Tandis qu’était hoqueté le prénom de la victime, un certain Eddy, et que se répandait dans la foule un chagrin mêlé de colère, Valérian aperçut les compagnons de Jake, Lily et Julian, au sein de l’attroupement. Le jeune homme, aussi pâle qu’un linge, affichait l’expression fuyante du parfait coupable et s’agrippait comme à une bouée de sauvetage à la main de sa partenaire. Constatant l’inquiétude évidente du garçon, une pointe de culpabilité balaya les projets d’évasion du grec qui, en dépit de ses précédentes résolutions, consentit finalement à rejoindre Julian : « Tâche d’avoir l’air moins coupable, lui chuchota t-il d’un air de reproche, une fois à ses côtés, les accusations risquent de tomber d’un moment à l’autre, alors ne leur sert pas ta tête sur un plateau d’argent, s’il te plait. Face à l’inexplicable, ils se tournerons vers le plus probable. À savoir : nous, les visages inconnus et peu dignes de confiance. »

Valérian se tut pour observer la femme aux longs cheveux blonds reprendre la parole pour tenter d’apaiser les soupçons et obtenir des réponses. À ce moment-là, tandis que s’égarait son regard en quête d’une issue de secours, ses yeux croisèrent ceux de Jake, intrigué par tout ce remue-ménage. Il ignore complètement l’ampleur de la situation, réalisa alors le grec, atterré par le je-m’en-foutisme évident du garçon tatoué. Celui-ci approcha, cahin-caha, et les gratifia tous les trois d’un « mon gland » enthousiaste qui acheva d’indigner Valérian, peu enclin à ce genre de surnom affectueux : « Jake, fit-il d’un ton alarmé, je te préviens, ce n’est pas beau à… » « Putain d’sa mère ! » « … Voir. »

Affichant une expression de franche impatience, Valérian écouta Jake s’épandre dans un discours ponctué de jurons (et tiqua à chacun d’entre eux), mais se dressa soudain, bien alerte, lorsque le jeune homme affirma l’air de rien avoir une idée du responsable : « Attends, qu’est ce que tu dis ? Tu penses savoir qui est le responsable ? » Répéta le grec, stupéfait de découvrir le jeune homme mieux informé que lui.

Au centre de la foule, le grand brun reprenait la parole et Valérian, songeur, l'écouta, avec la nette impression qu'il allait bien malgré lui se retrouver mêlé à cette affaire.

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Mon regard s’pose brièvement sur Raina comme pour lui annoncer que le départ qu’on avait logiquement prévu pour aujourd’hui s’fera de toute façon pas. Qu’avec la mort d’Eddy, et l’fait qu’le No Man’s Land est sur la sellette, c’est tout notre projet qui est compromis et on peut pas laisser ça arriver. Plus ? Roza est plus là non plus, d’puis un long moment. Et si elle était aux mains d’ces types qui ont tué Eddy ?

Mais le brouha dans la foule m’empêche d’vraiment articuler tout ça, et c’est un regard très sombre qui croise celui d’Julian. Les gosses sont là, super. M’étonne que la brunette qui suit Stan Lee comme son ombre ait pas encore rendu son estomac. J’avise la cavalière d’un regard comme pour lui dire ou j’me rends, et me pointe au milieu d’ce petit groupe bavard. J’les connais… Quasiment tous.

Hey salut les Razmoket, on vous dérange ? Insolente vous dites ? Ils m’connaissent comme ça, on va pas changer pour faire genre c’est moins pire depuis le temps. Ou on peut participer p’t’être, vous avez des choses à partager ?

V’la mon coup d’pied dans la fourmilière. J’avise Lily et Julian d’un sourire qui s’veut « sympa », mais il fait clairement forcé.

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La nuit n'avait pas été de tout repos pour le duo Clarke et Kara, une petite horde stationnée sur le pont menant à sa forge l'avait empêché de rentrer cette nuit là. Les deux femmes s'étaient donc installées dans l'une des tentes du No Man's Land. Le lever du jour allant de paire avec le cri d'un vagabond n'alarma pas la blonde qui ne se précipita pas vers la sortie. Se faire croquer aux alentours de l'entrepôt, ça arrivait. L'agitation derrière la toile ne lui donna finalement pas raison, il se passait quelque chose, quelque chose de différent.

Elle quitta la tente avec la mécanicienne et resta à distance en découvrant le terrible spectacle. Eddy, son vieil ami disparu refaisait enfin surface de la façon la plus macabre qu'il soit. Retenant son amante par la manche, elle lui adressa un signe de tête dans le sens de la négation. Le temps était à l'observation, chaque pion commençait déjà à se positionner, elle détailla alors chaque présent et chaque réaction de son regard inquisiteur. Il y avait de tout : des inquiets, des colériques, des paranos, des déterminés...

"Je vous déconseille de sortir. Je suis persuadée qu'ils attendent dans l'ombre, à l'extérieur, à l’affût du moindre mouvement de notre part." Ça, c'était pour Richard, et pour le reste : inviter des gens à partir, c'était comme signe leur potentiel arrêt de mort pour elle. "La priorité c'est de garder notre calme. Il faut des guetteurs sur le toit et aux fenêtres, et à côté de ça, il faut se préparer à tenir un siège." Elle détailla chaque présent tour à tour : "La meilleure arme de nos ennemis, ce ne sont pas leurs lames ou leurs flingues, c'est la peur qu'ils inspirent. En se séparant et en fuyant comme des lapins apeurés, on répond à leurs attentes et on en devient des proies faciles. Mieux vaut rester dans le terrier tant qu'on en sait pas plus." Y avait eu assez de morts comme ça, inutile de vouloir en rajouter...

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Le discours était tendu. L’amazone n’aimait pas la tournure que prenaient les événements. Un lieu neutre, le No Man’s Land ? Peut-être, mais ils n’étaient pas un clan. Il y avait bien trop de chacun pour soi, fonctionné ensemble en si peu de temps ? Raina n’y croyait pas vraiment. Pourtant… Elle fut bien forcée de prendre place quand Yulia prit la parole… Non pas pour apaiser tout le monde, mais pour surtout pointer du doigt un petit groupe de jeune – dont elle connaissait l’un deux, pour l’avoir dépanner de gants et de couvertures avant les plus durs mois d’hivers. Si Raina ne croyait pas vraiment en leur potentiel union contre cet ennemis dont ils ne connaissaient rien, elle n’était certainement pas pour nourrir cette paranoïa lancée par l’autre homme au centre. Et merde.

L’arc à la main, les flèches toujours rangées dans leur carquois, elle quitta son poste d’observation pour se frayer un passage jusqu’à Yulia, au centre de la foule. Elle n’aimait vraiment pas ça. Pour autant, elle se posta près de la jeune femme, en figure de soutien, de protection, elle ne savait pas trop. Mais Raina était nerveuse. Tout ce qui comptait c’était qu’il ne fallait pas que ça dégénère, sinon elle extirperait Yulia elle-même, par la peau du cul s’il le fallait, pour la ramener en sécurité dans leur planque – si c’était possible. Si elle n’élevait pas la voix pour se faire entendre des autres, elle s’adressa à sa nouvelle amie, un peu sèchement. « A quoi tu joues, Yulia ?! » Ces accusations à peine voilées, risquaient d’attiser le feu sur le groupe de jeunes un peu en retrait. Raina ne comprenait pas vraiment, car à les regarder, ils paraissaient tous d’une belle bande de bras-cassés. A se demander où était leur maman, pour aller se cacher dans leurs jupons. Puis la forgeronne pris la parole. Tenir un siège ?! Pourtant ses propos n’étaient pas dénués de sens. « Elle a raison. » Dit-elle finalement. « Peu importe ce qu’on décide, s’il faut partir ou rester, c’est peut-être déjà trop tard. » Dit-elle, pas franchement ravie. « C’était un message… » Puis elle regarda Kara, entendue. « … Pas un coup au hasard. Nous serons attendus dehors, seuls ou en force. »

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Diverses théories fusaient. Volontairement ou non, personne ne surenchérit sur le sous-entendu de Kaycee. Celle-ci garda son air suspicieux et continua à dévisager surtout ceux qu'elle « connaissait » moins... comme Connor, Raina ou encore la bande de Jake et Julian. La jeune fille croisa aussi le regard de ses parents. Pour des raisons peut-être différentes de celles de Richie, elle voulait aussi défendre cet endroit. Pour ce qu'il représentait surtout pour elle : l'assurance d'une vie meilleure, de par le commerce et les échanges qui s'y développaient. Elle n'était plus aussi passive que ce qu'elle avait pu être par le passé et cela la grisait. Elle se glissa alors parmi les gens, dans l'optique de rejoindre Roxanne qui s'était rapprochée de leurs affaires. Au passage, elle crut entendre le commentaire de Valerian à son ami et se stoppa, intéressée par la réponse que ce dernier allait donner à Yulia.

- Non elle a raison, ça a l'air intéressant, ajouta-t-elle pour soutenir la russe alors qu'une afro-américaine lui faisait visiblement la morale !

Elle détourna alors ses yeux clairs pour les poser sur Kara quand celle-ci prit la parole. Elle n'était pas aussi certaine du danger auquel ils pouvaient s'exposer à filer, mais étant donné sa propre idée, encourager un maximum de gens à rester n'était pas pour lui déplaire. Cela leur laisserait plus de temps pour enquêter sur les membres présents. Après tout, tout aussi solitaires qu'ils étaient tous, ils formaient un réseau. En recoupant leurs informations, ils pouvaient débusquer un intrus mal intentionné !

Aussi reporta-t-elle son attention sur Jake, pour l'inciter à parler.

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