J'secoue doucement la tête pour répondre à Caly. Non. Elle non plus. C'était bien la peine de faire tout c'boucan pour rien. J'laisse traîner le faisceau de la lampe sur les murs, distingue un deuxième accès. C'est peut-être bien notre seule chance de ne pas revenir bredouille au camp. On se rejoint au milieu d'la pièce. J'lui murmure "J'ai vu une porte au fond d'la pièce. Y a p'têtre autre chose." Des médicaments. Ou bien des gens. Difficile de savoir, encore plus de décider de la bonne tactique à suivre. J'me demande c'que foutent les deux autres, d'ailleurs. S'ils sont venus à bout du mystérieux inconnu.

J'soupire. Mais stoppe mon souffle quand une petite voix s'fait entendre. Les yeux figés dans ceux de Caly, j'écoute avec attention et une plus belle montée d'adrénaline. "Éteins, dépêche..." C'est soufflé à voix basse, alors que je coupe ma propre lampe torche. Je la saisis par le bras pour la tirer sans tendresse aucune vers cette putain de deuxième porte. Tant qu'à tenter le tout pour le tout... On s'accroupit derrière le comptoir qui fait l'angle avec l'accès à la réserve. Ça nous cacherait, au moins quelques instants. J'la tiens encore une courte seconde, le temps d'lui souffler, "On les laisse faire quelques pas et on en prend chacun un à la gorge, okay ?" Sans les tuer. Du moins, s'ils ne se débattent pas. J'préfère avoir des otages que des morts sur la conscience.

Et puis, il faut se taire. Les pas s'avancent, se font plus distincts. Ils passent la porte, ouverte. Ils sont tout près. Il sera bientôt temps d'surgir, en espérant les prendre par surprise.

Eli n'a rien trouvé non plus et nous n'avons aucune nouvelle de Roza et Ao. Je secoue la tête l'air dépité, ça commence vraiment mal. On se retrouve tous les deux au milieu de cette pièce comme deux cons. Visiblement Eli a mieux observé que moi puisqu'il me dit avoir découvert une porte dans le fond. Je braque ma lampe torche en direction de cette dernière avec un espoir de trouver ce qu'on est venu chercher. T'aurais fait un bon Sherlock Holmes. Petit brun d'humour tout en chuchotant quand on entend du bruit, des voix au loin.

L'adrénaline, la panique qu'on soit découvert. Eli m'ordonne d'éteindre ma lampe et je m'exécute. Sans que je ne m'y attende, il prend mon bras et me tire derrière le comptoir. Je déglutis, respire un peu plus fort à l'approche des voix. Je me rapproche d'Eli pour sentir son contact, c'est rassurant l'histoire d'une fraction de secondes. Ok, j'espère juste qu'ils ne sont pas une douzaine. Je me tais, on attend le moment propice pour sortir de notre cachette. Nous les observons attentivement avancer vers la porte d'entrée, nous tournant le dos ce sera beaucoup plus simple pour nous. Enfin j'espère.

Je donne un coup de coude à Eli, c'est le moment où jamais. On se redresse sans bruit alors que les deux personnes discutent entre elles, se posant des questions sur le pourquoi du comment. On ne perd pas une minute, on bondit vers eux, les prenant en traitre.