J’étais incapable de parler, j’étais submergé par l’émotion et surtout la douleur qui était atroce et que je devrais pourtant supporter. C’était le boxon dans cette chambre, il y avait des voix tout autour de moi et je comprenais bien que je faisais l’évènement, mais j’aurais tout de même préféré ne pas avoir mon vagin en tête d’affiche de tous les magazines people post-apo. Au moins le petit Lemmy ou la petite Elie aurait un super comité d’accueil pour ses premiers moments dans notre monde. J’étais contente de voir Quinn et Kassandra débarquer, même si la première était en train de faire la mauvaise tête, je l’aimais bien pour ses remarques déplacées alors je n’allais pas m’en plaindre.

- J’aurais également préféré que ça arrive d’une autre façon.

J’avais Kass d’un côté et Lilou de l’autre, je tachais de leurs sourires même si cela ressemblait plus à une grimace de douleur. Ma main entrait alors en contact avec la sienne et je commençais à la serrer. Sans doute que j’étais en train de lui broyer, mais je ne m’en rendais simplement pas compte. Je plantais mon regard dans le sien alors qu’elle était en train de me parler, j’étais contente qu’elle soit là et qu’elle me parle. Entre deux contractions, je trouvais la force de lui répondre.

- Je me concentre sur le résultat final. Je me dis que j’aurais encore un magnifique chef-d’œuvre sur mon corps.

Je n’avais plus vraiment mal depuis longtemps lorsqu’il était question de tatouage, j’avais appris à supporter, là c’était si différent. Je remerciais intérieurement Lilou de prendre la défense de Victoria. Elle pourrait simplement ne pas regarder ou faire autre chose, mais c’était important qu’elle reste là. Kassandra n’avait fait qu’un voyage éclair, mais j’étais contente de savoir que je pouvais compter sur son soutien moral s’il n’était pas physique.

- Promis, je respirerais encore quand tu reviendras…

Les chances de mourir en couche étaient vraiment énormes, j’en avais conscience. J’en avais beaucoup parlé avec Abel et la défunte Skyler, dans le pire des cas, j’aurais vécut plus longtemps qu’elle c’était toujours ça. Oui, je délire un peu, ce doit être à cause de la douleur. J’étais contente de voir les gens partir, en effet, rester à cinquante ici, c’était sans doute un peu trop juste pour gérer un accouchement, il y en avait qui était vraiment capable d’aider dehors alors si je restais seule avec Lilou, Izzy et Quinn se seraient largement suffisants sans oublier Victoria.

Un geste supplémentaire d’affection de la part de Ludwig, je hochais la tête en serrant les dents. C’était beau de se sentir soutenue, et c’était absolument adorable de le voir fixer le sol tout le temps qu’il était dans la pièce comme s’il ne voulait pas voir ce qui était en train de se passer. J’avais capté le courage de tous les gens autour de moi, mais cela n’avait malheureusement pas annihilé la douleur qui se faisait toujours autant présente. Je posais ma tête sur l’oreiller et essayais de me détendre, cela ne me serait d’aucune utilité d’être stressé de toute façon, la douleur ne disparaitrait pas miraculeusement et on y était encore pour un moment.

Comme si les choses n'étaient pas déjà assez compliquées, voilà que l'accouchement prématuré de Tam venait se joindre à l'équation. Trop concentré sur ce qu'il faisait, Ethan se contenta de grimacer comme s'il venait de prendre un mauvais coup, lorsqu'il entendit l'information parvenir à ses oreilles. Dans le même temps, il se débarrassa d'un rôdeur un peu trop entreprenant. Des éclats de voix éclatèrent bientôt entre Quinn et Kassandra. Au final, les deux femmes rentrèrent dans le chalet, et les survivants restés dehors tâchèrent de trouver une solution au problème, d'adopter une stratégie pour s'en sortir.
L'esprit du jeune homme fonctionnait à toute vitesse. Le fumigène de Jake aurait pu ne pas être une mauvaise idée dans le fond. Cela attirait les morts-vivants, alors utilisé à bon escient... Encore que le problème était qu'ils n'avaient pas vraiment de marge de manœuvre pour l'instant, et que le fumigène leur compliquait encore la tâche. Le problème réglé, il entendit Marcus grogner quelque chose près de lui, et lui répondit en haussant le ton pour couvrir le vacarme.

« On tiendra le temps qu'il faudra. On n'a pas le droit à l'erreur.

Jetant un œil en direction de John, Ethan tâchait de voir ce qui était prévu pour la suite des événements. L'ennui, c'était qu'il fallait improviser sur le tas. Le militaire avait l'air hors de lui, et il avait nettement fait comprendre que le prochain à déserter le champ de bataille passerait un sale quart d'heure. L'agent fédéral tâcha de se faire entendre, sachant que ce ne serait pas évident avec l'agitation et le boucan de la horde.

- Il faudrait trouver quelque chose pour détourner leur attention, les attirer loin d'ici.

Des cris, des coups de feu, voilà qui devrait fonctionner. Du moins, cela avait été concluant lorsqu'ils s'étaient retrouvés face à cette petite horde l'année passée, en allant piller un supermarché... Comme des bergers de l'apocalypse, ils avaient guidé tout le troupeau en criant, tirant des coups de feu et frappant sur du métal. Pourquoi cela ne serait-il pas faisable ce jour ? Une chose était certaine, c'était que les rôdeurs ne se fatiguaient pas, mais que les survivants finiraient par flancher. Même s'ils n'en avaient pas le droit. Le jeune homme taillada férocement la gueule décomposée d'un mort-vivant, et eut ensuite la surprise de voir Ludwig apparaître près de lui. Il en aurait presque perdu sa concentration.

- Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Je t'avais dit d'attendre à l'intérieur !

Ethan avait une chose imprimée en lettres rouges dans son esprit. Protéger les autres, et ses proches en premier lieu. C'était pour cette raison qu'il refusait que les rôdeurs atteignent le chalet, même si le rapport de force était clairement inégal. Maintenant que son ami venait directement s'exposer au danger, il allait tout naturellement devoir le prendre sous son aile et le protéger en plus de veiller à sa propre survie. Même si personne ne le lui demandait... c'était plus fort que lui. Il refusait d'y penser, mais l'angoisse et la peur lui tordaient les entrailles. La détermination était toutefois plus forte.

- Bon. Tu vas pouvoir tester ton entraînement en situation réelle. Tu voulais apprendre quelque chose d'utile ? Je crois que c'est fait. Souviens-toi de tes leçons, et reste près de moi. Au boulot ! »

A l'intérieur, la situation semblait se calmer. Bien sûr à l'extérieur du chalet, ça grognait, et ça claquait des machoires – ou alors c'était les siennes qui claquaient, en ayant froid à cause de la porte qui avait été ouverte – mais au moins, ils réussissaient à contenir la vague s'attaquant à l'habitation. Joshua sentit ses épaules se délasser un peu, tandis qu'Hope avait disparu de son champ de vision. L'espoir revenait dans le cœur du docker. Un peu cucul, mais tellement vrai.

Enfin ça, c'était avant que l'agitation vienne des habitants du chalet. Il ne compris pas tout de suite, puis finalement assista au kidnapping de Quinn avec pertes et fracas, et finit par saisir quelques bribes de conversation. Un nouveau bébé s'annonçait et clairement ce n'était pas le bon moment. Ni pour le groupe, qui voyait soudainement ses effectifs réduits, mais aussi pour Tamara donc, qui n'avait clairement pas besoin de ça pour atteindre des niveaux de stress phénoménaux. D'autant plus qu'il était bien placé pour savoir que ça pouvait être court, mais aussi très long. Et si l'urgence les rattrapait et les obligeaient à la fuite, comment pourraient-ils faire avec elle ?

Il secoua la tête, et s'approcha de la sortie. Il fallait trouver des solutions pour se débarasser de tout ça.

Il se frotta les mains vivement, pour tenter de se sortir de ce froid qui le saisissait.

- Allez, on y va.