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Prendre une décision, c'était en effet le plus urgent car il était évident que nous ne pouvions pas faire comme si de rien n'était, que même ceux qui ne souhaitaient pas la mort du vieil homme ne le pourraient pas. Si c'était l'idée que nous avions soulevée, la souhaitions-nous pour autant ? Non, assurément pas, mais elle était la plus évidente pour notre sécurité et, comme venait de le soulever Elena, nous ne pouvions nous soustraire à nos responsabilités, notamment celle de protéger les nôtres et ce ranch. La laissant alors demander l'avis du concerné, j'avais reporté mon attention sur lui, ne disant pas un mot. Sa réponse avait été évidente ; tuer pour notre bien à tous ne faisait pas de lui un meurtrier, pas dans le sens des psychopathes dont on parlait d'habitude, mais il n'empêchait qu'il n'aurait pas dû prendre cette décision, qu'en nous parlant de ses craintes des mesures auraient pu être prises pour isoler un peu plus les malades jusqu'à leur rémission. Il y aurait eu de nombreuses solutions, avant, maintenant... il n'y en avait qu'une à mes yeux.

Lorsque Ludwig avait repris la parole d'un air totalement désemparé, les larmes perlant déjà aux coins de ses yeux, j'avais inspiré profondément, soutenant son regard. Prendre le temps de réfléchir. Était-ce vraiment nécessaire ? Pas si personne ne trouvait une autre solution, pas si tous partaient pour se décharger de tout cela et finalement nous reprocher de prendre la décision pour eux. À la suite des paroles d'Ashley cependant, des mains timides se levaient, en faveur de l'exil. D'autres ne disaient simplement rien, incapables de se positionner dans un camp ou dans l'autre. Seul le regard de Carmen, toujours non loin, était suffisamment significatif pour me faire comprendre qu'elle nous suivait dans le point soulevé plus tôt. Mais serait-ce judicieux d'aller à l'encontre des avis des nôtres ? Sans doute pas, pas si nous voulions éviter un soulèvement ou des représailles. Parce-que ces représailles étaient bien plus simple à formuler que donner son point de vue sur une décision sérieuse. Inspirant profondément, suite aux mots d'Elena, j'avais secoué la tête en posant une main sur son bras.

« Si la majorité veut l'exil, nous donnerons l'exil » avais-je lancé en soutenant son regard avant de le laisser voguer au travers de la pièce.

Et déjà Walter se mettait à pleurer de plus belle, comme soulagé par le fait que son sort ne soit pas condamné. Contrairement à Carmen qui arriva en trombe jusqu'à nous, son regard devenu encore plus sombre qu'à l'accoutumée. Posant alors une main sur son bras pour lui intimer de ne pas faire de vague, je lui adressais un regard qui signifiait que nous en discuterions plus tard, qu'il y avait bien autre chose à dire que juste cela.

« C'est leur décision et nous la respecterons » avais-je annoncé sans quitter ma meilleure amie du regard. Leur décision, mais pas la nôtre. C'était ce qu'elle saurait lire dans mon regard, elle et elle seule, parce-qu'elle était la seule à me connaître suffisamment pour cela. Reportant à nouveau mon attention sur les autres, je repris.

« Elena, Ashley et moi nous chargeront de l'escorter plus loin avec un véhicule, suffisamment loin pour qu'il puisse être loin d'ici et plus en sécurité qu'entouré de malades. »

Discussion close. Ils n'avaient pas été capables d'amener une solution plus convenable qu'un meurtre, soit. Nous allions leur donner l'exil, sur le papier du moins, car une discussion en privé avec mes deux camarades s'imposait.

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