Comme si c’était le jour pour ça. Les dents de l’amazone grincent face à tout ce remue-ménage, ses entrailles se tordent en reconnaissant le vieil Eddy. C’était justement à cause de sa disparition qu’elle avait décidé de ne pas emmener Hypérion au No Man’s Land. L’étalon ne pouvant se mouvoir à l’intérieur du bâtiment, si elle le laissait autrefois aux bons soins du vieil homme, elle n’avait confiance en personne d’autre. Surtout depuis que les choses se gâtaient là-bas. Non, Hypérion aurait été une cible de choix… Alors elle l’avait laissé en compagnie de Neil – qu’elle avait retrouvé il y a peu – avant de quitter leur planque aux côtés de Yulia, rencontrée en même temps que ces heureuses retrouvailles. Elles n’en avaient pas pour longtemps, et devaient repartir le jour-même. Mais… le réveil n’était visiblement pas avec elles ce matin.

Légèrement en retrait, la cavalière n’était pas spécialement d’accord avec ce discours de leader. Ce qu’il fallait surtout, c’était ne pas s’attarder ici. Le problème ? Yulia semblait elle, vouloir en découdre. L’amazone ne se sentait pas concernée par ce combat, mais rentrer sans Yulia ne lui semblait pas une option. Pour le moment du moins. Elle ne tenait pas vraiment à devoir expliquer à Neil qu’elle avait laissé leur amie sur place. Côtoyer d’autres êtres humains n’avait pas que ses avantages, clairement.

La jeune femme se posa en retrait de l’attroupement, décrochant son arc de son épaule, comptant mentalement ses flèches dans son carquois. Vingt-trois. Elle avait pu refaire son stock la veille. Elle n’encocha pas directement sa flèche, mais préféra concentrer son attention sur les alentours que sur le groupe affligé par la mort du vieil homme.

Spoiler:

Une fois le corps décroché, mon regard se fige lorsque Richie retire le sac et dévoile l’identité du cadavre aux yeux de tous. Des réactions d’effroi se font entendre tout autour de moi. Je comprends alors très vite qu’il s’agit du vieux gars qui a disparu y’a quelques temps. Eddie ? Je n’ai plus vraiment le nom en tête. Mais je suis presque sûr que c’est ça… La mine grave, j’observe avec horreur l’état du vieil homme… Qui a bien pu lui infliger ça ? Soupirant, je relève les yeux vers Emerson, ne cachant pas mon inquiétude. Sommes-nous vraiment en sécurité ici ? J’avais déjà de gros doutes, mais là… Peut-être devrions-nous partir ? Encore une sale histoire.  

Des éclats de voix se font entendre parmi les personnes attroupées là. Je reconnais celle de Richie, toujours à côté de moi. Il questionne tout le monde, pour savoir si quelqu’un a vu ou entendu quelque chose. L’homme ne cache pas sa colère et je ne peux que comprendre. Cependant, ses accusations hâtives me font arquer un sourcil. Sérieux ? Je viens alors poser ma main sur son bras, avant de lui souffler d’une voix suffisamment base pour que lui seul ne l’entende… « Et tu crois qu’c’est en accusant tout l’monde qu’ça va arranger les choses ?! J’suis navré pour ton ami, mais… » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que c’est au tour de Kaycee de prendre la parole. Manquait plus que ça… Voilà qu’elle en remet une couche en affirmant les dires de l’hypnothérapeute. Une chose est sûre, ça risque de ne pas apaiser les nerfs de tout le monde. Au contraire. Ça ne me plaît pas du tout… Vraiment pas.

Je cherche encore le regard d’Emerson, lui faisant alors comprendre que ce n’est peut-être pas une bonne idée de rester ici. Du moins pour l’instant… J’ai déjà eu ma dose avec le groupe de fanatiques croisé, y’a quelques mois, et maintenant ça… Bordel, y’en a marre de ces conneries.

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Avec un grognement sourd, Valérian se retourna dans son sac de couchage et persifla intérieurement contre Jake, ce sale gosse, qui avait eu l’idée saugrenue de l’entraîner dans cet entrepôt sinistre. Soi-disant pour faire « un truc » ! Avait-il dit, piqué d’un brusque entêtement que toute la répartie de Valérian n'avait pas été en mesure de désamorcer ! Cela faisait quelques semaines que le grec s’était joint à Jake et si cette alliance ne lui avait initialement guère plût (ce gamin n’avait décidément aucune manière !), force était pourtant d’admettre que Valérian se prenait peu à peu d’affection pour le gosse, sur qui il veillait discrètement.

Comme si la situation n’était pas assez compliquée, Jake avait récemment retrouvé deux compagnons de route, Julian et Lily, dont la présence, comme une cerise posée sur un gâteau bancal, n’enchantait guère le grec.

La fraîcheur de l’air et l’inquiétude qui le rongeait sans relâche tinrent Valérian parfaitement éveillé cette nuit-là, dans la pénombre de l’entrepôt. Habitué à la solitude, Le grec était en effet incapable de se détendre au milieu des autres réfugiés et se tenait prêt à bondir, comme un chat qui dort d’un oeil, au moindre bruit suspect. Attentif, il entendit ainsi quelqu’un se lever et pousser une porte (dont le grincement lui hérissa les poils) pour quitter l’entrepôt et tituber à l’extérieur. Le cri qui survint alors, foudroyant d’effroi, expulsa immédiatement le grec de sa couchette, à la manière plutôt comique d’un diable en boîte ! Haletant, Valérian se précipita alors, son cutter en main, en compagnie des autres réfugiés pour déterminer la nature de la menace : « Nous n’aurions jamais dû mettre les pieds dans ce trou moisi ! » maugréa t-il intérieurement en franchissant la porte.

À l’extérieur, il découvrit alors, au milieu du blême attroupement, une silhouette crucifiée dont la poitrine avait été flanquée d’un message lugubre : « Who’s next ? » Des murmures d’effroi ponctuaient la scène, tandis qu’une femme déclarait finalement le décès de la victime. Des propositions survinrent alors : il fallait surveiller les affaires, décrocher le macchabée, débusquer le coupable… Frappé d’un étrange mutisme, Valérian ne songeait quant à lui qu’à une chose : s’éclipser en silence et déléguer l’affaire au premier volontaire. Il n’avait rien à faire ici ! Cette affaire ne le regardait pas.

Pourtant, le grec ne pouvait se résoudre à filer sans Jake et le cherchait frénétiquement des yeux, tandis que l'identité de la victime, un vieil homme aux yeux arrachés, était révélée...

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Wooow, ça y allait fort là, tant qu'il arrondit les billes, les baissant vers ses pompes avant de finalement se dire que, s'il fuyait les dires de certains - qu'il connaissait pas en plus - qui en accusaient presque dans le lot, il allait passer pour le coupable idéal. No way... L'étudiant déglutit, pressant la main de Lily dans la sienne parce qu'il le sentait, sans même devoir la regarder, elle était pas bien. Clair que le tableau devant eux était pas des plus cool, ça avait même rien de cool du tout et c'était plutôt... affolant de se dire que finalement, cet endroit était vraiment plus sûr du tout. Foster écoutait ce qui se disait, mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il foutait là au juste ? Parce que là, finalement, s'ils se barraient à qui manqueraient-ils ? Si tu fais ça gamin, tu peux être sûr qu'un gros coupable, rouge gras et clignotant, va s'illuminer sur ta trogne. Ouais bha non, autant rester là, planté comme un radis à rien dire et à se dire que les gens devenaient vraiment tarés et paranos. Y a de quoi aussi, soit conciliant. Perdu,complètement paumé parmi ces autres qui connaissaient visiblement le vieux raide mort, Julian passa la langue contre ses lèvres et jeta un œil à Jake avant de remarquer, derrière l'attroupement, du coté de la porte, le type avec qui le tatoué traînait : Val bidule chouette, un truc dans le genre.

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Rien. Répondit-elle en secouant la tête, en réponse à Richard qu’elle ne connaissait que de loin, et par les retours de son mari. Quelques vols, tout au plus de notre côté. Mais personne n’est venu me voir pour une agression notable ou un passage à tabac, expliqua-t-elle.

Pour autant, ça ne voulait pas dire que personne n’avait été témoin de quelque chose. Ça pouvait même être anodin, une nouvelle tête, un petit groupe de passage. Il y avait des rumeurs, mais rien qui n’avait été vérifié apparemment.

L’intervention de Kaycee ne la rassura pas, parce qu’elle avait raison. Et en croisant le regard de son mari, elle eut l’impression que c’était aussi à eux de tenter d’apaiser les esprits. Faire monter la pression suffisamment pour mettre en fuite un possible complice, ou essayer de détendre l’atmosphère pour lui faire croire qu’il avait encore la main ?

Personne n’a envie de partir sous le coup de la peur, personne n’a envie de fuir la queue entre les jambes alors que cet endroit tient le choc depuis si longtemps, mais personne n’a non plus envie d’être le prochain corps qu’on découvrira sur le devant de la scène, répondit-elle. On est tous tendus mais il a raison : c’est important. Si vous avez entendu quelque chose, vu quelque chose, depuis sa disparition ou même avant, c’est le moment d’en parler, fit-elle en désignant le corps du vieil Eddy. C’était beaucoup de questions pour possiblement très peu de réponses.

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Ca faisait un petit moment qu'il avait retrouvé Julian et sa Rouge Tomate de Lily. Il était content pour Al, lui il s'en balançait un peu les couilles comme dans une partie de tennis, mais au final il appréciait bien les deux autres jeunes. L'ambiance était parfois tendue du string, mais tant pis, ça convenait bien au tatoué.
Puis ça faisait aussi quelques semaines qu'il avait trouvé ce vieux Valérian, pas aussi vieux que Pépé la Brocante, mais bon ce mec avait un côté paternaliste à vous déboucher la cheminée ! Mais Jake l'aimait bien, c'était surtout drôle de lui faire des caprices et de le voir agacer pour finalement céder. Et c'était encore plus marrant de le faire râler sur sa façon de parler et de faire rougir Lily au passage. La grosse marade quoi !

Mais la veille il était resté au No Man's Land avec la petite troupe; après tout il avait des commandes à rendre, d'autre à prendre, le troc ça paye mine de rien. Il pouvait procurer des sacs de couchages douillets, des oreilles, même des serviettes hygiénique et des vieilles capote encore dans leur emballage ! De tout il avait, ou presque. Mais là il avait convaincu la tribu de rester ici la nuit et c'est ce qu'ils avaient fait.
Jake savait, connaissait l'ambiance délétère des lieux au fur et à mesure du temps passant. Mais bon il y avait ses petites habitudes, et le lendemain il ne fit guère attention au remu-ménage plus loin. Vacant à dresser au mieux son stand et déployer la marchandise, mais au final il croisa le regard de Lily, suivit de Julian et Valérian. Ah oui en effet y'avait peut-être un peu plus de grabuge. "Ouais ouais on y va mes glands !" Délicieux petit surnom qu'il accompagna d'un franc sourire avant de s'approcher de la sortie, se faire à  moitié éblouir la gueule par la lumière du jour et constater les dégât. "Putain d'sa mère ! Et bah mon cochon... Je m'attendais pas à ça !" Jake était toujours tout en élégance, de sa grande taille il observa deux mecs descendre le type. Il en connaissait un, un père de famille.

Intrigué il se mit sur la pointe des pieds avant de hausser les sourcils, franchement surpris et désarçonné. "Putain de merde ! C'est l'vieux Eddy..." Il se tourna alors vers ses comparses, ne faisant guère plus attention aux gens et à ce qui pouvait bien se dire. Le message était clair, mais franchement le brun captait pas pourquoi. "J'crois va falloir faire gaffe à nos culs. J'ai une idée de qui ça vient mais j'ai zéros preuves. On l'a dans l'cul si Eddy est bien crevé comme Jésus on est dans la merde mais alors jusqu'au cou !" Il se pinça les lèvres et posa ses yeux bleus sur chacune des personnes qu'il connaissait avant de soupirer et froncer les sourcils. Il avait envie de se barrer c'est clair...

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