Malgré la peur et le stress qui menacent de la dévorer toute entière, Louve se sent doucement dériver vers les rives du sommeil. L’épuisement la gagne malgré les risques qu’elle encourt, et même l’idée que Waban puisse être en très mauvaise posture n’empêche pas ses yeux de rendre les armes et de se fermer. La seule chose qui l’empêche finalement de lâcher complètement prise, c’est l’homme qui a accidentellement tiré sur Preston. Il pénètre dans sa cellule et la soulève sans ménagement par le bras pour l’entrainer à sa suite pour la jeter sans ménagement dans une autre. A peine le temps de réaliser qu’elle connait l’homme qui s’y trouve.

Charlie lui balance une trousse de secours en lui indiquant ce qu’on attend d’elle avant de quitter la pièce, tout en lui laissant comprendre que le natif sera de nouveau interrogé dès qu’il sera sur pieds. Pas de quoi la rassurer donc. Elle fait de son mieux pour panser les blessures du blessé malgré le manque de luminosité, l’environnement plus qu’hostile à ce genre de pratique et ses doigts qui tremblent à cause du stress. Les points de sutures sont approximatifs et laisseront probablement une vilaine cicatrice, mais ils ont au moins le mérite d’arranger l’affaire. « Je suis désolée. » Les excuses ne valent pas grand-chose, mais elles sortent toutes seules.

Spoiler:

Waban a finit par s'endormir. Quand bien même il a tenté de ne pas sombrer, la fatigue a pris le dessus sur ce qu'il avait envie de faire. Les douleurs à divers endroits ont le mérite de ne pas être senti lorsque le sommeil est présent. Quelques minutes peut-être ?
Assis de la façon la plus confortable possible, Waban essayes de retenir tout ce que tu peux voir ou sentir. La cellule dans laquelle il se trouve est froide, ressemble plus à une pièce de stockage qu'autre chose. Il peut entendre sans difficulté les rondes pour la surveillance, les mots et discussions de temps à autre.

Waban s'en veut d'avoir été si laxiste et de ne pas être resté avec les autres. Il s'inquiète d'ailleurs pour le reste du groupe mais aussi Louve, désormais présente dans le camp. Parce qu'il ne sait que trop bien comment se passe la cohabitation avec les Croatoans. La porte s'ouvre, Louve est balancé sans ménagement et Waban tourne la tête dans sa direction sans pour autant bouger.

Elle a l'air dans un état... correct ? Le natif ouvre la bouche, peu sur de vouloir continuer à parler. Alors... Il lève les mains et signe dans sa direction.

- Comment tu vas...

L'interrogatoire n'est pas terminé. Waban se retient de soupirer, à en juger par les pas et les rondes, il sait que sortir ne sera pas si simple. Se rapprochant lentement de Louve, il décide de rester le plus immobile possible pendant ses soins. Sauf qu'elle tremble et la douleur l'irradie aisément. Au moins semble-t-elle plus méticuleuse sur son genou et son pied. Waban ne peut même pas lui en vouloir compte tenu de la situation.. Il agite alors la tête à ses excuses. Inutile.

- Qu'est ce que tu sais ?

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Louve ne maitrise pas suffisamment la langue des signes natives pour s’en servir, mais les quelques rudiments que Waban lui a enseigné durant ces quelques semaines passées à la réserve lui permettent de comprendre plus ou moins ce qu’il lui demande. « Je vais bien. » Physiquement, en tout cas. A part une lèvre fendue et une pommette qui doit à présent décliner ses plus belles nuances de bleu et de violet, elle n’est pas vraiment à plaindre. « Et toi ? » Elle se concentre sur les blessures du natif malgré ses doigts qui tremblent, consciente qu’elle doit lui faire mal malgré le fait qu’il se tienne tranquille tandis qu’elle suture tant bien que mal ses blessures. Le travail bâclé qu’elle effectue sur son visage lui donne au moins l’énergie nécessaire pour corriger le tir lorsqu’elle s’attaque finalement à ses plaies plus graves au genou et au pied. Il balaye ses excuses d’un mouvement de la tête tandis qu’elle range le matériel qu’on lui a apporté.

Il signe à nouveau, et la brune croit comprendre qu’il lui demande si elle a vu quelque chose. Beaucoup trop, et tout à la fois pas assez. Elle n’a aucune idée de ce qu’il est advenu de leurs compagnons d’infortune, si ce n’est qu’ils n’ont pas été amenés avec eux jusque ici. Ce qui ne signifie en rien qu’ils n’ont pas été capturés et emmenés ailleurs par d’autres membres de ce groupe. Elle serre les doigts à s’en faire blanchir les jointures, tentant de maitriser les tremblements de sa voix lorsqu’elle trouve enfin le courage de lui répondre. « Ils… Ils ont abattu Preston… » Le dire à haute voix rend la chose beaucoup plus réelle, et un sanglot lui échappe. Elle s’efforce de maîtriser ses émotions, mais la culpabilité et l’impuissance qu’elle ressent la rendent incapable de retenir ses larmes. « Je ne sais pas où sont les autres… Je suis désolée… » Elle ne s’est jamais sentie aussi inutile de toute sa vie.

Waban se rend rapidement compte du problème. Louve ne semble pas le comprendre totalement. Il savait qu’elle avait les bases mais n’avait plus envie d’ouvrir la bouche. Pourtant, il avait pu sous la douleur. Mais c’était trop lui demander à présent. Elle lui retourne la question et Waban ne sait pas trop quoi dire. Oui et non. Néanmoins, il hoche alors la tête avec lenteur. Malgré tout. Le travail qu’elle exerce est… complexe. Pas bien fait à n’en pas douter. Mais il essayait de se persuader. Parce qu’il avait déjà vécu ce genre de chose. Parce qu’il devait faire en sorte de survivre.

Il aimerait plus d’information. Mais les tremblements de la jeune femme lui indique clairement qu’elle n’est pas apte à réellement s’arrêter sur les détails. La mort de Preston ne l’affecte pas. Il ne l’a pas connu. Mais les larmes de Louve le touche. Alors Waban se redresse légèrement pour glisser la main sur l’épaule de la brune. Une façon de la rassurer autant que possible.

- Tu n’as pas à t’excuser. Tu n’es pas responsable.

Waban tentait de se convaincre qu’il s’agissait d’un concours de circonstances. Au final, il avait aussi fait des erreurs et essayait de ne pas s'autoflageller. Essayait.

- On s'ennsortira.

Le temps défile, mais en l’absence de fenêtre pour se repérer grâce à la course du soleil et de la lune, les jours se confondent, s’étirent et se raccourcissent tout à la fois. Louve ne peut même pas se fier aux repas qu’on lui apporte, parce qu’elle reste persuadée que les hommes qui la détiennent captive ne s’embarrassent pas de régularité à ce sujet. Il y a surement des jours où ils n’apportent rien, affichant ainsi clairement leur volonté de la maintenir en vie sans lui offrir plus de confort ou de soin que nécessaire. Surement qu’elle peut s’estimer heureuse de pas être abandonnée là à son triste sort, à attendre la mort avec la faim au ventre. C’est assez ironique finalement. Elle repense à ces longs mois passés à chercher la meilleure manière de mettre fin à ses jours, et maintenant que la menace devient plus tangible, elle réalise qu’elle veut vivre. A tout prix.

Alors elle mange. Elle boit. Elle essaye de dormir malgré la dureté du sol qui malmène sa nuque et ses vertèbres. Elle essaye de tendre l’oreille dans l’espoir de capter quelque chose. N’importe quelle information qui pourrait lui être utile. Elle a surpris des bribes de conversation quelques heures plus tôt, et la voix d’un homme s’inquiétant visiblement à propos d’une escouade qui ne serait peut-être pas revenue. Elle garde les noms qu’elle entend dans un coin de sa tête. Charlie. Bobby. Manson. Elle sursaute presque en voyant le premier apparaître à la porte de sa cellule, et la mine qu’il arbore n’augure rien de bon. Elle se lève et se recule, obéissante, parce qu’elle sent qu’il est surement le dernier rempart entre elle et les horreurs qu’on pourrait lui faire subir. « Je comprends. » Elle plonge son regard dans le sien, pas pour le défier, mais pour lui montrer qu'elle ne se démonte pas. Une légère commotion dans la cellule voisine lui fait tourner la tête l’espace d’une seconde, mais elle n’entend pas ce qui se dit de l’autre côté du mur. « Ne lui faites pas de mal, s’il te plait. » C’est une demande, mais sa voix ne tremble pas.

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