Le renfort était rapidement arrivé. Ensemble, ils avaient découvert l'antre de leurs agresseurs. Cachés derrière l'importante porte donnant sur les hangars à camion, ils n'avaient pas insisté sur la porte au moment de l'inspection des lieux. Après tout, pourquoi l'auraient ils fait ? Celle-ci était fermée et mis à part trouver tout un tas de rôdeur rendant la halte impossible dans le Walmart, il y avait peu de chance qu'il y trouve autre chose. Et pourtant. Il s'agissait bien d'autre chose qu'un tas de rôdeurs enfermé dans une pièce. C'était un véritable refuge qu'ils avaient sous les yeux.

Vu le nombre qu'ils étaient, la pièce fut rapidement sécurisée et finalement, ils se mirent tous à chercher ce qui pouvait leur être utile. Blake elle, s'était attardée sur un sac dépassant de quelques centimètres d'en dessous du lit d'appoint de l'un des inconnus. Genoux fléchis, elle tira la housse et y découvrit une toile de tente neuve, encore emballée. Vu comment se déroulait le déménagement, Blake décida de l'emporter avec elle. Rien n'était de trop de toute façon. D'une oreille distraite, elle écouta les échanges entre Jeff et les autres jusqu'à ce que le ton monte. Les sourcils froncés, Blake quitta son lieu de fouille pour se rapprocher. Dante et Connor. Elle ignorait la raison de leur dispute mais en vérité elle en avait surtout rien à foutre. C'était ni le moment, ni l'endroit. Et s'ils ne le comprenait pas d'eux même, Blake se chargerait de le faire à leur place.

Mais Alan intervint le premier et calma la situation. Proche d'eux, la blonde donna un coup de menton en direction de Connor. « Il faut sortir Edwin. » Et par sortir, elle entendait bien évidemment se débarrasser du corps. D'un regard, la Lieutenant s'adressa à toutes les personnes présentes afin que d'autres se dévouent. Le laisser sous le nez de Lilou n'était pas une solution sauf s'ils voulaient qu'elle aussi se mette à accoucher à un moment absolument pas prévu pour. « Et les deux autres. » Parce qu'ils n'allaient pas rester avec trois cadavres à côté d'eux pour la nuit. Parce que oui, ils resteraient pour la nuit. Malgré ce qui venait de se produire le groupe n'avait pas le choix. Peut-être s'agissait il d'indifférence de la part de la militaire mais, si elle voulait éviter d'autres morts, il fallait qu'ils passent la nuit entre ces murs.

La toile de tente dans les bras, Blake prit la direction de la sortie. « Je vais m'occuper de celui que Kassandra a tué. » Blake pouvait s'en charger seule. De toute façon, il faudrait plusieurs bras pour soulever dignement le corps du fauconnier. Elle, n'avait pas prévu d'y mettre les formes. Elle le traînerait vulgairement sur le sol. En passant à côté de Kass, la blonde lui caressa brièvement le bras, comme pour lui rappeler qu'elle était là puis, en quelques enjambées, elle s'extirpa de la pièce et retourna dans le magasin.

Finalement l’arrivée de Josh, puis de d’autres signifièrent aux groupes de planqués qu’ils pouvaient sortir. Ce fut Nara qui expliqua la situation, la mort des deux hommes notamment, à Christina. Ils n’auraient qu’Edwin a pleuré cette nuit… La femme décida de s’en retourner du côté d’Edwin, pour s’assurer de l’état de Lilou. Du monde s’était regroupé autour d’elle et du corps et elle disposait visiblement de tout le soutien nécessaire. Christy croisa le regard de Tam, mais ne s’approcha pas davantage. Que pouvait-elle faire de plus ? Elle contorsionna ses mains collantes et sales, espérant pouvoir les nettoyer du sang du défunt.

Elle écouta le résumé que reçut Tamara et découvrit ainsi l’existence de la planque des deux étrangers. Comment avaient-ils pu passer à côté ? Ce fut cet instant que choisit Alan pour apparaitre dans son champ de vision. Elle pressa simplement sa main sur celle de son mari pour lui signifier l’importance de le savoir toujours ici en bonne santé. Le reste n’était que regards silencieux. Ils avaient passé l’âge des grandes effusions. Christina gardait la tête claire. La disparition du fauconnier la peinait, le stress des dernières minutes continuait d’irradier ses membres, pourtant elle se montrait calme. Définitivement résignée.

- Comment n’a-t-on pas vu que des types vivaient ici ? Demanda-t-elle toutefois à son mari, et à ceux aux alentours qui voulaient bien l’entendre. La question ne blâmait personne, ils étaient tous responsable. Il y avait certainement eu des indices : l’absence de rôdeurs dans les parages, probablement des voitures en était d’usage planquées dans les environs. Les rayons du magasin entièrement vidés. Et ce camp de fortune dont ils n’avaient pas soupçonné l’existence. Qu’est-ce qu’on doit faire maintenant ? Allaient-ils lever le camp et repartir ? Ou rester jusqu’au lendemain ? Pourraient-ils alors espérer retrouver le sommeil.

Ce fut Connor, accompagné de quelques autres, qui répondit à cette question en arrivant à son tour à proximité du cadavre de leur ami. Christina échangea un regard avec lui et s’assura en deux mots de son état d’esprit. Allait-il bien lui aussi ? Il venait dans tous les cas évacuer le corps d’Edwin du magasin, mais aussi du champ de vision de Lilou, ce qui ne serait pas une mince affaire !

- Et les autres ? Souffla-t-elle en mentionnant les hommes que Kassandra et Joshua avaient abattus. Eux aussi devaient être sortis. Je vais aller voir. Elle n’avait pas vraiment le cœur à rester observer les autres arracher la laborantine du corps de son amour.

Alan arrivant à son niveau, John put soulager sa mâchoire. C’est qu’à moins d’avoir un autre bras, ce que Callaghan n’avait pas, c’était quand même pas bien pratique d’avoir à coincer sa lampe torche entre ses dents. Lâchant brièvement le chien, le brun avait rangé l’objet dans une poche avant d’attraper Khan au collier. S’il reniflait encore ça et là, il semblait plus calme pendant leur tour du supermarché.  L’odorat du malinois les guidant, les deux hommes fouillèrent consciencieusement la partie de la grande surface dans laquelle ils se trouvaient. "RAS". C’était la voix de Blake, indiquant à l’ensemble du groupe qu’elle n’avait rien trouvé. D’autres ne tardèrent pas à se manifester à la suite avant que ne John lâche à son tour un "CLEAR" d’une voix forte afin de se faire entendre par ceux les plus éloignés de leur position. Callaghan s’arrêta un instant et s’accroupit pour féliciter l’animal pour son travail tandis qu’Alan le laissait pour rejoindre Blake.

Leurs pas les ramenant vers l’endroit où il s’était installé pour la nuit, le sergent de première classe y fit un rapide crochet et récupéra son holster. Rejoignant rapidement le reste du groupe, Khan sur ses talons, John pénétra à son tour dans le hangar et se dirigea vers un coin où il n’y avait encore personne. Quelques cartons gonflés d’humidité attirèrent son attention. Vides pour la plupart ou contenant quelques babioles dont il n’aurait aucune utilité. Il n’y avait rien à en tirer. À part peut-être ce briquet. Un Zippo, ça pouvait toujours servir. Fourrant l’objet dans sa poche, il revint vers le groupe et commença à assister, de loin, à la prise de bec entre le blond de Blondie et le grand frère de Maxi Naine. C’était bien le moment. Heureusement que leur groupe contenait quelques personnes à même de pacifier les tensions à commencer par Alan. Son épouse intervint à son tour. En retrait, s’appuyant sur l’une de ces gigantesques étagères où l’on rangeait les palettes, les bras croisés, le militaire observa la situation d’un regard torve. C’était lui ou bien ce Joe Di Maggio à la manque venait d’envoyer bouler son épouse ? Leur relation avait beau être ce qu’elle était, Blake Callaghan était encore sa femme. Et celle qui menait le groupe. Sans doute l’avait-il oublié ? John aurait pas été contre le lui rappeler mais s’il intervenait, c’était pour en prendre un et taper sur l’autre avec. Une épaule démontée, ça devait faire une bonne massue. Vu la position qu’il avait dans le groupe, Callaghan n’était plus à ça près. Et les choses auraient été encore moins belle à voir s’il avait lâché Khan sur l’un des deux. Il inspira profondément, repoussant quelque peu la colère latente que le trentenaire avait en lui. De toute façon le Di Maggio raté tournait les talons. Le concours des deux petites bites qui jouaient à qui pissaient le plus loin semblant terminé, John se redressa lentement et alla voir Blondie.

- Je vais t’aider, fit l’homme, d'un ton parfaitement neutre, en arrivant à hauteur de Kassandra. Pour une fois, c’était lui qui lui proposait son aide et pas elle qui la venait la réclamer...