La situation, fort heureusement, fut vite sous contrôle. Ashley prit les devants et calma rapidement les ardeurs de chacun, et, à sa demande, Ludwig quitta la pièce. Elle avait raison : une boisson chaude ferait du bien à chacun, même s'il s'agissait d'une bien maigre consolation comparé à ce qu'ils vivaient tous.

Le Norvégien était réapparu un moment plus tard, une bouilloire fumante à la main et un sac rempli de gobelets. Calmement, - il ne pouvait cependant pas cacher ses mains tremblantes -, il servit chaque personne dans la pièce. Une infusion de valériane, l'une des plantes les plus connues pour lutter contre l'anxiété et la nervosité. Ce n'était pas un produit miracle, mais il ne pouvait rien faire de plus.
Malgré lui, il se mit à détailler chaque visage avec un intérêt qu'on ne lui connaissait guère. Un meurtrier, parmi eux … Il n'y croyait pas. C'était forcément un inconnu, quelqu'un de dehors, et pas l'une des personnes avec laquelle il a partagé sa vie. Il l'aurait senti. Il espérait, en tout cas.

L'absence d'Isha et de Hope éveilla une fois de plus les esprits. Les gens se pressèrent, poussés par une angoisse grandissante qui faisait taire toute tentative de réflexion et de bon sens. Encore une fois, Ludwig assista à la scène sans mot dire, presque sereinement. Intérieurement pourtant, il était terrifié. Son teint avait pris des aspects livides.

Il appuya ses paumes contre la table et prit une grande inspiration.
Quelques visages passèrent devant lui, auxquels il ne presque pas attention. Une vague nausée lui tiraillait le ventre. Toutes ces émotions et cette peur grandissante ne lui faisaient pas du bien. Il ne savait pas quoi faire. Il était perdu. Il avait l'impression que le groupe entier tournait en rond.

- On nage en plein thriller … marmonna-t-il avant de se frotter le visage.

Il engloba les dernières personnes présentes dans la pièce d'un regard attristé, avant d'arrêter ses prunelles sur Jefferson.

- Je te suis.

À son tour, il osa un sourire, et poussa même le vice jusqu'à presser amicalement l'épaule de son ami, geste qu'il ne faisait que très rarement.

- On devrait … y'a sûrement un détail qui nous a échappé. Tout le monde s'éparpille. Allons à l'infirmerie, d'accord ? Juste … pour voir. Si Isha est innocent … Il n'a pas pu quitter l'infirmerie avec Hope de son plein gré. Ou alors, parce qu'ils étaient en danger. Je sais pas.

Il soupira et haussa les épaules, jetant un regard en biais à Jefferson qui accepta l'idée. Ils prirent aussitôt la route.

Le regard noir, Caroline se retrouva séparée de celui qu’elle avait surnommé dans sa tête « le meurtrier » prête à lui faire la peau. Mais des mains l’en empêchèrent. Une fois à quelques mètres de lui, elle ne détacha ses yeux de ce monstre que lorsque Ludwig se planta devant pour la forcer à le regarder lui. Le souffle court, ses tempes battaient comme si elle avait couru un marathon. Elle vit Ashley, Axel, Eileen et d’autres se mêler à l’altercation tentant de comprendre et d’arrêter cette querelle.

Caroline devait prendre sur elle un minimum, les mains de Ludwig tenant son visage, lui disant qu’ils ne savaient rien sur le coupable. C’était juste, mais pour elle désormais il en fallait un. Comme si une personne devait payer la mort de Vic et London. Caleb pouvait bien parler pour se défendre elle en avait rien à faire de son histoire … Pour elle, c’était lui.

Au prix de nombreux efforts, Caroline réussit à se calmer. Surtout lorsqu’elle vit Jeff dans son champ de vision. Ce dernier lui prenant la main et faisant tout pour la calmer avec son ton posé qu’elle lui connaissait. Seul lui pouvait la maintenir stable. Et au bout de plusieurs minutes, Caroline s’éloigna du nouveaux couple pour souffler un peu.

Lors du bilan, il en manquait deux … Le cœur de la vétérinaire fit un bon, prête une seconde fois à péter un câble. Elle les cherchait dans l’assemblée mais ne vit personne. Quelqu’un ici était coupable, son sang ne fit qu’un tour, elle pouvait en devenir folle. A cause d’elle, Isha et Hope avait disparu. Elle se tenait à l’encadrement de la porte, c’était trop pour elle. Jeff à ses côtés, il avait eu une idée. Ludwig rejoint le duo pour chercher du côté de l’infirmerie. Elle se devait d’y jeter un œil. Elle pouvait signaler si quelque chose avait bougé ou pas.

Lorsqu’ils rentrèrent dans la pièce, elle scanna les lieux. Le lit défait, pas de trace de sang, rien n’avait bougé. C’était le comble, une mauvaise blague. Pas Hope, putain pas elle. Elle avait confiance en Isha … Et si tous les deux avaient été enlevés ? C’était beaucoup trop gros, ce n’était pas possible.

Au bout d’un moment, Caro perdait espoir concernant les preuves qu’ils auraient pu trouver ici. Et c’est en se rendant vers la sortie qu’ils entendirent « Ils sont là ! ».

Spoiler:

« Je… Je sais pas… » répondit-il de façon presque inaudible à cause des émotions toujours présente. De plus, il s’agissait d’un fait, d’une vérité. Jonathan n’avait aucune idée de la raison pour laquelle Isha aurait emmené Hope au lac, bien que la petite tête blonde arrivait très bien à parvenir à ses fins, mais si Ashley n’avait pas la réponse, l’ancien livreur l’aurait encore moins. Après tout, elle les connaissait bien mieux que lui, ça, c’était évident.

En d’autres circonstances, il aurait souri et même taquiner la jeune femme par rapport à son suis moi car forcément qu’il n’allait pas la quitter et continuer à chercher leur fille avec elle. Mais il n’était pas du tout d’humeur et lui dit simplement « Oui. » pour lui signifier qu’il avait bien entendu.

A priori, ils allaient fouiller toutes les chambres, ce qui au final parut des plus logiques dans l’esprit du jeune homme. Pourquoi partir au lac ou à l’autre bout du ranch alors que des dizaines de pièces se trouvaient à proximité, autant regarder, même si ça prenait dix minutes, mais au moins ils pourraient rayer les chambres des endroits possibles où retrouver les deux absents. Mais toujours rien.

En se dirigeant ensuite vers le baraquement, une voix interpella Ashley, la voix de Hope. Un énorme et franc sourire se dessina sur le visage du père qui sentit d’un coup toutes ses craintes s’envoler en voyant leur fille se précipiter dans les bras de la jeune femme. Plus de peur que de mal, tout allait bien. Jon se pinça les lèvres pour ne pas craquer car il jugeait inutile et même inapproprié de se mettre à pleurer. Elle n’y était pour rien et n’avait en soi rien fait de mal.

Pourtant, quelques secondes plus tard, des larmes perlèrent le long du visage de Jon. La raison ? Le fait de porter dans ses bras sa fille pour la véritable première fois avec en prime un énorme câlin. Tout en la gardant contre lui, ils rejoignirent tous les quatre les autres et il s’accroupit pour libérer sa fille.

Spoiler:

Caleb avait les yeux fermés sur l’épaule de sa femme, peinant encore à l’ouvrir et profitant que tout le monde était occupé ailleurs pour se reposer un peu. Il était évident qu’être debout depuis une heure et demie pour essayer de réglais une histoire pouvait avoir raison de son calme, mais il devait tacher de rester neutre. Il avait senti son cœur battre un peu plus fort lorsqu’il avait porté un coup d’œil à sa montre. Il avait d’abord cru qu’elle ne marchait plus avant d’enfiler une nouvelle fois ses lunettes. La montre n’avait rien, c’était sans doute stupide de sa part de s’intéresser autant à un objet qui n’avait finalement que si peu d’importance, mais elle lui permettait de garder une certaine hygiène de vie et autant dire qu’elle lui avait couté une petite fortune.

Finalement, la nouvelle tomba une fille et un jeune homme était porté disparu. L’homme n’en pouvait définitivement plus et n’avais pas envie de réécrire l’histoire, mais il se redressa tout de même, il ne pouvait pas rester contre sa femme alors que possiblement, il y avait des gens qui attendais que ça pour le planter. Il fut cependant dans les derniers à s’activer et parmi les premiers à regagner sa place en grommelant. C’était une fausse alerte, il sentait la joie de tout le monde et se sentait une fois de plus, bien étranger à tout ça. Il n’avait jamais pu retrouver son fils vivant et voir cette effusion de joie c’était comme s’il avait reçu un coup de poignard brulant dans les tripes, lui rappelant avec amertume un temps si longtemps.

- Au moins on ne me la mettra pas sur le dos celle-là.

C’était sans doute par méchanceté gratuite qu’il avait glissé ça à l’oreille de sa femme, mais aussi parce qu’il voulait masquer un peu sa tristesse face à son fils qu’il n’avait pas pu sauver. Il savait que s’ils avaient été directement là-bas, il serait arrivé à temps, mais il était trop tard pour refaire son parcours. Il serra la main d’Eileen dans la sienne alors qu’il posait un regard dépourvu d’éclat sur la scène qui se dérouler devant ses yeux, en attendant sans vraiment le dire la prochaine fois que quelqu’un s’en prendrait à lui, parce que c’était définitivement loin d’être fini.

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