De retour au ranch, Elena laissa les Campbell rejoindre leur chambre. Dans l'état où il était, mieux valait pour Caleb qu'il se change pour ne pas risquer la pneumonie, même si cette absence parmi les équipes de recherche pourraient éveiller un peu plus les soupçons au sein du groupe. Pour l'heure, la brune avait donné la priorité à Victoria.

Elle s'achemina jusqu'au salon et aperçut la chevelure blonde de Ashley dépasser du canapé. La maman semblait éreintée, et la mine sombre qu'elle arborait lui fit pincer les lèvres.

« Hey, ça va ? » fit-elle avec une petite moue. Pour y être elle-même habituée, la grecque savait reconnaître la culpabilité qui se glissait sournoisement chez les autres. Elle comprenait parfaitement qu'Ashley puisse s'en vouloir, mais rien de tout ça n'était de sa faute. Absolument rien. « Je suis allée chercher près du lac avec Eileen et Caleb mais... Rien. » Inutile d'évoquer l'incident avec le rôdeur, ils s'en occuperaient une fois Victoria de retour parmi eux, et une fois le coupable désigné et sanctionné.

La jeune femme s'apprêtait à glisser quelques mots pour réconforter la mère de Hope quand Axel réapparut. Et le problème avec lui, c'était qu'il n'y avait pas suffisamment de modulations dans son expression pour deviner quoique ce soit derrière cet éternel regard sombre.

« Du nouveau ? » s'empressa-t-elle de demander.

Son cœur plein d'espoir manqua alors un battement aux déclarations du brun. Victoria était morte. Son regard resta suspendu à celui du jeune père, comme pour demander une confirmation inutile. Puis il fut happé vers Ash, à côté d'eux. Elena avait l'impression d'être prise au piège dans un cauchemar sans fin. Tout autour lui semblait alors confus, indécis. Il n'y avait plus la moindre certitude à laquelle se raccrocher, parce que Axel et Carmen avaient également trouvé l'empreinte d'un adulte là-bas, dans les bois. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose... Cela brisait toute la confiance durement bâtie. Tout était remis en question.

« Il faut retrouver celui qui a fait ça. » gronda la jeune femme, les pupilles figées dans une détermination punitive. Personne ne pouvait prendre deux vies sans en payer le prix. Et à l'heure actuelle, à l'heure où principes et confiance avaient été bafoués, il n'y avait qu'une règle valable pour Elena : le sang appelait le sang. Celui qui avait fait couler par deux fois celui d'innocentes en paierait le prix fort. Elle s'y engageait silencieusement. « Qu'est-ce qu'on fait ? On rassemble tout le monde ici ? Qui est de garde d'ailleurs ? »

La jeune femme ne pensait pas que le meurtrier ait quitté le ranch. Ils devaient le retrouver. Restait à savoir, comment ? Elle n'était pas détective et l'idée d'un interrogatoire individuel lui faisait un pincement au cœur autant qu'elle la mettait hors d'elle. Et si le tueur était finalement plus proche d'elle qu'elle ne le soupçonnait ?

Spoiler:

Elle ne comprenait pas. Les mots de la brune n'étaient que des sons qu'elle n'arrivait pas à capter. Une voix lointaine qu'elle voulait semer. Caroline était dans ses pensées, son subconscient ayant pris toute la place, ne sachant pas comment vraiment réagir face à cette situation. Rester ici, trouver le coupable, voir Vic pour un dernier adieu, courir pour se vider l'esprit ou tomber au sol serait aussi une solution. Les émotions l'assaillaient. A ces dernières paroles où la vétérinaire revint à la réalité, elle répondit d'un signe de tête affirmatif.

Elle posa une main sur la sienne pour lui signaler que tout allait bien. En réalité, elle mentait. Carmen disparut après le choc et elle se retrouva seule quelques minutes avec Hope qu'elle essaya d'apaiser. Mais étant elle même à bout de nerfs il lui était très difficile de la rassurer. Mais elle faisait de son mieux.

C'était au tour d'Isha de prendre des nouvelles de la trentenaire. Une occasion pour elle. Elle le prit à part pour lui parler n'attendant pas une minute de plus, la rage au ventre "Isha, tu tombes bien" A voix basse elle continua "Isha j'ai confiance en toi, tu peux rester avec Hope quelques minutes? Je reviens sans tarder. Ne bouge pas, je te fais confiance" elle avait une chose express à faire. Mais une chose des plus importantes.

Elle sortit de l'infirmerie, toujours couteau à sa ceinture, déterminée de trouver qui avait fait ça. Elle avait les traits durs, le rythme cardiaque s'emballait et ses yeux étaient rouges se retenant de pleurer. Son idée bien en place, elle traversa les pièces ... et elle le trouva en bas de l'escalier, souriant à sa femme. Il souriait ??? Ce connard sourit après ce qui venait de se passer ?? Nul doute, Caroline fonça sur lui, le pris par ses vêtements et le plaqua contre le mur avec force, la colère et l'adrénaline l'emportant "C'est toi !!" Du haut de ses 36 ans, toujours aussi instable avec ses émotions elle déversa sa colère sur lui telle une âme réclamant sa vengeance "Tu l'as brisé espèce de demeuré !! Regarde-moi quand je te parle !!" Elle continua en le maintenant plaqué "Pourquoi tu as fais ça ?? T'étais où dans la soirée ?!!" Et puis, ses mains lâchaient prises, des personnes l'écarta du seul coupable qu'elle avait en vue, aveuglée par la mort de Vic. Aveuglée par les vies qui avaient été enlevées cette nuit, elle craqua.

Spoiler:

Ils étaient revenus bredouilles et sales. Très vite cependant, ils furent mis au courant. Et la nouvelle avait été semblable à un coup de poignard dans le ventre du libraire. C'était fini pour Victoria aussi, terminé, envolé aux côtés de London et Thomas. Le Ranch essuyait de lourdes pertes, renforçant le mauvais pressentiment que ressentait le norvégien depuis quelques jours.

Il avait fait profil bas, le Gulbrandsen, trop secoué pour ouvrir la bouche ou faire quoique ce soit. De toute manière, il n'y avait rien à faire. Et ce n'était sûrement pas lui l'homme de la situation. Une fois de plus, il devait se contenter d'être simple figurant. Inutile. Comme toujours.

Après un long moment passé en compagnie de ses compagnons, le libraire prit le chemin de l'infirmerie, soucieux de l'état de son amie Caroline. Il la croisa, et l'air qu'elle affichait l'interpella aussitôt.

- Caroline …

Elle ne l'entendit même pas. Sa démarche était déterminée et ne présageait rien de bon, si bien qu'il entreprit de la suivre sans réfléchir.
Et la suite le laissa sans voix. Il se planta sur place et ouvrit la bouche tel un poisson hors de l'eau, et n'eut même pas le réflexe de séparer Caroline de Caleb. D'autres entervinrent, et Ludwig se réveilla à cet instant et se dirigea vers son amie, se plaçant devant elle, histoire de faire barrage de sa haute stature.

- Caro … Caro reprends-toi, s'il te plaît...

Il n'en menait pas large. Cherchant Jefferson des yeux, il attrapa le visage de la jeune femme et l'incita à le regarder lui plutôt que Caleb.

- On ne sait rien, Caroline … On ne peut rien faire pour l'instant … On ne sait rien !

Il doutait cependant que ses mots aient beaucoup d'impact au vu de l'état de son amie.

Spoiler:

L’homme n’était pas à l’aise certainement pas, mais il avait appris à le masquer au fil des années, il savait faire croire que tout aller bien alors que dans le fond, ce n’était pas le cas. Il avait mal, il avait peur et d’autant plus aujourd’hui qu’un autre jour. Il essayait tant bien que mal de prévoir comment les gens allaient agir autour de lui, mais c’était difficile. Il fit une petite remarque à sa femme alors qu’ils atteignaient le bas des escaliers, pas grand-chose, juste rappelait un vieux souvenir d’avant. Quelque chose qui n’avait plus d’importance aujourd’hui, mais qui avait pour but de lui réchauffer un peu le cœur à lui et à sa femme. Il avait besoin de croire qu’ils ne seraient pas des dommages collatéraux de cette histoire, il lui offrit alors son plus beau sourire avant de serrer un peu plus sa main dans la sienne, lui prouvant par la même occasion que ses doigts étaient en train de retrouver leurs mobilités.

Il ne savait pas ce qui se passait, mais l’instant suivant, il c’était retrouvé plaquer contre le mur par Caroline, d’un coup, son sourire c’était effacé et son regard c’était instantanément posé sur Eileen qui était déjà en train de regarder la ceinture de la femme, où le couteau se trouver. Il savait très bien ce qui était en train de se passer dans sa tête, il savait très bien qu’il aurait fait la même chose, mais il lui intimait du regard de ne pas faire ça. Si elle faisait une chose pareille, cela signerait leurs fins de leur place dans ce groupe. Elle devait rester en retrait ou du moins qu’elle ne ferait rien qui leur porterait préjudice. Il gérait la situation ou du moins, il faisait de son mieux. Aussi bien qu’il pouvait alors qu’il avait deux mains qui le plaquaient contre le mur.

Il leva ses deux mains pour montrer qu’il n’était pas un danger avant de finalement regardait son agresseur. Encore quelqu’un qui ne connaissait pas vraiment, en même temps, il ne connaissait pas vraiment quelqu’un dans le groupe, c’était surtout ça qu’il fallait souligner. D’autres personnes les séparèrent, mais il ne les regardait pas, son regard était toujours fixé sur cette femme qui s’en était pris à lui. Il avait l’impression que cette histoire se répété et d’une voix calme il finit par parler assez fort pour qu’elle puisse l’entende malgré l’homme qui l’avait pris en charge.

- Après avoir passé toute la journée dehors en ravitaillement avec Elena, il s’avère que j’étais fatigué et que j’étais en train de dormir. Je ne me serais même pas réveillé avec l’agitation qu’il y avait si Eileen ne l’avait pas fait. Je sais qu’avoir comme alibi ma femme ne suffit pas à m’innocenter à vos yeux, mais si j’avais été le coupable, pourquoi est-ce que je serais resté ici ? Avec quelle arme j'aurais fait ça ? Mais surtout pourquoi ? Je n’ai rien à y gagner. Si vous voulez m’enfermer quelque part jusqu’à tirer cette affaire au clair, je suis prêt à coopérer.

Je n’avais plus d’arme depuis le jour où nous étions arrivés, ce qui m’arrangeait bien pour ma plaidoirie.

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Eileen n'apprécia pas du tout l'ambiance qui régnait en bas lorsqu'ils redescendirent, une fois Caleb réchauffé et changé. Apparemment, il y avait eu du nouveau en leur absence, et pas quelque chose de positif. Son impression se confirma lorsqu'elle vit Caroline foncer subitement sur son mari et se mettre à lui hurler dessus en le traitant de meurtrier. Intérieurement, son sang ne fit qu'un tour. Son premier réflexe aurait été de saisir le couteau que la femme avait à la ceinture pour les défendre tous les deux. Elle avait même envie de le lui enfoncer tout bonnement entre les omoplates. Il était certain que cela n'arrangerait en rien leurs affaires, bien au contraire. En croisant le regard du sénateur, elle fut bien forcée de retrouver bon gré mal gré un certain sang-froid. Il la connaissait trop bien et savait qu'elle risquait de s'emporter. Au lieu de quoi, elle adressa un regard noir à Caroline.

« Lâche-le et calme-toi tout de suite. C'est trop facile de nous accuser juste parce qu'on vient d'arriver. Je te signale qu'on a failli finir dans le lac gelé juste avant pour vous aider. Caleb était glacé. Si c'était nous, on se serait juste tirés avant que ça nous retombe dessus.

De son point de vue, c'était le bon sens même. Caleb et elle se doutaient qu'ils seraient les premiers vers qui les soupçons allaient se tourner. S'ils avaient vraiment commis un crime, ils auraient pris le large avant que cela ne sente mauvais pour eux. Et en prenant de plus de bonnes réserves de nourriture et de boisson, sans oublier des armes. Bref, c'était complètement idiot de rester pour se faire prendre la main dans le sac ou presque.

- Je trouve ça juste... Putain, un jour je suis sûre que t'as été à notre place. La dernière arrivée. »

Après tout, cette communauté ne s'était pas constituée en un jour. La brune jeta un nouveau regard à Caleb, espérant qu'il n'envisageait pas sérieusement d'être mis en prison ou peu s'en fallait. Elle ne le tolérerait tout simplement pas.

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