Le trajet aura duré un bon bout d'temps depuis l'lycée. Aodhan gare la voiture dans la rue longeant le bâtiment peint de rouge, qu'on vient de repérer. Puisqu'on est tous d'accord ; on ira pas plus loin. Ça a l'air d'être la seule pharmacie potable dans l'coin. On aurait que quelques foulées à parcourir pour blinder le coffre de médicaments et se tirer en vitesse. Y a un certain stress, à sentir l'poids de l'épidémie peser sur nos huit épaules. Si on s'foire, c'est tout le camp qui en paiera les conséquences. J'm'extirpe du véhicule avec les autres, empoigne mon couteau. Sac sur le dos, ne contenant que le strict nécessaire : lampe de poche, munitions. Le flingue reste rangé à la ceinture, chargé.

On s'approche, pour observer les lieux. Les regards glissent sur les pieux en bois, les vitres bouchées. J'fronce les sourcils, craque quelques pas de plus dans la neige. Me colle à l'une des fenêtres, le visage caché entre mes deux mains, espérant un maigre champ de vision ; rien qu'un peu de buée. J'me r'tourne vers les autres, hausse les épaules. "On voit que dalle. Mais ça a du être habité, si ça l'est pas encore." Une belle évidence que chacun doit déjà avoir en tête.

J'recule un peu, pour mater les fenêtres de l'étage. J'pourrais bien y grimper, mais la peur de m'prendre une balle en pleine tête de la part de nos hôtes contient cet élan. "On fait quoi, on frappe à la porte avec un grand sourire ?" J'appuie la suggestion d'un enthousiasme un peu forcé ; tout pour faire retomber la pression qui pèse depuis notre dernière sortie. J'avise un regard concerné à Calypso. "J'peux l'faire, avec quelqu'un pour m'couvrir derrière." Y aurait bien de quoi se planquer. "Et si ça répond pas, on défonce l'entrée. Ça vous va ?"

La voiture se gare enfin. Le trajet fut long mais ça on en avait conscience avant de partir du lycée. On est là pour la bonne cause : ramener des médicaments aux membres malades du lycée. Pourquoi est ce qu'on est passé à travers des mailles ? Aucune putain d'idée. Je me sens en sécurité avec ces trois là, je me sens d'attaque à tout affronter. Assise près d'Eli alors qu'il examine le bâtiment rouge qui semble être l'endroit parfait pour ce qu'on recherche, j'attends qu'il prenne la parole. Il nous propose une attaque offensive me faisant comprendre que la personne qui doit couvrir ses arrières c'est moi. Je m'apprête à répondre pour lui faire remarquer que si on la joue comme ça il risque d'y rester mais Ao enchaine avant moi.

On sort de la voiture, je mets mon sac à dos contenant une bouteille dos, une lampe torche et des piles de rechange. On reste devant pendant que les deux autres vont faire le tour pour tenter de repérer les lieux, nous dire s'il y a du mouvement à l'intérieur. Soyez prudents ! Ouais, je ne peux pas m'en empêcher, je tiens à ce qu'ils ne se fassent pas tirer dessus dès le début de cette mission. Les pieds dans la neige, on les regarde partir et on attend. Tous mes sens sont en éveil, ma main droite est refermée sur le manche de machette prête à intervenir à tout moment. Je sens le canon de mon silencieux qui fait pression sur le haut de ma hanche ce qui me rassure, je ne remercierai jamais assez Trey pour m'avoir dégoté ce ceinturon. J'espère vraiment qu'on n'aura à tuer personne. Je regarde Eli, sa présence est un plus. Je scrute les horizons, rien ne bouge sans est limite troublant. J'ai juste l'impression que des yeux sont braqués sur nous. T'as pas l'impression qu'on nous regarde ? Je viens de murmurer ses mots comme si on n'était sur écoute. Peut être est ce une parano liée au danger de l'opération mais j'en doute.

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