J’avais vu les autres partir dans la direction opposée, visiblement, le danger était écarté. C’était la seule bonne nouvelle du moment. Je regardais toujours Lilou, je n’avais pas l’intention de bouger. Plutarch était parti faire l’aller-retour pour me tenir au courant, c’était vraiment adorable de sa part. J’avais vraiment envie de savoir ce qui s’était passé sans pour autant avoir la force d’y aller moi-même. Elle avait vraiment besoin de soutien et je n’étais pas près de la laisser seule. Je ne savais même pas si elle serait capable de trouver le sommeil avant de littéralement tomber d’épuisement. Finalement, mon ami refit surface rapidement.

- Tien.

Il me tendait un Zippo avec un petit sourire, je ne sais pas trop d’où il avait sorti l’objet, mais c’était un cadeau que je ne pouvais pas vraiment refuser. Il était enfin le temps d’avoir des réponses puisque maintenant qu’il était là, il allait pouvoir m’en donner.

- Qu’est-ce qui s’est passé alors et tu le sors d’où ton briquet ?

Je le regardais avec attention essayant de décrypter un peu tout ça, mais la pénombre m’empêchait d’en savoir plus. J’étais contrainte d’attendre patiemment sa réponse.

- Il y avait deux hommes cachés dans le magasin, ils ont attendu qu’on dorme pour attaquer. Le briquet vient de leurs planques qu’on vient de découvrir, j’espère qu’il y en a qui trouveront de la bouffe. En tout cas, c’est toujours mieux que rien.

- Merci de me le donner. Tu peux retourner te rendre utile, moi je ne bouge pas.

J’étais bien décidé à rester le plus longtemps possible avec Lilou et surtout éveillé. Je sentais déjà que la fatigue était en train de me prendre et que je devrais luter pour ne pas piquer définitivement du nez.

    Les autres n'avaient pas tardé à nous rejoindre, trouvant des ressources et objets plus ou moins utiles. Il n'y avait pour l'instant pas d'autres signes des inconnus et, si tout le magasin était agité par l'angoisse et la tristesse de la mort d'Edwin, les coups de feu semblaient s'être tus. Pour l'instant. Adressant un regard à Kassandra qui avait l'air un peu remise de ses émotions, qui essayait du moins de passer outre ce qu'elle avait dû faire, je posais une main sur son bras comme une marque de soutien, sachant pertinemment que parfois les mots ne pouvaient pas tout exprimer.

    Jeff était entré à ce moment là, lançant une blague en accord avec ses trouvailles qui ne passa apparemment pas. Dante réagit au quart de tour, se dirigeant prestement vers lui pour le prendre à la gorge en lui intimant de se taire. Est-ce qu'il avait raison ? Peut-être, peut-être pas. Nous étions tous à cran et il était évident qu'essayer de sortir une quelconque plaisanterie à ce moment précis était vraiment mal venu. Soupirant, je me dirigeais vers les deux hommes, déposant une main sur l'épaule de Dante cette fois, lui adressant un regard lui signifiant de laisser tomber. Nous avions eu assez de remous pour aujourd'hui, inutile de déclencher encore une bagarre ; certes, Jeff n'avait pas été très malin de dire cela, mais la pression devait retomber. Posant mes yeux sur le plus âgé, je pris enfin la parole.

« Je vais t'aider Jeff. »

    Attendant qu'il me suive pour me montrer l'endroit où se trouvait les autres bonbonnes de gaz, je marchais à ses côtés sans dire un mot ; outre le fait que j'étais moins bavard qu'auparavant, je n'avais aucunement l'envie de m'étendre sur une discussion. Arrivé à hauteur des bonbonnes, j'en pris une, grimaçant un peu sous le poids, avant de me mettre en chemin vers l'entrée pour la déposer. Le stress était toujours présent, la crainte qu'ils n'aient pas été que deux, mais ceux qui faisaient désormais des rondes entre les rayons ne pourraient pas passer à côté d'un quelconque inconnu.

    L'objet laissé à l'entrée, je prévenais rapidement Jefferson que j'allais faire un crochet puis revenir, et me mis en route vers le coin où était toujours Christina et probablement beaucoup d'autre. J'espérais du moins que mon épouse soit là-bas, en sécurité. Je l'aperçus alors, me détendant juste un peu ; elle n'avait rien, elle allait bien, aussi bien qu'on pouvait l'être au vu de la situation. M'approchant d'elle, je fis de mon mieux pour lui adresser un petit sourire, posant doucement ma main sur la sienne, rassuré qu'elle soit là comme une ancre dans un monde en déclin, malgré la distance qui s'était immiscée entre nous.