On continue avec Hayden quand un bruit derrière attire mon attention. C'est une entrée en fanfare dans la pièce qui m'oblige à arrêter tout ce que je fais : Yvonne ! Je connais que très vaguement la jeune femme, mais ça m'empêche pas de capter rapidement ce qu'il se passe. L'inquiétude pourtant prend le pas sur le reste : Logan, quoi ? Où il est ? Qu'est-ce que- ? Je ne sais plus vraiment composer une phrase à ce niveau, alors que je me déporte à ses côtés pour aviser de sa blessure. Une morsure ? Oui. Mais je viens compresser la plaie avec elle.

Il-il… elle déglutit difficilement, tandis que le sang s’écoule à grands flots de sa blessure. Il nous a prévenues… il en a vu un… v-vers le cottage… celui d-de- sa voix s’étrangle brusquement, et elle porte maladroitement ses mains à son cou pour compresser la plaie avec moi. Aidez-moi. Elle supplie, les yeux emplis de larmes. Merde. Je relève les pupilles vers Hayden : Récupère les armes, on va aller voir, mais vu la plaie d'Yvonne, c'est sûr que ce qui nous attend va pas être beau. Je lui fais un petit signe de la tête, comme pour lui signifier qu'on va pas la laisser agoniser et se transformer.

Hey, Yvonne... Je soupire, doucement. Ca va aller, ok ? J'essaie vraiment d'être rassurante, mais je pense qu'on sait tous ce que ça implique pour nous actuellement, et il est pas question de se laisser déborder. Hayden va gérer, je reste un peu avec toi et ensuite j'irai l'aider aussi, que j'ajoute. Elle sait ce qu'il va se passer pour elle, c'est sûr, y'a aucun doute. Même si je trépigne, et que j'ai envie de rejoindre Ana et Logan, je me force à pas bouger. On a dit jusqu'à la fin, alors, je desserre un peu ma main et le sang redouble sur son cou pâle. Sa main serre encore la mienne. Je reste avec toi jusqu'au bout, que je lui souffle tout bas.

Spoiler:

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« C’tait pas assez rapide pour qu’ce soit un d’ces foutus super-rôdeurs à la con, et trop lent pour qu’ce soit un foutu vieux sans déambulateur. Soit c’t’un blessé, soit c’t’un rôdeur… Mais j’paris pour l’rôdeur. » que j’lui dis, histoire d’appuyer sur tout ça. Bon, j’sais pas si ça la rassure ou quoi, mais j’veux pas rester comme un gros con planté là et trouver l’réponse à tout ça en m’faisant niquer comme une…

« P’tain… » j’l’entends c’bruit… j’l’entends c’cri étranglé qu’fleurs rien d’bon. Quand j’entends ça, souvent, c’pour trois choses : l’type qu’j’étouffe dans l’dos ; l’type qu’j’égorge ; l’type qui s’prends une balle dans l’crâne sans avoir l’temps d’s’en rendre compte. Et ça… ça m’plaît pas. T’ça, si ça s’trouve, c’est l’rôdeur qu’j’ai vu, mais alors qu’ce soit si discret… Si méthodique… Et qu’ça puisse prendre l’dessus d’manière si furtive sur un foutu humain armé, ça… C’pu. « P’tain si c’est un d’ces foutus contaminé, on est dans la merde ! T’as pas un talkie ? Un gun ? P’tain un truc qu’fait du bruit merde ?! Faut faire v’nir les renforts ! J’laisse pas Ana toute seule dans c’foutu berceau à la con ! »

L’expression renfrognée, Valérian évita obstinément de croiser le regard songeur d’Emilie. En vérité, il peinait à déterminer ce que son propre comportement lui inspirait. Peut-être une part de lui avait-elle honte de sa totale incapacité à assumer son rôle de père ; et de la peur profonde que ces responsabilités suscitaient chez lui. Depuis la naissance de Sasha et le départ de Reese, le grec avait l’impression de perdre pied. Il était comme un naufragé balloté au gré de vagues immenses, dont les contacts avec la réalité se résumaient en de brèves goulées d’air désespérément inhalées chaque fois qu’il rejoignait la surface. Valérian ne souhaitait pas se confronter à Emilie, de crainte de lire une insupportable déception dans ses orbes bleus. Au fond de lui, il attachait en effet une grande importante à l’opinion de son amie. Elle était certainement la meilleure d’entre eux, étant animée d’intentions profondément bienveillantes, et dépourvue de cette noirceur qui avait pourtant gangréné le monde entier…

Alors que Valérian enfilait sa veste, prêt à quitter le cottage pour rejoindre le réfectoire, un cri étranglé déchira tout à coup le silence vespéral. Emilie repéra par la fenêtre une silhouette dont la démarche gauche laissait supposer qu’elle appartenait à un rôdeur. Avant qu’elle ne disparaisse dans la nuit, le grec surprit cependant chez elle un mouvement frénétique de la tête qui n’était pas celui d’un mort ordinaire… « je l’ignore. » répondit-il entre ses dents à la jeune femme. Son front prit un pli inquiet. Comment un rôdeur avait-il franchi les barricades du campement ? Et à quel genre de créature avaient-ils affaire exactement ?

Ses yeux s’écarquillèrent, surpris, devant la détermination dont fit alors preuve Emilie. Le regard planté dans le sien, elle ne lui laissa en effet pas le choix et exigea qu’il l’escorte en compagnie des enfants jusqu’au réfectoire pour y retrouver Hayden et les autres. « Emilie… » tenta-t-il de l’interrompre à une occasion, déconcerté. Elle poursuivit pourtant son laïus, enflammée, et, tout en attrapant la main de Logan, insista pour qu’il les protège comme si sa vie en dépendait. « Attends ! » Effaré, le grec bondit et se plaça devant elle pour lui bloquer le chemin. « Tu sais très bien que je donnerais ma vie pour vous protéger ! Mais nous ignorons ce qui se trame exactement à l’intérieur ! Peut-être une horde traverse-t-elle le camp, auquel cas il serait insensé de vous exposer au danger ! » D’autant plus avec l’épaisse pénombre qui s’était déposée sur le camp. « Je ne suis pas certain que nous ayons affaire à des rôdeurs ordinaires. » reprit-il en désignant d’un signe du menton la fenêtre par laquelle ils avaient aperçu la silhouette. D'un geste rapide, il dégaina son revolver. « Pour l’heure, ma priorité est de vous mettre en sécurité, toi et les enfants. Alors, grimpez à l’étage, enfermez-vous dans une chambre et barricadez la porte et les fenêtres ! Je m’occupe d’aller prévenir les autres. »

Sans perdre de temps, Valérian rejoignit le meuble à côté de l’entrée et saisit le poignard qui y était rangé. « Tu auras besoin de ça. » dit-il d'un ton brusque à Emilie en le lui tendant.

« Ok, go pour l’coup d’feu » que j’lui dis. D’toute manière, c’pas comme-ci qu’j’étais pas prêt à m’foutre sur la gueule avec absolument n’importe qui qu’pourrait s’ramener ici. Ou n’importe quoi. Elle m’tends un couteau. J’dois dire tout d’même que j’me sens un peu plus en sécurité une fois qu’j’ai c’foutu couteau sur moi… L’habitude, j’dois dire… Ou bin’ un truc comme ça ? Bref, j’ai d’quoi m’défendre en plus d’mes poings quoi.

« Tire t’coup d’feu, moi, j’vais mettre Analya en sécurité. » J’rentre, et alors qu’la détonation fait vibrer l’sol un court instant, j’prends l’landau dans l’quel s’trouve la p’tiote et j’le fou dans un placard. J’ferme la porte, et décale l’mobilier – un foutu canapé d’merde – pour ensuite r’venir à l’entrée…

… Et là, j’le vois. Ou plutôt, j’le r’connais à sa droiture et c’foutu démarche d’enfoiré d’salopard de merde ! « P’tain d’bordel d’merde d’enfoiré d’saloperie d’raclure d’bidet ! C’t’un super rôdeur de merde ! Fait chier ! File moi t’flingue ! Vite ! » J’m’attendais pas à c’qu’elle obtempère ! Après tout, j’suis censé potentiellement m’transformer en infecté avec d’plaques rouges de merde… mais elle m’file son fusil ! Bah j’suis bin’ content p’tain d’merde ! Enfin un flingue dans les pognes, z’avez mis l’temps putain !

Ni une, ni deux, j’lève l’fusil, j’fléchis l’genoux, l’coudes, j’vise l’crâne… Et j’tire. L’balle transperce l’crâne de ce fils de pute direct ! Il est baraqué en plus bordel de merde !!! Mais il continue sa course… Bah oui, c’genre d’vermine, ç’crève pas comme ça… « Fou toi derrière moi ! Faut qu’j’lui en colle une deuxième p’tain d’merde ! » Et elle couvrira mes arrières !