Absolument que dal, que j'admets alors en haussant les épaules. J'ai l'impression d'avoir les pieds plein d'flottes, et pas de la bonne. L'odeur va peut-être nous coller un peu aux chevilles, même si on s'en sort pas trop mal tant qu'on s'vautre pas dans cette mélasse. Cela dit, j'ai un temps. Malgré le parfum d'vase ambiant, y'a autre chose qui manque a l'ambiance alors qu'on s'éloigne des lieux inondés. J'reconnais l'odeur de l'humidité évidemment, mais quand la décomposition s'y mélange, c'est pas la même saveur.

Mais j'pense que c'est dans l'coin, que j'ajoute soudainement en regardant autour d'moi. J'veux dire... comment l'expliquer ? C'est un truc dont on prend l'habitude quand on stagne dehors quoi. Les premiers temps à Seattle, j'crois que je pourrais jamais oublier, c'mélange effrayant d'pluie et de chair putride. Ca sent moins la décomposition dans l'quartier quoi, c'est un début, que je lui souffle pour voir s'il l'a aussi noté : Généralement, quand les gens vivent dans une zone, l'air est plus respirable parce qu'ils font gaffe à pas rester à côté d'rôdeurs, question sanitaire.

Nous même, on fait assez attention à ça quand on est au refuge, non ? On a nettoyé les environs pour une bonne raison, on fait des rondes régulières, on vérifie les points d'eau pour s'assurer que c'est potable et tout ça, mais surtout, on tâche d'maintenir l'environnement propre pour pas s'chopper des maladies qui nous buteraient un peu trop rapidement. J'sais que c'est pas miraculeux, mais c'est le minimum. En l'occurrence, j'ai l'impression d'la même chose ici, pour c'que ça change. Et tout juste quand j'pense ça, j'note d'ailleurs un mort balancé proche d'une benne à ordure retournée.

La benne est vidée, mais le rôdeur a bien été trépané. Je saurais pas dire si c'est tout récent ou pas, en tout cas, le mort est plus vraiment une menace vu son poids, il a décrépi, et outre ça, on s'est chargé de le brûler rapidement. Bref, voilà qui vérifie ce que je pense, une manière de me dire que c'est pas totalement con comme idée.

« Hum… » J’dois avouer qu’ça m’plaît pas trop tout ça. J’veux dire, c’t’endroit pue l’abandon, la mort, l’crasse et la vase. Ok, y’a plus et tout… Mais c’te coin d’monde était pas toujours très calme, si j’me souviens bin’… J’crois qu’on à dû faire qu’ques missions par ici, et bon… ça s’passait jamais comme on l’voulait quoi.

Les observations d’Yulia m’tire d’ma torpeur. J’crois qu’sur c’coup-ci, j’ferais mieux d’l’écouter. J’veux dire, j’ai vécu en groupe et tout seul sur la route d’puis c’te foutue apocalypse. Mais au final, être tout seul… C’beaucoup plus simple que c’qu’on est en train d’faire : chasser la prime. P’tain, t’es seul : t’avance, t’trouves d’la bouffe, d’l’eau, t’trouves un coin où crécher pour une ou deux nuits et puis basta. Si ça pue l’rôdeur crevé ou l’cadavres d’humain tout frais, c’pas grave : on y reste qu’une nuit.

Mais foutre un mode d’vie dans un coin, effectivement, c’pas pareil : faut l’préparer, l’sécuriser, l’assainir… Y’a d’choses à faire, d’choses à n’pas faire. Alors quand elle m’dit qu’le coin pue moins l’rôdeur, j’ai tendance à m’remettre sur mes gardes, assez vite.

J’suis l’regard d’Yulia, et là où qu’elle voit un cadavre d’rôdeur calciné et trépané, moi j’remarque juste l’traces d’feu au sol, et sur l’mur pô loin. D’toute évidence, l’feu fait à partir d’essence ou d’gasoil, et contrôlé afin qu’ça parte pas en couille en foutant l’feu à toute la ville. J’regarde autour d’moi, et j’croise une p’tit immeuble d’deux étages et un toit accessible d’puis un vieil escalier d’évacuation.

« Là. » Que j’lui dis. « On pourra accéder à c’foutu toit. J’y vais… J’vais voir si c’est sûr. » Aussitôt dit, aussitôt fait ! Je vérifie l’attache d’mon barda sur mon foutu dos, j’vérifie aussi qu’la sécurité est bin’ mise sur mon flingue, et j’monte. J’entends l’visses crisser… L’cage d’escalier en métal bouge un peu trop à mon goût, signe qu’des boulons ont dû tomber, ou s’désouder ou quoi… Mais j’arrive à monter. Bon, l’fait qu’ce soit bin’ humide aide pas : j’manque d’glisser à deux reprises… Mais ça s’passe. Au final, j’arrive vers l’toit : j’casse l’vieux cadenas qu’protégeait jadis l’accès au toit d’foutus adolescents qu’voudraient faire une soirée à la belle étoile, et j’prends pied.

L’toit est fait avec d’ciment sur l’quel on a foutu d’graviers. Plutôt sécuritaire comme truc quoi… J’me fou contre l’rebord d’muret, et j’dis à Yulia qu’elle peut v’nir. Et quand elle m’rejoint j’lui propose un plan. « Bon… On peut s’poser là, et essayer d’choper un son, ou j’sais pas d’la fumée d’un feu d’camp. Sinon, on s’pose là et on attend la nuit : on pourra voir l’lumières et s’dire qu’c’est p’t’être là qu’il s’cache. Qu’est-ce t’en penses ? »

Parfait ? P’tain… Ok ! Bah j’suis plutôt content qu’mon plan lui plaise ! J’veux dire… Wow ! J’m’attendais à c’qu’elle m’tienne tête, ou m’dise qu’ce s’rait trop long, ou qu’c’était un plan d’merde… Mais non. Bon… ça m’trou un peu l’cul, mais ça m’va !

On r’monte, donc. Et on s’installe. Bon, pour qu’nous puissions nous adapter selon c’qu’il s’passe, l’mieux c’est d’pas déballer toutes nos affaires. L’coin est plutôt sec, d’moins en hauteur… Y’aura d’quoi s’positionner sans s’foutre dans la flotte, et la hauteur fait qu’nous pourrons tout voir dans une zone assez large… A condition qu’nous n’fassions pas trop d’bruits, et qu’on reste loin d’bords d’toitures… Bref, voir sans être vus quoi !

J’dépose m’sac dans un coin propre et sec. J’ai aussi un coin d’où qu’j’peux m’allonger et tirer sur tout c’qui bouge dans l’coin. Alors… ça m’va. Mais v’là qu’Yulia m’balance un truc qu’elle gardait secret pour l’instant, de c’que j’comprends… D’mecs… Dangereux… Qu’prenaient Dana pour un foutu sac de foutre histoire d’décompresser, un peu comme f’saient les Oblivions dans c’te foutue arène de merde… J’baisse un peu les yeux, alors que c’qu’elle m’dit m’fait penser à tout ça… Ouais… Ces fils d’putes sont les pires salopards d’monde, pire qu’les Talibans ! Bande de fils de putes… Bande d’enculés… P’tain, si j’pouvais tous les flinguer les uns après les aut’… J’adorerais !

Et… Elle les a rencontrés, ces fils d’putes… Et en a énervé un, pas qu’un peu j’crois… Enfin, d’après c’qu’elle m’dit. Et j’dois avouer qu’ça m’plaît pas du tout. J’grogne, j’souffle, j’dois avoir l’air d’un foutu buffle pô content de c’qu’il s’passe… Qu’elle ai énervé d’gars, j’m’en bat les couilles… Mais qu’ces types puissent s’prendre à elle, ça m’plaît absolument pas. Donc… Bah j’réagis comme un foutu taureau qu’on est en train d’asticoter… Et j’commence à avoir envie d’les fumer… J’connais un peu l’endroit… J’me vois dans les rues, faire face à d’gars dont j’vois pô trop l’visage vu que j’les connais pas, et j’me vois les savater… J’me vois les fracasser, foutre leur gueule cont’ l’trottoir tout en les massacrant à coups d’rangers… P’tain d’fils de putes…

« Hum… » J’baisse la tête, r’garde mon fusil… « T’reconnaitrais ces fils de putes ?! » que j’lui d’mande, histoire d’me dire si j’peux lâcher m’colère d’ici peu sur ces enfants d’catins ou si j’vais devoir ronger mon frein sur c’te cible qu’il n’faut pas buter mais qu’c’est pas grave si on l’bute. « C’tait pareil avec l’Remnants. Mais d’toute manière, y’a qu’les fils d’putes qu’survivent dans c’t’environnement d’merde. Pour buter d’gens, et d’morts, faut être un fils d’pute… Et entre eux, l’fils d’putes, ça n’s’apprécie pas. ‘Fin t’vois bin’ quoi. » Alors bon… « Ils sont où ? J’veux aller les buter. »

« Bien. Alors dès qu’on les vois ces fils d’enfoirés d’enfants d’putains, j’les fumes. J’m’en bat les couilles qu’ils s’fassent passer pour d’gentils survivants… » Que j’lui dis, parce qu’putain, j’n’ai qu’une envie là c’est d’faire un carnage. « Et j’m’en bat les couilles d’me faire détester. J’ai l’habitude qu’on n’puisses pas m’piffrer. Mais ils s’ront canés, c’sûr et certains. »

J’retiens donc les infos… Olympia, dans les environs quoi… J’me dis qu’si un d’ces quatre j’dois m’faire une mission solo ou quoi, j’saurais où aller pour faire un p’tit détour et m’faire ces enfoirés. En plus, si j’suis tout seul, on pourrait n’pas m’associer aux Exilés et ils n’risqueraient pas d’expédition punitive, ou j’sais pas quelle aut’ conneries d’merde qu’on n’pourrait pô assumer. M’enfin… J’sais bin’ qu’là colère c’pas ouf pour pouvoir prendre d’décisions ou pour aller s’battre… M’enfin. M’faut bin’ une motivation quoi. « S’t’as d’noms, ou si c’possible d’avoir genre… Un portrait robot ou j’sais pô quelle connerie, ça p’rait m’aider. »

Ce genre d’enfoirés, putain… Moi, ça m’rend dingue. J’sais bin’ qu’j’suis p’t’être l’premier des fils de putes, ou en bonne position… Enfin, j’veux dire… J’m’en sors bin’ dans l’monde des fils d’putes… Mais j’pense qu’j’dois quand même être mieux qu’ces enfoirés non ? j’veux dire… Tuer, ça m’dérange pas… Torturer et tout, v’là quoi… mais au moins, j’n’essaie pas d’foutre la merde chez les aut’, et j’n’essaie pas d’dominer les aut’ en les détroussant. Pis surtout… J’suis pas un p’tain d’sauvage de merde quoi… Donc… Parmi l’fils d’putes, j’dois être un d’ceux qu’ont l’plus d’honneur ? Non ?! j’sais pô… bref.

Lorsqu’Yulia m’fait remarquer qu’y’a un bruit qu’ressemble à un moteur d’tronçonneuse, j’essaie d’chercher aussi… j’perçois l’bruit, mais alors d’où qu’il vient là… Rien. Mais genre rien de rien quoi… Alors bon… « J’l’entends, mais p’tain j’sais absolument pô d’où qu’ça vient… » ouais… Bon… Heureusement qu’Yulia r’père un truc quoi.

« Bon. » C’est l’temps d’se préparer là. « On sécurise not’ endroit. On laisse nos affaires trop lourdes, ou c’qui pourrait nous empêcher d’êt’ discret… Et on fonce. » j’propose l’plan. « J’reste d’vant, t’couvres mes arrières. Si c’sont eux, on bute ceux qui méritent d’l’être, et on capture l’autre enfoiré. Si on s’trompe, on collecte l’infos qu’on peut, et on r’vient ici. On garde c’te safe house secret. Ça t’va ? »

Dès:

Spoiler: