Tous deux dissimulés derrière les voitures, les bruits de pas qui s'approchaient d'eux leur fit comprendre qu'il était temps d'inverser la situation au plus vite. La jeune femme fit signe à Duncan qu'elle allait tenter de les prendre à revers, et tout doucement, elle se dirigea sur la droite, afin de les contourner.

Comme les trois personnes s'approchaient petit à petit, pour essayer de les surprendre quant à leur dernière planque, cela lui laissait suffisamment de temps pour s'avancer discrètement à travers les épaves qui les entouraient. Une fois placée un peu plus sur la droite, un peu en retrait, Sarah pointa son arme sur le premier homme qui se trouvait à une dizaine de mètres de là. Après quelques secondes, elle fit finalement feu, mais la pluie, ainsi que l'angle de vue incertain, et sa blessure qui la faisait encore souffrir l'amenèrent à rater son coup.

Se maudissant de ne pas y être parvenue, la jeune femme continua d'évoluer à travers les voitures, d'ailleurs, que seraient-t-ils sans ces abris de fortune ? Après avoir progressé d'encore quelques mètres, elle pourrait ainsi s'assurer qu'ils ne viendraient certainement pas la chercher, surtout sans avoir où se trouvait Duncan. Les deux devraient toutefois coordonner leurs mouvements pour être efficace, mais l'issue leur serait sans doute profitable, ils avaient déjà du faire face à bien plus compliqué que ça après tout.

Ça canardait sévèrement derrière ! Le magasinier une nouvelle fois à terre se releva quasiment immédiatement. Puis, une fois debout, il se rapprocha de la vitre de la portière passager tout en épiant les deux formes qui continuaient à faire feu sur Sarah. Le véhicule derrière lequel il était planqué était suffisamment grand pour masquer ses déplacements. Ce n’était pas grand chose mais c’était pour une fois un petit avantage qui était le bienvenu.

Le musicien qui était à l’abri des tirs remarqua soudainement que le troisième larron, celui qui avait le nez défoncé, était sortit des bras de Morphée ! Et pour encore envenimer les choses, il allait lui aussi rejoindre ses deux amis armés.

- « Ah ! C’est pas vrai ! » Hurla le barbu spontanément pour lui-même. Ce coup ci ça devenait compliqué voir impossible de se sortir de ce piège. Ils étaient maintenant trois contre deux et Duncan ne possédait pas d’arme de poing. ¤ J’aurais mieux fais d’emporter un gros calibre ! ¤ Pensa subitement le grand gaillard qui s’imaginait entrain d’utiliser un fusil à pompe sur ces trois tocards.

Le manutentionnaire qui observait toujours, du coin de l’œil, les morts se rapprocher de plus en plus,  remarqua que le gars à qui il avait brisé le nez avait quitté ses acolytes. En effet, celui-ci se dirigeait maintenant dans sa direction. Peut être voulait il se venger du barbu ? Non, c’était une certitude. Profitant de cette occasion, Duncan se rua aussitôt dans la même direction. Il pouvait profiter de l’encombrement de plusieurs voitures et de vans qui masquaient le champ du vision du plus jeune des hommes. Cela pouvait être une aubaine après tout ?

Le barbu s’était donc dissimulé derrière une autre camionnette et attendait patiemment son ennemi afin de lui asséner un grand coup de hache sur le crâne. Ce plan aurait pu être parfait mais c’était sans compter sur les réflexes surhumains du jeune homme qui esquiva de justesse le coup qui aurait du être fatal. Celui-ci, sans doute effrayé détala immédiatement sans utiliser son arme et sans demander son reste en direction de ses amis. Duncan quand à lui se cacha de nouveau derrière les nombreuses carcasses et continua sa progression vers ses adversaires. Il y était presque alors peut être que la prochaine fois, son coup ferait mouche ?

La musicienne renifla, s’adossant un instant à l’arrière du taxi, et osa un œil hors de la planque. La femme était là, précédée par son flingue, évoluant avec précaution. Son acolyte ne la suivait pas. Etait-ce parce qu’il n’était pas en état ou parce qu’ils tentaient d’approcher par un autre angle ? Selene changea de point d’observation pour ne rien voir d’autre que la pluie flagellant le bitume. Bon. Elle devait prendre le pari : dans tous les cas, elle ne pouvait pas se cacher éternellement et les coups de feu répétés qu’elle entendait devaient signifier que les choses avaient vraiment tourné au vinaigre du côté de Duncan et Sarah.

Les jambes pliées pour se déplacer le plus proche possible du sol, la pianiste quitta son refuge pour longer les épaves du côté opposé à celui de son ennemie. Ses sens en éveil, ses gestes souples, son arme improvisée serrée dans sa main. Elle n’aurait qu’une seule chance, elle le savait : une fois qu’elles se seraient rencontrée, une seule se relèvera. Encore un mètre. Deux. Trois. L’étudiante pouvait deviner ses pas s’enfoncer dans les flaques et toujours aucune trace de son comparse masculin.

Maintenant. La femme était arrivée à son niveau : Selene bondit comme un fauve pour se jeter sur elle. Un coup de feu parti mais ne fit qu’érafler son manteau sans trouer sa peau. Elles se heurtèrent à la glissière de sécurité, luttèrent, tombèrent au sol. Dans la confusion, l’autre prit le dessus, frappa la musicienne au visage. Celle-ci ne voyait plus vraiment, aveuglée par l’eau et l’angoisse. Elle riposta sans viser, sentit l’os percer le manteau de son adversaire. L’inconnue avait grogné, pas suffisamment blessée pour succomber mais assez déconcentrée pour que la benjamine la repousse.

Elles roulèrent encore sur l’asphalte, se cognèrent à une voiture, la pianiste au-dessus. De toutes ses forces, elle luttait pour empêcher l’arme à feu de trouver la trajectoire de sa poitrine. L’autre finit par presser la gâchette, une brûlure déchira la base de son cou. Cédant à un élan bestial, Selene poussa alors un rugissement et asséna violemment un coup de poing au visage de son adversaire. Sa main lui fit mal ; pas assez pour l’arrêter. Elle réitéra, deux fois, sonnant alors la femme qui n’était plus en mesure de garder son arme dressée.

La musicienne aurait pu en rester là. Elle le savait. Il aurait suffi de lui arracher son revolver et de lui mettre sous le nez. Mais, sans aucune hésitation, sa main droite s’était levée pour abattre rageusement son os dans la jugulaire. Le flot de sang lui gicla à la figure, étrangement chaud alors qu’il se mêlait à la pluie froide. Sa victime se crispa soudainement, les yeux écarquillés, la bouche ouverte. Elle dut vouloir parler mais s’étouffait dans son propre sang alors que les yeux glacés de Selene la fixaient.

Elle les avait prévenus.

Et maintenant ? Tous deux profitant toujours de leur abri de fortune, ils devaient toutefois tous deux aviser d'un plan et ne pas agir à l'aveuglette, ils étaient loin d'avoir l'avantage, et étant donné que Selene n'était pas revenue, elle aussi devait avoir des ennuis présentement. Duncan faisait lui aussi de son mieux pour essayer d'exploiter une faille chez leurs adversaires, mais aucunes circonstances n'étaient définitivement de leur côté, au contraire.

Un bref coup d’œil en arrière lui signifiait que les rôdeurs n'en étaient plus qu'à quelques minutes d'eux, était-ce peut-être la le retournement de situation qu'ils attendaient ? Peut-être pas, ce serait sans doute trop difficile à gérer, il fallait en finir et au plus vite. Continuant de contourner les différentes épaves de véhicule, Sarah tacha toutefois de garder un contact visuel avec Duncan. Mais c'était sans compter sur l'initiative qu'il prit quelques instants plus tôt, cherchant à asséner un grand coup de hache à l'homme qu'il avait collé au sol un peu plus tôt, celui-ci ne put compenser son manque de rapidité, et l'homme commença à battre en retraite.

Cette fois-ci, c'était la meilleure opportunité qu'ils auraient pu saisir depuis le début. Les trois avaient commencé à s'éparpiller, de par la pression, et le manque de visibilité, et la blonde se tenait désormais derrière l'autre homme, qu'elle avait tenu en joue quelques instants plus tôt. Prenant son temps pour viser soigneusement, Sarah pressa la détente de son Desert Eagle. Le coup tiré fit définitivement mouche, filant pour venir toucher un peu au-dessus de l'épaule. A travers la pluie, elle pouvait remarquer que la carotide avait été touchée, nul doute qu'il ne tarderait pas à se vider de son sang... La réponse ne tarda pas à ce qu'elle venait de faire et elle il valait mieux qu'elle parte vite pour ne pas tomber sous les coups de feux qui cherchaient à l'atteindre.

Deux contre deux, cette fois-ci, c'était équilibré, mais son partenaire était diminué, et ne représentait qu'une réelle menace au corps à corps, il fallait encore qu'elle parvienne à le rejoindre pour qu'ils essayent d'aviser ensemble de la meilleure manière possible. Ils étaient séparés par une allée libre, c'était assez dangereux d'essayer de le rejoindre sans se faire canarder d'ailleurs. Se saississant du Glock 17 qu'elle avait chargé un peu plus tôt " Duncan ! " une fois qu'elle était parvenue à obtenir son attention, elle baissa le cran de sûreté afin d'éviter tout accident et lui lança l'arme, afin d'équilibrer encore plus leurs chances.

- Vous auriez dû m’écouter…, avait-elle murmuré alors que la femme vivait ses derniers instants, je vous l’avais dit…

Les yeux de sa victime se révulsèrent tandis qu’elle hoquetait une ultime fois. Selene abandonna son arme improvisée dans sa gorge pour se saisirent du calibre qu’elle avait en main. Toujours aucune trace de son acolyte, la musicienne eut le temps d’inspecter le chargeur : celui-ci n’était pas pratiquement vide. Elle se releva alors, sans un regard de plus pour le cadavre frais, sinon pour lui tirer une balle dans une crâne. A petite foulée, elle se rapprocha du camion. L’arrière était ouvert, des traces rouges sur le sol indiquaient qu’elle avait bel et bien salement touché l’homme, mais il n’était plus là.

Regardant à gauche et à droite, la pianiste traversa le pont pour rejoindre l’endroit où elle avait été brièvement captive. Rien. Elle écarta de son visage une longue mèche de cheveux, laissant la pluie laver le sang qui la barbouillait. Prenant quelques secondes pour observer le sol, Selene distingua des marques vermeils qui n’avaient pas encore été effacées. Elles étaient récentes.

En les suivant, elle rattrapa rapidement sa proie, qui tentait de s’éloigner en se tenant le flanc. A voir sa démarche, il ne tiendrait pas longtemps, mais il avait pensé à prendre son sac et son arbalète. Délicate attention. Espérait-il rejoindre ses complices ? Ça n’arriverait pas. La jeune femme leva son canon et… raaah ! L’autre avait pensé à regarder derrière lui juste avant qu’elle ne presse la détente. Il avait bondi – ou s’était laissé tomber – derrière une voiture pour éviter la balle qui se planta dans la tôle.

Sa tentative était peut être restée vaine mais le magasinier était un homme tenace. Tant qu’il n’aurait pas mis la main sur un de ses étrangers, il leur collerait aux baskets jusqu’à ce qu’il arrive à les éliminer un par un. Quitte à se faire tuer ! Le musicien avait la rancune facile et qui plus est il était obstiné. Et maintenant qu’ils avaient osé lui tirer dessus et par la même occasion réussis à le blesser par deux fois, cela devenait maintenant une affaire personnelle.

Traînant la patte, Duncan continuait toutefois sa marche en avant. Dans son malheur, il avait la chance d’être en plein milieu d’un labyrinthe de voitures. Ce qui compliquait inexorablement les tirs de ses opposants. Alors il en profitait un maximum. Sa mission était maintenant de les attirer suffisamment près de lui. En corps à corps il était largement supérieur à ces deux types. Il l’avait prouvé la première fois alors pourquoi ne pas recommencer ? Mais cette fois-ci, il ne commettrait pas l’erreur de laisser son adversaire en vie.

Le barbu, qui slalomait comme il le pouvait entre les véhicules, put distinguer que l'inconnu qui avait lâchement décampé devant lui était partit rejoindre son ami plus âgé. Apparemment ils étaient entrain de décider du sort du duo et leur dispersion prouva rapidement les pensées du magasinier. C'est à peu près à ce moment que Sarah toucha le plus vieux en pleine gorge. En une seconde, les variables venaient de changer à nouveau. Duncan qui s'était entre temps rapproché de la blonde leva aussitôt le pouce afin de féliciter son coup de maître.

La jeune femme qui le savait désarmé, ne tarda d'ailleurs pas à réagir en lui lançant sa seconde arme. Le musicien récupéra immédiatement le Glock à la volée, ôta  le cran de sécurité et l'arma en une fraction de secondes. Ensuite il tira tout simplement en direction de sa proie par deux fois. Les balles fusèrent mais finirent malheureusement leur course dans le véhicule opposé. Trop de précipitation ! Mais ce n'était que partie remise car en les acculant de cette manière, ils finiraient sans doute par en venir à bout ?