Un Jeff et son humour plus tard - Arthur avait réellement du mal à en rire -, la situation virait encore à la parodie. Et avec pour acteurs principaux.. Dante et Connor. Pour changer, se dit-il en serrant les dents. Certes Arthur n'en voulait pas au premier canadien d'avoir voulu étrangler l'autre, c'était même plutôt le genre de chose à le faire sourire, ou du moins à réussir à soulager ses oreilles. Mais aux mots qu'ils échangèrent ensuite, sentant la rage dans un Connor bien fulminant, il eut bien du mal à ne pas s'en mêler. Du genre les attraper tout les deux et les secouer jusqu'à voir tomber des putains de prunes.

" .. Mais ils n'ont que ça à foutre.. ? ", pesta-t-il à qui pouvait l'entendre. Alan eut le calme et la présence nécessaire pour éviter une baston improvisée, ce qui calma tout autant le sergent, dont les nerfs restaient à fleur de peau. Il était enfin dans son état normal, ou presque.. et là, la réaction de Connor eut l'effet d'une allumette sur une colline de poudre. Boom.
Ainsi, alors qu'il était penché sur ses fouilles, il se redressa, montra une gueule à faire peur à un taulard et se mit à feuler, encore une fois, prouvant bien qu'on avait oublié d'le castrer ce vieux matou.

" Mais bordel de merde vous croyez que c'est le moment pour ça ?! ON A UN MORT DÉJÀ ! Et c'est un de TROP ! On ne sait pas ce qui peut encore traîner dehors ! Ou pire, planqué quelque part dans ce PUTAIN DE TOMBEAU ! VOS FORTES TÊTES J'VAIS LES ÉCRASER COMME DES CONNERIES DE PASTÈQUES ! "

Il se mit à la poursuite de Connor, par de grandes enjambées bien définies, comme un papa mécontent prêt à punir son gamin d'une bonne heure au coin. Ou dans une putain de boîte ! Il posa la main sur son épaule et le retourna d'un coup vif, à peine avait-il terminé de poser ses questions à Jeff.

" Tu vas aller aider Dante à bouger le corps d'Edwin. Et si jamais.. par malheur.. j'entends un mot plus haut que l'autre, y aura deux nouveaux corps à bouger. ET Y A PAS DE MAIS CONNOR. PAS-DE-MAIS ! "

Ainsi gueulait un mentor. Puis il porta son regard enflammé sur Jeff. Il le toisa, le jugea d'un air hautain, observant un silence de quelques secondes, avant de lui adresser un signe du menton parfaitement théâtral.

" On va les bouger tes bonbonnes. Toi, et moi. Et non c'est pas une blague. D'ailleurs.. Il n'y a plus de blagues. Compris ? "

Si plus tôt dans la journée il avait tenté de faire comprendre qu'il n'était pas d'humeur aux conneries, là il venait de faire un joli dessin, un parfait schéma du pourquoi et du comment ça commençait à lui broyer les cousines. Il n'avait qu'une envie, retourner dormir auprès de sa femme et pouvoir ENFIN lui expliquer qu'il allait bien. Mais si après cette tâche il restait un corps à bouger, alors il s'en occuperait.

Juste aider les autres qu’il avait dit ? Ils avaient tous deux mains et un cerveau, ils étaient suffisamment nombreux pour s’occuper des autres tâches. Elle se retrouva un peu énervée et frustrée que Dante se soit casser ailleurs… Mais au lieu de faire son égoïste, elle resta le nez dans son carton… Le cadavre d’Edwin en priorité hein…
Les gens commençaient à disparaître de la planque, et elle eut l'impression que l'endroit était devenu trop grand pour elle. En poussant plusieurs cartons au centre, elle haussa un sourcil en suivant du regard Dante disparaître. Par la suite, Arthur était même passé en un éclair à l'extérieur, sûrement pour suivre l'ancien joueur de baseball...

Vu les cris plus loin, étouffé par les murs épais de la pièce, Arthur était entré dans un état second. Kassandra était elle-même assez étonnée par son je m'en foutisme, elle n'avait aucune envie de se prendre la tête avec quoique ce soit... Elle était suffisamment concentrée sur ce qu'elle était en train de faire, soit rassembler ce que tout le monde avait pu trouver... Un seul objectif, à remplir toute seule s'il le faudrait. Elle était même certaine que dans peu de temps elle allait se retrouver comme une conne seule au milieu de la pièce... Il y avait mieux à faire dehors, c'était sur ! Elle pinça les lèvres lorsqu'elle réalisa que le mari Callaghan s'avançait dans sa direction et elle fut reconnaissante qu'il lui offre son aide. Au moins une personne prête à l’aider… Et à ne pas la laisser toute seule à rassembler ces affaires dans cette pièce si désagréable…

Merci John. Au moins un qui levait le petit doigt pour l'aider, et elle s'amusa un petit peu de la situation. Elle qui était toujours la première à venir lui demander de l'aide, pour des bricoles sans intérêt parfois. Ce petit rictus sur son visage ne se vit à peine alors qu'elle attrapait les premières trouvailles. Elle laissa John récupérer quelques éléments près de lui, elle rassembla également des nouilles instantanées, une tente neuve... Certains avaient déposé des choses à l'entrée. Au final, il n'y avait pas tant de choses que cela... On fera un dernier tour pour voir si rien a été oublié… Comme ça personne n’aura besoin de revenir ici... L'odeur de renfermée lui piquait les narines, mais avait au moins le mérite de se concentrer sur autre chose.

A peine cette petite remarque formulée, qui ne semblait pas grand chose par rapport à tout ce qu'ils avaient vécu jusqu'ici que Dante l'empoigna par le col, trop abasourdi pour réagir, Jefferson ne broncha pas. a situation s'envenima assez vite, Connor monta au créneau, et c'est Alan qui réussit à calmer le jeu... Bon sang, le canadien passa une main sur son front en soupirant. Sa blague n'était peut-être pas appropriée mais était-ce la première fois ? Était-ce une raison de créer des tensions supplémentaires en agissant comme cela ? Après tout, Dante était assez sanguin, d'habitude, rien de très étonnant de sa part, mais ne pouvait-il pas mesurer ses actes parfois ? Belle preuve d'immaturité, Jeff, bien qu'il n'était pas quelqu'un de rancunier, s'apprêtait cette fois-ci à lui en tenir rigueur. Surtout s'il jouait à l'autruche comme d'habitude. Peu importe, leurs interactions étaient plus que fortuites, ça ne changerait pas grand chose.

Réajustant un peu sa veste et sa chemise, se disant qu'il en avait sans doute trop fait, il entreprit d'aller déplacer les bonbonnes tout seul, s'éloignant, c'est Alan qui l'interpella pour lui dire qu'il lui prêterait main forte "" Merci, et puis ça ira plus vite comme ça. " dit-il en marchant à ses côtés, Connor avait fini par les rejoindre dans le même but, refusant délibérément la demande de Blake. C'était sans compter sur Arthur qui demandait au blond de revenir "" A gauche après ce rayon … " lui dit-il en le regardant partir argumenter avec l'ancien sergent. Alors qu'ils déplaçaient tous deux les bonbonnes de gaz à l'entrée, encombrés par leur poids, son aîné lui précisa qu'il s'absenterait quelques instants, juste le temps d'en déplacer une seul, puis une autre ainsi qu'Alan qui revint assez vite porter la dernière, et cette besogne était terminée.

Le canadien se frottait les mains, un peu endolories par le poids des charges qu'il venait de transporter, il se trouvait toujours près d'Alan mais ne pouvait s'empêcher d'appréhender... S'il avait bien entendu et qu'il supposait bien, Dante et Connor allaient déplacer le corps de Edwin ensemble … C'était peut-être pas la meilleure idée au monde. Jeff partit alors à toute hâte pour les retrouver, s'il était très blagueur, il était également assez réfléchi et conciliant et il parviendrait sans doute à les empêcher de régler leurs comptes. Il fallait éviter que sa petite blague ait des conséquences beaucoup plus lourdes que prévues.

Alan et Jeff réussirent à esquiver en crabe la colère qui couvait. Le reste ne fut qu'une explosion un peu brouillonne. « Non mais je rêve, tu te ranges derrière la réaction de ce gros con ?! T'acceptes ! » S'offusqua Connor en faisant les gros yeux à son mentor. Il hallucinait, c'était forcément ça ! Fallait qu'on le pince- Non ! Qu'on lui colle une beigne pour qu'il revienne parmi les vivants parce que c'était pas possible d'être autant à côté de ses pompes ! Et on voulait en plus qu'il ait la patience de supporter Dante ET le corps d'Edwin ? Ah, il était tolérant... Mais y'avait des trucs au-dessus de ses forces. « Alors c'est ça ?! » Grogna Connor,, se foutant bien de mettre Arthur plus en colère qu'il ne l'était déjà. « Lui, il peut agresser qui il veut quand ça lui prend comme une envie de pisser, mais quand on fait la même que lui, CA VA PLUS ! »

Putain, il était sur le cul. Déjà, qu'on comprenne pas sa réaction, et maintenant qu'on tente de lui mettre le nez dans la merde des autres... Y'avait aucune chance qu'un jour Dante et lui s'entendent. Aucune. « C'est ça, TON IDEE GENIALE ?! Que j'me le carre auprès du corps d'un pote ?! CA VA ALLER MIEUX TU PENSES ?! » Rajouta-t-il sur le même ton, tremblant à mesure que la colère l'étreignait : « T'EN AS D'AUTRES DES SUGGESTIONS A LA MORD MOI LE ZOB ? J'T'ECOUTE ! » Et puis, s'il avait eu l'intention de s'excuser auprès de Blake de son énervement plus tard, et faire son méaculpa, la réaction d'Arthur lui donnait envie d'être encore plus de mauvaise foi et d'y renoncer.

A croire que cette nana, c'était la petite soeur de sept ans du groupe qui avait besoin de quinze gars pour défendre son honneur. Pis c'était pas comme s'il foutait rien ! Quand il lui disait être occupé, c'était pour trouver un truc pour se changer les idées, se rendre utile, mais surtout, se calmer et éviter de relancer le volcan qui grondait à l'intérieur. Alors ouais, il passait probablement pour un sale gosse capricieux. Mais il avait surtout l'impression de subir une injustice crasse. Il s'opposait à ce qu'on malmène un type un peu con mais loin d'être méchant, qu'on l'écrase pour passer sa frustration, et c'était lui qu'on punissait ?

Dans la liste des injustices à gerber, la mort d'Edwin était apparemment pas suffisante ! Dans ce groupe, l'impartialité était à géométrie variable, dépendait visiblement des personnes que ça touchait. Incapable de se mettre à la place des autres, de comprendre, d'essayer au moins. On s'en branlait fort ça, au point d'en donner le vertige ! Il avait l'impression de rester avec des putains de robots insensibles. « Allez allez.. » Grogna-t-il en envoyant son poing dans un rayonnage, manquant de se péter une phalange, et en s'ouvrant la peau au passage.

Mieux valait qu'il se fasse du mal à lui pour le coup, ou il pourrait le regretter. Puis... Dans son état, il aurait été incapable de traiter Edwin dignement, alors qu'il méritait toutes ses pensées, sa considération, pour être enterré avec honneur. P't'être que c'était la colère d'avoir perdu un membre du groupe qui le mettait comme ça. Peut-être. Il aurait été bien infoutu d'expliquer pourquoi il était aussi furieux, et pourquoi il avait été aussi prompt à réagir agressivement. « C'est bon, tu m'as gonflé...  » Connor était juste pas prêt à accepter l'hypocrisie des autres. C'était pas le moment pour remettre Dante à sa place, mais par contre, c'était exactement le moment pour venir les lui briser sévèrement.

Il avait vraiment besoin d'air. D'un grand bol d'air froid pour se geler les idées.

Ludwig avait suivi les autres, et avait, de son côté également, fait des trouvailles. Des nouilles instantanées, pour être exacte. Et rien que voir tous ces jolis sachets lui faisait monter l'eau à la bouche. Il parvenait presque à sentir le doux fumet de ces nouilles.
En revanche, sa bonne humeur n'était que guère palpable. Il avait pleuré, comme un bébé, en découvrant le corps d'Edwin et l'état dans lequel était Lilou. Pourtant, les deux hommes n'avaient jamais eu d’atomes crochus, mais c'était ainsi : le libraire était sensible, et il avait partagé une partie de sa vie avec Edwin.
Les nouilles alors, n'étaient qu'une miette de réconfort, car il n'était vraiment pas d'humeur à sourire.
Voltaire était sorti de sa cachette et fouinait un peu avec lui, lui apportant un sachet de pâtes calé entre son bec, ce qui eut au moins le mérite d'arracher un sourire à son maître.

- Brave bête, souffla-t-il en lui flattant le plumage.

Une querelle éclata alors. Le norvégien rentra sa tête dans ses épaules et fit mine de ne pas voir ce qu'il se passait. Comme si le groupe avait besoin de cela. En même temps, songea-t-il, il pouvait les comprendre : ils étaient tous dans un sacré état de nerfs, c'était la pression qui redescendait lentement.
Ça c'était mis à gueuler sévère, à côté de lui. Si bien qu'il ne perdit pas de temps pour se remettre sur ses jambes, ses trouvailles dans ses bras, pour prendre le large et éviter d'être encore plus touché par les tensions qui planaient dans l'air.

Arrivé à hauteur de Dante, il remarqua que ce dernier avait le pied sur l'extrémité d'une corde. Il se racla la gorge :

- Hm, excuse-moi, Dante ? Je peux récupérer ça ?

Il montra l'objet du doigt. Certes, il aurait préféré ne pas avoir à s'adresser à lui, surtout après ce qu'il venait de se passer, mais il savait que, du cordage, ils en auraient toujours besoin. Et il craignait que tout le monde parte sans la voir.

- S'il te plaît ? Ajouta-t-il.

Il faisait peine à voir, Ludwig. Le dos voûté en avant, des sachets de nouilles entre les bras, le regard fuyant et rouge d'avoir tant pleuré. De petites plaques rouges avaient même élues domicile sur ses joues, menton et au niveau de son cou, faute au choc et à l'adrénaline qui ne lui faisait pas du bien.

A l’instant où Lilou avait abandonné ses défenses, elle s’était laissée entraîner par Tamara et Quinn vers le groupe en sécurité. A cette heure, seul les pleures de Lilou et l’alternance d’aphasie faisait place. C’était simple. Quand Lilou reprenait conscience de la réalité, elle pleurait, réalisant la perte horrible qu’elle venait de subir. Chaque mot, chaque promesse qu’Edwin lui n’ait un jour jamais faite, s’envolait. Lui lâchant des coups de poignard dans le cœur. La douleur était insupportable. Et la californienne abandonnait son esprit pour être ailleurs. Laissant qu’une coquille vide assise parmi les autres. Même son bébé semblait ne plus bouger. Ou peut-être était-il en train de dormir. La mort était trop récente, trop présente pour être vivable. Elle avait perdu sa mère 3 ans plus tôt. Lilou s’était totalement décomposée, perdue. Elle ne survivait pas très bien à la mort. L’envie de se plonger dans ses pillules, sa drogue, n’était qu’une option à laquelle il lui était impossible d’avoir. Par les circonstances. La neige, le froid, les morts. La fin du monde. Mais c’est aujourd’hui que le monde semblait toucher à sa fin pour elle.

Dans ses moments les plus calmes, on ne pouvait voir que la rougeur de ses joues mordues par les larmes, ses yeux trahissant la blessure qui la faisait souffrir. Ses iris bleues s’attardait parfois sur les autres. Tamara, Quinn, Abel, Izzy, etc… Elle sentait ces regards parfois fuyant qui coulait sur elle. Ces regards de pitié. Mais elle s’en foutait. Elle pouvait bien attirer la pitié, ça ne changera plus sa vie maintenant. Elle voulait juste mourir. Et quand elle y repensa, c’est le visage d’Edwin qui lui apparut. Les larmes reviennent et brouille sa vision. Elle suffoque. Elle veut disparaitre. Elle ne veut plus être entourée. C’était insupportable. Elle trouva la force de se tourner vers Tam et de la regarder directement dans les yeux pour la première depuis tout à l’heure.

-Tu peux me laisser seule s’il te plait ? J’en t’en prie j’en ai besoin.

Elle lança un regard à Quinn qui ne se trouvait toujours pas loin, certainement préoccupée. Lui demandant la même question des yeux. Enfin un peu d’espace quelques secondes plus tard. Lilou attendit quelques minutes que les visages se tournent et tentent de penser à autre chose. Elle regardait ceux qui était devant elle. Elle ne s’était jamais sentie aussi seule qu’aujourd’hui. Tous avaient quelqu’un pour avancer. Tam et Abel, Izzy, Elise et Arthur, Quinn et Connor, Hope et Joshua. C’était injuste. Après tout ce qu’elle avait traversé pour le garder près d’elle. Après tous les efforts qu’elle avait fait.

Elle se leva de sa place pour quitter le groupe. ENCORE. Mais c’était intenable. Il fallait qu’elle revoit l’homme qu’elle aimait une dernière fois. Ca ne pouvait pas être la dernière image qu’elle aurait de lui. Ayant échappé à la vigilance de ses bienfaiteurs, ou pas… Elle rejoint l’emplacement, trouvant Dante sur les lieux. Richard était là, il s’était proposé d’aider le canadien à enterrer le corps. Elle les rejoints. Son visage est humides, ses yeux gonflés. La vue de son cadavre lui arrache cette grimace significative.

-Vous ne l’enterrerez pas sans moi !