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- Vous devenez croyant au porte de la mort ? C’est d’un cliché…, avait soufflé June qui venait d’arriver en toute discrétion.

Pas un sourire, ce n’était pas une plaisanterie. Pour l’occasion, elle avait mis un chemisier et un jean noir. Comme lors de l’enterrement de Swann, elle portait le deuil par idéologie. Parce que chaque membre de ce camp était une pièce du puzzle vers la réussite et qu’aucune perte n’était bienvenue. Sauf peut-être Jenna, si elle venait à disparaître. Mais Clayton, si l’avocate ne pouvait dire avoir été affectivement attachée à lui, était quelqu’un de fiable. Il avait su prendre part à son projet de « police », il était toujours motivé, toujours disponible toujours loyal. A une distance raisonnable de son lit de mort, autant par pudeur que parce qu’elle ne voulait pas risquer d’être alpaguée par Merl Rogers – elle ne lui avait toujours rien pardonné – la rouquine fixait l’ancien routier. Il n’avait pas l’air bien du tout, elle ne l’ennuierait pas longtemps.

- Je tenais à vous dire personnellement que nous n’oublierons pas votre geste, son timbre était aseptisé mais elle n’en était pas moins sincère, vous payez votre courage de votre vie, c’est réellement regrettable. On aurait besoin de plus de survivants comme vous.

Un « survivant » toutefois en train de s’éteindre. Terrible ironie. Maintenant qu’elle avait dit ses quelques mots, June pensait partir : la veillée et le reste de la journée, elle laissait ça pour les proches. La cruelle réalité voulait que le monde continue à tourner, alors elle avait des choses à faire.

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Découvrir le sort d’Amanda et Clayton, alors qu’il était trempé et épuisé par l’effort que leur avait demandé ce charnier, avait été un coup de massue pour Stanley. Il avait encaissé sans trop le montrer mais c’était dur. Il connaissait la brune pour l’avoir en partie formée, et son amitié avec le routier n’était plus à prouver. Il ne supportait plus ces dommages collatéraux. Systématiques. Il n’extériorisa pourtant sa colère, sa frustration et son chagrin que dans l’intimité.

Évidemment, il n’avait pas attendu cinq jours avant de rendre visite à son pote. Deux jours plus tôt, ils étaient six autour de son lit, à déconner afin d’apporter un peu de lumière et de légèreté au peu de temps qu’il lui restait. On avait administré au robuste bonhomme un sensément vaccin et si ce dernier n’avait bien entendu jamais vraiment fonctionné, il l’avait en tout cas semble-t-il plutôt soulagé. Les garçons avaient alors rigolé en affirmant qu’il serait peut-être tout compte fait le premier homme à survivre à une morsure. Aucun d’eux n’y croyait un instant.

L’ambiance était moins frivole ce jour-là, alors que Stan avait reçu des mauvaises nouvelles du dispensaire. Ce qui devait arriver était en train de se produire, Clayton allait mourir. Davis avait kidnappé sa frangine – ce qui était tout à fait non réglementaire, mais le chercheur fou qu’il était se permettait bien des choses – et celle-ci ne devait pas être dans un meilleur était, où qu’elle soit. Entre deux obligations, le jeune militaire passa donc rejoindre la chambre de son ami.

- Rogers ! Il appela Merl qui quittait déjà l’endroit. Il est comment ? Lui demanda-t-il comme pour se préparer à ce qui l’attendait. Il n’avait jamais été doué pour les adieux. De fait, il n’avait pas eu souvent l’occasion d’en faire. Son père était mort d’une crise cardiaque, sans prévenir. Sa mère, sa sœur, tous ses amis, il n’en avait revu aucun depuis le début de l’épidémie. Swann, Cameron, et tous ces potes tombés ces dernières années, étaient pour la plupart partis dans le feu de l’action. Alors non, Stan ne savait pas s’y prendre.

L’instant suivant, il approchait de la chambre où June ne s’éternisait pas non plus. Ils échangèrent un simple hochement de tête et le militaire entra dans la pièce.

- Il te faudra plus qu’une bière pour te saouler la gueule aujourd’hui ! S’exclama-t-il avec un faux entrain pour une entrée en matière. Il affichait un sourire, mais le cœur n’y était pas. Clayton savait bien ça. Comment tu t’sens mon pote ? Si y a un dernier truc que j’peux faire pour toi, dis moi. Lui faire un massage des pieds, l’étouffer tout de suite avec son oreiller, n’importe. Stanley se plierait à ses volontés !

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SPoiler:

Les derniers jours n’avaient pas été à la fête.. Quand ils étaient rentrés, trempés et tachés de sang, et déjà éprouvés, la nouvelle était tombée. Et Valentine exténuée n’avait pas voulu enregistré la sentence qui était tombée sur la tête de Clayton et Amanda. Non, son cerveau avait pris l’information pour la garder quelques temps, le temps de reprendre des esprits, prendre une douche et s’endormir sur le canapé, pour se réveiller en sursaut, quand l’information avait été si ce n’est acceptée, comprise.

Une blessure c’était comme un sursis. Une  morsure c’est une condamnation. Une sentence certaine et dont le résultat était toujours le même. Elle se demandait si dans ces cas là, on pouvait avoir la prétention de se croire capable de surmonter un truc pareil. Tout ce qu’elle savait c’était qu’elle était en colère, en colère contre lui d’avoir voulu jouer les héros. Mais c’était sûrement à l’image du personnage, mais en attendant, regarde le résultat, la française ne put que pester, pester avec un sentiment de tristesse terrible. N’avaient ils donc pas assez perdu.

Merl est la. Tout le monde arrivera au fur et à mesure. Et si tout le monde semblait avoir des mots qui consolent, Valentine n’en aurait pas, elle était énervée et triste, triste et énervée.  « Mais t’es vraiment qu’un tas de muscles sans cervelle Clayton Buchanan. Il fallait absolument que tu te fasses remarquer hein ? » lâcha t-elle se retenant de lui taper de dessus. Ils parlaient tous d’alcool, de bières. « Je comprends pas.. tu m’avais dis que tu me ferais à manger, tu veux pas faire un effort ?  » demande t’elle en se forçant à sourire. « Tu m’auras pas fatiguée assez longtemps.. fallait que tu sautes et que tu fasses le héros.. ça te va bien.  »