Oui, il savait, que Finan aurait aimé se battre à leurs côtés, être là pour rendre à ces enfoirés la monnaie de leur pièce, et c'était précisément pour cela qu'il se battrait pour lui, pour eux tous. Alors qu'il s'apprêtait à repartir, l'Irlandais l'agrippa à nouveau, le poussant à planter ses prunelles dans les siennes. Jesse se contenta de hocher la tête, lui adressant un regard qui se voulait confiant et qui contrastait sans doute avec son expression redevenue un brin tendue. Il ferait son possible. Au moins pour que les leurs reviennent entiers. Et lui avec, dans l'idéal.

Se détachant alors de son ami, sa demande lui arracha un bref sourire et il y répondit en levant simplement le pouce. Il allait les boxer oui, au moins autant que le lui permettait sa blessure mais ces détails seraient à prendre en compte plus tard, pour l'instant, il n'avait qu'une chose en tête : régler leur compte à ces connards.

Peu à peu les groupes se formaient. Ceux qui restaient ici, ceux qui partaient. Selene restait. Si l'annonce étonna le bouclé il comprenait qu'elle souhaitait rester auprès d'Ashley. Il comprenait et respectait ce choix. Il se décala alors un peu des blessés, trouvant Frederik à côté de qui il se planta. « Tu suis ? » avait-il simplement demandé à son camarade, pas vraiment certain d'avoir envie que tous ceux auxquels il tenait se retrouvent dans une posture aussi compliquée mais il les connaissait tous suffisamment pour savoir qu'aucun ne reculerait devant cette guerre à venir, fait qui était d'ailleurs nettement perceptible dans les prunelles du Danois. Le moment était arrivé, il n'y avait plus de retour en arrière possible. Et ils devraient s'en sortir et ramener ici des bonnes nouvelles plutôt que des morts.

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Sere avait bien vu le regard de Jesse. Oui, elle ne l'avait pas manqué et pourtant, elle ne trouva pas les mots pour le rassurer. Déboulèrent ensuite tous ceux qui se proposaient pour aller botter le cul de ces enfoirés de Renton, enfin jusqu'à ce que la rouquine ne se braque un brin. Visiblement, le dénommé Duncan semblait avoir dit un mot de trop. Et même si elle pouvait comprendre son inquiétude et sa nervosité grandissante, la brune ne pouvait simplement pas s'y laisser aller. Les blessés seraient les premiers à vouloir leur dire de partir au front pour éliminer les connards responsables de cette attaque. "On oublie personne, Addi. On le fait pour elles." Son regard noisette vogua sur les deux leaders. "Pour Fin, pour nos disparus... Pour nous tous." Elle hocha ensuite la tête à son regard entendu, lui promettant silencieusement qu'elle saurait gérer, qu'elle allait tout faire pour les mener à une victoire, peu importait le prix.

Une voix se faisait entendre dans le talkie, et même si elle n'aimait pas l'admettre, la militaire ne pouvait qu'être totalement d'accord avec la femme qui parlait. Ils ne devaient pas perdre leur avantage. Et contre toute attente, Selene avait décidé de rester auprès d'Ashley, lui refilant du même coup son M16. Excellent, il y avait longtemps qu'elle n'en avait pas tenu un dans ses mains. Puis, Caroline affirmait qu'elle les accompagnerait finalement, pour des raisons évidentes. Et tous décidaient de leur rôle respectif, peu à peu. Restait à Shaw et Fred de se décider, entre autres.

En attendant, la miss souhaitait mettre les choses au clair pour ceux qui restaient ici. "Je veux que quelqu'un s'assure que tous les morts sont bel & bien morts. Aussi une patrouille dehors pour gérer les infectés attirés par le bruit, et au moins une personne ici en tout temps avec eux." dit-elle sans trop de douceur en regardant les siens puis en désignant les trois blessés. "Et dans tous les cas..." La mexicaine fixa le talkie comme pour approuver les paroles qui en émergeaient quelques minutes plus tôt. "Il faut bouger. Elle a raison, le blindé nous attends." reprit-elle en saisissant l'appareil pour répondre. "Bien reçu, terminé." articula-t-elle en jetant lentement un dernier regard aux autres. Allez, il était temps d'y aller et de régler cette merde une fois pour toute. 

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Les première lueurs du jour avaient percées ce voile de brouillard automnal en même temps que le chao s’était abattu sur le ranch… Un putain de chao oui ! Il avait fallu que l’ennemi nous frappe par surprise, tout juste avant que l’on puisse mettre notre révolte à exécution avec les informations qu’avait précieusement recueillie Roza. Pour ma part, après avoir été tiré du sommeil par les échanges de coups de feu, j’avais rapidement rejoint les miens pour combattre à leurs côtés et tenir le phare au meilleur de nos forces. Il fallait toutefois reconnaitre qu’on en avait morflé un bon coup ! Encaissant de nombreuses blessures et de douloureuses pertes…

J’étais demeurer au rez-de-chaussée, allant et venant de la cuisine au salon, tout en faisant quelques sorties plus téméraires à l’extérieur. Suivant parfois les ordres qu’on me lançait, mais improvisant la plus part du temps. Utilisant mon marteau contre des assaillants armés d’armes à feu et de gilets par balles… Faisant tout mon possible pour prêter main forte et repousser l’ennemi. Récoltant au passage une éraflure par balle sur la joue droite, mais rien qui rivalisait les blessures sérieuses de Finan, Ashley et Elena. Je n’avais peut-être pas été le plus efficace du groupe – ne parvenant même pas à éliminer un seul de nos ennemis – mais il n’en demeurait pas moins que je n’avais pas hésité une seule seconde à me jeter dans l’action du combat et à apporter mon aide aux blessés.

Ce qui avait semblé duré plusieurs heures de lutte sans grande espoir de victoire, s’était finalement vu couronné par l’arrivé plus qu’apprécié des gens de Messiah. Les renforts n’avaient pas été de trop pour nous permettre de venir à bout de l’ennemi – ou du moins, de ce petit détachement venu jusqu'à nous. Cependant, le plus gros de la guerre restait toujours à faire. La décision de demeurer auprès des blessés ou d’aller frapper directement à Renton revenait à chacun de nous. Maintenant que le calme était revenu, le groupe se scindait en deux et mon choix n’avait pas été bien difficile à prendre. « Oui bien sûr que je suis ! Avais-je répondu à Jesse, confirmant ma position. Ils vont enfin avoir ce qu’ils méritent, ces enfoirés ! ».

C’était la détermination farouche de la vengeance qui brillait dans mon regard et faisait vibrer ma voix. Cette envie mêler d’un espoir désespéré de mettre enfin un terme à toute cette galère… M’équipant de mon marteau, mais également d’un pistolet 9mm et d’une veste anti-balle dérobés sur le cadavre d’une de nos victimes.

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Elle aurait aimé être partout. Ici et là-bas. Cela faisait pratiquement un an qu’elle parlait de sa vision, de son ambition de fonder un monde nouveau. Une civilisation qui vivrait au lieu de survivre. Depuis qu’ils avaient réalisé que cet objectif passerait forcément par cette guerre, Selene avait été persuadée qu’elle devrait en être ; conditionnée même. Elle devait se battre, elle devait tuer. Encore. Pour donner l’exemple, pour être un guide et pas un chef. Mais en les voyant tous aussi déterminés, elle comprit que ce n’était pas que son histoire. Ils ne risquaient pas leur vie pour elle, il la risquait pour eux. Parce qu’ils avaient tous souffert.

Il n’y avait pas de bonne réponse. Si elle partait et que Ashley mourrait, elle regretterait de ne pas avoir été là pour ses derniers instants. Si elle restait et que tous les autres se faisait écraser, elle se dirait qu’elle aurait dû être là pour les protéger. C’était la pire de ses maladies : cette sensation d’être responsable de chacun. Mais Simon lui avait dit : elle ne pouvait pas couvrir tout le monde. Sans lâcher la main d’Ashley, la musicienne n’oublia toutefois pas ce rôle qui la démangeait :

- Le blindé doit suivre de loin si vous le prenez. D’après les informations qu’on a, il ne sont qu’une quarantaine là-bas, ça veut dire qu’après ceux qui ont attaqué ici… il ne doit plus en rester beaucoup, estimation à vue de nez, elle ne les avait pas comptés, alors si vous prenez leurs véhicules et que vous réussissez à approcher leur camp sans vous faire repérer, vous aurez un avantage de plus.

Son regard de glace se posa sur Andrea et Duncan. Ils étaient les deux piliers de son petit groupe en son absence. Même si c’était la pianiste qui avait planifié tout ça, tout ce parcours depuis la mort d’Alma jusqu’à l’après guerre, elle leur confiait les rennes. C’était peut-être le mieux de toute façon, elle ne savait pas si elle ne craquerait pas une fois de plus en voyant Zack. Elle ôta également le gilet pare-balle qui serrait sa silhouette gracile pour le confier à quelqu’un qui en aurait plus besoin qu’elle.

- La priorité numéro une est de récupérer les otages, rappela-t-elle.

Elle hésita à préciser qu’ils n’avaient pas droit à l’erreur mais retint sa mise en garde pessimiste. S’ils échouaient, ils n’auraient pas de seconde chance. Les prisonniers mourraient tous.

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