondes de son temps pour lui coller un bisou sur la joue avant de me faire décollé par Abel qui me traina jusqu’à la voiture ou nous étions un peu avant.

- Mais je veux me rendre utile…
- Ce n’est pas raisonnable, vu ton état, tu as besoin de repos et ce n’est pas en courant partout comme tu sais si bien le faire que tu le seras.

Je regardais le père d’Elie, oui, il n’était plus l’homme que j’aimais à ce moment-là. Avec un regard impuissant avant de trouver une prochaine façon de m’éclipser.