Je m’en voulais un peu d’avoir envoyé Edwin et Plutarch dehors, mais je n’avais pas le choix. Il fallait bien qu’on se défende. Il fallait que les hommes encore présents ici servent à quelque chose. C’est avec une boule au ventre que je les regardais partir sans rien dire. Après tout qu’est-ce que je pouvais faire de plus. Je remarquais que mon ami avait réussi à tuer un mob sans avoir une expression de dégout sur le visage. Ce n’était pas pour rien s’il avait un nom de philosophe celui-là, en tout cas, il en avait déjà l’habitude. Je ne connaissais rien de l’homme dont il portait le nom et je n’avais pas vraiment l’intention de me lancer dans des théories fumeuses à la mort moi le nœud.

Lilou avait peur et je pouvais la comprendre, je la regardais avant de l’attraper par les épaules. Elle devait se ressaisir maintenant. Oui, c’était normal d’avoir peur, mais il fallait rester fort et affronter le danger devant nous. Je plantais mon regard dans le sien. Elle avait toujours été présente quand j’avais eu un moment de doute et c’était le moment pour moi de lui rendre l’appareil.

- Écoute-moi bien Lilou. Tout se passera bien d’accord ? Je te le promets. Tu peux compter sur moi.

J’affichais un sourire à la blonde, mais même moi au fond n’y croyais pas vraiment. C’était vraiment dur de rester forte surtout quand je voyais nos deux ventres. Nous n’étions pas de taille à affronter ça. On était bien trop lente et affamée pour arriver à nous battre. J’aurais dû être dans le groupe avec Dante et Alan et au lieu de ça, j’étais condamné à être ici dans le chalet avec mon gros bide. Oui, j’étais une femme, mais ce n’était pas ça qui me rendait faible, c’était ma grossesse et j’en avais bien conscience.

- On a un super garde du corps avec nous, regarde.

Je montrais alors Victoria. C’était un mensonge, mais j’avais bon espoir que ça ferait sourire mon ami. Je signais alors quelques mots à la petite qui agitait alors la tête de haut en bas pour confirmer à la brune ce que je venais de dire. Il ne fallait pas voir le mal partout, du moins, c’était ce que j’étais en train de me répéter dans ma tête. Tout irait bien… Tout irait bien… J’avais commencé à prier Dieu dans l’espoir qu’il existe et qu’il nous sorte de cette merde, mais je n’étais pas vraiment sûr que ce serait efficace. Je voyais les gens rejoindre Quinn et Kass dehors et ça me faisait vraiment chaud au cœur.

Quinn ne serait donc pas seule dehors, elle pourrait compter sur le soutien des autres et c’était ça qui ferait la différence, peut-être qu’ensemble, il pourrait diminuer la horde, du moins, j’avais bien espoir qu’ils y arrivent ensemble. Je reportais mon regard sur Lilou, elle n’était même pas armée ce qui était le plus important à l’heure actuelle.

- Il ne faut pas rester là. Il te faut une arme Lilou, même aussi insignifiante soit-elle.

Jusqu’à présent nous avions était sur le chemin, je trainais les deux femmes dans mon sillage jusqu’à la cuisine et mit un des couteaux dans les mains de Lilou. Elle devait pouvoir sauver sa peau.

Et comme si l’on avait un coup de pied dedans, toutes les fourmis de la fourmilière se mirent à s’agiter. John pensa un instant qu’il aurait préféré avoir la gueule de bois. Au moins, il y aurait eu une raison pour que la voix de Quinn sonne à ses oreilles comme un bourdonnement. De tous, la micro nimbus était celle qui semblait s’agitait le plus. Le brun s’était écarté du passage et la rouquine en profita droit dans le tas, presque sans réfléchir, avant d’être suivi par d’autres. Secouant légèrement la tête, il soupira et posa un genou au sol. Callaghan jeta un regard, froid, vers les femmes restées à l’intérieur et reporta son attention vers la défunte avant d’enfoncer, tout aussi froidement, son couteau dans son crâne. Il fallait bien que quelqu’un se salisse les mains après tout. Retirant la lame, il l’essuya brièvement sur les vêtements de Skyler avant de se relever.

Sans adresser le moindre mot aux engrossés, il se mit en marche. Mais pas vers l’extérieur non. John, lui, préféra se diriger à l’étage. Grimpant les marches, il croisa Isabel en haut de celles-ci et, avant qu’elle n’ait pu ouvrir la bouche, empoigna fermement son bras. Sans laisser trop de choix à la blonde et malgré ses maigres protestations, il l’entraîna vers la chambre la plus proche et ne la lâcha qu’une fois à l’intérieur.

- Tu restes là dedans et tu fermes la porte, intima l’homme avant de quitter la pièce. Il jeta un regard par dessus son épaule en direction de la MacLeod et la pointa du doigt. Isabel, reste dans cette chambre. Sa cordialité, devenue presque naturelle au fil des mois, ne laissait aucune place à la discussion.

Le sergent de première classe traversa les couloirs d’un pas rythmé et alla récupérer son fusil d’assaut avant de rejoindre l’une des pièces dont le balcon donnait sur l’entrée du chalet. Ouvrant les deux lucarnes, John, malgré l’épais manteau qu’il avait enfilé, eut un léger frisson en sentant le froid s’engouffrer dans la pièce. Répétant des gestes qu’il avait fait des centaines de fois, il arma son fusil et mis le sélecteur de tir en "coup par coup". La canon posé sur la rambarde, le militaire pencha la tête pour regarder à travers son viseur. S’il n’était pas pas un sniper, capable de descendre une cible à un kilomètre, le brun était plutôt bon tireur. Difficile de louper ces choses à une si courte distance de toute façon. Il visa. Fit glisser son doigt sur la gâchette et pressa. Un rôdeur s’écroula. Une lueur dans sa vision périphérique attira son attention. Il devait rêver, c’était pas possible autrement. Un des nouveaux n’avait rien trouvé de mieux que d’allumer une putain de torche fumigène.

- Hey tête de noeud ! hurla-t-il à plein poumon pour que sa voix se fasse entendre malgré le vent. T’as l’intention de ramener ici tous les morts à des kilomètres à la ronde avec ta loupiote ? Y en a déjà pas assez d’après toi ? Éteins ça bordel !

Lui, Jake, il lui avait jamais causé, mais John ne l’aimait déjà pas.

J’avais réussi un des trucs déjà, maintenant que la blonde avait une lame entre les mains je pouvais respirer, enfin pas vraiment parce que c’était toujours aussi la galère ici. Je devais trouver un truc à faire et visiblement aller dehors n’était pas une solution. On ne nous attendait pas vraiment dehors. Je n’étais qu’une femme en cloque incapable de me défendre aux yeux des autres. J’avais un sentiment d’inutilité qui me prenait aux tripes. J’avais envie d’être plus que ça et visiblement Ludwig était en train de me fournir une occupation inespérée. Rassembler des affaires, c’est vrai qu’on allait sans doute devoir partir et devoir tout abandonner ici ne me plaisait pas.

- Oui, on a des sacs, je m’occupe de ça.

Buzz arriva à ce moment-là, comme s’il s’était réveillé après la bataille. Je n’étais pas vraiment étonnant vu le bonhomme que c’était. Je lui souriais malgré tout ça, j’étais vraiment rassuré de voir que tout allait bien pour lui. Je ne voyais pas Nara à côté de lui, mais elle ne devait sans doute pas être trop loin.

- Va tenir la porte pour libérer Ludwig, j’ai besoin de lui. On a des sacs à faire.

J’avais toujours mon petit comité avec moi, comme s’il était simplement impensable que je reste seule plus de cinq secondes. J’attrapais alors des sacs dans un placard et les mit dans les mains de toute les personnes autour de moi. Une fois de plus, je pris quelques secondes pour signer quelques mots à Victoria. Elle ne m’en voulait même pas de ne pas lui parler, elle comprenait ce qui était en train de se passer. Lorsque nous aurions rassemblé le peu de nourriture qui nous restait, il faudrait s’occuper de nos affaires respectives. Nous ne pouvions pas rester dehors si nous n’étions pas équipés pour ça. Ce serait la meilleure façon de fini par être des marcheurs blancs. J’expirais doucement essayant de récupérer mon sang froid sans y parvenir.