Re: Event - When all Hope is gone

Comme tous les autres, Christina avait rapidement sombré dans le sommeil. Tout près de l’entrée du centre commercial, blottie contre Alan, pour profiter de leurs chaleurs respectives et partager leur couverture, elle était bien. Oubliant un court instant la misère de leur condition. Jusqu’à ce qu’un bruit feutré ne vienne perturber le silence ambiant. Elle fronça légèrement les sourcils, en se réveillant doucement, juste avant que la détonation d’un coup de feu n’explose tout près d’eux. Mais ce fut le son qui suivit qui lui glaça encore davantage le sang. Celui d’une masse qui tombe au sol. Ses entrailles se nouèrent, alors qu’elle se redressait en devinant la silhouette d'un des types qui disparaissait dans la pénombre des rayons.

- HEY ! Cria un Justin, qui s’était aussi réveillé à côté et avait de toute évidence sentit aussi la présence des individus.
- Tu vas blesser quelqu’un avec ça, entendit-elle Giulia murmurer à son compagnon, sans vraiment y prêter attention. De son côté, sa pensée était entièrement tournée vers leur sentinelle.
- Qui était de garde ? Demanda-t-elle mécaniquement à Alan, incapable d’évaluer combien de temps ils avaient pu dormir. Dix minutes ? Trois heures ? Ed avait-il déjà été relayé ? Cela n’avait néanmoins aucune importance : l’un d’entre eux était à terre.

Alors que certains partaient à la recherche de leurs agresseurs, Christy se glissa en rampant – au cas où un nouveau coup de feu voudrait partir ! – jusqu’à Edwin qui gisait à quelques mètres d’eux seulement. De la faible lueur de la nuit, elle devinait le corps sombre étendu à terre. Elle fut la première à arriver à sa hauteur et tâtonna le pauvre homme. Ses gestes étaient saccadés et imprécis.

- Ed, souffla-t-elle implorante, même si l’immobilité de l’homme ne pouvait déjà signifier qu’une seule chose. Ses mains se souillèrent de sang alors qu’elle les posa sur le torse du jeune homme. Merde ! Elle les monta ensuite au niveau de son cou, pour essayer de prendre son pouls. Elle ne sentait rien, putain, elle ne sentait rien. Après quelques secondes supplémentaires d’effort, ils ne pouvaient se rendre qu’à l’évidence. Elle ferma un instant les yeux. Il est mort, déclara-t-elle d’une voix creuse, à Alan et à ceux qui les avaient rejoints, tout en relevant les yeux vers eux.

Puis son regard partit en direction des entrailles du Walmart, où une autre partie se jouait. Ils devaient se mettre à l'abri ! Ou agir ! Elle s'éloigna du corps que l'un d'entre eux devait achever avant qu'il ne se transforme. Elle ne voulait pas voir ça. Ce fut alors qu'Arthur tomba sur l’hôtesse de l'air. Elle acquiesça avant de le prévenir dans un souffle.

- Ils ont tué Edwin. Ils devaient tous savoir à quels dangereux phénomènes ils avaient à faire ! Il était inutile d'en dire plus.

Elle partit ensuite rejoindre le groupe des "femmes", et ne parvint qu'à baisser le regard, lorsque ses yeux croisèrent ceux de Lilou. Son expression avait toutefois du la trahir. Tout comme le sang sur ses mains.

La fatigue plus que présente permit à Dante de s’endormir rapidement, surtout avec Kassandra à ses côtés. Il lui avait d’ailleurs tenu la main en s’endormant, comme pour être sûr qu’elle ne partirait pas. En plus de cette proximité, la couette bien épaisse que la blonde avait récupéré un peu plus tôt leur permis de ne pas être frigorifié, elle était assez grande pour y accueillir une troisième personne qui fut Quinn.

Le calme et la sérénité somme toute relatives furent briser par une détonation qui résonna à travers toutes les allées. Se réveillant en sursaut avec le souffle coupé, le canadien chercha à tâtons ses armes en regardant autour de lui pour vérifier que la raison de ce coup de feu ne se trouvait pas juste à côté d’eux. Quinn et Kassandra n’avaient rien, ce qui ne l’empêcha pas de s’inquiéter immédiatement pour tous les autres et surtout son amie Tam. Elle était avec Abel qui ferait tout pour la protéger, c’était une évidence, mais Dante ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter tout de même, tout comme pour les derniers nés et les pleurs.

En compagnie des deux jeunes femmes, le blondinet avança dans les rayons scrutant du mieux possibles les allées, mais aucune silhouette n’y apparut. Pour lui, le coup de feu ne pouvait pas provenir de quelqu’un du groupe, sauf si l’un d’eux perdait totalement la tête, mais cela lui paraissait étrange. Ils avancèrent donc, cherchaient-ils à trouver un endroit à se mettre à l’abri ou était-ce pour identifier la source de ce vacarme ? Les deux au final.

Aller en direction du chaos, là où Blake et John semblaient avoir été. Elle sentait presque le souffle glacer de son petit ami derrière lui et les pas lent de Quinn à sa suite. Un souffle tremblant était coincé dans sa gorge alors que ses doigts rendait sa prise peu agréable sur l'arme. Pourquoi s'était-elle avancée en premier dans la file, pourquoi était-elle en tête ? La blonde tentait de garder son calme et de trouver l'origine du problème... Le soucis, c'est qu'elle n'avait strictement idée du danger auquel il faisait face, elle n'en connaissait pas l'origine, elle ne savait même pas si un de ses amis avaient été touché. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était s'efforcer de croire qu'Arthur avait pu mettre tout le monde en sécurité. L'urgence de la situation, la peur aussi, n'avait pas permis à l'américaine d'évaluer de façon experte ce qui s'était produit... Le stress l'avait poussé à suivre le groupe dans cette... chasse.

Les rayons menaçant l'oppresser, et en avançant à l'aveugle, jugeant l'état du couloir de chaque rayons, la lampe de Dante se braqua sur un visage à quelques mètres d'eux. Un visage d'homme effrayant, les joues cachés derrières une barbe épaisse. Il était à la moitié du chemin, il allait vers le fond du rayon pour sûrement s'enfuir. Ce qui la choquait sur l'instant fut le regard fou qui leur jeta et cette main qu'il avait levé dans leur direction. Cette main qui tenait une arme, une arme pour les éliminer. Par réflexe de survie, ou sûrement à cause des entraînements laborieux avec Blake, elle eut la bonne réaction immédiate en stabilisant son arme et en appuyant sur la détente. Mais elle ne tira pas qu'une fois, alors que le corps de l'homme partait en arrière, surpris, effaré peut être. L'homme était redevenu une ombre un moment, une ombre épaisse qui avait reculé. Pourtant, malgré le tire, cette balle qui avait dû se figer dans son épaule ou ailleurs, il leva à nouveau son arme. Le deuxième coup le toucha au thorax, sûrement en plein cœur. Il était stupide d'essayer de viser la tête... Elle n'y était pas encore parvenue aux entraînements avec Blake, c'était encore récent, très frais et... Et elle venait de voir tomber la masse, elle venait de tuer quelqu'un, et en s'en rendant compte, l'arme se remit à trembler entre ses doigts. Tout c'était enchaîné si vite, et si une part d'elle aurait pu se féliciter d'avoir agi vite et préserver ses amis, la partie rationnelle encaissait l'information.
Des mots de Blake lui étaient revenus à ce moment là, des mots dures, où elle lui avait dit que cette arme ne pourrait pas servir qu'à éliminer des rôdeurs. Elle pourrait aussi tuer un homme, un individu dangereux pour leurs groupes, pour leurs proches. Mais elle n'avait pas pris au sérieux ses mots, ni l'impact que cela pourrait avoir sur son esprit. Destabilisé, elle sentait ses jambes la soutenir de moins en moins. L'arme resta toutefois entre ses doigts alors qu'elle reculait contre un rayon pour y poser son dos.

C'est pas vrai, je n'ai pas fait ça. Elle n'arrivait plus à respirer, plus convenablement du moins, et son champ de vision était en train de se brouiller, comme si elle allait pleurer. Elle ne devait pas pleurer, elle devait rester debout, parce qu'il n'était peut être pas seul, mais elle n'y arrivait pas. Elle pouvait supporter beaucoup de chose, mais ça c'était difficile à encaisser... J'ai vraiment tué une personne ?
Vraiment ?
Si elle avait su que cette même personne avait éliminé Edwin, peut être aurait elle réussi à détourner son esprit sur le fait que c'était un assassin... Mais pour le moment, elle ne voyait que ses mains qu'elle avait sali et qui allait se désagréger à chaque fois qu'elle toucherait une arme.

Les voix résonnaient dans le grand bâtiment qu'était le Walmart et les faisceaux lumineux des lampes torches à travers les allées indiquaient approximativement l'avancement des membres du camp. Toujours en présence de John, les deux militaires mirent en application ce qu'ils avaient du faire pendant des années. Progresser, armée tendue et chien entre les jambes pour le cas de Blake. « Éclaire moi. » Avait-elle ordonné à John. Elle ne pouvait pas le laisser passer devant. Tout simplement parce que si c'était elle qui tombait en premier sur l'agresseur, il fallait que le chien puisse bondir immédiatement. Seulement...une main dans le collier du malinois et une autre tenant son arme, Blake ne pouvait malheureusement pas tout faire toute seule. Il s'agissait d'un travail en équipe et John en connaissait parfaitement le fonctionnement.

Et d'un coup Blake se stoppa. Des coups de feu. Plusieurs coups de feu. Est-ce que c'était l'un des leurs qui tirait ? Ou cette éventuelle personne qu'ils cherchaient tous ? Les traits déformés par la peur qu'il soit arrivé quelque chose à l'un des membres du groupe, Blake lâcha le chien et se mit à courir en direction du bruit. Ce n'était pas loin, à peine deux à trois allées en parallèle de la sienne. Ce fut Khan qui arriva en premier et qui, hargneux, se mit à aboyer, avançant et reculant devant le corps étendu au sol. Arrivée sur place, Blake se stoppa in extremis et découvrit la scène. Le corps étendu par terre. Elle n'y prêta pas plus attention sur le moment, son regard bascula rapidement vers l'origine des coups de feu. Et elle trouva Kassandra, arme encore au poing, appuyée contre un rayon, les yeux rivés vers la personne qu'elle venait d'abattre.

John qui l'avait suivi, éclaira le visage du mort et Blake n'eut pas besoin de beaucoup de temps pour réaliser qu'il s'agissait d'un inconnu. De leur agresseur. Il était mort. En réalisant que Kassandra venait de tuer celui qui s'en prenait à eux et qu'elle était en état de choc, la blonde se précipita vers elle, laissant à John le soin de calmer leur chien et de s'occuper de ceux qui arriveraient après avoir entendu les tirs. De toute façon, l'homme était mort, il n'y avait plus besoin de se presser.

Le visage de Kassandra entre ses mains, elle planta son regard dans celui embrumé de son élève. « Tu n'as rien ? Kassandra ! Est-ce que tu n'as rien ? » Complètement pétrifiée, le regard de Kassandra avait bien du mal à se détacher du corps étendu un peu plus loin sur le sol. Non, elle n'était pas blessée. Une vérification rapide lui permit d'en être certaine. Lâchant son visage, elle attira Kassandra contre elle et l'enlaça. « Ça va aller. » D'un geste, elle lui caressa les cheveux, resserrant un peu plus son étreinte. « Je suis fière de toi. » Lui souffla-elle à l'oreille alors que du monde commençait à découvrir la scène autour d'elles.« Tu as fait ce qu'il fallait. Ça va aller, je te le promet. » A la suite, Blake continua de lui murmurer des mots censés la réconforter. Tuer quelqu'un, ôter la vie, n'était pas une chose que l'on pouvait vivre avec facilité. Se rendre compte que l'arme que l'on tient dans les mains, ces bouts de métal assemblés les uns dans les autres permettait de tuer était une réalité difficile à avaler. « C'est fini. » Lui dit-elle en la gardant toujours collée contre sa poitrine.

Si seulement.

Si seulement Blake savait qu'il ne s'agissait là que du premier frère.

Le truc pratique quand on est sur les routes aussi longtemps que ce qu'ils l'avaient été, c'est qu'on apprenait à ne plus dormir que d'un œil. Entourant Hope de ses bras, qui elle-même lovait Seamus dans un véritable cocon d'amour, Joshua était assoupi d'un sommeil léger sans rêves tourmentés. Après l'épisode du pont, ils avaient finalement trouvé ce refuge de fortune, qui leur permettrait de passer la nuit à l'abri du froid et des rôdeurs. Les tours de garde s'étaient organisés, et ceux qui n'étaient pas immédiatement concernés, comme lui, s'étaient laissés allés à un repos bien mérité.

C'était l'agitation soudaine qui l'avait réveillé. Aussitôt, il avait secoué Hope, et lui avait demandé de mettre leur fils en sécurité. Il ne savait pas trop ce qui se passait, mais visiblement, c'était assez grave pour que toute la fourmilière se soit faite secouer d'un sacré coup de pied. Un coup de feu avait retenti, et tous étaient déjà sur le pied de guerre, lui y comprit.

A la suite des autres, il s'engouffra dans les allées plongées dans le noir, pistolet en main. Il était plutôt adepte de son couteau, mais quelque chose lui disait que ce qu'il poursuivait n'était pas déjà mort, et que contre ça, il valait mieux se prémunir d'une arme à feu. Dans les allées voisines, il entendait les autres marcher, parler parfois. Le docker se faisait le plus silencieux possible, pensant -peut etre à tort – que ce n'était pas une bonne idée de dévoiler sa position, s'il ne voulait pas mourir. D'ailleurs, il se demanda un instant qui était de garde à ce moment là ? Etait-ce encore Edwin, le compagnon de la rouquine enceinte ? Où était-il ?

Il essayait de trouver une réponse à son interrogation quand il apercut une silhouette au bout de l'allée. Et celle-ci ne ressemblait à aucune de celles qu'il avait pu voir concernant les gens du groupe. Non, il ne connaissait pas cette personne, et l'éclat furtif de ses yeux ne lui annonça rien de bon. L'autre l'avait vu, et le fixait. Joshua ne pouvait pas foncer dans le tas, ce serait un combat perdu d'avance, il le sentait bien. Mettant en joue le bonhomme, il le somma de se rendre. C'était un peu bête comme réaction, il se prenait pour quoi , un flic ? D'autant plus que l'autre se détourna avec un rictus moqueur. Il n'avait pas peur de lui, et il avait sans doute raison, mais le docker était décidé à ne pas se laisser impressionner, et visa son épaule, puis tira.

C'est alors que Kassandra, à quelques allées de là, tira aussi, déconcentrant Joshua qui bougea de quelques centimètres, sursautant de surprise suite au bruit retentissant dans le silence presque absolu.

Loupé, ou alors la balle l'avait effleuré, parce que s'il ne s'effondra pas, il porta sa main vivement à son épaule droite en étouffant un grognement. Au fond de lui, Joshua espérait qu'il saignait. Ce serait plus facile de le traquer comme ça.

Peu à peu, le silence total s'était fait dans le Walmart, les derniers éclats de voix s'étaient atténués jusqu'à disparaître et les respirations de chacun s'étaient faites plus régulières. Après des longues minutes à sentir l'insomnie me guetter, peut-être même une heure, j'avais finit par sombrer dans le sommeil, sentant la présence de mon épouse non loin de moi ; peut-être rassuré par le fait qu'elle soit là, ou peut-être simplement épuisé et à bout, qu'importait.

Mais comme à la fois, le repos et la sérénité semblaient deux mots désormais inexistants dans ce monde. Réveillé en sursaut par un bruit tonitruant, j'avais regardé à droite à gauche, les yeux écarquillés, alors que tout le monde commençait à s'agiter. Les voix qui me parvenaient à côté, celles de Justin et Giulia, me semblaient complètement décalées de la réalité, comme si d'un seul coup j'étais ailleurs ; je me demandais un instant si je ne rêvais pas mais le bras de ma femme sur lequel j'avais posé la main était bien trop réel. Me relevant prestement, je récupérais rapidement le Glock que j'avais laissé à côté de mon sac, le jugeant pour le coup plus utile que ma hache sans pour autant savoir pourquoi ; une intuition peut-être.

Je m'étais alors mis à suivre Christina dans les allées après avoir répondu à sa question, jetant des regards inquiets aux autres qui avaient l'air tout aussi perdus. Qu'avait-il bien pu se passer ? D'où venait le coup de feu ? Et où était Edwin ? Pourquoi n'était-il pas venu nous avertir d'un quelconque danger ? Le stress monta encore un peu plus alors que j'avançais toujours, quelques pas en retard sur Christy qui ne tarda pas à accélérer jusqu'à s'agenouiller à côté d'une masse au sol. Me stoppant net, mes yeux s'écarquillèrent une nouvelle fois, bloquant complètement à ses mots. Mort ? Non. Pas encore. Ce n'était pas possible... Serrant les dents, je hochais la tête.

« Ne reste pas là, vas t'abriter avec les autres. »

Posant une main rassurant sur son épaule pour l'intimer à ne pas rester près d'Edwin qui pourrait se réveiller à tout moment, je l'avais regardée s'éloigner avant de reposer sur le fauconnier un regard grave. Il fallait avertir les autres. C'est à ce moment là qu'un nouveau coup de feu retenti, me crispant immédiatement. Ce n'était pas terminé, ça ne le serait jamais.

Me mettant en marche rapidement, je tombais sur le groupe de Kassandra après avoir contourné quelques rayons ; la blond était pétrifiée, fixant un corps un peu plus loin tandis que Blake faisait de son mieux pour la rassurer. Serrant les dents, je me plaçais aux côté de Quinn, posant une main sur son bras pour attirer son attention en lui adressant un regard grave.

« Edwin est mort. »

Un nouveau coup de feu me rendit à nouveau alerte, serrant un peu plus mes doigts autour de mon arme pour me préparer à y aller, me préparer au pire. Parce-qu'il n'y avait plus que cela désormais, le pire.

Il était décidé à ne pas lâcher l'affaire. Ce mec n'avait pas l'air d'avoir de supers intentions – sinon pourquoi rôder dans les allées dans le noir, comme ça, semblant leur tourner autour comme un rapace à la recherche d'un mulot dans un champ de blé ? - et le fait qu'il ne lui ai même pas répondu, préférant se foutre complètement de sa gueule en s'éloignant, laissaient penser à Joshua que s'il ne faisait rien, il y allait y avoir des victimes dans son camp. Et ça... Il ne pourrait pas se pardonner d'avoir laissé filer un potentiel tueur. Aussi avanca-t-il jusqu'à l'endroit où se trouvait l'autre lorsqu'il lui avait tiré dessus.

Effectivement, quelques gouttes sombres entachaient le sol clair du rayon, et le docker eut un léger sourire. Même s'il ne l'avait pas abattu immédiatement, il l'avait blessé, ce qui lui permettait de suivre sa trace. Enfin, il restait tout de même méfiant, parce qu'il savait qu'un homme blessé, de la même manière qu'un animal, pouvait se montrer bien plus fort, mais surtout bien plus dangereux. Rassemblant ses pensées après les avoir laissées s'envoler vers Hope et Seamus, il se ressaisit, et se lança sur la piste de l'inconnu.

Seulement, deux allées plus loin, il se retrouva le bec dans l'eau. Les goutelettes avaient disparu, sans doute que l'homme avait été assez rusé pour compresser, ou que, tout simplement, la blessure légère avait arrêté de saigner. Et ça, c'était bien sa veine, parce qu'il s'était éloigné des autres, et que le silence ambiant n'avait rien, mais vraiment rien de rassurant. Il n'entendait que sa propre respiration, lourde et envahissante, comme un bruit parasite qui le poursuivait et transformait l'endroit en plateau de film d'horreur. Et dans les films, c'était toujours à ce moment là que...

La masse de l'homme qui venait de le bousculer lui coupa le souffle et le projeta un peu plus loin, où il tomba à genoux, mais se releva quasi immédiatement. Un regard furtif à sa droite lui indiqua que son arme avait glissé un peu plus loin, et qu'il allait falloir la récupérer. Seulement là, il n'avait pas le temps, étant donné que l'autre arrivait déjà sur lui, ses petits yeux plissés d'effort et sa respiration encore plus forte que la propre respiration de Joshua. « Pense football » se dit-il. Il fallait soit lui rentrer dedans également, espérant que son épaule supporterait l'impact, soit chercher à le faire chuter. La première solution lui semblait la plus réalisable, mais l'éloignerait de son arme, la seconde était plus caduque. Il n'avait plus le temps de réfléchir.

Baissant la tête et les épaules, un peu comme un taureau engageant le combat, il chercha l'appui sur ses jambes pour se propulser. Mais en réalité, il se rendit compte que l'homme était bien trop proche de lui. C'est donc la deuxieme solution qui s'imposa d'elle même. Au moment où il arriva à son niveau, il se tourna de profil, et se recroquevilla de lui même, pour que, incapable de stopper sa course, l'homme se trouve déstabilisé, et finisse par se prendre les pieds dans le corps massif mais ramassé. Le bruit de la chute avait du alerter les autres, mais ce n'était pas vraiment la priorité du docker qui entendit avec déléctation la tête de son ennemi cogner contre un rayonnage. Il se hâta de récupérer son arme, et de se relever, pour venir surplomber l'homme, l'arme braquée vers sa tête.

- Fils de pute. lui balanca-t-il en crachant un peu de sang, avant de tirer à nouveau, essouflé.