L’alerte lancée, il n’y avait plus qu’à balancer les sacs faits et refaits tous les jours, en prévision de ce moment. Au vu de la surprise de cette attaque, le chilien avait décidé de venir. Ce n’était pas prévu, il pensait rester derrière, et rejoindre Deaglan avec les enfants, le moment venu, comme il l’avait promis à Selene, mais tout ce qu’il voyait à présent, c’était que le Ranch risquait d’avoir besoin d’un coup de mains auprès de potentiels blessés. Le sac de premier soin était fait depuis des jours ; alcool, bandages, compresses, un baume pour les brûlures, un scalpel et d’autres outils de médecine dont il avait eu le luxe de pouvoir préparer. La seule chose qu’il n’eut pas le temps de faire avant de partir, c’est embrasser Andrea. Il espérait sincèrement que cette occasion manquée ne serait pas la dernière. La peur au ventre, il grimpa dans le camion derrière Selene.

C’était trop calme. Il se sentit parcouru d’un frisson glacial en voyant les voitures devant la barricade tombée. Pas un coup de feu. Ils étaient à l’intérieur. « Santa Madre. » Fit-il en voyant les corps ensanglantés à terre. « Il faut vérifier que ceux-là ne se relèveront pas non plus… » Et ce faisant, il sorti son couteau de chasse pour enfoncer sa lame dans le crâne du cadavre le plus proche de lui. « Il y a sûrement des blessés aussi… » Dit-il, plus inquiet encore. Il espérait surtout qu'ils n'étaient pas arrivés trop tard. Un peu en retrait à l’arrière du groupe, il avançait néanmoins.

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Ne pas vomir, ne pas vomir, ne pas vomir, ne pas vomir, ne pas vomir, ne pas vomir. Inspirer. Expirer. Inspirer. Expirer. N'écouter que la voix d'Addison, elle me fait confiance. je peux le faire, ça va le faire.
PUTAIN Y A TROP DE SANG ET J AI LA GERBE !
Non non non aller on s'reprends mon gars ! Ouais aller, ça va le faire, j'en suis capable, parfaitement capable. Inspirer et foutre le doigt dans le trou pour désinfecter. Inspirer et... Putain moi aussi j'veux picoler ! Non on se ressaisit !
Faut surtout pas que je tremble sinon ça va vraiment pas le faire et j'ai la vie d'une femme entre les mains. Oui aller Damian, courage mon gars ! T'en as dans les couilles ! T'm'étonnes ça fait belle lurette que je les ai pas vidé.. Rah merde ! Tout ça parce que... Putain ne pas divaguer, ne pas divaguer.

Je me concentre, je fronce les sourcils et ne suis concentré que sur ce que je fais, que sur la voix de la rousse qui me guide, j'essaye simplement de faire au mieux, me couper du monde pour aider. Aider, désinfecter, nettoyer, boucher, recoudre, compresse, nettoyer, boucher, recoudre.... Et ainsi de suite, le pilotage automatique ça a du bon. Aller mon vieux, on s'en tape que j'ai encore plus de cheveux blanc. J'ai chaud, je sens que mon front sue, ça craint non ? S'il vous plaît, assistante ? Un linge pour le chirurgien apprenti !
Aller tout va bien, je regarde l'aiguille qu'Erika tient, et je regarde, tout va bien. Je vais bien, tout va bien !  
Pas de bruit, c'est bizarre non ? Ah si la voix d'Addi je crois, ah peut-être pas, et je sais pas ce qu'il se passe ! Pourquoi Rika me tend l'aiguille !? Je fais quoi avec ??? Je fais quoi ???

La respiration qui s'accélère je lève les yeux sur Elena, et tente de sourire, enfin ça doit surtout ressembler à un grimace, puis Addi. Ah ok, faut que je fasse atelier couture ! Merde je sais même pas recoudre un bouton de chemise !! C'est toujours une couturière ou ma mère qui me le faisait. Aller Damian, tu vas y arriver ! "Le plus fort, c'est Gaston. Le plus sport, c'est Gaston. Quand il est sur un ring, personne mord comme Gaston ! Le plus classe, c'est Gaston. Le plus coriace, c'est Gaston...." Pourquoi je chante ça putain ?! POurquoi ?  Non aller on s'en fou des conneries que tu sors, là faut coudre, alors on enfonce l'aiguille dans la peau de la grecque et on la ressort de l'autre côté. Et je recommence, entrer d'un côté, sortir de l'autre, tirer pour fermer.
J'ai les mans pleine de sang, j'ai l'impression de voir rouge, pire que quand c'était le communisme ! Je jette un coup d'oeil autour, je sais pas ce qui se passe, je comprends rien ! Il se passe quoi ??? Je tremble un peu mais si je tremble ça va pas le faire, hein ? Si ça le fait pas on fait comment ??

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Aucun plan n’avait été réellement établi devant l’urgence de l’appel au secours. Ils n’en avaient pas réellement eu le temps. Elle aurait volontiers garé le véhicule en retrait de façon à couper toute retraite aux assaillants, mais ce n’était pas dans les cartes et l’ex-militaire avait fini par presque accepter l’idée qu’il allait encore falloir improviser. Le camion débarquait ses passagers, tandis qu’elle même annonça d’une voix d’hôtesse de l’air en garant son propre véhicule, non sans un regard qui en disait long à la russe à ses côtés : “Dans quelques secondes vous pourrez quitter l’appareil par les portes arrières gauche et droite, merci de ne rien oublier à bord qui pourrait vous sauver la peau, Hendrikson transportation se permet également de vous rappeler de garder la tête baissée en cas de fusillade.” Une dernière vérification de routine sur ses armes, superflue très certainement, mais rassurante d’une certaine façon. Elle laissa sa troupe débarquer, avant de retirer les clés du contact, sortir du véhicule, et verrouiller celui-ci. Un vol serait catastrophique et il était hors de question de voir l’engin si durement acquis disparaître ainsi.

Elle s’apprêtait à prendre en main son talkie après un coup d’oeil sur la zone… Avant de se raviser aux doubles coups de feu de Selene. L’effet de surprise, on l’emmerde… C’est noté. Changement de tactique, et comme à son habitude, elle se permit quelques instructions. “On a un gros passage à découvert entre leurs véhicules et les bâtiments du ranch, faudra la jouer discret ou prévoir des tirs de couverture. Les boucliers humains ne sont pas à exclure alors on fait gaffe à ses tirs, mais on se laisse pas démonter si ça arrive. Et foncez pas comme des tarés sous prétexte que le connard d’en face est un plus gros connard que les autres. Si vous voulez qu’il paye, faut rester en vie.” Rappels élémentaires, mais vu les événements de Gig Harbor, pas superflus. Lisandro perçait le crâne des cadavres qui n’avaient pas déjà été atteint à cet endroit là alors qu’elle observait, à couvert derrière le dernier véhicule ennemi à gauche et à l’aide de ses jumelles les environs des bâtiments qui se présentaient devant eux. Elle râlait intérieurement de ne pas connaître les lieux, et, faisant signe à Roza d’approcher, lui posa la question : “T’as connaissance d’un point de repli pour le cas où ils se retrouveraient submergés ? On peut tenter de les contacter par talkie...” Une opération de sauvetage complexifiait drastiquement l'éventuelle tactique à employer, ils allaient devoir le prendre en compte. Elle restait sereine dans l’immédiat, enfin autant qu’on pouvait l’être avant une fusillade, elle ne connaissait aucun des individus impliqués dans la potentielle prise d’otage, c’était un poids certain en moins.

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Un contre temps ? Rien à foutre, c'était l'occasion de butter des enfoirés en puissance plus tôt que prévu. Le seul hic, c'était la population du ranch qui devait se trouver en mauvaise posture. Le gilet par balles enfilé, elle fit de même avec son sweat noir qu'elle posa par dessus et installa son 9mm dans son holster d'épaule. Sa paire de couteaux à sa ceinture, elle attrapa son sac à dos où reposait trois grenades à fragmentation, deux autres de type fumigène, deux bouteilles avec un fond d'alcool et un chiffon. Elle glissa deux chargeurs dans les poches de son treillis et posa son M16 entre ses jambes une fois assise dans le blindé. Le talkie clipsé à sa ceinture, elle soupira lourdement pour Riley : "Ça fait longtemps que j'attends ce moment." Elle lança un regard en coin à la conductrice. "J'ai imaginé pas mal de scénarrrios mais celui de l'attaque surrprrise sur le rranch... Je l'ai pas vu venirr..." Et râla pour ponctuer sa phrase, des râles étouffés par le moteur aussitôt en marche.

Sacrée arrivée : la barrière défoncée, les véhicules responsables abandonnés, le calme, ça n'annonçait rien de bon. La militaire donna ses instructions et en réponse Roza lui rendit un signe de tête. Pas d'humour pour l'instant, pas de blague à la con, pas de jeu de mots débiles contrairement à son habitude. "Nan. Sorrrrry, on a tendance à pas me souffler les points de rrreplis. D'mande à Selene, elle saurrra." Et un putain de regard noir pour Selene, un ! Connaitre l'existence du Fort à la dernière minute ne l'avait pas enchantée après tout ce qu'elle avait fait pour la prison et pour débusquer l'ennemi. Si peu de confiance, c'était humiliant. "Tu nous couvres ? Et... fais gaffe à toi..." Évident qu'elle allait le faire, c'était Riley !

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Est-ce que la jeune femme allait y passer ? Dans son fort intérieur, même si ça faisait mal, Addison n'était pas, ou plus, optimiste. Sans doute pour cette raison que ses yeux s'embuaient, qu'elle sentait cette boule invisible obstruer sa trachée. Ashley, Elena …... Elles méritaient pas ça, aucun d'eux, autour d'elle là, ne méritait pas ça. Focalisée sur elle, toujours à indiquer que faire à Damian sur lequel elle reposait parfois les prunelles, subitement le silence, trop long, simplement entrecoupé par la douleur des blessées, la poussa à froncer les sourcils. Brouhahas dans l'autre pièce et là : Finan …. Fin' …... Ce n'était qu'un souffle, étranglé. C'était qu'un putain de cauchemar, c'était …. Tous ceux auxquels elle tenait, même si elle tenait à chacun des membres de ce groupe, tombaient aujourd'hui. Erika redressa les billes vers le jeune homme transporté par Caroline dont le regard sévère ne lui avait pas échappé plus tôt, et Daniella, avant de tendre l'aiguille au voiturier.

- Tu peux l'faire, vas y, écoutes là et ... La jeune femme fixa sa tante et agrippa son poignet pour s'attirer l'éclat de ses billes brillantes. Addi ...

La trentenaire revint à l'instant, à Elena, à sa pâleur, aux traits perdus du jeune homme à qui elle demandait beaucoup, puis reprit les conseils avant de sonder les prunelles sombres de Hortos.

- Ils s'en occupent, tais toi. Si elle appréciait cette fille pour sa franchise, sa sévérité, elle savait aussi qu'Elena la connaissait pour être sortie du même moule. Prête à reprendre pour aider Bancroft au mieux, elle l'entendit chanter à en arquer les sourcils. Ça l'aidait simplement, il gérait, c'était lui même s'il était plus concentré que d'ordinaire encore. Un sourire, pâle certes, étira ses lèvres avant qu'elle redresse les cils vers l'entrée qui menait à l'autre pièce pour prier, sans pour autant avoir cette foi que d'autres possédaient, pour voir arrivé leurs alliés, pour qu'ils soient tous saufs. C'est parfait Dam, t'es parfait Judy …. Doucement, en s'assurant qu'Elena comprendrait, elle dégagea la main de celle de la jeune femme, agrippa un linge et épongea le front huilé du jeune homme. Un sourire pour lui, un autre pour Hortos et sa paume froide, froide d'imaginer les voir sombrer tous les trois, glissa sur le front humide et chaud de la grecque. Il va arrêter d'jouer les couturières bientôt, tiens bon Elena.

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