Qui se souvient de ses premières années de vie ? Les études prouvent que, chez les adultes, les premiers souvenirs remontent à l'âge de trois ans. Mais petite Molly n'a que de vagues souvenirs de sa vie d'avant. Son père était militaire, et sa mère institutrice. Même si après le changement papa et maman sont redevenus proches, elle ne se souvient pas de leur divorce, et des disputes. La mère de Molly ne supportait plus l'absence que créait le métier de militaire. Son mari partait parfois pendant des mois, sans donner de nouvelles. Il n'était même pas là pour la naissance de Molly, ce 21 janvier 2010. Un hiver particulièrement froid à Springdale, qui a congelé le cœur de cette femme, la poussant à demander le divorce, deux ans plus tard.

C'était en 2012, et Molly n'était encore qu'un jeune bambin. Elle ne se souvient pas de cette période, de ce déchirement entre ses parents. Elle ne se rappelle plus des pleurs de sa mère jusqu'à tard dans la nuit, ni même des coups de téléphone de son père pour essayer de la joindre. Finalement, deux ans plus tard et après une guerre terrible entre les avocats des deux parties, c'est sa mère, qui obtint sa garde. Molly, à ce moment-là, était plus proche d'elle que de son père, souvent en mission dans des lieux qui lui étaient inconnus.
L'enfant avait alors quatre ans. C'était en 2014.

L'année qui a suivi a été certainement la plus belle de sa courte vie. Maman était redevenue heureuse, elle avait fait le tri dans sa vie. Elles allaient ensemble aux jeux du parc, et mangeaient des glaces quand il faisait trop chaud. Quand maman avait du temps, elle prenait la voiture, et l'amenait voir Bob, un ancien chauffeur de bus reconverti dans l'agriculture. Molly avait le droit d'aller voir les poussins, les chèvres et même les vaches. Bob était gentil, et faisait rire maman avec ses blagues sur les animaux.
Elle était redevenue heureuse, mais pleurait parfois encore, et ça, Molly ne le comprenait pas. À ce jeune âge, on ne sait pas vraiment ce qu'est l'amour, avec un grand A. Aussi, comment aurait-elle pu comprendre que ses parents s'haïssaient autant qu'ils s'aimaient ?

Ces quatre premières années de vie à Springdale furent mouvementées pour la jeune Molly, née dans un contexte familial un peu fragile. À l'école, la petite était souvent seule, et n'arrivait pas à se faire des amis. En réalité, Molly préférait jouer toute seule, avec des peluches, des figurines, ou parfois même des cailloux. Son imagination était tellement débordante, qu'elle pouvait passer des heures entières à faire évoluer des jouets dans le jardin, en leur inventant une histoire, une épopée. Très disciplinée, Molly écoutait toujours sa maîtresse, et n'était jamais punie, contrairement à beaucoup d'autres enfants qui étaient parfois insupportables.  

Une fois par mois, lorsque les circonstances le pouvaient, elle avait le droit de passer un week-end chez papa. Il était tellement gentil. Avec lui, Molly avait le droit de faire plein de trucs interdits avec maman, comme par exemple se mouiller avec l'eau de la fontaine, conduire la voiture sur un parking le dimanche, voler les fruits dans les arbres du voisinage, manger devant la télé. Depuis le divorce, l'homme de 35 ans s'était trouvé un petit appartement à Deer Park. Molly aimait bien aller là-bas, parce qu'elle avait le droit de faire des dessins sur l'un des murs qu'ils avaient rebaptisé ensemble: Le mur du petit chat.

Octobre 2015
Sa mère avait entendu les informations à la radio, et à la télé concernant les émeutes. Au début, elle trouvait ça stupide d'autant médiatiser ces actes de violence. Elle craignait que ces mots fassent peur à Molly, qui rêvassait toujours en regardant à travers la fenêtre de la voiture. Lorsqu'un jour, elle apprit que les hôpitaux étaient débordés dans l'Etat de Washington, mais aussi en Californie, dans l'Oregon, dans le Montana, partout. En rentrant à la maison, elle avait essayé d'appeler sa sœur, Mary, infirmière à Portland. Elle s'inquiétait énormément pour elle.
Le lendemain matin, alors qu'elle s'apprêtait à amener Molly à l'école, elle reçut un appel de son ex-mari, la prévenant qu'il devait partir en mission dans un lieu secret. La situation avait dégénéré, il n'était pas au courant de tout, mais une chose était sûre: elle devait partir le plus loin possible avec la petite, rejoindre les camps sécurisés. Affolée, elle tenta de recontacter désespérément sa sœur, seule famille qu'il lui restait. A partir de ce jour, Molly ne retourna plus jamais à l'école.
Les médias locaux préconisaient de barricader les maisons, ou de se réfugier dans des endroits sûrs alors que les émeutes n'avaient pas encore touché Springdale, petite ville perdue du Washington. Mais l'agitation grandissante suffit à la mère de Molly pour prendre un choix: la fuite. Elle remplit la voiture avec deux grosses valises, et quelques cartons avec des choses importantes dedans: des souvenirs précieux, des bijoux de famille, les albums et cadres photos, des jouets, des boîtes de conserves et des sacs de couchages. A cet instant, elle n'imaginait pas vraiment que la fin du monde était en marche. Qui aurait pu y croire ?

Novembre 2015
Molly et sa mère se réfugièrent chez Bob, un ami fermier qui avait une grande maison et un grand jardin, à 15 min de Springdale vers le nord. Sa femme Paula avait un grand cœur, et s'occupait de Molly pendant que sa mère essayait encore et toujours de joindre sa sœur et son ex-mari, l'un après l'autre. Bob partait la journée pour récupérer des provisions au supermarché, et au bout de quelques semaines, il n'eut plus à payer quoi que ce soit. C'était la panique.
Un infecté a été signalé en ville, et tout est allé très vite. Bob a été témoin de ce morbide spectacle: les gens devenaient fous, gémissaient comme des bêtes et se jetaient sur les autres pour les dévorer vivant. Homme, femme, et enfant. Au lieu d'être solidaire, les gens se battaient pour les restes du magasin. Il avait bien failli se battre avec des jeunes une fois, et à partir de cet instant, il ne sortait plus jamais sans son fusil. Il ne comptait pas s'en servir (pas contre eux du moins), mais simplement dissuader ces "'p'tits cons", comme il disait.
Bob, Paula et la mère de Molly avaient deux choix: rejoindre un camp de réfugiés à Springdale et prendre le risque de se faire attaquer par ces choses sur le trajet, ou fuir au nord est vers la campagne, où les revenants seraient moins nombreux. Mais pour la sécurité de tous, le camp à Springdale était la meilleure des solutions... Jusqu'à ce qu'ils s’aperçoivent malgré eux, que la ville toute entière était entre les mains des choses.

Décembre 2015
L'hiver fut rude. Bien plus rude qu'ils ne le pensaient. Le petit groupe a fui vers la campagne, à Deer Meadows. Ils ont trouvé refuge chez une vieille dame, Janis, qui possédait une ferme là-bas. La petite Molly peinait à comprendre la tournure que prenaient les événements. Elle appelait les revenants "les gens qui puent", à cause de leur forte odeur de décomposition. Molly en avait vu un de près, à Springdale et il lui avait fait très peur. Ici à Deer Meadows, le temps s'était arrêté: la petite jouait avec la neige, et semblait avoir oublié les gens qui puent. Sa mère en revanche, ne vivait que pour une chose: retrouver sa sœur et son ex-mari, coûte que coûte. Les lignes téléphoniques avaient été coupées depuis longtemps maintenant, mais elle savait au fond d'elle qu'ils étaient en vie. Elle fit part de son plan à Bob et Paula, qui n'étaient pas d'accord avec elle: pas avec une fillette de 4 ans.
Mais elle avait pris sa décision. Si c'était réellement la fin du monde, il fallait qu'elle retrouve sa famille.

Mai 2016
Janis est décédée à l'âge de 76 ans, mangée par un revenant. C'était le 32ème qui a été vu à Deer Meadows depuis avril, et c'était celui-ci qui avait eu raison de Janis. Cet endroit n'était plus un lieu sûr. Il fallait fuir à nouveau. Bob et Paula décidèrent finalement de suivre la mère de Molly dans ses ambitions. Retrouver sa sœur et le père de son enfant était une motivation pour garder la foi, pour garder cette étincelle, l'espoir. Molly pleurait son papa souvent, et personne n'avait de réponse à lui donner. C'était insupportable. Pour la première fois depuis longtemps, le groupe quitta la ferme et fit en chemin une rencontre improbable. Un groupe de jeunes, trois garçons et deux filles d'une vingtaine d'années à peine qui conduisaient un van rouge. Ils étaient à la recherche du camp de réfugiés à Sprague, vers le sud. L'un des jeunes possédait un chien noir, assez gros, dont la voix était grave. Ce chien faisait peur à Molly.
Assez naturellement et sans trop savoir pourquoi, les deux groupes firent la route ensemble vers le sud. Ils avaient des objectifs différents mais l'union faisait la force, et les trois garçons étaient bien mieux bâtis pour se battre que Bob.

Été 2016
Le refuge de Sprague était un mythe. Avec l'arrivée de l'été, des tensions se sont créées dans le groupe. Le chien a mordu Molly au bras, et sa mère s'est jeté dessus avec un couteau. Les jeunes ont commencé à se battre, et Bob a dû intervenir rapidement pour éviter une mort inutile. L'agitation avait poussé le groupe à se diviser: deux des garçons étaient partis de leur côté, estimant qu'ils survivraient mieux tout seuls. A quelques minutes de Sprague, Bob a trouvé une petite d'or: un bus. Une fois les cadavres enlevés et le sang nettoyé, le groupe se remit en route vers le sud, vers Portland. Molly se rappelle très bien du jour où elle eut le droit de piloter le bus, sur les genoux de Bob.
Les gens qui puent étaient de plus en plus nombreux. Les grandes agglomérations étaient toujours envahies par les morts, et le groupe le savait. Avec le temps, la mère de Molly était devenue une redoutable guerrière: elle avait compris que la tête était leur seul point faible, et que le bruit les attirait. Munie d'une hache, elle passait souvent en première pour inspecter les lieux. En vérité, elle voulait se montrer forte pour sa fille, être son héroïne, inconsciemment.

Hiver 2017-2018
Alors que le froid s'installait dans l'Etat du Washington, la chance sourit au groupe de Molly: à Hockinson, à côté de Portland, un groupe de réfugiés avait monté un campement solide et fiable. Parmi eux, il y avait Mary. Les retrouvailles entre sœurs furent un moment chargé d'émotion, et la petite Molly pleura de joie en voyant un visage familier. Les gens qui puent étaient tenus à l'écart grâce à des stratagèmes efficaces, et pour la première fois depuis longtemps, Bob, Paula, les jeunes et la mère de Molly purent profiter d'un peu de répit. Ils étaient 25. Des hommes, des femmes, des enfants. Tous travaillaient au campement, avaient un rôle à jouer pour la survie du groupe. Mary a expliqué tout ce qui s'était passé depuis ce fameux octobre 2015. Elle avait vu la situation dégénérer, et comme tout le monde, elle était désemparée. Quittant ses fonctions pour tenter de survivre, elle a rejoint les autres médecins à Beaverton, et ils ont survécu quelques mois là bas. Au début, les pertes étaient immenses, et ses compétences en tant qu'infirmière ne pouvaient rien y changer. Puis ils ont rencontré d'autres gens, et se sont installés à Hockinson, plus au nord. Petit à petit, ils avaient réussi à créer un endroit à peu près sûr, proche de la grande ville pour aller y chercher des munitions, de la nourriture, et du matériel médical. Mais jamais elle n'aurait cru revoir sa sœur, et sa nièce, quelques années plus tard.
Molly se souvient encore de ce 21 janvier, où tout le monde lui avait chanté joyeux anniversaire, et lui avaient même fait des cadeaux. Mais surtout, elle se rappelle de cette trouvaille fantastique: des bonbons. La communauté avait été conquis par cette gamine au sourire éclatant, qui donnait une touche de vie au campement.
Bob s'occupait des véhicules, Paula faisait à manger et le ménage tandis que la mère de Molly s'occupait des enfants, et montait la garde la nuit. Petit à petit et sans s'en rendre compte, ils se sont installés.

Automne 2018
Molly s'était fait un copain: Lucius. Ensemble, ils faisaient les quatre-cent coups, et se risquaient parfois à sortir du camp, même si Molly n'aimait pas vraiment ça.
Un jour, Lucius a disparu. Il a accompagné des adultes à l'extérieur sans leur accord, et s'est fait surprendre par les gens qui puent. Quand elle a appris la nouvelle, Molly n'a pas pleuré. Elle a soupiré longuement, et a haussé les épaules. Mary était certaine qu'elle était en état de choc. Mais en réalité, la petite avait très rapidement tourné la page. Sa mère a eu une longue discussion avec elle, qui lui fit froid dans le dos. Molly expliquait que ça servait à rien de pleurer les gens qui mourraient, puisque de toute façon, on allait tous y passer. La mort faisait tellement partie du quotidien, qu'elle en devenait banale.
Le jour d'Halloween, le camp de Hockinson accueillit un petit groupe: deux femmes, et deux hommes, des anciens militaires. Molly et sa mère furent les dernières au courant. Lorsqu'elles virent l'un des deux hommes elles n'y revenaient pas: c'était lui. Il était en vie.
Molly eut du mal à reconnaître son père au début. Sa barbe avait poussé, et ses cheveux étaient coiffés en arrière. Mais sa voix elle, était restée la même. Petit chat.
La famille était réunie. Il n'était plus question de divorce, ni même d'animosité. L'important, c'était qu'ils étaient ensemble. La père de Molly avait déserté les forces armées lorsqu'il s'est rendu compte que la situation n'allait pas s'arranger. Il avait rejoint un petit groupe de survivants dans le nord de Seattle, mais il fut le seul à rester en vie. Il rencontra Zack, l'autre militaire sur la route qui menait à Preston. Zack avait entendu parler d'un campement, The Haven, et comptait bien s'y rendre. Le père de Molly lui, était motivé à retrouver sa fille et son ex-femme, à Springdale. Zack et lui sont devenus proches et finalement, ils ont pris la route ensemble vers l'est. Ils ont rencontré un petit groupe, qui se rendait justement à Hockinson. Parmi eux, il y avait une femme enceinte. Le groupe était faible, et le père de Molly savait qu'ils allaient mourir s'il ne les aidait pas. Alors, Zack et lui ont fait la route jusqu'à Hockinson, en espérant que le petit naîtrait dans de bonnes conditions, loin des revenants. Du petit groupe, ne restait plus que la femme enceinte et sa fille aînée. Les autres, avaient été dévorés vivants, ou exécuté après morsure. Jamais le père de Molly n'aurait cru tomber sur sa famille en venant ici.

21 Janvier 2019
Molly a passé le plus bel anniversaire de toute sa vie. Son père, sa mère, Mary, Bob, Paula, Zack et tant d'autres étaient autour d'elle. C'était d'ailleurs, la dernière fois où elle l'a fêté.

Août 2019
Des pillards armés jusqu'aux dents ont attaqué le campement. Beaucoup de gens sont morts pendant la lutte, les autres ont pris la fuite dans le bus de Bob, en direction de Castle Rock.
Paula n'a pas survécu. Pendant des semaines entières, Molly était restée à côté du veuf, sans rien dire. Il n'avait pas besoin d'entendre des mots réconfortants. Il voulait simplement faire le deuil, et la présence de Molly l'aida beaucoup.
Les provisions manquaient. Zack et Mary partaient souvent ensemble fouiller les magasins, les maisons en quête de nourriture encore comestible. Ils avaient l'air de bien s'aimer. Une attaque de revenant a tué deux autres personnes, et c'est ce jour là que le père de Molly lui a offert un couteau suisse. Pour se défendre, au cas-où.

Septembre 2019
Papa et maman se disputent à nouveau. L'un pense que Molly est assez grande pour participer aux expéditions tandis que l'autre, refuse catégoriquement de voir son enfant en dehors du bus sans surveillance. Finalement, Molly décida d'elle même de rejoindre les autres, armée de son couteau suisse. Elle voulait être utile, et avait insisté le fait qu'elle courrait vite, et qu'elle connaissait le chemin pour rentrer au bus si un problème survenait. Pendant quelque temps, elle fit ses preuves. Son père n'était jamais très loin d'elle. Mais contrairement à certains adultes, Molly avait un avantage: elle n'avait pas peur des gens qui puent. Elle s'en méfiait juste. Cela lui permettait d'être le plus calme possible, même dans un endroit insalubre et complètement infesté. Une fois, elle était même rentrée dans un magasin par le toit, suspendue à une corde. Au plus Molly participait aux expéditions, au plus la relation entre sa mère et son père se dégradait.

Décembre 2019
Zack a demandé Mary en mariage. Le petit groupe a fait une cérémonie, et Bob a joué le rôle du prêtre. C'était un chouette moment (Molly a même attrapé le bouquet de la mariée). A cette occasion, ils ont annoncé que Mary était probablement enceinte, et ils ont décidé de rejoindre le camp de réfugiés à Seattle, the Haven. C'était la chose la plus sûre pour le bébé, et pour le groupe. Partir en plein hiver augmentait leurs chances de survivre, car les gens qui puent sont plus lent, et ralentis par la neige. Les deux voitures et le bus prirent alors la route vers Seattle, dans l'espoir d'une nouvelle vie. En chemin, le père de Molly lui a appris à se servir d'un pistolet. Jusqu'à présent, elle n'avait pas eu à se battre contre les gens qui puent, mais dans la grande ville, cela risquait d'être différent. La petite avait beaucoup de mal à tenir l'arme dans ses mains, et se contentait de répéter qu'elle savait courir vite et qu'elle n'avait pas besoin d'une arme à feu.

10 Février 2020
Le groupe n'est pas parvenu jusqu'à the Haven. Des pillards ont volé les batteries des voitures, et siphonné le réservoir du bus pendant qu'une grande majorité du groupe était partie chercher des provisions. Comme si le sort s'acharnait sur eux, le soir même une vague immense de gens qui puent s'en est prit à eux. Molly est restée coincée à l'intérieur du bus. A travers les vitres, elle a vu Mary se faire dévorer vivante. Son père, sur le toit du véhicule, tirait à vue, et voyait le funeste spectacle. Bob s'était fait mordre, mais continuait de courir. Il se savait condamné et tentait de sauver le reste du groupe, en attirant les revenants plus loin. Zack et la mère de Molly ont fui vers un immeuble. Ils pensaient certainement que, une fois en haut, ils auraient plus de temps pour réfléchir à la situation.
En voyant la foule de revenant suivre son ami et son ex-femme, le père de Molly fit un choix. Il ouvrit la trappe du bus, donna à sa fille un revolver et des munitions. Il lui dit qu'il allait revenir la chercher, qu'elle devait rester cachée, et ne pas faire de bruit. Il l'avait appelé petit chat C'était la dernière fois que Molly vit sa famille en vie.

16 Février 2020
Son père était revenu. En puant. Elle était condamnée à pleurer en silence.
Molly ne savait pas ce qu'il s'était passé dans cet immeuble, mais une chose était sûre: elle était la dernière à être en vie. Les revenants ont continué à errer pendant un moment. Attirés par le bruit d'une voiture, les gens qui puent sont partis, et les rues ont commencées à se vider lentement. Une fois les vivres épuisées, Molly se risqua à rejoindre l'une des voitures pour récupérer des boîtes de conserves, et retourna au bus aussi vite que possible. C'était sa nouvelle maison.
Elle se savait seule désormais, et pouvait presque entendre les pas de la mort qui était en route pour venir la chercher.

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Molly commence sa journée en observant minutieusement à travers les vitres du bus. Elle repère s'il y des gens qui puent, ou d'autres humains. Jusqu'à présent, elle n'a vu que les revenants. Si la voie est totalement libre, elle se risque à rejoindre les voitures les plus proches, en laissant la porte du bus bien ouverte pour retourner s'y cacher si le danger surgit. Elle vole tout ce qu'elle peut: des couvertures, des boites de conserves vides, du papier, tout ce qui pourrait servir. A l'intérieur du bus, c'est un véritable dépotoir. L'odeur y est particulièrement désagréable, mais la petite s'y est habituée. Lorsqu'elle a vraiment trop faim, elle s'autorise à manger plus que d'habitude. Elle ne s'éloigne jamais du bus, et a même organisé un "coin à crotte" derrière la voiture la plus proche. Le soir, elle ferme les rideaux des fenêtres, et verrouille toutes les portes. Elle allume une bougie, et fait des dessins sur tout les supports qu'elle puisse trouver. Quand elle est trop fatiguée, elle grimpe au niveau des portes bagages, là où est installé son lit. D'ici, elle est en dehors de portée des gens qui puent, et peut peut-être éviter de se faire surprendre si des pillards tentaient de forcer la portière du bus.