Un maigre sourire et un hochement de tête plus tard, John regarda Blake s’éloigner, suivant des yeux le faisceau lumineux de sa lampe torche. Machinalement, ses mains continuèrent de flatter l’animal derrière ses oreilles tandis qu’il lui murmurait quelques mots. Donnant l’ordre au malinois de s’asseoir, Callaghan se redressa et retira soigneusement le harnais militaire que le chien portait. Toujours assis, Khan suivait des yeux les gestes du sergent alors qu’il se préparait pour dormir. Une fois la fermeture éclair du sac de couchage ouverte, le brun retira la ceinture de son pantalon et l’étui de couteau qui y pendait, puis le holster qu’il avait à la cuisse. Désireux de toujours les garder à portée de mains, John posa les deux armes à côté des quelques vêtements qui lui serviraient d’oreiller pour la nuit et se glissa dans le couchage après avoir retiré ses chaussures. Joignant le geste à la parole, le soldat appela le dogue d’attaque pour qu’il vienne s’allonger à côté de lui. Dès que Khan fut bien installé, le trentenaire couvrit leur corps sans toutefois fermer le sac pour que l’animal puisse aller et venir à sa guise pendant la nuit. L’homme posa sa tête sur son oreiller de fortune. Il avait déjà été beaucoup plus mal installé que ça. Comparé à certaines des nuits passées en Irak et en Afghanistan, c’en était presque confortable. Bon... Il sentirait certainement le chien demain. Son sac de couchage aussi. Mais ça, John s’en foutait royalement.

Ce fut sur cette pensée qu’il sombra. John ne se sentit même pas partir. Éreinté par la journée qu’ils avaient tous passé, il était juste tombé comme une masse. Profond, son sommeil fut dénué de rêves au sens propre du terme. Il n’y avait rien d’autres que des formes, incohérentes, en mouvements perpétuels et aux couleurs changeantes. Et au milieu de tout ça, une seule constante, une seule et même image qui s’imposait à son esprit endormi en écrasant toutes les autres : CC. Le visage de Chloe. Son sourire. Ses boucles blondes...

Tout s’effaça d’un seul coup au moment même où il ouvrit les yeux. La détonation l’avait tiré de ses rêveries brusquement, en un sursaut. S’il y avait bien un son qu’il ne s’attendait pas à entendre cette nuit, c’était celui-là. Avant même qu’il n’ait réellement le temps de reprendre pieds avec la réalité, John sentit les poils de Khan lui glisser entre les doigts. Laissant le chien partir sans chercher à le retenir, le militaire empoigna immédiatement le holster de son Colt. Sans chercher à se le passer de nouveau autour de la cuisse, il dégaina aussitôt et fouilla la poche avant de son sac de sa main libre pour attraper sa lampe-torche. Le halo de lumière qu’elle produisit créa suffisamment de lumière pour qu’il voit tant son épouse que leur chien arriver à son niveau. Fourrant un chargeur de rechange dans sa poche, il hocha du chef pour indiquer à sa blonde qu’il était prêt et se redressa à son signal. Pas éclairé par la torche, le harnais du chien d’attaque traînait dans la pénombre environnante. Ils n’avaient en aucune façon le temps de lui passer. Ils faisaient face à une menace inconnue et devaient agir au plus vite. En retrait par rapport à Blake, deux pas derrière elle, Khan ouvrant la marche, John suivait le rythme dicté par l’animal, pistolet et lampe pointés vers l’avant. Les Callaghan s’engouffrèrent rapidement dans un des larges rayons du supermarché.

Finalement, j’avais trouvé le sommeil sans difficulté apparente au final. Nous avions dormi Abel et moi séparés par Elie et Victoria. C’était elles qui avaient le plus de mal à supporter le froid et il était évident qu’il fallait trouver tous les moyens de les maintenir au chaud le plus longtemps possible. C’est avec un sourire se dessinait sur mon visage que j’avais fini par sombrer dans le sommeil. La fatigue et l’obscurité avaient eu raison de moi et ce n’était même pas étonnant. J’aurais aimé rester enveloppé dans mes songes, mais la vie avait choisi qu’il en soit autrement, c’est avec un coup de feu que j’avais été réveillé.

J’avais peur d’un coup, je voyais tout le monde se lever, mon premier réflexe avait été de réveiller Victoria doucement. Du moins, c’est ce que j’avais essayé de faire puisque c’était loin d’être vraiment évident. Mon regard croisait celui d’Abel il était tout aussi inquiet que moi ce que je pouvais comprendre. L’un comme l’autre n’avions aucune idée de ce qui venait de se passer. Déjà la voix de Blake raisonné dans le coin. Elle était en train de dire à chacun de se rendre utile et c’était normal. Tam de son côté s’occuperait de Victoria avec plaisir. Pendant ce temps, je cherchais les autres des yeux. Je voyais déjà Arthur s’agiter par tout et suivre les ordres qu’on lui avait donnés.

J’avais choisi de ne pas bouger et d’attendre, c’était lui qui gérait après tout. Je sentais alors sa main sur mon épaule, elle se voulait rassurante et présente, je le regardais avec un regard plein de reconnaissance alors qui semblait parfaitement savoir comment agir. Je suivais les ordres qu’il nous avait donnés sans réfléchir, une fois que j’arrivais à l’endroit qu’il nous avait indiqué, je retrouvais le reste de la famille McLeod. Je voyais bien qu’Abel voulait faire plus que simplement nous défendre, c’est avec une voix apaisante que je le regardais avant de lui dire.

- Je m’occupe de Victoria, vas prêter main-forte.

Mon regard se tournais alors vers Lilou qui semblait vraiment inquiète, c'était Edwin qui était censé monté la garde et il brillait actuellement par son absence...

Le moment de s'endormir était toujours compliqué pour Ethan. Cette nuit-là ne faisait pas exception. Allongé contre Brooke et leurs fils pour que leur chaleur corporelle les réchauffe mutuellement, il resta longuement à écouter les bruits de la nuit, les mugissements du vent dans la tôle... et au bout d'un temps assez long, un sommeil léger finit par l'emporter. Il ne rêva pas, et dès que le coup de feu déchira le silence nocturne, il ouvrit grand les yeux comme s'il avait subi un électrochoc. Il bondit sur ses pieds plus qu'il ne se leva, alors que d'autres avaient plus de mal à émerger du sommeil, avec différents degrés d'hébétude. Nolan, effrayé par le bruit et réveillé en sursaut, se mit à pleurer, ne s'arrêtant pas même lorsque sa mère le prit dans ses bras pour le consoler. Le jeune homme avait déjà l'arme à la main. S'il y avait eu coup de feu, c'est qu'il y avait danger. Hors de question de courir le moindre risque.

Les choses s'organisaient avec la rapidité que confère l'urgence. Arthur se chargeait de mettre les plus faibles et sensibles en lieu sûr. L'agent fédéral s'assura que toute sa famille en faisait partie. Brooke et Henry auraient pu l'accompagner, ils étaient tous deux capables et armés... mais ils seraient aussi un atout pour défendre les plus vulnérables. Avec eux et le reste de la famille restaient Strife et Gaia, qui malgré leur utilité et leur obéissance pourraient venir compliquer la tâche. Ethan se retrouva bientôt près de Ludwig, qui semblait encore ensommeillé, mais qui lui demanda néanmoins quoi faire. Dans un premier temps, il hésita à lui conseiller de rester en arrière. Mais il se ravisa. Pour qu'il débarque à l'improviste, autant le garder à l'oeil.

« Tu es armé ? Viens avec moi, on va essayer de trouver les responsables.

Comme auparavant lorsqu'il fallait se lancer sur une piste fraîche, le jeune homme entraîna son ami et prit ses instructions auprès de Blake. Elle leur donna une direction à quadriller, et Ethan ouvrit donc la marche, armé et prêt à agir. Il était tellement concentré qu'il ne respirait que par petits coups, pour faire le moins de bruit possible. Juste avant de se lancer, il s'adressa au Norvégien.

- Si tu veux aller avec les autres, c'est le moment. Sinon, ouvre l'oeil et soit prêt à tirer au moindre problème. Reste près de moi, tout ira bien. »

Le convoi était parvenu jusqu’à un centre commercial abandonné depuis fort longtemps. Il ressemblait étrangement à ce lui dans lequel Marcus et Jake avaient rencontré Hope et Joshua, un Walmart comme il y en  avait un à chaque coin de rue de n’importe quelles villes des États-Unis. La route depuis le pont avait été longue et chaotique mais pourtant ce trajet avait permis à Marcus de reposer sa jambe et calmer la douleur qui s’était réveillée durant le dernier arrêt. Tous les membres du convoi avait débarqué et quelques groupes s ‘était assuré qu’aucun danger n’allait venir perturber une nuit qui s’annonçait déjà peu propice à un repos réparateur.  A présent, tout ce petit monde était installé et l’organisation, sous le commandement de Blake, avait permis à chacun de commencer à goûter à ce pseudo repos.
Marcus et Jake avait choisi de s’isoler un peu du groupe, préférant laisser les groupes naturels du chalet qui s’était formé d’eux même. Il avait trouver un petit local, juxtaposé à la position qu’occupait Blake et les deux hommes, bien que fatigués, n’avait pas l’intention de sombrer de suite, Marcus ayant allègrement dormi pendant les heures qui avait précédés leur arrivée ici. Quand à Jake, il ressassait les paroles de Blake, il avait de l’admiration pour elle, car être femme militaire n’était pas chose aisé, qui plus ai dans ce monde dépourvu de règles, mais elle s’avait diriger et motiver les troupes comme personnes d’autre ici.
Soudain, la détonation caractérisée d’une arme à feu retenti dans l’ensemble du bâtiment, Jake sorti aussitôt son arme, Marcus l’imitant quelques secondes plus tard, les deux hommes ouvrait la porte du local, tombant nez à nez avec Blake qui commençait déjà à dissimiler ses ordres. Les deux hommes, et principalement Jake se portaient en avant de la jeune militaire, prêt à servir et à partir à la recherche de l’origine de la détonation. Blake accorda un geste de nature stratégique à Jake, un geste que seul les militaires pouvaient en comprendre la signification précise. Il ne fallait pas se disperser, cependant si une menace était bien présente, qui plus est dans un lieu à la cartographie inconnue, il fallait pouvoir prendre cette menace au dépourvu et l’encercler. C’était dans ce but que Blake avait envoyé Marcus et Jake dans une direction opposé à l’autre groupe de chasseur, d’autre membres allaient sûrement les suivre dans cette direction d’ailleurs.
Les couloirs étaient plongés dans le noir, seuls quelques rayons de lune arrivaient à percer les ténèbres et laissaient les ombres de la nuit dansaient sur le sol des rayonnages, les bruits de la pénombres résonnaient aux oreilles des survivants, ne sachant s’il s’agissait de la menace imminente ou de leur imagination, la tension était telle qu’une lente folie paranoïaque commençait prendre place remplaçant l’atmosphère sereine qui avait permit aux membres de trouver ce sommeil… éphémère…