Tout s'était déroulé si vite, et mal. Évidemment, Chambers n'avait pas accepté de se faire dégager aussi facilement et, sous la panique, le coup était parti, touchant Ela au bras. Davis, plus agacé que réellement en colère, avait suivi dehors où déjà les esprits s'échauffaient, notamment ceux des plus imbéciles, comme Merl, Abruti Premier du nom. S'étant mis à l'écart, observant d'un air fermé la scène qui se jouait sous ses yeux, il avait simplement soupiré bruyamment en voyant Rogers se précipiter à l'intérieur. « Va aggraver les choses, crétin » avait-il murmuré dans sa barbe en secouant la tête. Amanda était restée avec d'autres civils, chez Madame Dewitt, et c'était sans doute mieux ainsi.

S'attendant déjà aux grosses retombées négatives, le virologue restait volontairement un peu en retrait. Et un nouveau coup de feu retenti, puis un second. Les partisans du peuple pouvaient être fiers : ils avaient finalement eu leur violence, abrutis qu'ils étaient. La mâchoire crispée, le quarantenaire regardait les gens qui entraient en masse, avant de se rappeler qu'il avait aperçu Cain y aller également peu avant les détonations. Il ne lui en fallut pas plus pour y aller à son tour, pas par responsabilité, d'autres étaient assurément plus diplomatiques que lui. Non, il y allait simplement pour s'assurer que la seule qui avait encore une certaine importance à ses yeux en dehors de sa jumelle n'ait pas été victime des balles.

Et il la trouva en haut des escaliers, Merl blessé. Tant mieux, un juste retour de bâton à sa connerie. Agrippant d'un air un peu fébrile le bras de l'escorte pour attirer son attention, il planta dans le sien son regard clair. « Reste pas là, on sait jamais » avait-il lancé en la tirant avec lui sans plus de cérémonie. L'agacement était perceptible autant dans son ton que dans son expression. Le peuple et ses idéaux de changement brusque avait eu son dû, ce serait maintenant aux plus diplomates de gérer la suite et il compris bien au regard de June qu'elle avait l'intention de prendre la main sur ce point. Se remettant alors à descendre les escalier, il n'avait lâché Joann qu'une fois en bas, tirant de sa poche la boîte contenant ses joints avant de tourner la tête vers elle. « Raconte moi » avait-il simplement demandé. Inutile qu'il se mette en colère à son tour, ça ne réglerait rien, et il ne pourrait rien faire sans avoir tous les éléments.

Spoiler:

S'il s'était mangé une balle, ce n'était qu'un juste retour de flamme. Les conséquences des idées de sa cervelle atrophiée par l'impulsivité. Cain n'allait pas camper ici, elle n'y avait pas sa place. Plus égoïstement, elle n'avait guère envie de se manger une prune. Malgré tout, elle en savait suffisamment concernant le sort de l'épouse Chambers. La faute à Rogers, sa vengeance pour l'honneur de celle dont elle toisa rapidement la manche maculée de sang avant d'entendre les ordres de Phelbs. Avec ou sans sa demande, la Canadienne n'avait guère l'intention de rester et s'éclipsa non sans fixer les monceaux de testostérones qui embarquaient Merl, pour ensuite dévaler les marches tête baissée, avant de sentir une poigne cercler son bras. Prête à mordre, Joe se radoucit directement en croisant les prunelles claires de Rence. L'air qu'il affichait l'invita à sourire de coin, simplement flattée d'avoir un minimum d'importance au regard d'un ami précieux.

- Cet abruti de Merl a trouvé judicieux d'aller titiller l'oiseau. Entama-t-elle une fois au bas des marches. Chambers a visiblement buté sa femme. Enfin, il a dit avoir tiré sur elle. Même si j'doute pas des talents de négociatrice d'la veuve et de June, j'pense pas que l'épouse survive si par chance elle est encore consciente. Il a aussi réitéré ses demandes...

Pareille situation aurait pu et dû être évitée. La plupart qui prônait la veille que les choses devaient se faire dans la légitimité, la diplomatie et le calme, venaient de comprendre que ce n'était guère évident lorsque la majeur partie d'entre eux n'étaient que des abrutis impulsifs incapables de gérer leurs émotions. Auprès de Davis, Joann n'avait besoin de porter aucun masque ni de faire la fine bouche, aussi lui sourit-elle en rejoignant la foule en émois au dehors.

- Amrani s'en remettra, c'est rien. Mais crois moi que si ça avait été toi, ou moi, personne n'aurait réagi comme ça.

Elle savait ne pas avoir tort, mais ce qui reliait Ela et Merl dépassait visiblement l'entendement. Alors oui, question objectivité Joe n'en avait aucune lorsqu'il s'agissait de Swann. S'il avait mangé une balle, sans doute aurait-elle désiré voir crever ce cloporte mais ce n'était pas le cas. L'impression que la dramaturgie avait pris possession des lieux, à l'instant même où Amrani avait rejoint l'extérieur le bras en sang, l'invitait à rire jaune.

- Une femme est morte, il a fallut ça pour qu'ces connards s'calment, après ça Stanley désirait que les décisions soient prises par c'genre de gars ? Un rictus amer fila ses lèvres. La violence encore et toujours... n'avaient ils que ça en tête tous ces cons ? Putain Rence, si c'était le cas en une semaine à peine on r'tournerait à l'âge de pierre. J'apprécie vraiment Stanley, mais sur ce coup j'espère qu'il comprendra que c'est pas possible... Il va déjà manger l'revers de médaille en pleine poire, et la rouquine va sûrement pas lui faire de fleur s'il la ramène.

Spoiler:

S’il y avait du monde dans la maison, c’était encore plus impressionnant au dehors. Ils n’étaient pas tous entrer à la suite de Merl pour régler le compte de Chambers, loin de là !

- Faut contenir la foule, avait rapidement compris Stanley en jetant un regard à Clayton, alors qu’ils arrivaient dehors. S’il s’était montré présent pendant la discussion avec le sénateur, il avait su garder sa place et n’était que peu intervenu, n’exprimant pas sa colère contre les réactions absurdes du rouquin. Cela n’avait pas empêché la situation de dégénérer…

Le militaire ne se faisait plus d’illusion sur le sort du bonhomme. En tirant malencontreusement contre Ela, Benjamin venait de se retourner contre l’intégralité de son camp. « Avec ou contre nous » quel idiot… Rapidement il mit en place une farandole, avec Clayton et les gens raisonnables restés en arrière. Pour empêcher davantage de gens de s’engouffrer dans le bâtiment. Les gens pressaient contre cette dernière pour en savoir plus, et le militaire s’égosillait à expliquer qu’ils devaient reculer. Les nouveaux coups de feu n’arrangèrent guère les choses !

- Reculez, bordel !! Mais sa voix ne portait pas tant que ça dans le brouhaha. Quelques civils sortirent ensuite de la maison, efficacement dégagés par June. Ils ruminaient cependant davantage. Stan aperçut notamment Armand, à qui il réclama un résumé de ce qui s’était passé à l’intérieur. Tout en étant secoué par la pression exercée par les gens. Prends ma place ! Lui ordonna-t-il, sentant que le peuple ne se satisferait pas longtemps de cette situation. Habituez des gens à la violence, et c’est tout ce qu’ils connaitront !

Stan réussit ainsi à quitter sa position dans la farandole. Il savait qu’il ne servirait à rien dans la maison. Armand lui avait mentionné quelques personnes présentes – dans tout ce bazar il n’avait pas suivi qui entrait et sortait ! – et il conclut que ces derniers devraient se démerder avec leur forcené. Parce que Phelbs avait raison sur un point : sa place à lui était dans la rue ! Il avisa un 4x4 de l’armée garé sur le trottoir de l’autre côté de la rue. Il dut jouer des coudes pour traverser l’amas de gens et le rejoindre.

Un instant plus tard, alors que les autres étaient toujours dans le bâtiment, il tirait en l’air trois coups de feu et resta figé dans cette position, debout sur le véhicule, le temps que les gens baissent enfin d’un ton et cessent de s’agiter. Était-ce les détonations, ou bien la mine sévère qu’il affichait, mais cela fit son effet.

- Alors on va commencer par se CALMER et tous RECULER !! Exprima-t-il d’une voix puissante, en rangeant son Beretta. PERSONNE ici ne veut que la situation s’empire ! Ce fut à cet instant que Merl – blessé - se trouva évacué. Les gens étaient curieux, en colère, effrayés, mais tous tenaient à la vie. Laissez passer les blessés ! Vous voyez le résultat ? Chambers s’est retranché dans son bureau, mais des gens QUALIFIÉS sont en train de le raisonner. Du moins il l’espérait. Tout en continuant à parler, expliquer avec fermeté les faits, d’un mouvement, il invitait les gens à se décaler de la maison du sénateur. Et la farandole qui faisait office de barrière humaine l’accompagnait.

Spoiler:

Merl esquiva son regard, abattu. Ce n’était rien, il survivrait. Elle savait que c’était vrai. Son cœur avait eu un raté en le voyant ainsi, mais elle n’avait pas le temps de s’interroger, de s’inquiéter pour lui, non. Elle n’avait pas le droit parce qu’elle ne voulait pas savoir ce qui se cachait derrière une telle réaction de sa part. Elle l’avait scruté, le visage un peu pâle, la jambe sanguinolente. Ils ne l’auraient pas déplacé s’il était en train de se vider de son sang, la balle n’avait donc pas fait autant de dégâts que cela. Elle le toisa de son regard courroucé, avant de le laisser partir accompagné de son frère et des autres. Ils s’occuperaient bien de lui, en attendant, il fallait essayer de réparer.

Enfermant ces interrogations dans son esprit, se murant dans cette attitude froide et digne qu’elle savait si bien composer, Ela avait rejoint June, une culpabilité au ventre. Par sa faute, la colère de Merl avait fait tuer l’épouse du Sénateur. Ça n’avait aucun sens. Elle n’avait rien. Mais elle ne chercha pas la réponse à cette illogisme, ce n’était pas le moment. Plus tard, elle irait s’expliquer avec Rogers. Si elles parvenaient à sauver la mise, jamais ce genre de choses ne devait se reproduire. Tout le monde autour d’elles quitta les lieux, June prit la parole pour tenter de raisonner le Sénateur. Mais fou de chagrin et d’inquiétude, il campait sur ses positions alors que la petite sanglotait encore de l’autre côté de la porte. Le cœur d’Ela était lourd. Pour autant, elle quitta les lieux avec June, l’esprit soucieux. Il allait falloir trouver une solution.

L’avocate l’arrêta alors, pour lui annoncer ce qu’elle comptait faire. « Bien sûr que je suis avec toi. » Affirma-t-elle. Elle avait raison, elles étaient les mieux placées pour reprendre le contrôle de la situation – si cela était possible. Le dos droit, son masque digne et déterminé enfilé, elle ne souffrait plus de l’étrange situation qui venait de se dérouler sous ses yeux. Merl attendrait. Il y avait bien plus urgent que ça. « Tu peux compter sur moi. » Lui dit-elle en la regardant droit dans les yeux. Le geste de Merl lui avait donné force et détermination. Elle devait montrer à tous qu’elle allait bien, et ne plus donner aux autres le sentiment qu’elle n’était qu’une femme blessée par leur ancien dirigeant. Avec June, elles marchèrent droit sur le perron de la maison, le dos bien droit, le menton relevé. Dehors, Stanley tentait de contenir la foule en colère. Ela fronçait les sourcils. Les coups de feu avaient attisé leur colère, la blessure d’Ela, la réaction à chaud de Merl avait rendu la foule nerveuse. Il était temps de reprendre les choses en main. « IL SUFFIT ! » Et parce qu’elle était jusqu’alors leur demoiselle en détresse, les premiers rangs cessèrent de s’agiter un instant. « Ce n’est pas ainsi que nous règlerons le problème ! » Fit-elle en désignant Merl blessé qui s’en allait. « La vengeance, la violence ne résoudra RIEN ! A cause d’elle, vous avez fait tuer une femme ! Une mère ! Il est hors de question que sa fille en paye le prix. » Clama-t-elle d’une voix forte. Elle toisa sévèrement cette foule qui s’était enflammée pour sa blessure et la colère de Merl. Elle s’affichait droite, et digne, sans cacher sa blessure qui ne saignait déjà presque plus. Elle n’était pas faible. Mais il fallait qu’ils les laissent – June et elle – se battre pour eux de la bonne manière.

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Glissant le joint qu'il avait tiré de sa boîte entre ses lèvres, le scientifique avait froncé les sourcils lorsque l'escort prit la parole. Chambers avait tué Siobhán ? Secouant la tête en soupirant d'un air excédé, il avait pincé les lèvres d'un air mauvais. Pas que le sort de la femme du sénateur le chagrinait, certes ils avaient travaillé ensemble, se côtoyaient depuis un temps maintenant, mais jamais il n'avait éprouvé ne serait-ce qu'une faire affection pour elle. Il était surtout excédé par la réaction bien trop vive de celui qu'il appelait ''l'idiot du village'' ; à trop leur laisser le champ libre, ils couraient à leur perte. Mais un autre point s'activa dans son esprit. « Si elle n'a pas pris un coup à la tête et qu'elle meurt... Chambers sera pris dans son propre bordel » avait-il lancé sur un ton dénué de toute compassion.

Lorsqu'enfin ils furent sortis, Davis alluma sa drogue, tirant une grande bouffée dessus avant de hausser un sourcil en percevant le sourire de son amie, l'imitant après quelques secondes. « Sans doute, mais j'aurai pas réagi comme ça pour eux non plus. » Les autres ne se seraient en effet pas insurgés pour lui, tout comme il ne se formalisait pas du sort des autres. Mais la Canadienne appuyait un autre point : celui avancé par Maverick. Le quarantenaire connaissait leur profonde amitié mais Cain n'était pas aveuglée : elle savait reconnaître quand même ses proches prenaient de mauvaises décisions et ça... s'en était assurément une. Hochant à nouveau la tête quand elle poursuivit, il avait soufflé par le nez d'un air plus désabusé qu'amusé. « Une semaine, t'es optimiste. Cinq minutes et c'est déjà le chaos » avait-il rétorqué en s'éloignant encore un peu du gros de la foule. « Les répercussions ne vont pas être simples mais c'était à prévoir, on ne bouscule pas tout un système sans dommages collatéraux. » Il y en aurait en effet, mais tant que ça n'affectait pas son pôle scientifique, qu'importait.

Trois nouveaux coups de feu retentirent, dehors cette fois-ci. Sursautant légèrement, le brun avait reporté son attention sur l'origine du bruit, percevant alors Maverick tenter d'attirer l'attention des troupes afin de les calmer. Ça allait être difficile de les calmer par de simples mots, eux qui semblaient plutôt forgés pour agir avec leurs poings, mais au moins il avait l'intelligence de se rendre à l'évidence que l'engouement n'était pas la solution et qu'en effet, des personnes qualifiées essayaient de raisonner le sénateur. Restait à savoir si elles y parviendraient... Et l'une des deux revint au dehors, intimant à la foule de se calmer. Tous écoutèrent, Davis inclus, même si les propos de l'Israélienne entraient par un côté pour ressortir par l'autre ; ce n'était pas à lui d'écouter, mais aux sombres crétins qui n'en n'avaient fait qu'à leur tête. Ayant repris une bouffée de drogue, le quarantenaire expirait lentement la fumée avant de s'adresser à nouveau à Joann. « Je suis bien content de pas avoir à prendre en charge les négociations, la diplomatie c'est pas mon boulot. » Une simple remarque inutile mais vraie : certes, il avait fait partie des dirigeants de ce camp et avait bien l'intention de garder sa place, mais il n'était pas con au point de prêcher la bonne parole en sachant que ses mots seraient bien trop agressifs pour Chambers.

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Davis avait raison, si toutefois Chambers avait visé autre que la caboche de son épouse, dans quelques temps et s'il ne sortait pas, il se retrouverait face à un cadavre en rogne... La gamine par la même occasion néanmoins, et tandis qu'elle l'écoutait préciser que cinq minutes suffiraient pour foutre en l'air la communauté si toutefois des abrutis en prenaient le contrôle, combien il ne serait guère évident de tout chambouler aussi soudainement, trois coups de feu la poussèrent à braquer les prunelles vers le tireur. Stan... Campé sur une bagnole, le bras encore en l'air. Un blanc plana le temps que tous la ferment et son discours l'invita à sourire brièvement. Seul les cons ne changeaient guère d'avis, Maverick changeait son fusil d'épaule, conscient de certaines choses, mieux valait ça pour lui qu'il se mange une soufflante de celle qu'elle vit apparaître sur le seuil en compagnie de Ela. Amrani ne tarda plus à prendre la parole à son tour, mais ça ne la regardait guère personnellement, tout comme le quadra à ses côtés qui tirait sur son cône et lui soufflait quelques mots qui l'invitèrent au rictus.

- Et encore, ta position pourrait t'y forcer. Lui intima-t-elle sans malgré tout paraître sérieuse. D'ce côté là j'ai la paix, la chance de n'être qu'une civile...

Les négociations n'étaient pas son truc, fort heureusement elle n'avait guère à se mêler de ce que Ela et June pensaient faire. Il fallait peut-être juste presser le pas, sans quoi la fille Chambers, ainsi que son abruti de paternel – désormais assassin aux yeux de sa gosse – ne tarderait plus à se faire bouffer la gueule par celle qu'il avait refroidi, du moins, si comme Davis l'avait suggéré, il n'avait pas visé le crâne. Déjà son regard cherchait la silhouette de Swann parmi la foule et lorsqu'il apparut, Joe fit un signe à Lawrence afin qu'ils rejoignent le jeune homme tandis que Phelbs donnait de la voix. Elle ne dit rien qu'elle ne savait pas déjà, rien que Lawrence ne venait d'entendre de sa bouche pour être au courant des choses s'étant déroulée là haut. La foule était encore amassée devant la demeure, certes plus contenue, mais sans doute faudrait-il dégager la zone pour éviter au Sénateur de péter un second câble et d'abattre sa gamine.

- Tu l'savais déjà. Lâcha-t-elle à Rence avant d'offrir un sourire à son petit ami pour reprendre à l'intention du scientifique. Ils vont devoir se grouiller si ton hypothèse s'avère fondée. Suite à quoi Joann exposa les faits, ce qu'elle avait entendu, au jeune homme auprès d'eux.

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