Couper le bras, pourquoi pas ! Ça pourrait éviter de voir June se transformer et donc lui sauver la vie, du moins en théorie car il n'avait aucune connaissance dans ce domaine et ne pouvait pas réellement confirmer les dires de Kassandra. Pourtant, il alla dans son sens, l'important était de garder espoir et Dante y croyait. « Oui, à voir avec elle, mais dans ce cas il faut accélérer le rythme. »
Plus tôt dans la journée, il avait ordonner à la blonde de grimper sur son dos dans le même but : ne pas perdre plus de temps, mais la situation avait bien changé, le danger ne cessait d'augmenter et il était impensable pour Dante de prendre June sur lui, bien que ce serait fort utile, sans les mettre tous les trois en danger. Il opta alors pour la solution la plus lente, mais la plus sécurisée qui consistait à apporter un soutien physique et psychologique à la brune pour garder sa main tenant l'arme libre.

Le groupe en bas grossissait visuellement passant d'une sorte de petite fourmilière à un réel groupe composé d'hommes et de femmes de tous âges. Cette sensation était extrêmement plaisante, cela signifiait qu'ils approchaient du but. Évidemment, rien ne pouvait se dérouler comme sur des roulettes, les créatures venaient elles aussi de plus en plus près des trois jeunes gens, beaucoup trop près. A tel point que Kassandra et Dante devaient s'en occuper chacun leur tour. Elle s'occupa de la première pendant que June posa le poids de son corps contre le canadien qui était plus ou moins bloqué. Voulant venir en aide à son amie, il se rétracta au dernier moment car le danger venait d'être écarté.

June ne hurlait plus, ce qui en soit était plutôt une bonne chose pour la discrétion, mais les mots prononcés par la jeune femme lui glacèrent le sang. Se sentait-elle partir ou disait-elle cela pour ne pas les mettre encore plus en danger ? Kassandra répondit en première à son amie, puis Dante posa son regard sur la blonde d'un ton interrogateur ; C'est pas la fin hein!? puis, il regarda la brune « Dit pas ça, on va tous sortir de ce stade. »  et il avait raison d'y croire car chaque pas fait leur permettait de se rapprocher des autres.

De nouvelles créatures venaient à eux et ce coup-ci c'était au tour du jeune homme de s'en charger. Elles étaient trois, mais heureusement pour le petit groupe d'amis, elles étaient séparées de quelques mètres à chaque fois. La première ne posa guère de souci, Dante avait eu le temps de la voir venir et d'ajuster au mieux son tir afin de faire mouche dès la première tentative. Pour la suivante, il dût en revanche s'y reprendre à plusieurs reprises, une nouvelle fois. Quant au dernier rôdeur, le canadien était soulager de voir à quel point il était lent. C'était parfait. Bras tendu, l'autre le maintenant et éloignant tout tremblement, le viseur qui suivait à la perfection sa cible, tout était parfait. Il appuya sur la gâchette une fois, mais rien. Il se dit alors qu'il s'était mal servi de l'arme et retenta sa chance. La seule chose qui sortit de l'arme à feu était un simple bruit ; clic. « Et merde ! »

Il n'avait pas penser aux munitions, ni à regarder combien de balles il avait dans le pistolet en le prenant, et même s'il n'y connaît pas grand chose, il se dit que le chargeur n'était pas rempli. Pas le temps de trouver comment changer ce dernier, le brun rangea le plus rapidement possible cette arme et se saisit de sa dague, le danger était bien trop près. Il recula son bras pour prendre de l'élan et assena de nombreux coups dans le crâne de la créature même lorsque les bras de celle-ci étaient retombés, il continua un instant avant de lâcher « Saloperie !!! » en serrant la mâchoire.

Il essuya la lame sur son jean et s'assura qu'aucune créature n'était dans les parages avant de regarder Kassandra, puis June. Dante le savait, il avait perdu un peu le contrôle, mais les deux amies se diraient que c'était causé par la situation actuelle... Du moins, il l'espérait. Il revint aider June, et ils progressèrent de nouveau.

Désormais, Dante distinguait les visages parfaitement, il pouvait identifier les personnes. Un grand sourire apparût sur son visage, ils avaient réussi à rejoindre le reste des réfugiés, enfin ! « ON A BESOIN D AIDE !!! » hurla-t-il le plus fortement possible afin de capter l'attention de chaque personne présente. « UN MEDECIN OU CHIRURGIEN C EST URGENT !!! » ou n'importe qui pouvant couper ce fichu avant-bras se dit-il.

    Nous apportions la première caisse de vivres au premier camion, tout s'était déroulé sans encombre grâce aux quelques personnes qui assuraient nos arrières et, malgré mon esprit morose, je m'efforçais de ne pas flancher. Une fois la caisse déposée, je vis un macchabées arriver derrière nous et, prenant cette fois-ci mon fusil de chasse, je lui logeais une balle dans le crâne, le suivant vaguement des yeux lorsqu'il s'effondra en masse inerte sur le sol, le ternissant une fois de plus de cette bile noirâtre qui faisait office de fluide. Me tournant vers le second camion où j'avais laissé Christy et Sven quelques instants plus tôt -des minutes qui m'avaient pourtant parues interminables-, je remarquais qu'ils n'étaient plus à l'intérieur du véhicule mais à l'extérieur. Christy aidait à je ne sais quoi pendant que Sven attendait de l'autre côté du camion, un pied de biche à la main. Mon sang ne fit qu'un tour et tous mes efforts pour garder mon sang-froid furent anéantis. M'avançant prestement vers mon fils que je voyais figé, je remarquais que deux Coyotes étaient encore à quelques mètres entrain de se diriger vers lui qui semblait être pétrifié, ne pouvant se servir de son arme. Ni une ni deux j'ôtais à nouveau la sécurité de ma carabine et abattis sans ménagement les deux morts qui menaçaient mon enfant avec leurs bras avancés ; il me fallut toutefois trois balles au lieu de deux, la première ayant manqué sa cible de peu. Cela fait, je pris Sven par le bras et fus pris d'une colère que j'avais jusque là complètement effacé.

« A QUOI tu JOUES ?! TU te rends compte de ce qui aurait pu ARRIVER ? T'as un pied de biche c'est pas pour décorer MERDE !! Si t'es pas capable de te défendre tout seul reste dans ce FOUTU CAMION ET FAIS TOI TOUT PETIT !! »

    J'avais déblatéré ces paroles horribles à mon fils tout en le traînant jusqu'à sa mère qui, elle, était plus proche de l'arrière du camion. Je ne me rendais pas bien compte de ce que je faisais et de l'agressivité avec laquelle je lui avais parlé, à dire vrai je ne m'étais jamais énervé ainsi, parvenant toujours à garder mon calme dans toutes les épreuves qui nous avaient été réservées jusque là. Mais c'était trop, j'avais peur, peur comme un gamin qu'on venait d'enfermer dans une pièce sombre bien trop grande pour lui, sans ses parents pour le rassurer et lui montrer qu'aucun monstre ne l'attendait juste à quelques pas de lui. Cette angoisse qui me prenait aux tripes me faisait perdre tout mes moyens et, lorsque j'avais vu mon fils qui avait faillit se faire bouffer par ces horribles choses, une partie de mon esprit avait flanchée et que mes yeux s'étaient empreints d'une rage jusqu'alors inconnue. Arrivés devant ma femme qui avait dû entendre un bout de mes cris au vu de son regard où l'on pouvait à la fois un choc profond et une incompréhension toute légitime, je ne lâchais Sven que lorsqu'il arriva face à l'entrée du véhicule. Me tournant à nouveau vers Christy je crachais à nouveau ma peur, sauf que cette fois-ci, derrière la colère, on pouvait parfaitement entendre l'angoisse qui était désormais mienne.

« MERDE CHRISTY ! J'vous ai dit de rester là, de faire ATTENTION A VOUS ! Et Sven qui se barre sans même être FOUTU de se DEFENDRE ! Comment voudrais-tu que je VIVE SANS L'UN DE VOUS ?! »

    Dans mes yeux, la lueur flamboyante de cette rage incommensurable s'apaisa légèrement et, posant ma tête sur l'épaule de ma femme afin de tenter de me calmer, reprendre mes esprits, je lui murmurais cette fois-ci d'une voix qui se voulait plus calme mais qui était toujours aussi tremblotante :

« Désolé... Je sais que c'est pas le moment de gueuler comme ça, mais j'ai peur, tu comprends ? Je veux qu'on sorte d'ici, tous les trois, alors s'il te plaît veilles sur vous deux. »

    Sur ces mots je repartis, une boule au le ventre de m'en être ainsi pris aux miens, comme si ces macchabées avaient le don de faire ressortir les animaux que nous pouvions nous-même être. Les yeux légèrement embués, j'aperçus un spectacle qui m'horrifia encore plus. Dante, Kassandra et son amie étaient revenus et ils semblaient demander de l'aide. En voyant la main ensanglantée de cette dernière, je ne pus m'empêcher d'être pris par une nouvelle vague de panique. Ils avaient vraiment l'intention d'emmener June alors qu'elle était contaminée ?! C'était hors de question que je la laisse avec les miens. M'avançant d'un pas décidé vers eux, je leur dis d'une voix qui se voulait posée mais où on sentait bien la peur et la colère en même temps :

« Vous êtes inconscients ?! Vous avez pas entendu les mots de Gary ? C'est finit pour elle. Alors prenez le temps qu'il vous reste pour lui faire vos adieux plutôt que d'espérer un miracle. »

    Je m'en voulais d'être aussi sec, mais ce n'était que la pure réalité, ils pourraient prier autant de dieux qu'ils voudraient, rien ne pouvait sauver la jeune femme désormais ; rien sauf la mort qui sonnait dans ce cas comme une douce mélodie. J'entendis la voix de Tam, non loin et la vis près d'une nouvelle caisse, à ses côtés se tenaient Rebecca et Colleen, mais elles ne semblaient pas voir le Coyote qui les zieutait en s'approchant. Deux nouveaux coups de feux et il rejoignit ses camarades au sol. Une fois à hauteur des vivres à transporter, je pris à nouveau en main le coin de la caisse et dis à mes compagnons d'une voix à peine audible :

« Allons-y. »

J’avais vu Dante arriver, j’avais vu que June n’allait pas bien. J’avais senti le désespoir de Kassandra. Cependant, je restais là sans bouger, comme si restait dans le déni pouvait m’aider. C’était un peu comme la mort du professeur Rogue. Au début, j’avais pleuré pendant mon écran et puis après je m’étais répété de longues heures que ce n’était pas vrai. J’avais été trahi par mes yeux, ils avaient mal vu et se qui c’était passé. Si quelqu’un m’en parlait je le regardais avec des yeux de chat en mode si tu finis ta phrase d’une façon qui ne me convient pas, c’est très simple je te tue.

- Avec plaisir Becca, viens avec nous. Plus on est nombreux mieux c’est.

Le temps de préparer la seconde expédition, je repérais aussi Alan, s’en prendre à son fils. On avait l’impression que le père parlait à un gamin de cinq ans, oui il n’arrivait pas à se protéger, mais c’était très dur de s’en sortir par les temps qui courent. Je pouvais comprendre les points de vue des deux hommes. Je n’avais pas mon mot à dire, cette histoire ne me concernait pas. Je vis un mec plus loin qui n’était visiblement pas occupé.

- Et toi là-bas, vient avec nous on a besoin de bras en plus, tu sembles t'ennuyer.

Le chemin jusqu’aux caisses fut légèrement plus court que la première fois, nous avions déjà déblayé le chemin. Toujours ma dague à la main, je mis fin à la vie d’un premier rodeur qui s’approchait un peu trop de moi. Je savais que je pouvais compter sur les autres pour nous couvrir, mais pour le moment, j’avais mes deux mains de libre alors autant s’en servir. Arrivé à la hauteur de mon elfette, je la félicitais d’une main amicale sur l’épaule. Elle avait fait du bon travail, je lui fis un petit sourire avant de désigner trois autres personnes.

- Vous trois, aidez Rebecca à rapporter cette caisse. Ne vous inquiétait pas, Arthur vous couvre.

Je me dirigeais alors vers une seconde caisse, j’étais encore accompagné d’Alan et de deux autres personnes. Est-ce qu’on avait le temps de refaire le chemin ? Une troisième fois ? Certainement. Je décidais donc d’envoyer la quatrième caisse et de rester ici pour défendre les autres. Cette idée me paraissait bien. J’étais en danger ici, mais qu’importe, nous devions nous en sortir. C’était une question de vie ou de mort.

- Partez sans moi, je reste ici pour essayer de garder le secteur relativement sauf, je repartirais avec la troisième vague de caisse.

Si on arrivait à en prendre six sur les neuf, c’était déjà une bonne chose. Elle était de plus en plus loin du camion. Un mob arrivait derrière moi, je me retournais d’un coup et lui planta ma dague dans la tempe. Déjà je regrettais d’être restée seule dans cette marée de mob. J’espérais que les autres reviendraient vite. Je n’avais pas envie de me transformer en quatre heures pour bestiole. Je ressortis mon arme et tira une balle en pleine tête à celui qui arrivait trop près de moi. J’étais monté sur la caisse pour qu’on puisse me voir un peu mieux et que les gens autour du camion sachent qu’il y avait encore quelqu’un ici.

 

EVENT DE JANVIER | Nara & Buzz

 Nara avait l’impression d’être seule, à faire le tour de ce camion, rasant la carrosserie pour ne pas se faire avoir par derrière. Elle qui appréciait les moments de solitudes dans sa vie de tous les jours, aurait bien aimé un peu de compagnie pour défendre ce véhicule. Elle ne se rendit même pas compte qu’elle serrait l’arme de Buzz contre sa poitrine comme un doudou qui la rassurerait. C’était pourtant tout le contraire. Ils avaient déjà amené une caisse, puis une deuxième. Il fallait aller en chercher une troisième. Nara priait en un regard de ne pas rester seule à défendre le camion toute seule. Elle serait bientôt rejoint par d’autres. Mais l’attention de Christina faiblit, si bien que Sven faillit passer entre les mailles du filet pour atterrir au plein cœur du danger. Alan avait crié si fort que Buzz s’était relevé d’un coup, penché sur la caisse qu’il venait de ramener, en fronçant les sourcils. Nara se hâta donc d’indiquer l’arrière du camion à la mère Karlson et son fils.

« Entrez là dedans, ça vaut mieux. Tout ira bien, on va bientôt partir. » Assura-t-elle en adressant un petit sourire presque convainquant à Sven qui devait avoir la frousse de sa vie. Elle continua de faire le tour du camion avant de voir enfin se dessiner les silhouettes de Dante et Kassandra. Alan s’approcha d’eux et parut déconcerté. Nara l’aurait parié, l’un d’eux était blessé. Il ne fallut pas longtemps pour que tout le monde dans le secteur comprenne qu’il s’agissait de June. Nara s’élanca alors vers eux pour les aider à rejoindre le camion. Elle dû enfoncer de nouveau sa lance dans le crâne d’un infecté qui lui faisait dos. Son poids faillit la faire basculer dans sa chute, mais elle se pencha en arrière en récupérant au passage sa lance joliment agrémentée d’un peu de cervelle. Un haut de cœur s’empara d’elle. Elle refoula son envie de vomir par un râle dégoûtant avant de prendre le bras de Dante pour les aider à avancer plus vite.

C’est là qu’elle vit elle aussi la blessure de June. « Oh putain… » Lâcha la chercheuse en paléoanthropologie en écarquillant les yeux. Il fallait faire quelque chose… Mais si cela faisait plusieurs minutes, c’était peut-être déjà trop tard pensa-t-elle. « Où est Rose quand on a besoin d’elle ? » Râla Nara en fronçant les sourcils tout en lâchant Dante, avant de se mettre à courir. Même si elle était plutôt endurante, ancienne casse-cou dans l’âme, elle était épuisée. Elle s’élança quand même telle une guerrière Homo Sapiens pour venir planter sa lance dans un nouvel infecté qui se dirigeait dangereusement vers le camion dans lequel figurait d’hors et déjà Sven et Christina. « MERDE ! » S’exclama-t-elle avant de lever la tête vers eux. « Désolé… J’ai besoin de vacances. » Elle tendit le cou pour apercevoir Buzz et les autres revenir avec une troisième caisse. La jeune femme secoua la tête en s’approchant d’Alan, le tirant par le bras pour lui parler en privé, dans le capharnaüm général.

« Soit tu plantes ta hache dans son bras, soit elle reste ici. On a ni le temps d’une anesthésie ni le temps d’appeler un notaire pour noter son testament. Elle monte pas dans ce camion avec ses deux mains. » Le ton de Nara était légèrement sec mais surtout en totale panique. Rose n’était pas dans les parages et elle était la seule à pouvoir pratiquer quelque chose de propre. Alors, il n’y avait pas trente-six solutions. Elle lança un regard mal assuré à Kassandra qui semblait complètement bouleversée, et il y avait franchement de quoi, étant donné la situation. Buzz aurait été à la place de June, Nara aurait préféré mourir avec lui plutôt que de le laisser se transformer en ces choses.

« ON A PRESQUE FINIT ! » Hurla Buzz à leur attention, un peu plus loin derrière eux. Nara fit volte face avant d’apercevoir un infecté se diriger vers Edwin, Colleen et Buzz. Elle prit maladroitement l’arme de Buzz et tira sans réfléchir dans leur direction. En plein dans le mille. C’était sûrement la chance, qui, à défaut de les laisser en paix, leur devait bien ce service. Nara était de nouveau incapable de bouger, complètement pétrifiée par le soulagement, l’angoisse, la peur, le traumatisme, bref, son courage venait d’en prendre un sacré coup. Buzz laissa les autres finir de porter la caisse aux camions pour s’élancer vers elle en lui prenant tout doucement son arme des mains. « C’est bon, c’est finit… » Murmura-t-il près d’elle pour tenter de la faire revenir parmi les lucides. Ca n'était pas fini. Tam était encore là bas, toute seule. Que foutait-elle toute seule avec les caisses restantes ?! Ils ne pourraient pas tout emporter, c'était certain.

   

    Alors que je portais une nouvelle caisse avec d'autres survivants, je remarquais Tam debout sur une autre derrière nous ; je ne pouvais qu'espérer qu'il ne lui arrive rien et qu'elle ne mettait pas bêtement sa vie en danger en restant seule là-bas. Il fallait qu'on se dépêche d'apporter ce chargement au camion afin de pouvoir la rejoindre et faire un dernier voyage car il fallait être lucide, le temps dont nous disposions était pratiquement arrivé à sa fin. En approchant, je remarquais que Christy et Sven étaient cette fois restés dans le camion, s'occupant de recouvrir les caisses qu'on apportait ; Nara était d'ailleurs là à les défendre et je notais dans un coin de ma tête qu'il faudrait que je la remercie de prendre ainsi soin des miens une fois qu'on sera sortis d'ici. Mais alors que je m'apprêtais à reprendre mon chemin vers les dernières caisses, la brunette s'approcha de moi et me tira un peu plus loin. Malgré mon envie de lui sourire et de lui montrer que tout allait bien se passer, mes traits restaient figés, comme si j'avais temporairement mis mon esprit en stand by. Les mots qu'elle m'adressa me laissèrent un instant sans voix ; j'étais à la fois étonné de la directivité dont faisait preuve la jeune femme, une facette d'elle que je ne connaissais pas, et à la fois choqué par ce qu'elle me demandais. Serait-ce vraiment une solution ? Rien ne nous garantissait que ça fonctionne... Mais d'un autre côté nous n'avions pas d'autre choix et c'était probablement la meilleure chose à faire, outre le fait de mettre fin à ses souffrances. Me disant que si Sven ou Christy se retrouvait dans ce cas, je voudrais également tout essayer pour qu'ils s'en sorte, la décision était prise. Me passant une main sur le visage, comme pour reprendre mes esprit, je répondis à Nara d'une voix qui se voulait calme :

« Je vais m'en occuper. Fais bien attention à toi. »

    J'avais terminé ma phrase en posant ma main sur le dessus de sa tête en signe d'affection mais également pour lui montrer qu'elle n'était pas seule. Je me dirigeais donc d'un pas pressé vers Dante et Kassandra qui aidaient June à avancer et n'étaient plus qu'à quelques pas de l'arrière du camion. Arrivé à leur hauteur, je ne pris pas la peine de m'excuser pour mes mots précédent ni de chercher à savoir s'ils avaient l'intention de la laisser ici ou pas ; je me contentais de lui prendre son bras valide et de les attirer tous les trois un peu plus loin de manière à ce que ma famille ne puisse pas avoir un œil sur ce que j'allais faire. Aidant June à s'asseoir sur un gradin, je me mis accroupis devant elle et faisais passer mon regard entre les trois. D'une voix pratiquement vide de toute émotion, je lançais :

« Vous voulez qu'elle vienne, je le conçois, j'en ferai de même pour les miens. Mais je ferais aussi tout ce qui est possible pour essayer de les sauver... Si elle vient, c'est sans son bras. »

    Mes paroles ne laissaient pas place à une quelconque opposition, c'était non négociable. Demandant à Dante de nous couvrir, j'intimais Kassandra à chercher l'alcool qui était non loin ainsi qu'un bout de tissu pour couvrir la plaie. Sans chercher à savoir s'ils suivaient mes recommandation, je posais mon regard sur June. Je n'arrivais pas encore bien à me rendre compte de ce que je m'apprêtais à faire, et le fait que l'acte soit contre les ordre de Gary était devenu quelque chose de totalement secondaire pour moi. Couper le bras de quelqu'un ce n'était pas rien, ce n'était pas comme mettre fin au second souffle d'un mort-vivant sans ressentir aucun scrupule, et surtout aucun de nous ne pouvait être sûr du résultat de l'acte... et si l'infection avait déjà pris place dans tout le corps de June ? Nous ne le saurions qu'en essayant. Regardant à côté de moi je vis l'alcool et le linge prêt à être posés ; je pris quelques secondes pour imbiber la lame de ma hache de l'alcool afin d'en enlever au maximum les impuretés qui y avaient été amassées. Kassandra s'était assise aux côtés de June, lui tenant la main.

« Bon... June, quand je te le dirai il faudra que tu prennes une grande inspiration et que tu fermes les yeux, ça va être douloureux mais je vais faire au plus vite. Kassandra... fermes les yeux aussi, et si tu sens que tu flanche, je m'occuperais du bandage. »

    Fermant les yeux une seconde je prenais ma hache, déposais le bras infecté de June devant moi ; elle tremblait, comment pouvait-il en être autrement ? Mais elle voulais vivre, et l'instinct de survie peut pousser à beaucoup de choses. Prenant moi aussi une grande respiration, je signalais à June que c'était le moment et, d'un geste d'apparence rapide et précis, j'abattis ma hache juste en dessous de son coude. Ç’avait été rapide mais pas indolore, et la pression que je sentais dans mes tempes ne diminua pas. Quand je me serais remis de ce moment, il faudra que je pense à dire à Dante qu'il fallait malgré tout bien la surveiller, appréhender tout risque de la voir tourner en Coyote.