Dante n'avait jamais prêté attention plus que cela à l'homme semblant prendre les commandes. Il ignorait son nom, mais était comme admiratif de la prestance et de l'assurance qu'il dégageait d'autant plus qu'il semblait avoir l'habitude de diriger et non de suivre. Il l'écouta donc avec attention bien que le canadien connaissait déjà la démarche à suivre pour tuer ces créatures. Le discours à peine terminé, Kassandra proposa à ses amis de descendre afin de s'équiper, mais cette proposition n'en était pas réellement une car à peine sa phrase terminée, la jeune femme prît le chemin de l'armurerie sans attendre un quelconque commentaire.

Du coup, Tam suivit en attrapant Dante au passage afin que tout le monde se suive. Elles avaient toutes les deux raisons, ils pouvaient se battre et défendre leur camp, ils en étaient aptes, mais le canadien ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour la blonde étant donné l'état dans lequel elle se trouvait quelques minutes plus tôt. Sur le trajet pour s'équiper, il pria pour retrouver tout son équipement dont il s'était séparé en arrivant dans le stade. A part la sortie avec les militaires durant laquelle il avait pu tester le tir sur des cibles mobiles, le reste du temps lorsqu'il tirait il s'agissait plus du côté divertissement en visant des cibles en papier. Mais là, il connaissait tout de même bien l'arme employée, ce qui pour lui, représentait un atout non-négligeable.

La tatouée avait fait un travail remarquable digne d'un slalom afin de récupérer toutes leurs précieuses armes. Ce qui fit le plus plaisir au jeune homme était évidemment d'avoir avec lui le Beretta 92 FS ainsi qu'une dague. Autant pour le pistolet il pouvait confirmer à cent pour cent qu'il s'agissait du sien car il y avait fait graver une inscription, mais pour la dague c'était autre chose. Il n'en avait jusqu'à présent pas eu besoin de l'utiliser et s'en servait comme de la décoration plus qu'autre chose.

Kassandra en revanche ne s'était jamais servie d'une arme à feu, elle demanda donc conseil à Dante et Tam, cette dernière donna d'excellentes explications. Le jeune homme se contentait d’acquiescer avant d'ajouter « Fais juste attention au recul. Tire doucement, ne laisse pas ton doigt sur la gâchette car tu gaspillerait des munitions, exerce de petites pressions et tiens bien ton arme pour pas te blesser ou la lâcher. » car elle avait une arme puissante avec elle. Tam semblait être plus qu'heureuse de récupérer son équipement dont elle put se servir rapidement avec l'arrivée d'une créature dont Dante n'avait pas réalisé la présence.

« Bon, du coup il faut qu'on avance et qu'on fasse le tour des tentes afin de s'assurer qu'il n'y ait pas l'un de ces rôdeurs ou une personne seule. » dit-il a ses amies en déglutissant douloureusement sa salive. L'adrénaline montait en lui, mais il était conscient que les risques étaient présents, et pas qu'un peu. Il fallait aider sans mettre en danger sa vie ou celle de ses amies ou même de tout rescapé. Le petit groupe se dirigeait alors dans le calme vers les premières tentes se trouvant à proximité de l'armurerie, chacun contrôlait une direction afin de couvrir au maximum leur avancée.

Elle mémorisa les instructions de ses deux amis, l'arme était toujours aussi lourde dans sa main mais elle gagna en assurance. Elle prit sa respiration puis remercia presque calmement Tam et Dante. Allait-elle réellement y arriver ? Ce n'était pas aussi simple que dans les films et il fallait des années d'entrainements avant de pouvoir viser la tête, surtout si la cible était mobile. La cible... Oui, fallait qu'elle se mette ça dans le crâne, ils n'étaient tous que des cibles. Des morts avec le visage de leurs condisciples. Mais ils n'étaient certainement pas humain.

C'était pour Kassandra une sorte de guerre, une guerre pour survivre, pour protéger, et pour faire vivre ce à quoi elle tient. Et elle savait pertinemment que la plupart de ceux qui prenaient les armes avaient ce même objectif en tête. Peut être pas tous, évidemment. Certains ne vivaient que pour eux-même et elle ne pourrait pas vraiment leur en vouloir.

Alors qu'elle tenait enfin l'arme convenablement, elle tenta d'oublier la lourdeur de l'arme puis commença à s'avancer dans les gradins. Les cris alentours et les ordres inaudibles des militaires plus loins ne faisait qu'accentuer son angoisse. Elle mordit sa lèvre à plusieurs reprises, la faisant saigner, inspira lentement mais expira trop vite. Il n'y avait rien pour se calmer, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'essayer de penser à de l'eau calme. C'était ça. Une surface plate, lisse, qui bougeait légèrement, à peine. Des gouttes d'eau, la rosée du matin, qui créait de petites ondulations. Et cette pensée eut le don de la calmer. Ses amis l'avaient suivis et elle jeta un coup d'oeil sur sa droite pour croiser le regard des trois. Seul June était dans le même état qu'elle, mais elle remarquait tout de même le visage à peine crispée de Tam. Elle le cachait, mais elle avait aussi peur pour leurs vies. Tous les deux avaient essayé tant bien que mal de les rassurer, et rien que pour ça elle leur en était redevable. Et même si elle voulait y croire réellement, elle leur murmura :

« Ça ira. On va s'en sortir. Faut juste y croire. »

Si parfois ça ne servait pas toujours d'y croire le plus fort possible, ne pas y croire du tout était encore pire. C'était abandonner, tout lâcher, et ça c'était bien ce dont elle n'était pas capable. Elle en oubliait même la douleur persistante dans son dos, les muscles bandés, c'était à peine si elle ressentait cette douleur. L'objectif bien en tête, elle se répétait les paroles du grand brun.

Il a dit que ces choses n'étaient plus nos amis, ni nos voisins. Mais ceux qui avaient été mordu ? Pourrait-elle vraiment les tuer ? C'était si... cruel. Elle avançait dans les allées, sans qu'aucune âme morte ne vienne à leur rencontre mais... Un son dans une tente attira son attention. C'était comme si quelqu'un était en train de se noyer et... Le bruit de mastication en se rapprochant lui donna des hauts le coeur. Non, contrôle-toi. Le son de l'eau. Le son de l'eau. Non, c'était une mauvaise idée. Elle tirait lentement le tissu de la tente et remonta presqu'aussi vite l'arme pour fixer le viseur. Le bruit de l'arme, ses pas et ceux de ses amis, alerta la chose qui tourna son regard vide en direction d'elle. Il était mort. Elle n'était pas en train d'abattre un vivant. Au même moment, son doigt appuya mécaniquement sur la gâchette.

    Il semblait que la plupart des survivants avaient décidé de venir à l'armurerie pour récupérer leurs armes respectives, après quelques minutes de recherche, tentant de garder mon sang froid et de ne pas envoyer valser tout le monde pour y voir plus clair, je trouvais enfin les deux armes avec lesquelles j'étais venu. Glissant la sangle de la carabine sur mon épaule, je gardais ma hache dans la main, pas très sûr de moi ; elle était relativement lourde et jusqu'à présent sa seule utilité avait été de décorer le salon, je n'étais pas certain de savoir m'en servir parfaitement, mais je pourrais toujours prendre le fusil au moment venu. Reprenant le chemin vers les miens, je remarquais que Rebecca était restée auprès d'eux, le Beretta toujours bien en main, prête à les défendre. Un léger sourire étira mes lèvres, masquant un instant la tension, alors que je posais ma main sur son bras en lui disant :

« Merci d'être restée. C'est la folie à l'armurerie... Je vais rester ici, m'assurer qu'il n'y a pas de macchabées trop proches. »

    Posant mes yeux sur Sven puis Christy, j'étais touché de voir que Rebecca avait pris la peine de rester auprès d'eux le temps que du monde revienne dans le coin. Je culpabilisais légèrement de les avoir ainsi laissé, mais il nous fallait des armes et malheureusement nous n'avions pas le temps de peser le pour et le contre. Détournant mon regard, je vois que quelques personnes tente d'emmener Eliott ailleurs, sans lui faire trop de mal, suivant les ordres de Gary concernant les mordus. C'est à ce moment là que j'entendis Sven m'appeler d'une voix étranglée.

« Y en a un ! »

    Tournant prestement mon visage, je cherchais des yeux le Coyote en question et ne mis pas longtemps à le trouver. Bien qu'il semblait moins décomposé que ceux que nous avions vu lors de notre mission à l'aéroport, il avait déjà ces yeux masqués par le voile laiteux qui les caractérise, et ce rictus... Il s'approchait de nous en claquant des dents, émettant des râles affamés. Enserrant ma hache de mes deux mains, je m'avançais vers lui d'un pas décidé et, alors qu'il n'était plus qu'à un mètre de moi, je brandis mon arme, grimaçant légèrement sous le poids, et l'abattis sur lui. Mauvais calcul. N'ayant pas l'habitude de me servir d'une telle masse, sa trajectoire avait été un peu déviée et n'avait atteint que l'épaule, lui laissant un bras ballant, uniquement accroché au reste par quelques nerfs. Mais ça ne l'arrêta en rien, comme s'il n'avait rien remarqué, et s'était mis à tendre son bras valide vers moi, agrippant la manche de ma chemise. Le repoussant du coude, je reproduisis une nouvelle fois mon geste et, cette fois-ci, la lame tranchante s'abattit sans ménagement sur le crâne de Coyote qui s'effondra au sol quelques secondes plus tard. J'étais encore un peu secoué par cet affrontement, mais il fallait que je reprenne mes esprits, et vite.