5:00 après l'explosion

Ce fut d'épuisement que Levi était tombé, le cul au sol, à plusieurs mètres du sables pour s'éviter les dégâts de l'explosion. Un soupir lui échappa, les muscles hurlant sa douleur, et l'impression pourtant dans sa tête que ça n'était pas terminé. L'homme s'était relevé ensuite, pour reprendre la direction du campement : à pied cette fois. La voiture avait servi de transport pour les corps proches de l'abri, les roues avaient éclaté sous le choc, le moteur avec, il n'y avait plus rien à sauver d'elle. Mais ce jour-là, elle lui avait clairement sauvé la mise.

Il ne pouvait pas dire si c'était vraiment terminé néanmoins. Plus de bruit au-dessus d'eux, plus d'obus, plus de grognements non plus. C'était éprouvant, mais tout laissait croire qu'enfin, New Eden en avait terminé avec cette offensive. Levi avait envie d'y croire, mais préférait ne pas prendre cette éventualité pour une certitude. Sans doute lui faudrait-il plusieurs heures pour vraiment admettre l'évidence. Quoi qu'il en soit, il retrouva quelques volontaires de passage, et leur lança un bref regard.

Faut faire le tour des décombres, voir si y'a des civils qu'on aurait manqué, leur indiqua-t-il. Plusieurs logements avaient pris des dommages, le dispensaire avait perdu de sa superbe, le laboratoire n'était pas rasé mais mettrait des mois à s'en remettre. Et avec tout ça, ils pouvaient encore s'estimer chanceux, c'était le pire.

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On peut sortir ? L'oppression de cet endroit commence à me donner le tournis et il devient difficile de contenter les enfants. Les portes de l'abri s'ouvrent et on nous indique que oui. Apparemment c'est fini pour cette première offensive, dans l'espoir que y'en aura pas une autre donc. Je souffle, attrape mes enfants, mon neveu, demande à Cole de m'aider. Je peux pas rester ici, j'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé : Venez, ils ont besoin d'espace pour gérer, que j'ajoute.

On finit par quitter l'endroit effectivement et rejoindre les autres. La lumière extérieure est aveuglante en contraste. On respire, l'air dehors a un parfum de sang, de poudre et de poussière. Je tousse, tenant Rafaël contre moi comme je peux, Esca n'a pas bougé, je jette un coup d'oeil à Cole qui doit tenir autant Esther que Clementine. Faut qu'on trouve Indiana évidemment mais mes pensées se tournent d'abord vers la personne la plus importante de ma vie :

Maddie ? Je l'appelle, sans la voir. Aidez-moi à trouver Maddie, ok ?

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Il m’avait fallu moins d’une minute pour regagner la place des discours, laissant derrière moi mon cortège explosif s’en prendre à un véhicule vide d’occupants. J’avais roulé tout d’abord lentement pour ne pas détourner leur attention vers moi, avant que le ferry ne tonne au lointain. Le bruit provoqué avait dû s’entendre jusqu’à Seattle, me laissant tout le loisir de passer les vitesses sur la moto de Zack en toute impunité.

Je poussai un profond soupir de soulagement, en ralentissant jusqu’à l’arrêt total. Entre temps, tous ceux qui avaient partagé mes galères des dernières heures s’étaient évaporés dans la nature. Sans Madisson ni Layla, je n’avais pas la moindre idée des ordres à suivre. Je restais planté là, le temps de reprendre mon souffle. Il ne me fallut pas attendre beaucoup plus pour entendre une soudaine explosion dans mon dos. Je sursautai, en manquant l’arrêt cardiaque, avant de réaliser que celle-ci avait été atténuée dans le conteneur qui trônait encore au milieu de la place des discours. « Putain… La peur de ma vie. » Je passai une main sur mes côtes douloureuses, mon brusque mouvement avait réveillé la douleur. C’était là qu’ils avaient planqué mes trois déserteurs après mon départ ? C’était bien joué.

Alors… C’était fini ? Je n’entendais pas la rumeur d’autres explosions après celle-ci, ni de troupes déployées au sol ou dans les airs… Non, rien d’autre que le silence. On pouvait enfin respirer ? Je me détournai de la place pour rejoindre le dispensaire, arrêtant la moto devant les portes qui n’étaient plus closes. Les blessés ne cessaient d’affluer suite à l'attaque aérienne. J’en repérai un qui avait été salement touché lors de l'assaut sur l'armurerie, son pote lui servant de béquille. Ils passèrent devant moi avant que ce dernier ne me fasse signe : « On n’a pas pu s’occuper des morts… » Ah… Merde. Je les avais oubliés ceux-là, avec l’urgence de la situation. Rien qu’à l’armurerie, on en avait laissé une bonne vingtaine sans se préoccuper de les trépaner. Je poussai un soupir retentissant. « Ok. J’y vais. » J’enfourchai de nouveau la moto de Zack, faisant vrombir le moteur. Je me reposerais quand je serais mort.

Spoiler:

Quelque part au loin, la sirène du ferry avait retenti, suivie d’une multitude d’explosions aux quatre coins du camp. Loin des morts, il avait attendu que le dernier éclair fasse rage et que l’orage se tasse. Maintenant, arpentant les bois, il n’y avait plus que le silence. Pesant et libérateur à la fois. Plus d’avions dans le ciel, plus de déferlantes de balles, rien. Il avait été heureux de constater que Zelda n’avait rien, mis à part son look Hannibal Lecter. Mais il ne servait plus à rien là-bas et le garde forestier avait rebroussé chemin jusqu’à l’armurerie, là où tout avait commencé… il n’avait aucune idée du temps écoulé.

L’adrénaline retombée, la fatigue commençait à se faire sentir alors qu’il se rapprochait de la place. C’est qu’il n’avait plus vingt ans merde. Son esprit a le temps de penser, trop sûrement. À la puissance de ces fils de pute. À la facilité avec laquelle ils leur étaient tombées sur la gueule. À quel point, dans le futur, ils ne seraient plus jamais totalement en sécurité, si tenté qu’ils l’avaient été.

Partout, des bâtiments touchés, des corps sur le sol, une odeur de fumée, de chairs putrides et de sang. Il relève son bras à hauteur de visage, emprisonnant son nez dans le creux de son coude. Il s’en était sorti sans rien. Malgré sa stupidité, et son impulsivité, il s’en était sorti.

Mais ici, tout n’était qu’un champ de désolation. La silhouette de Locke se profile non loin et il le rejoint, constatant les dégâts ici et surtout les nombreuses victimes. Certains visages familiers, d’autres beaucoup moins. “Increvables ces écossais…” souffle-t-il en tentant la touche humour, sans grande conviction. Faut dire que son acolyte avait une sale gueule. Et parce qu’il devine la raison de sa venue ici mais n’a pas envie d’y apposer des mots, pas comme ça, il se contente de balayer la zone du regard, sortant son couteau. “J’vais t’aider” glisse-t-il sobrement et avec une certaine amertume, pour tous ces civils qui n’ont finalement rien demandé.

Ils avaient cru en la sécurité d’un gros camp, et étaient devenus les victimes collatérales d’une guerre lointaine jusqu’à présent et qui venait de pulvériser leurs portes. Et prendre des vies. Trop.

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Finalement, on est embarqués par Layla pour filer un dernier coup de main sur le terrain d’entrainement. Et j’sais pas vous, mais perso, j’ai jamais trouvé que le temps pouvait être aussi long. Une poignée de minutes avant que tout pète, avant qu’on sache si c’est bon ou si un autre truc va encore nous tomber sur la gueule.

Je regarde dans le ciel, guettant un nouveau bruit de moteur, allié ou ennemi. Mais y a rien. Rien du tout. Je lance un regard en direction des autres et je commence à marcher en direction des abris. Marrant, du coup, je connais le chemin maintenant. Super marrant ouais. Faudrait aider les gens à sortir de là. Pourtant, je continue de tendre l’oreille. Parce que j’attends un bruit en particulier. Celui de ma moto. Et, au milieu de ce silence presque assourdissant, je finis par l’entendre. Je ferme les yeux et j’ai un profond soupir de soulagement alors que le bruit se rapproche. Je sais pas trop où est Locke, mais s’il est en suffisamment bonne forme pour rouler, c’est que ça va. Ca va aller.

Je me rends compte que j’ai les mains qui tremblent mais je soupire longuement avant de voir que les gens commencent déjà à sortir. Okay, ça doit rouler de ce côté-là. Il faut encore s’occuper des blessés, mais je serais bien infoutu de savoir où il faut les emmener. Et je me rends compte que, comme un con, je me dirige vers l’école. Pour voir si au final, ce putain de chien est toujours en vie. Sur le chemin, je me penche pour trépaner les cadavres qui jonchent les routes. Y a eu un paquet de morts au final, même si on peut dire qu’on a eu de la chance. Ca aurait pu être tellement pire. Et, à mesure que je marche, que je vois les dégâts, je me dis que le combat de Locklan va devenir le mien.

Spoiler:

L’explosion m’a glacé le sang mais visiblement, nous sommes parvenus à éloigner les morts suffisamment loin pour éviter un drame. Après avoir rejoint June en compagnie de Layla, nous échangeons brièvement puis je reprends finalement la place des discours à pied. Choquée et exténuée par l’attaque, marcher me fait étrangement du bien. C’est perdue dans mes pensées et couverte de sang de rôdeurs que je relève finalement la tête pour apercevoir un groupe de personnes devant moi. Je ne mets pas longtemps à reconnaître Casey et Cole. J’accélère finalement l’allure, jusqu’à courir pour le rejoindre. Je n’ai jamais été aussi heureuse de les revoir. J’entends Esther crier « tata » tandis que je croise le regard de ma grande sœur. Je finis par l’enlacer, la débarrassant de Rafael que je serre dans mes bras. « Ça va ?! Vous n’avez rien ? » Dis-je d’une voix inquiète mais soulagée de les retrouver en vie…

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