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Putain, quelle plaie. J'ai un soupir agacé alors que j'en suis à ranger les dernières cargaisons de bière qu'on a réussi à faire. Les bouteilles dépareillées s'entassent, je tâche aussi de les emballer dans la caisse que je charge pour qu'elle se brise pas pendant le voyage, mais ça assure pas qu'il y aura pas de la casse. Pour l'instant, je suis surtout contrariée du traitement de Logan, et son obligation de rester enfermé jusqu'à nouvel ordre. Si personnellement, j'ai toute confiance en lui pour pas nous mettre en danger, c'est pas le cas de tout le monde.

Bon, j'imagine que ça viendra avec le temps, c'est pas grave. Ou il faut que je me persuade que ça l'est pas, c'est pour le mieux. Tu peux me passer les clous ? Que je demande à Hayden qui est pas loin. Le marteau qui va avec, c'est pas plus mal. Avec ça, je vais pouvoir refermer la caisse sans trop de problèmes, faut juste que j'y mette un peu plus de cœur qu'actuellement. Mon estomac grogne, Yann est en train de cuisiner et, j'avoue, je commence à avoir la dalle. J'en profiterais pour amener sa part à Logan, pour nourrir aussi Ana en passant.

Mes yeux se relèvent vers Hayden alors qu'il parle, et je lui offre un sourire : On risque de tomber dedans. Pourquoi pas fêter quand les autres reviendront ? Si on met de côté, on aura de quoi s'amuser un peu plus longtemps, que je plaide doucement, avec presque de l'enthousiasme dans l'attitude. Qu'il en profite, c'est pas la période pour ça normalement.

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« Mmh » fut la seule réponse qu’offrit Valérian à Emilie devant ses encouragements pleins de bienveillance. L’expression renfrognée, il s’était muré depuis de longues semaines dans un silence maussade dont il ne sortait qu’en de rares occasions. Lui qui avait eu la langue si pendue à une époque était à présent d’un naturel taiseux, bougon. Si la mort de Sasha l’avait profondément changé, la fin de son amitié avec Elena et la disparition de Reese, dont personne, pas même les Gentle Bastards, n’avait de nouvelles, avaient achevé de le rencogner dans ce mutisme froid. S’il ne le disait pas ouvertement, ces séances de rééducation en compagnie de la jeune femme étaient cependant source d’apaisement pour lui : par son extraordinaire gentillesse et sa douceur innée, Emilie dénouait sensiblement le noeud de ses angoisses, tel un enchevêtrement de ligaments nerveux qu’elle parvenait à démêler à force de patience.

À l’évocation de Sasha, les yeux noirs de Valérian se posèrent sur la petite fille. Elle était installée par terre, sur une couverture, en compagnie de Logan. Âgée de trois mois, Sasha arborait une tignasse sombre et de grands yeux verts. Étonnement chétive, elle avait par ailleurs la particularité d’être une enfant très silencieuse, presque craintive, qui rechignait à être en présence de son père - comme si elle avait deviné, malgré son jeune âge, la répugnance qu’il éprouvait à se considérer comme tel. « Ne l’appelle pas comme ça. » dit Valérian d’une voix rauque. Comme s’il s’était brûlé les yeux, il se détourna brusquement de la petite fille. « Prends-la autant que tu le souhaites, Emilie. Ça m’est égal. » ces quelques mots avaient été assénés avec un froid détachement. Il n’était pas un père. Il n’en avait pas l’étoffe. Jamais il n’avait voulu de cette situation. En dépit de l’aide que lui fournissaient quotidiennement Emilie et Yulia, le grec avait l’impression de se noyer dans une eau glacée depuis la naissance de Sasha - comme si la terre s’était dérobée sous ses pieds, le propulsant dans une nuit sans fin.  

Valérian leva les yeux vers la fenêtre, à travers laquelle le disque pâle de la lune apparaissait. « Il est tard. » dit-il, désireux de changer de sujet. « Nous devrions prendre le chemin du réfectoire pour retrouver les autres. Le repas sera bientôt prêt. »

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J’me fais chier. J’me fais si chier putain d’merde, et ça, ça dure d’puis un temps de dingue, un temps de ouf… J’sais pas quoi foutre ici, dans c’te foutue maison de merde… J’suis tout seul, et y’a qu’Yulia qu’peut venir me voir. C’déjà ça, une consolation, qu’que chose d’ce genre… Mais bon, j’crois qu’j’ai pas d’choix. Donc j’essaie d’m’occuper…

J’fais des pompes, des abdominaux…. J’m’amuse à trouver d’coins qu’me permettraient d’faire des tractions, histoire d’pouvoir garder la forme, au cas-où. J’dois dire qu’après tout c’qu’il m’est tombé sur l’coin du bec d’puis des jours et des jours, des s’maines même… J’n’ai pas trop eu l’temps d’prendre soin d’moi. Donc bah… J’dois faire des heures et des heures d’sports tous les jours, et ça m’fait du bien ouais… J’adore, même. Mais j’serais quand même mieux dehors, à faire d’taf… Bref.

J’étais tout à ma foutue série d’pompes et d’abdominaux quand j’passe d’vant une f’nêtre et qu’une forme attire mon p’tain d’regard. J’vois quelqu’un… Une silhouette cheloue… Qu’marche comme un p’tain d’rôdeur de merde ! On dirait une nana en plus… J’avoue qu’y’a une partie d’moi qu’flippe d’un coup : et si c’était une horde ? Si c’tait Yulia qu’était transformée ?! J’avoue qu’mon sang n’fait qu’un seul tour… Un seul… Et j’me dis que j’dois faire quelque chose, tout d’suite, maint’nant.

Donc, j’remet mon foutu t-shirt. Et j’vais d’vant la porte d’ce foutu cottage de merde. « Hey… » Que j’lui dis, la voix calme, l’attitude tranquille histoire qu’elle n’se mette pas à flipper en pensant que j’me transforme ou j’sais pas quelles conneries… « Faut qu’t’ailles voir sur l’côté Nord d’la barraque, j’ai vu passer un rôdeur… C’pas une blague, ok ? L’rôdeur s’dirige vers l’maison 5… Y’a Yulia là-bas. J’sais qu’j’ai pas l’droit d’sortir, mais t’peux lancer l’alerte ? Ou un truc dans l’genre ? S’teu plaît ? »

Résumé: