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Elle irait, elle leur avait promis, alors les paroles de Selene n'étaient qu'un doux écho à ce qu'elle avait juré à ces deux filles. Au grès des secondes, beaucoup rejoignirent la cuisine pour leur assurer qu'ils se joindraient aux troupes pour mettre un terme à l'asservissement, pour récupérer les otages retenus là bas, cependant Sweetnam n'avait pas évoqué que le fait de détruire les ennemis, mais bien se diviser, pour ceux ayant les compétences nécessaires afin de stabiliser leurs blessés graves. Certes la haine était présente, elle planait dans la pièce, habitait chaque cœur battant dans la pièce, mais Ashley, Elena et Finan avaient autant besoin d'eux, près d'eux, pour espérer les voir revenir avec, entre leurs paumes, la victoire libératrice. Son regard fila sur Erika, Quinn, la mère de Nathaniel qui, malgré la perte de son fils, tenait bon, Caroline et le dénommé Lisandro. Ils étaient leur espoir de maintenir en vie ceux dont ils avaient besoin, celles qui les avaient guidé, les avaient estimés suffisamment forts pour se rebeller. Si tous venaient, qu'adviendrait-il d'elles et de Finan ?

Duncan reprit la parole, elle l'observa une seconde. Il avait raison, ça galvanisait tout le monde, mais elle voyait au delà, cette chose que personne n'avait encore soulevée alors que Selene avait été parfaitement claire. Silencieuse un moment, Harper déglutit en laissant couler son regard sur l'assemblée puis Caroline et le moustachu.

- Et pour Ashley, Elena ?! Vous les oubliez ?! Reprit-elle assez froidement, peut-être déçue au fond d'elle de constater qu'on les oubliait, qu'on oubliait leurs vies qui ne tenaient plus qu'à un fil. Vous voulez leur botter l'cul, les démolir ?! On l'veut tous, mais faut pas oublier qui nous a permis d'arriver jusque là, elles aussi voudraient partir, voudraient démonter ces sales enfoirés d'mes deux. Mais elles peuvent pas, ils peuvent pas, Reprit-elle toujours aussi froide en englobant Finan dans sa tirade. Ses yeux filèrent vers Caroline, la véto avait pas besoin de parler pour que la rouquine sache qu'elle avait ce besoin d'y aller, pour retrouver Jeff, pour en buter un maximum, qu'il en reste plus rien. Mais contrairement à elle, qui pourrait que conseiller avec son bras invalide, Menfins pouvait agir, servir ici. Quant à Lisandro, elle le connaissait pas encore pour savoir ce qu'il déciderait. Caro t'as ta place ici, j'peux pas aider là. Conseiller des gens sans compétences médicales c'pas le top. T'sais que j'ai raison ! Restes ici, j'te ramènerai Jefferson. J'agirai pour toi, pour vous.

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La pression et l'inquiétude étaient retombées d'un cran quand le bouclé avait senti sur son bras la main de la militaire. Elle était là, en vie, pas plus blessée que quand elle avait quitté la cuisine. Il s'était automatiquement proposé pour la suite : se rendre là-bas. Mais cette inquiétude qui semblait d'un coup presque lointaine revint en bloc quand la brune affirma qu'elle viendrait elle-aussi. Il planta ses prunelles sombres sur elle, déglutissant difficilement, soucieux. Oh il le savait, il ne pourrait pas lui dire de rester ici, principalement parce-qu'elle ne l'accepterait jamais. Alors ils iraient là-bas, ensemble, ainsi que tous ceux qui les entouraient et qui en étaient encore capables.

Le dénommé Duncan prit alors la parole et tenta de motiver les troupes. Inutile pour le bouclé d'être motivé d'avantage : il se battrait corps et âme pour les siens. Pour leur rendre ne serait-ce qu'un dixième de ce qu'ils lui avaient accordé en l'accueillant ici. Ils lui avaient donné un toit, une famille, une raison de continuer, encore, alors qu'importaient les risques et les scrupules : il tuerait les autres sans ciller. Pour ce qui serait de gérer avec les remords, s'il s'en sortait, il aviserait ensuite.

Addison sembla monter en tours et, lorsqu'elle parla de leurs trois blessés grave, le réceptionniste s'approcha de Finan, s'agenouillant à côté de lui en prenant sa main dans la sienne, la serrant suffisamment pour qu'il remarque sa présence. « Quand on reviendra, on fêtera ça, tous ensemble » commença-t-il en un bref sourire avant que son regard ne se fasse bien plus sombre. « Survis, Fin, je me charge de la venger. » L'Irlandais comprendrait parfaitement de qui le blond parlait et, si ce dernier n'avait pas eu le temps de réellement connaître Megan, il savait combien elle comptait pour son ami. Ce n'était pas une promesse dans le vent : il ferait son possible.

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Elle haussa les sourcils à la réaction de Roza… Couper les moteurs ? Qu’est-ce qui leur prenait autant de temps encore ? Les embrassades pouvaient attendre. Pestant toute seule dans l’habitacle du blindé, elle prit sur elle de rallumer son talkie avant de lancer sur la fréquence utilisée par le groupe et probablement le ranch : “Sans vouloir vexer personne, ils vont pas nous attendre. Ils ont lancé des représailles qu’ils estiment suffisante pour écraser la résistance ici, ça implique un retour rapide de leurs forces. Voir une communication par radio pour les tenir informés. On est probablement pas les seuls à avoir des talkies.” Compter les blessés et les morts pourrait se faire une fois la menace écartée. Elle prenait encore une fois le rôle de la casse-bonbon et de l’insensible mais qu’importe, elle en avait l’habitude, et tomber sur un camp préparé à les recevoir n’était pas vraiment son idée d’un plan sans accroc.

Tant pis, elle allait jouer sur la corde sensible, quitte à passer pour un monstre sans coeur. “Sans compter que s’ils supposent que le ranch a résisté à leurs forces, ils peuvent entreprendre de déplacer les otages ou pire, et toutes ces informations, tous ceux qui sont morts ou blessés l’auront été pour rien parce qu’on ne les aura pas retrouvé.” Nouveau soupir, vivement que toute cette affaire soit finie, elle en viendrait presque à regretter les hivers solitaires tiens. Elle ne coupa le moteur qu’après avoir mis le véhicule sur le côté de la route de façon à ne pas gêner la future sortie, et se dirigea vers l’arrière du blindé une fois descendue. Ouvrant le compartiment de stockage pour commencer à trier le matériel ramené : Un fusil d’assaut M16, deux chargeurs, un gilet par balle autant que faire ce peu par personne. Elle avait machinalement vérifié l’état de chacun avant son départ de Gig Harbor, peu de risque d’enraillement, heureusement c’était des armes fiables. Portant une main au talkie qui trônait à présent à son gilet d’assaut elle finit par conclure : “Ceux qui sont prêts à partir, ramenez vous au blindé, y’a des armes et quelques gilets pare-balle, pas sûr qu’il y en ai pour tout le monde alors… Premier arrivé premier servi. Pour ceux qui restent ici, oubliez pas de refermer le portail ou barricadez l’entrée, vu son état, même si la priorité est au blessé, ce serait con d’avoir survécu à l’attaque pour finir bouffé par les cadavres attirés par la fusillade.” Elle entendait déjà les râleries, mais tant pis.

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Selene fut frappée par un sentiment n’était pas explicable ; celui d’être heureuse – et fière – de se trouver parmi eux, alors que l’air était saturé de l’odeur du sang. La musicienne avait salué d’un léger signe de tête la dénommée Serena puis les premiers qui s’étaient manifestés pour aller au front. Le discours de Duncan fit son petit effet et d’autres manifestèrent leur envie de se joindre aux forces armées. Ce fut également le cas de Sarah, qui venait de les rejoindre, l’air sombre. Ils devaient finir ce qu’ils avaient commencé, oui, sauf que… le sort des blessés semblait brusquement passer au second plan.

Addison fut la première à pousser une gueulante, à inciter Caroline à rester plutôt qu’à se joindre à l’escadron. Les prunelles glaciers de Selene se posèrent sur la concernée, puis sur Lisandro, l’air de lui demander silencieusement « tu vas rester toi, hein ?! ». Et puis… elle regarda Ashley. Sa meilleure amie, sur la frontière mince entre la vie et la mort. Une question perfora alors brusquement sa carapace guerrière :

Où était sa place ?

Certes, il fallait autant de bras armés que possible pour attaquer Renton et elle était sinistrement habiles pour tuer ses opposants, mais… et si la blondibrune ne survivait pas ? Et s’ils avaient la chance de s’en sortir mais qu’à leur retour, son aînée était morte ? Elle l’avait déjà perdue de vue deux fois sans pouvoir lui dire au revoir, est-ce qu’elle prendrait encore le risque ? Tout ça pour assumer une promesse morbide ou pour aller massacrer d’autres survivants ?

- Vous savez quoi ?! Intervint-elle brusquement entre la vétérinaire et la croquemort, allez-y toutes les deux, elle ôta la bandoulière de son M16 pour le tendre à Serena – elle avait l’air d’une femme qui saurait s’en servir, vous n’avez pas besoin de moi plus que de quelqu’un d’autre, trancha-t-elle.

Même s’ils la voyaient tous comme la leader d’un groupe de combattants, elle n’était qu’une gamine. Ils auraient Duncan, Andrea, Roza, Riley, Sarah. C’était largement suffisant pour les mener une fois sur le terrain. Et s’ils cherchaient une autre raison à ce qu’elle reste ici, qu’ils se disent qu’elle protégerait ceux qui restaient contre des rôdeurs ou une attaque en traitre. La voix de la militaire dans le talkie vint les presser de prendre une décision, alors elle était décidée. Se tournant alors vers Ashley, elle ajouta :

- Fuck la promesse que j’ai fait pour Zack. J’te laisse pas maintenant.

Elle allait plutôt aider Lisandro à lui sauver la vie pendant que Jon sauverait sa fille ! Ouai. Son nouveau plan, c’était ça. Et croiser le regard larmoyant de Shawna la conforta dans ce choix.

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