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Jonah Moss

Dim 12 Jan 2020 - 22:56

JONAH
MOSS

WHO AM I
- Informations personnage -
Nom : Moss
Prénom(s) : Jonah
Âge : 51
Date de naissance : 12/02/1968
Lieu de naissance : Lamont, AB, CA
Nationalité : Canadienne
Groupe : THE HAVEN
Ancien métier : Chauffeur routier
Célébrité : Josh Brolin
- Défauts -
Abrupt
Impoli
Cynique
Misanthrope
Renfermé
- Qualités -
Combatif
Résilient
Honnête
Franc
Pragmatique

WHAT'S IN MY HEAD

- Psychologie du personnage -

Jonah est Canadien. On pourrait croire que cela fait de lui quelqu'un de sympathique, poli, souriant. Non, c'est faux. En fait c'est même un peu l'inverse. Pas qu'il soit désagréable, mais il est bourru. Au premier abord, il peut même paraître mauvais. Son langage cru donne toute de suite le ton, et le ton lui-même n'est guère chaleureux. Et ça, ça n'est que s'il juge bon de dire quelque chose.

Jonah porte sur les choses un regard acerbe. C'est peut-être un moyen de défense, face à une existence de plus en plus absurde. Ses traits d'humour sont toujours piquants, et parfois cachent une vraie critique, voire de la méchanceté. Dans ses manières aussi, l'homme se montre rustre. Il n'est pas galant, pas poli, n'a que peu de considérations pour autrui, l'homme des cavernes bas de plafond. Mais ce n'est rien encore ! Homophobe, xénophobe, misogyne… il n'aime pas grand monde, et ne se prive pas pour le faire savoir.

C'est peut-être pour toutes ces raisons qu'il n'a guère été entouré, depuis toujours. Les quelques liens d'amitié qu'il a pu tisser au fil du temps n'ont jamais été très solides. La vie de Jonah a beaucoup été faite de solitude, entrecoupée de quelques rencontres. Il n'y a qu'avec Suzan, sa femme, que les choses ont tenu plus longtemps. Mais ses traits de caractère ont fini par avoir raison de ça aussi.

C'est quelqu'un de solide, physiquement et mentalement. Entraîné à la boxe dans son adolescence, il sait cogner et encaisser, même s'il a surtout appris ça grâce aux coups de son père. Tout ça a fait que Jonah ne craint pas de se battre s'il le faut, et que même touché il est capable de se relever à chaque fois.

Malgré sa personnalité "particulière", Jon n'en a pas moins des qualités. S'il a quelque chose à dire, il le dit, et cela que ça plaise ou non. Ça a parfois ses inconvéniants et ça lui a parfois apporté des ennuis. Toutefois, il ne se laisse pas aveugler par ses préjugés, et il est capable d'admettre avoir tort ou de ne pas savoir quelque chose. Même si ça lui coûte.

Plutôt malin et débrouillard, Jon a appris ce qui lui était indispensable pour s'en sortir seul sur la route, lors de ses longs trajets. D'ailleurs, il n'attache guère d'importance à ce qui n'a pas d'utilité réelle et préfère se concentrer sur l'essentiel. Il ne garde que ce qui peut lui servir et se débarrasse du futile. Cela vaut pour tout, objets comme personnes.

En tant que chauffeur routier, Jon a un excellent sens de l'orientation, et il est capable de mémoriser un trajet en ne l'ayant fait qu'une seule fois. Il est également un bon mécanicien, mais ça n'est pas son métier. Disons qu'il est capable de faire les réparations les plus courantes, à force d'expérience.





WHAT AM I MADE OF

- Physique / équipement -

Jonah mesure 1m77 pour 90kg. Autant dire que c'est un gaillard. Ses mains – de vraies pognes – sont larges et puissantes, calleuses et rudes. Le travail manuel n'est vraiment pas un problème. C'est le type même du gros bras, à part qu'il en a quand même un minimum dans le crâne.
Il porte ses cheveux noirs d'une longueur raisonnable, et entretient une barbe qui accentue encore son physique peu chaleureux. Son visage reflète assez bien l'homme qu'il est, approchant la cinquantaine, loin d'être un débris, mais que la vie n'a pas épargné.
D'un point de vue vestimentaire, il privilégie l'aisance et l'utile. Jean solide, parfois pantalon cargo pour les poches plus nombreuses, chaussures robustes mais confortables, tee-shirt simple, et une vieille veste militaire quand le temps l'exige.
Il trimballe son nécessaire vital dans un sac à dos, porte un couteau de chasse à la ceinture et ne se sépare jamais de son énorme clé, qu'il manie comme un gourdin.


HEAR MY STORY




Born in Canada, made in pain


Jonah vit le jour à Lamont, dans la province d'Alberta, au Canada. Son père était employé dans une entreprise de débardage. Sa mère, il ne l'a que peu connue : elle est morte en couche, en donnant naissance à ses deux frères, des jumeaux. Il avait deux ans. Il ne lui en reste que de vagues images, pas de vrai souvenir.
Les garçons furent principalement élevés par leur père, aidé de sa sœur (une femme sèche et pas vraiment douée avec les enfants, qui passait plus de temps à regarder le téléachat qu'à surveiller ses neveux) quand il était au travail. Les petits Moss n'ont pas vraiment eu de parents, puisque le paternel travaillait beaucoup et n'était que peu de temps à la maison.

L'adolescence ne fut pas une partie de plaisir. Le père de Jonah mettait un point d'honneur à faire de ses fils des hommes avant l'âge. Il les emmenait chasser et pêcher dès qu'il le pouvait, mais le reste du temps… Il se servait de son ceinturon de cuir comme outil pédagogique. Un homme, un vrai, devait savoir se comporter comme tel, qu'il disait. Aussi punissait-il tout comportement qu'il jugeait ne pas en faire partie. Ce qui était plus que fréquent, chez des garçons de 10 et 12 ans. Jonah, pour son âge, était déjà costaud. Aussi il s'arrangeait pour que ses frères subissent le moins possible les coups du vieux, mais il ne pouvait pas tout prendre à lui seul.

À 14 ans, il obtint d'entrer au club de boxe. Pas pour se défendre, mais pour pouvoir s'échapper de la maison sans avoir à trouver une excuse bidon. À partir de là, Jonah devenait de moins en moins souvent la cible de son père, mais ses frères continuaient à subir sans qu'il ne puisse y faire grand-chose. Il se promit d'agir, le jour venu, mais l'image du père restait pour lui trop impressionnante. Mais un jour… Un jour…

Ses 16 ans furent pour Jonah une véritable émancipation. Lamont High était un petit établissement, mais n'était pas si mal coté. Pour passer le moins de temps possible à la maison, Jonah s'impliquait dans toutes les activités extrascolaires qu'il pouvait. Il travaillait bénévolement à l'entretien des structures de l'établissement, aidait au club de football pour l'entretien du matériel… tout était bon pour rester loin du paternel. Ses frères entrèrent dans la même école par la suite, et avaient aussi rapidement compris la combine, qu'ils appliquèrent bien volontiers.

À sa majorité, Jon – peu porté sur les études – n'avait qu'une hâte : partir. Il trouva le job idéal pour ça. Une place comme chauffeur routier. N'ayant pas le permis qui convenait, il était d'abord "copilote", et assistait son collègue pour les tâches mécaniques et la manutention. Il passa son permis et l'obtint, et un peu plus d'un an plus tard, il obtenait son camion et devenait lui-même chauffeur proprement dit. Ses deux frères se retrouvèrent à la maison avec leur père, sans Jon pour jouer les sacs de frappe. Il avait eu quelques scrupules à partir ainsi, mais il avait fini par se convaincre qu'il devait aussi penser à lui. La violence paternelle s'abattait donc maintenant sur les jumeaux, qui nourrissaient comme leur aîné le rêve d'un jour s'échapper.

Les frères de Jonah s'arrangèrent pour choisir des études qui plaisaient au vieux, mais qui les forçèrent à quitter la maison. Leur mère avait mis en place une épargne à la naissance de Jonah, l'avait étendue à ses deux autres fils pendant sa grossesse, et cet argent (qui avait continué à s'accumuler depuis lors) servit à financer cela. Le père violent se trouva seul, sans ses fils à martyriser. Il se rabattit sur la boisson, et les bouteilles tenaient moins bien le choc que les garçons.

Sans vraiment savoir ce qui l'y obligeait, Jonah continuait à rendre visite à son père. Quelque chose lui faisait pitié, à le trouver au milieu des cadavres de bouteilles, seul, aigri. Il remettait de l'ordre dans la maison et remplissait le frigo. Ses frères ne venaient plus. Ils avaient trouvé le moyen de s'éloigner de cette maison et ne regrettaient pas de l'avoir fait. Jonah soupçonnait son père d'avoir tenté une fois ou deux d'en finir, sans jamais en avoir eu la preuve formelle.

Jon voyagea beaucoup. Travaillant pour une entreprise de fret, il traversait le pays pour transporter les marchandises vers les États-Unis. Lui qui avant cela n'avait jamais traversé la frontière, il avait rapidement arrêté de compter le nombre de fois qu'il la franchissait dans l'année. Le boulot était dur, surtout l'hiver, et il forgea à Jonah un corps robuste, et le mental qui allait avec. Ce qui faisait de lui quelqu'un qui n'était pas particulièrement agréable de fréquenter. La faute de la route, ou de sa jeunesse chez son père.

Jonah avait 27 ans quand son père décéda. La nouvelle tomba brusquement, mais il ne pouvait pas dire qu'il ait été surpris, ni vraiment attristé. Évidemment, dire que ça ne lui avait rien fait aurait été mentir. Après tout, il s'agissait tout de même de son père. Il se rendit aux obsèque de cet homme qui lui avait appris à marcher, à faire ses lacets, à chasser et à pêcher, à réparer une bagnole, comme à esquiver un crochet du gauche ou à encaisser une correction sans broncher. Ses frères, eux, ne vinrent pas. Ou peut-être que si. Si c'était le cas, ils s'étaient bien gardés de venir lui parler. Convaincu qu'ils lui en voulaient, Jon ne chercha pas à renouer contact.






Together


C'était la veille de ses 30 ans queJonah rencontra celle qui serait sa femme. Les copains – les rares – et lui buvaient une bière dans leur bar habituel, pour fêter l'anniversaire à venir. Elle était au comptoir, seule. Elle attendait une amie. Jonah se rappelait qu'il n'avait plus vu qu'elle, une fois qu'il avait eu posé les yeux sur elle. Le reste, tout le reste n'était plus rien. Pourtant, il n'avait pas osé l'aborder tout de suite. Il était resté avec ses potes, bu quelques verres de plus, et finalement les gars étaient partis. Lui, il était resté, installé à l'autre bout du comptoir, et lui jetait de petits regards en coin, si disant qu'il n'arriverait jamais à aller parler à une fille pareille. Il n'eut pas besoin de le faire, ce fut elle qui vint lui parler. Pour lui demander une cigarette. Il lui répondit qu'il ne fumait pas. Elle se moqua gentiment de lui, en lui disant qu'elle avait remarqué le contraire. Il sourit. Ils parlèrent jusqu'au matin, poussés dehors par le patron forcé de fermer.

Ils se revirent souvent. Dès qu'ils le pouvaient. Elle s'appelait Suzan, et c'était la seule femme qui parvenait à respecter. Il était le molosse grognon rendu doux et inoffensif par la petite fille.
Deux ans plus tard ils se marièrent, et une année de plus s'écoula avant de voir la naissance de leur fille. Ils l'appelèrent Caroline, le prénom de la mère d'Jonah. Le camionneur fermé et mal dégrossi était transformé.





Gone


Les années passèrent. En faisant les dégâts dont seul le temps était capable. Le couple battait de l'aile, à cause du métier d'Jonah. Il était absent plus de la moitié du temps, et Suzan nourrissait des soupçons sur sa fidélité. Jonah avait beau essayer de la rassurer, ça ne marchait que temporairement, puis ça repartait.
Caroline avait 16 ans. L'âge qui faisait qu'une jeune fille était davantage une femme qu'une enfant. L'âge où les papas se font des cheveux blancs. Ceux d'Jonah restaient noirs, mais ça n'était pas faute de s'inquiéter pour sa fille. Dans son camion, il ne pouvait s'empêcher de l'imaginer faire le mur le soir, pour aller traîner avec des garçons. Ces petits cons, il savait parfaitement ce qu'ils avaient en tête. Qu'elle se ramène enceinte, et elle verrait comment ça se passerait.

Et elle rentra un soir avec quelque chose à dire à ses parents. Elle n'était pas enceinte, non. Elle venait leur présenter quelqu'un. Quelqu'un dont elle était amoureuse. Et c'était une fille. Une fille, les cheveux coupés courts, qui portait une petite veste ceintrée avec un tee-shirt qui montrait son nombril piercé. Pas vraiment un garçon manqué, et pas encore une vraie femme. Jonah perdit toute mesure.
« Est-ce que tu te fous de ma gueule ?
Jon...
Quoi, "Jon" ? Tu crois que je vais laisser passer ça ?
Calme-toi, et écoute-les, au moins !
Que j'écoute quoi ? Les caprices d'une ado, qui se croit déjà adulte ? Hors de question ! Quant à toi, écoutes bien : il est absolument exclu que j'élève une goudou sous mon toit !
Jon !
Mais papa...
Silence ! C'est moi, l'homme, ici ! Et tu feras ce que je dis ! Tu me fous celle-là dehors, et pas plus tard que maintenant !
Pas question !
Ne joues pas avec moi, jeune fille. Je suis encore ton père, et tu n'as pas ton mot à dire. Tant que tu vivras sous mon toit, tu feras ce que je dis. Ma maison, mes règles !
Mais, je l'aime ! »


La gifle, violente, mit fin aux éclats de voix et fit retomber le silence sur la maison. Caroline regardait cet homme qu'elle ne reconnaissait pas. Était-ce son père ? Qu'avait-elle fait pour qu'il la frappe ?
Suzan restait silencieuse, les mains devant la bouche, sous le choc. Jon, lui, s'en voulait déjà, mais il ne pouvait pas reculer.
« Elle part, tout de suite.
Pas sans moi.
Jon, arrête...
C'est vraiment ça que tu veux ? Que ta fille se tape d'autres filles ? La honte sur la famille ? C'est ce que tu veux ?
Je veux qu'elle soit heureuse !
Heureuse ? Mais c'est une dépravée ! Elle ne sera jamais heureuse de cette façon, elle finira par détruire sa vie !
C'est toi qui détruis sa vie, c'est toi qui détruis notre famille, si tu la rejettes.
C'est une blague ? Tu prends sa défense ? Et notre fille, où est passée notre fille ?
C'est elle notre fille ! Elle devient une femme, elle construit sa vie, et tu n'as rien d'autre à faire que d'accepter qui elle est. »


Une nouvelle gifle retentit, faisant monter le feu et le rouge sur la joue de Suzan. Le silence, de nouveau, se fit lourd, mais cette fois il dura plus longtemps, à peine troublé par les sanglots de Caroline.
Suzan ne disait plus rien. Son regard planté dans celui de son mari, elle n'émettait pas un son. Elle ne put cependant pas retenir la larme qui roula sur sa joue, pour tomber de son menton.

Jon se taisait. Il était allé trop loin. Il s'était comporté comme l'aurait fait son père. Était-ce dans ses gènes ? Ne pouvait-il être un homme bien ? Toutes ces années, il avait lutté contre, il avait fait en sorte de ne jamais s'emporter. Ce soir-là, il n'avait pas pu. Les choses lui échappaient, et il ne pouvait plus retenir quoi que ce soit. Ni sa colère, ni sa violence. Ni sa fille. Ni sa femme. Il quitta la maison, sans un mot, et claqua la porte.

Les liens entre Jon, Suzan et Caroline restèrent tendus, jusqu'au divorce, qui sembla être le déclencheur d'une paix, par le fait. Une fois le jugement prononcé et les termes du divorce établis, la seule chose qui liait Jon à son ex-femme était la pension alimentaire. 500 dollars qu'il versait mensuellement, creusant ses finances assez drastiquement et l'obligeant à travailler plus dur.
Il lui fallut plusieurs années avant de ne serait-ce que penser à ce que devenait Caroline. Il n'en restait pas moins amer. Une fois, il trouva la force de mettre son égo de côté pour tenter de la contacter. Tentative soldée par un échec. Depuis lors, il n'a plus eu aucun contact ni avec son ex-femme ni avec sa fille.






Some meat in the gears


Un nouveau trajet sur la route. Cette fois, il reliait Edmonton à Portland, via Red Deer, Calgary, Vernon, Surrey, Seattle et Olympia.
On était quand, déjà… il faisait chaud, un vrai four dans ce putain de camion… Ah ouais. Ça lui revenait. L'été s'attardait un peu cette année là. Déjà quatre ans et demi depuis le début de cette histoire de fou. On parlait partout d'agressions inexplicables. Des gens qui sautaient sur des quidams, sans raison apparente. On ne savait rien de tout ça, mais on nous disait que tout irait bien. Évidemment, ils ne pouvaient pas entretenir la psychose du peuple, vous imaginez bien.
N'empêche, Jon commençait depuis un temps à se poser des questions. On parlait de tout ça partout. La télé, la radio, au boulot, dans les journaux, sur internet… On voyait plus que ça. On ne parlait presque plus du reste. Un type s'était fait dévorer la figure par un cinglé, à Toronto. Ottawa faisait état de plusieurs attaques de ce genre, sans qu'on en sache plus. C'étaient surtout des histoires de grandes villes, mais c'était toujours inquiétant.
De l'autre côté de la frontière, les Américains parlaient des mêmes choses. Ça foutait les jetons, ces conneries. Où le monde s'en allait, comme ça ? Fatigué d'entendre toutes ces horreurs, il coupa la radio et décida d'écouter de la musique, pour changer d'ambiance. Il choisit un album dans sa discographie de Johnny Cash, et lança la lecture du CD.

Le mois de septembre, son soleil du Nord, la chaleur… C'était le trajet retour. La marchandise avait été déchargée, et Moss avait pris en charge une nouvelle cargaison, qu'il rapportait vers le Canada. Il était à 15 bornes d'Olympia, où il ferait une halte pour la nuit, qui ne tomberait pas avant plusieurs heures, mais il voulait profiter de la fraîcheur du début de soirée pour marcher un peu. Il avait quelques douleurs dans les pattes, il avait besoin de les faire remuer.

C'est à ce moment qu'un idiot de chevreuil sortit de nulle part. À cette vitesse, pas question de donner un coup de volant, et il n'avait pas eu le temps de freiner pour s'arrêter. Tout au plus avait-il ralenti, que le bestiau fut percuté par la calandre du camion. Le temps de s'arrêter, il s'était passé pas loin de deux cent mètres.
« Fait chier... »


Frein à main. Il devait aller vérifier l'étendue des dégâts. Il ne pensait pas que ça soit grave, mais il préférait regarder ça.
Descendant de la cabine, Jon eut un regard pour la bête, morte sur le coup, restée sur l'asphalte tiède. La traînée de sang était impressionnante, et une sacré quantité de boyaux avait été éparpillée un peu partout. Un tour du camion lui confirma la violence du choc. L'avant était éclaboussé de sang, et la calandre était déformée, à l'endroit de l'impact. Il était bon pour nettoyer tout ça : il y en avait jusque dans le radiateur. Il en avait pour moins d'une heure, mais il devait surtout vérifier que tout fonctionnait. Il préférait ça que de casser un moteur.
Retour à la cabine, chercher quelques outils, et ouverture du moteur. Comme il s'y attendait, rien de grave, à part de la viande, des poils et du sang à nettoyer. Il s'y mit de mauvaise grâce, mais il fallait ça pour pouvoir repartir.

Une fois terminé, il souffla un grand coup. Saleté de gibier… ça arrivait, mais tout de même… Ce chevreuil avait l'air affolé, dans sa manière de sauter le talus, de détaler sur la route. Qu'est-ce qui l'avait effrayé à ce point, hors saison de chasse ? Jon alla retrouver le cadavre, histoire de jeter un œil. Rien de particulier. Une bestiole morte, quoi. Dépité d'avoir perdu autant de temps, il alla rassembler ses outils et entreprit de reprendre la route. Mais alors qu'il allait remonter à son poste de conduite, quelque chose attira son attention. Quelqu'un arrivait, derrière. Une voiture. Appel de phares et klaxon en furie. Qu'est-ce que…

La voiture arriva à sa hauteur en ralentissant. Le conducteur avait l'air paniqué.
« S'il vous plaît, aidez-nous !
Qu'est-ce qu'il y a ?
Ma femme. On s'est arrêtés pour faire le plein, plus loin sur la 121… Elle s'est fait attaquer en allant aux toilettes !
Mais qu'est-ce que vous foutez là ?! Vous auriez-dû appeler les secours !
Personne n'a voulu nous aider… Tout le monde a foutu le camp. Cette femme, celle qui a attaqué Jordan… c'était comme ce qu'on raconte à la télé ! »


Jon ne voyait pas ce qu'il pouvait faire… A part appeler les secours via la radio, il n'avait rien pour aider. Pas de trousse de soin, rien.
« Écoutez… la seule solution c'est d'aller à l'hôpital… Moi je ne peux rien faire…
Vous devez nous aider !
POURQUOI ? Parce que toi et ta rombière êtes trop cons pour savoir quoi faire ? J'suis pas toubib, mon pote, je peux rien pour elle ! Trouve-lui un hosto, et bonne chance... »


L'automobiliste bafouilla quelque chose d'inintelligible, et repartit. Jon remonta à bord du camion, et reprit la route à son tour. Quel chiotte. Il avait plus d'une heure de retard sur le prévisionnel. Il devrait consigner ça dans son registre. Et il devrait partir plus tôt demain matin.

Il fit quelques kilomètres, et à la sortie du parc Millersylvania, il tomba à nouveau sur la voiture du couple en panique. La bagnole était arrêtée, fichée dans le fossé. Qu'est-ce qui s'était passé ? Une fine fumée blanche s'échappait de sous le capot. Le radiateur en avait pris un coup. Jon passa près de la voiture à vitesse réduite et arrêta le camion juste après. En soupirant, il sortit son triangle rétro-réfléchissant de sous le siège et descendit, pour aller signaler l'accident en amont. Il s'immobilisa à peine le camion dépassé. Les portières de la voiture étaient entrouvertes. Il s'approcha doucement. Le mari était sur le siège, la gorge arrachée.
Jon détourna le regard. Il n'était pas une petite nature, mais là c'était dégueu. Du sang partout. Le type était mort, c'était évident. Que lui était-il arrivé ? Bordel… Moss respira un bon coup. Il devait se concentrer. Il revint sur la voiture. Où était passée la femme ? Elle n'était plus à l'intérieur. Derrière, non plus. Merde… C'était quoi ce foutoir…
Un soupir rauque venait de derrière lui. Il se retourna pour trouver la femme du malheureux. Elle portait à la joue une vilaine blessure, qui laissait visibles ses dents, sa langue, le tout en une plaie sanglante et pas belle à voir.
« Nom de dieu… »


C'était tout ce qui lui venait à l'esprit, dans l'immédiat. La femme avait le regard étrangement fixe, et ne parlait pas. Elle ne faisait qu'émettre ce râle un peu bestial, très étrange. Elle avança vers lui à pas trébuchants, une main tendue vers lui.
« Faut… faut vous trouver de l'aide… votre mari… désolé. Il va falloir… venez avec moi, on va à l'hôpital... »


Toujours rien de prononcé qui ne ressemble à un mot. Ses doigts agrippèrent l'épaule de Jon. La poigne n'était pas celle d'une femme de son gabarit, en état de choc qui plus est. Non, c'était une force molle mais constante, quelque chose qui rappelait le froid d'un étau. La femme se mit à claquer des dents d'une façon qui faisait froid dans le dos, et les râles se faisaient différents, plus agressifs, plus forts.
Comme dans certains moments désespérés, Jon s'accrocha à un détail. Macabre, le détail. La femme avait un lambeau de chair qui lui pendait du visage, mais dans cet instant, Moss le vit avec une précision surnaturelle. Ce n'était pas la chair de sa blessure. C'était autre chose, coincé entre ses dents. Quelque chose se passa dans la tête de Jon, comme un instinct de survie qui lui hurlait de faire quelque chose.
Toutes ces agressions, ces gens bizarres, ces atrocités. C'était trop familier. Il se libéra brutalement de la prise sur son épaule, faisant chanceler la femme, qui s'étala sur la route, le visage contre le macadam. Elle se releva péniblement, pour tourner vers lui sa figure ravagée par le choc. Son nez s'était brisé, complètement dévié vers la droite, et ça pissait le sang.

En un réflexe inexpliqué, Jon balança ce qu'il avait sous la main. Son triangle de signalisation, dans son étui renforcé. Droit dans la tête de la femme. Il entendit un craquement écœurant. Le coup renvoya sa cible sur le sol, où elle s'immobilisa pour de bon. Plus de mouvement, plus de râle. Il l'avait achevée. Il l'avait tuée. Merde, il n'avait jamais tué personne avant. Un regard à son arme improvisée, et il la lâcha sur place. Le camion. Il devait retourner au camion. Il devait dégager d'ici. Il reprit la route en essayant de réfléchir à ce qu'il pouvait faire, maintenant. Se rendre à la police ? Hors de question, il n'avait aucune envie de finir au trou.
Il dépassa South Union et dévia son itinéraire vers East Olympia, pour s'arrêter vers Fir Tree. Un bled au milieu des champs, à l'écart des routes principales. Il prit une chambre dans un hôtel minable. Il verrait demain. Il passa une nuit sans vraiment dormir, à penser à ce qu'il lui était arrivé, en regardant les chaînes d'infos qui ressassaient toujours les mêmes couplets.





You don't choose your family


Il avait fui. Fir Tree ne valait pas mieux qu'un autre endroit. Pire même, puisque les gens ici n'ouvraient à personne, mort ou vivant. Cela ne faisait aucune différence pour eux, et Jon préférait ne pas insister et se faire accueillir à coups de fusil.
Il quitta donc Fir Tree, reprit le réseau secondaire vers Kellys Korner puis Union Mill. Après ça il pourrait récupérer la Highway 5, et tant pis pour ce que dirait Pete, son régulateur, pour les péages.
Jon fit un arrêt pour faire le plein de carburant, dans une des stations de l'autoroute. Il en profita pour se prendre un sandwich, régla avec la carte de la société, et repartit.

La panique s'était dissipée, il arrivait à réfléchir. La banlieue de Tacoma serait parfaite pour s'arrêter dans un motel et faire le point. Il doutait arriver à dormir après ça, mais il faudrait bien essayer.

Mais c'était sans compter sur le bordel qui régnait à Tacoma. De longues files de véhicules s'étiraient sur toutes les routes. Tout le monde semblait vouloir quitter cette ville. Vu l'heure, c'était pour le moins étrange. Et vu l'ambiance, il renonça à faire une halte ici.Pour le coup, la route était plutôt dégagée dans son sens de circulation.
Du moins, ça l'était jusqu'à Auburn. À partir de là, c'était le chaos. Les routes étaient complètement encombrées. Au final, Jon passa la nuit dans son camion. De toute façon, il ne pouvait pas avancer plus vite qu'à pied. Il se trouva un endroit où il s'arrêta, sur le bord de la route, et passa une des pires nuits de sa vie.

Au matin, il se remit en route. Il lui fallut presque la journée pour dépasser Kent. Le camion le lâcha avant Renton. Panne sèche. Il fallait l'abandonner ici. Jon attrapa son sac, y fourra les restes de son sandwich de la veille et une bouteille d'eau. Il emporta aussi une lourde clé, de celles qui n'avaient rien à envier à un pied-de-biche ou un démonte-pneu. Juste au cas où.

Ces saloperies qui arrivaient, c'était dément. Ce n'étaient pas juste quelques cas isolés. Les gens paniquaient autant que possible. Ils prenaient d'assaut les magasins, achetaient tout ce qu'ils pouvaient : eau, nourriture, piles, principalement. Il lui fallait un abri, et vite. S'il ne trouvait pas un endroit où passer la nuit, il serait dehors, et il préférait ne pas imaginer ce qui pourrait se passer.

Il trouva par hasard un type, qui lui fila un coup de main à se débarrasser de quelques cinglés qui le suivaient. À cette occasion, il dût tuer de nouveau. Volontairement, cette fois. Le gars l'emmena quelque part, où il disait qu'ils seraient en sécurité. C'était une maison, où des gens se rassemblaient. Un homme, Russel Tench, ouvrait sa maison à ceux qui en avaient besoin. Et Jon en avait besoin. Ils se lièrent, non pas d'amitié, mais d'une sorte de confiance mutuelle forcée par le besoin de survivre. Et tout allait du mieux possible, si tant est qu'on puisse parler ainsi.
Tout foutait le camp. On s'organisait pour obtenir des vivres, de quoi se défendre… mais c'était de la folie. Jon était volontaire pour toutes les sorties qu'il pouvait effectuer. Et ça lui avait donné la possibilité de voir de sacré atrocités. Dans le même temps, ils en apprirent un peu plus sur ce qui se passait.
Une véritable horreur. Les gens se faisaient attaquer. Les assaillants n'avaient qu'une manière de blesser : la morsure. C'était quoi, ce plan ? Mais ça, encore, c'était rien. Le pire de tout, ç'a été quand ils réalisèrent que les gens attaqués finissaient par mourir – lors de l'agression même, ou plus tard, d'infection – mais finissaient invariablement par se réveiller. Si réveil était le bon terme. Toujours était-il que les morts se relevaient pour s'en prendre aux vivants, grossissant les rangs de tous ceux qui semaient la terreur dehors. La seule manière de les éliminer pour de bon : leur fracasser le crâne. Tout était bon, mais le bruit les attirait, alors il valait mieux éviter les armes à feu.

Cela faisait quelques semaines maintenant que tout partait en couille. Des gens décidèrent de partir, vers le nord et le Canada. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, mais Moss devait se faire violence. Avant qu'il ne passe la frontière, la dernière fois, les médias relayaient les mêmes choses qu'ici. Ça ne devait pas être différent là-bas, maintenant. Autant ne pas risquer sa vie à bourlinguer, et tenter de survivre ici. Il resta, avec un groupe que Russel rassemblait autour de lui et des autres survivants qui habitaient la maison. Ils s'organisaient, toujours plus efficacement. Finalement, ils ne s'en sortaient pas si mal.





Take what is yours


Les mois avaient passé. Combien ? Un an, sûr. Peut-être deux. C'était devenu compliqué de situer les choses sur une échelle de temps. Jon n'avait pas tenu de journal ni de calendrier. Il voyait juste au jour le jour, sans vraiment penser à l'avenir, qui était trop incertain. Les choses avaient changé.
Les Mordeurs prirent la maison d'assaut. Trop nombreux pour être comptés. Le groupe avait été débordés, et ils avaient dû fuir. Dans le chaos, la fille de Russel avait été tuée. Pauvre gosse. L'enculé qui s'était servi d'elle comme appât pour échapper aux morts avait passé un sale moment, après. Tench réalisa ce que Jon savait depuis longtemps, mais ne s'avouait pas lui non plus jusque là : les morts étaient une menace, mais les pires étaient les vivants.
Russel prit avec lui les gars qui restaient, et ils continuèrent… à survivre. Du mieux possible. Cela impliquait de prendre ce qu'ils pouvaient, quand l'occasion se présentait, quitte à provoquer cette occasion. Ils s'attaquaient à de petits groupes, pillant leurs ressources. Il allaient vers le Nord, jusqu'à Delridge. Là, ils trouvèrent l'opportunité de s'installer. C'était une ancienne clinique. Mais c'était occupé. Russel s'en foutait, il voulait cet endroit, alors ils avaient préparé une attaque, et ils avaient réussi à prendre le bâtiment.

Il fallut plusieurs mois avant qu'on ne se rende compte que l'attaque avait eu des conséquences potentiellement dangereuse pour les gars de Tench. Il enrageait doucement quand les hommes revenaient avec des effectifs manquants. Un gars s'en prenait à eux, un gars qui était de ceux de la clinique qu'ils avaient attaqué. Ce mec… il avait la rage en lui. Quelque chose faisait qu'il ne renoncerait jamais. Jon connaissait ça, ce sentiment. Ce type n'arrêterait que lorsqu'il aurait obtenu ce qu'il voulait. Tout ça puait, selon Jon, mais il garda cela pour lui. Ils finirent par mettre la main sur ce mec. Ils le ligotèrent à un arbre, l'abandonnant à son sort face aux Mordeurs, nombreux.

Jon cogitait beaucoup, depuis un temps. Tout ça… à quoi ça rimait ? Fallait-il vraiment vivre ainsi, en privilégiant le groupe au détriment d'autres ? Clairement, oui. Mais là, ça allait trop loin. Il y avait forcément un autre moyen, même s'il ne voyait pas lequel. Pour le moment, tout ce qu'il savait, c'était que la situation était trop tendue. Tout ça finirait par dégénérer. Il devait trouver une solution, quitte à poursuivre seul, en attendant mieux.

Il profita d'une sortie de ravitaillement pour se faire la malle. Équipé comme à l'accoutumée, il partait pour deux ou trois jours, le temps de fouiller des maisons à quelques kilomètres de là. Il profita de ce qu'ils étaient tombés sur une dizaine de Mordeurs pour filer. Il se planqua dans un container à ordures, à deux rues de là, et attendit un bon moment. Quand il sortit, les gars étaient repartis. Jon se trouva un endroit où passer deux ou trois jours, avant de bouger à nouveau. Il s'installa dans une maison, dont il fractura la porte et élimina ses propriétaires morts avant de se barricader à l'intérieur en utilisant les meubles.

Il y vécut près de deux semaines, en sortant chercher des vivres dans les maisons voisines. Puis, il fut forcé de bouger encore. Il se fit donc de quoi tenir un peu, qu'il fourra dans un sac, et prit la route, en prenant soin d'éviter les endroits trop peuplés.





Lonewolf


Jon avait vécu des mois comme ça. Errant d'un quartier à un autre, faisant profil bas le temps d'une ou deux nuits, fouillant le voisinage en quête de vivres.
Seattle ne lui paraissait pas un endroit adapté. Il y trouvait de la nourriture au fil de ses pillages, mais il se retrouvait parfois coincé des jours au même endroit, à cause d'un groupe de Mordeurs qui s'attardait. Certains de ces troupeaux pouvaient dépasser la centaine d'individus. Jon se mit en tête que le mieux serait de s'éloigner des villes, d'aller se perdre quelque part dans un endroit isolé, y trouver une cabane ou quelque chose du genre, et d'attendre que ça passe. Ça finirait par passer.
Il avait oublié un simple détail. Cela faisait maintenant près de trois ans, ces histoires. Les quelques groupes de survivants qu'il avait croisé dernièrement à Seattle n'avaient pas fière allure. Les morts avaient eu raison de presque tous. Les seuls qui avaient pu avoir leur chance la devaient certainement à leur fuite vers les zontes rurales. Alors peut-être que c'était la meilleure solution.

Jonah prit la direction du Sud. Il voulait sortir de cette zone et gagner les régions boisées à l'Ouest. S'il pouvait, il s'installerait dans l'Olympic National Park.
Il mit trois semaines à rejoindre Tacoma, en évitant les grands axes, en privilégiant les petites routes et les chemins abrités. Il s'arrêtait fréquemment, chassait parfois pour éviter de puiser dans ses réserves. Mais il fallait reconnaître une chose : il n'était pas très doué pour placer des pièges.

À Des Moines, il fit la rencontre d'un brave type. Il traînait pas loin de l'église évangélique russe. Leur rencontre se fit sur un hasard : pris en chasse par un petit groupe de Mordeurs, Jon tenta de les semer en prenant dans le Underwood Memorial Park. Mais il tomba sur un autre groupe lorsqu'il arriva en vue du lycée voisin. C'est alors que Jon entendit une voix d'homme l'appeler et le guider. Il fit ainsi la rencontre de Rufus, un gars d'une cinquantaine d'années, taillé comme une allumette au régime sec. Son visage se perdait derrière une barbe digne d'un trappeur, mais on pouvait encore voir son large sourire. Rufus s'assura que Jon allait bien, et l'emmena jusqu'à l'endroit où il était installé. C'était un endroit calme, dans un quartier résidentiel entièrement vide de morts ou de vivants. Ils discutèrent longtemps, partagèrent un repas de gibier, et dormirent un peu. Rufus prit le premier tour de garde.
Au matin, alors que Jon avait pris la surveillance, Rufus se réveilla et lui annonça que cet endroit n'était qu'un campement occasionnel. Il vivait ailleurs, avec sa famille. Et que si Jon voulait, il pouvait les rejoindre, car il était un type bien.
Jon déclina l'invitation. Il devait continuer vers le Sud, gagner la 16, passer le Narrows Bridge et continuer encore.
« Il n'y a rien par là, mon gars. Rien d'autre que ce qu'il y a partout. Des morts. Rien d'autre. Y a que là où sont les vivants qu'il y a de l'avenir. Parce que tant qu'il y aurait des vivants, y aura de la bouffe. »
Le visage de Rufus avait changé. Plus de sourire. Plus d'yeux rieurs. Mais un rictus aux dents brunies. Et une main crispée sur un couteau rouillé.
Pour avoir croisé la route de quelques cannibales, Jon savait ce que Rufus voulait dire. Et il s'était laissé avoir comme un bleu. Rufus ne voulait pas inviter Moss à vivre avec sa famille, il voulait l'inviter à un repas. Pas comme convive, mais comme plat de résistance.

Les doigts de Jon se refermèrent sur sa clé, et en une fraction de seconde, la boîte crânienne de Rufus éclatait d'un son mat, éclaboussant le mur de sang et de matière blanche. Il était plus que temps de reprendre la route.






Man(un)kind


Depuis qu'il voyageait seul, Jonah se rendait compte un peu plus chaque jour que la survie était bien différente qu'en vie de groupe. Ça avait ses bons côtés : il était plus facile de se déplacer discrètement, la nourriture – difficile à trouver – durait plus longtemps, et il n'y avait personne à attendre, à surveiller, personne dont il faille se soucier. Hormis cela, il était certain que la recherche de ressources était plus difficile, et plus dangereuse aussi. Les quelques fois où il avait croisé la route de survivants, il avait dû s'assurer de ne pas tomber sur un groupe, au cas où cela doive tourner au vinaigre. Un type ou deux, il pouvait gérer, mais il s'agissait de ne pas se retrouver avec six ou sept gonzes sur le dos. Les Mordeurs ne représentaient pas une menace importante. Un mort isolé n'était pas plus dangereux qu'un débris traînant sur la route. Deux ou trois, c'était toujours jouable. À partir de dix, ça devenait compliqué de s'en occuper mais pas impossible. La fuite restait un bon moyen de s'en sortir, vu que ces trucs ne pouvaient pas courir. Au-delà, c'était autre chose, mais c'était plus rare aussi.

Les vivants étaient bien les pires. Ils pouvaient s'organiser, communiquer, établir des plans et des stratégies, et ils étaient difficiles à détourner de leur objectif par un simple stratagème. Si des types avaient décidé de vous prendre le peu que vous possédez, ils y arrivaient généralement sans trop de difficultés, à moins de tomber sur un demeuré. Ou un gars déterminé.
Et puis il y avait les autres, les lâches, ceux qui ne s'en prenaient qu'aux plus faibles pour s'assurer de ne pas prendre de risques. Ceux-là, Jonah les méprisait. C'était ce qu'il s'était passé le jour de son arrivée à Tacoma.

La nuit s'était installé depuis peu de temps, Jonah s'était planqué dans un bosquet sur la rive Nord pour laisser passer un petit groupe de Mordeurs. Le groupe traversait une pâture et s'étirait lentement en direction de l'Est, grognant et râlant, comme d'habitude. Quand ils furent loin, le soleil avait disparu derrière l'horizon et Jonah pût sortir de son buisson pour continuer sa route. Il n'aimait pas bouger de nuit, et il allait devoir trouver un endroit où atttendre le matin à l'abri.
Une belle quantité de débris de bois flottait à la surface de l'eau, certainement arrachés par une tempête et mis à l'eau en amont. Arrivés jusqu'ici, ils descendaient lentement vers l'océan, mais certains s'échouaient sur quelque banc de vase et restaient coincés là, formant une digue flottante assez conséquente. Cela permit à Jonah de traverser à pied sec.

Il se retrouva dans un vaste terrain qui avait dû être autrefois une casse automobile, ou quelque chose du genre. De nombreuses épaves de voiture y étaient abandonnées, au milieu des herbes hautes qui avaient repris possession des lieux. Jonah se dirigea vers une vaste zone boisée, qui cachait quelques maisons. Jonah s'immobilisa quand il entendit un hurlement. Sur le coup, il ne savait pas dire s'il s'agissait d'un animal ou d'une personne. Les éclats de voix qu'il perçut ensuite furent un indice. Nouveau hurlement. Pas de doute cette fois, c'était celui d'une femme.

Au fur et à mesure qu'il avançait, les voix se faisaient plus distinctes, au point de pouvoir entendre certains mots, et la conversation n'était clairement pas amicale. Soudain, plus un bruit. Le silence ne fut brisé que par des grondements de moteurs, qui s'évanouirent au loin. Jon attendit quelques instant avant de se remettre en marche. Il traversa Waller Road, passa sous le couvert d'un petit bois et arriva rapidement dans une clairière. Il s'arrêta en entendant quelqu'un.
« Non ! Pitié ! Laissez-nous… Laissez-nous... »
Prudemment, Jon avança. Il ne distinguait qu'une forme dans la pénombre, à peine éclairée des dernières lueurs du jour. Il leva les mains pour signifier qu'il n'avait aucune intention funeste.
Il fut bientôt assez près pour voir qu'il s'agissait d'une femme agenouillée. Près d'elle, un homme était allongé. En bien piteux état, à en croire la grimace sur son visage et la large tache sombre qui maculait sa veste.
« Qu'est-ce que vous voulez ?
Qu'est-il arrivé ?
Ces hommes sont sortis de nulle part. Nous traversions le parc… ils nous sont tombés dessus… Troy a essayé de les convaincre de nous laisser, mais ils n'ont rien voulu savoir.
Ils… ils voulaient… nous prendre...
Ils voulaient tout nous prendre. Nous n'avions que peu de choses, ils n'ont rien voulu savoir.
J'ai… Je les ai laissé prendre… ce qu'on avait… mais…
Nos filles, ils ont pris nos filles ! »

Ces salopards cherchaient à rafler absolument tout ce qu'ils pouvaient. Bouffe, matos, et même des gens. Des filles. Vu l'âge apparent de ce couple, elles ne devaient pas avoir plus de 12 ans. Seule la morale pouvait empêcher d'imaginer ce qu'ils feraient d'elles. Au mieux, elle serviraient de repas. Au pire… elles vivraient quelques temps, les pires moments de leurs jeunes vies. Pour ça, il ne pouvait rien faire pour aider ces pauvres gens. Les enflures devaient être déjà loin.

Jonah se pencha sur l'homme blessé. En y regardant de près, il pouvait voir qu'il avait reçu plusieurs coups de couteau au ventre. C'était moche. Il n'avait aucune chance de s'en sortir.
« Aidez-le, je vous en supplie !
Je ne peux rien faire… Il lui faudrait de vrais médecins, peut-être un chirurgien, et je ne suis ni l'un ni l'autre.
Il va mourir ?
Oui.
Faites quelquechose, s'il vous plaît !
Les cris de la femme étaient déchirants. Mais elle allait vite devoir la boucler, avant que tous les Mordeurs des environs n'aient l'idée de venir voir ce qui se passait.
Calmez-vous et arrêter de hurler comme ça.
Aidez-nous, aidez-le !
Lauren... »
Troy prit la main de sa femme et la serra. Elle porta sur lui un regard qui montrait comme elle refusait de comprendre ce qui allait se passer. Pourtant, elle allait devoir l'accepter.
« Je n'ai… je vais…
Il va mourir. Ensuite, il se relèvera, comme ils se relèvent tous.
Certainement pas.
Troy !
Lauren… il n'est pas… question que… je devienne… comme ça.
Écoutez… je ne peux pas être d'une grande aide, à part pour ça. Il ne s'en sortira pas, c'est une certitude. Ça sera long, peut-être des jours, et ça sera pénible. Épargnez-lui ça. »
Depuis que ce monde était parti en couille, tout avait pris une autre dimension. La vie, la mort, et tout ce qu'il y avait entre les deux. Tout était devenu différent. Avant, quand on perdait quelqu'un, on faisait comme n'importe qui : on pleurait, on passait par toutes les étapes du deuil, et ça prenait du temps. Maintenant, la survie imposait de faire plus vite pour revenir à l'essentiel : la vie continuait. Et plus que jamais depuis bien longtemps, qui n'avait pas les capacités se voyait éliminé, d'une façon ou d'une autre. Si cette femme voulait continuer de vivre, elle allait devoir se trouver une raison de le faire et dépasser la mort de son compagnon.
« Soit vous me laisser l'aider, soit je pars tout de suite.
Lauren… s'il te plaît… les filles ont besoin de toi…
Je ne sais même pas où ils les ont emmenées ! Je ne veux pas te laisser !
Je t'en prie… Pars, trouves-les… Laisse-le faire ce qu'il peut… »
Après un instant à secouer la tête, la femme finit par se résoudre. Elle serra son homme un long moment, lui murmura quelque chose que Jonah n'entendit pas. Puis elle l'embrassa une dernière fois et s'éloigna. Jonah redressa Troy, l'attrapa sous les aisselles et le traîna jusqu'à un arbre où il l'adossa. Il semblait se trouver quelque peu soulagé. Il adressa un geste à Lauren, qui le lui rendit avant de disparaître derrière un gros chêne.
« C'est quoi votre nom ?
Jonah.
Jonah… faites-ça vite… et promettez-moi de… d'aider Lauren… nos filles…. »
Jonah empoigna son énorme clé et la leva doucement. Avec un swing digne d'un champion de golf, il fracassa le crâne de Troy contre le tronc d'arbre. Le corps sans vie de l'homme retomba sur le côté.
Il n'avait pas promis. Hors de question. Il ne s'encombrerait pas d'une bonnefemme en deuil qui ne voudrait que rechercher ses deux filles, alors que celles-ci étaient certainement maintenant les deux pauvres esclaves d'un groupe de tarés. S'il cédait à ça, il y resterait, c'était sûr. Si Lauren était taillée pour la survie, elle dépasserait tout ça.

Jonah s'approcha de Troy, essuya sa clé avec un pan de chemise du malheureux et se releva.
« Désolé, mon vieux. »
Il n'y avait rien d'autre à dire.

Sans un regard pour la jeune veuve, il reprit sa route d'un pas rapide, en s'appliquant bien à s'éloigner d'elle.






Am I savage ?


Les jours suivants ne furent qu'une succession de tâches aussi ingrates que familières. Entrer dans une habitation, éliminer les éventuels occupants que l'intrusion avait rendu colériques en plus de nauséabonds, et fouiller les lieux. Une fois terminé, passer à la maison suivante, et ainsi de suite. Jonah fit ça chaque matin, puis passa ses après-midi à marcher en direction du centre. C'était le chemin logique pour gagner le Narrows Bridge et traverser. Il était persuadé qu'en allant vers les régions boisées et reculées, il pourrait peut-être oublier que l'humanité avait presque disparu au profit des cadavres.

Ce qu'il ignorait, c'était ce qu'il lui arriverait avant ça.

Le centre de Tacoma était relativement calme. Les morts n'y étaient pas particulièrement nombreux. Disons qu'il avait vu pire. Il y avait quelques survivants, organisés en petits groupes. Jonah avait pris soin de les éviter, sachant bien comment ça pouvait se terminer.
Sa vigilance n'aura pas suffi à lui éviter les problèmes. Confronté à plusieurs Mordeurs, il s'en fallut de peu pour qu'il n'y passe. Sans l'intervention d'un inconnu, c'en était fini. Jon lui renvoya l'ascenseur, par souci d'équité plus que par humanisme, mais légèrement blessé, il s'arrangeait bien de l'aide de l'étranger.
Le type disait s'appeler Duncan. Il parlait d'une communauté, pas très loin. Il n'avait pas l'air chaud pour donner des détails. Malgré ça, Jonah exprima son intérêt, surtout parce qu'il ne cracherait pas sur un endroit sûr le temps de se rétablir. Duncan sembla hésiter, puis céda finalement et emmena Jon avec lui.

Un endroit avec des gens. Rien que d'y penser, Jon en avait la nausée. Il y avait fort à parier qu'on lui imposerait un paquet de choses dont il n'aurait rien à foutre. Mais si ça pouvait lui assurer un peu de sécurité et de confort, au moins temporairement, il essayerait de se tenir. Autant que possible.


Jonah passe la majeure partie de son temps à rechercher de quoi manger. Avec la disparition graduelle des stocks de vivres disponibles, obtenir de quoi faire la journée pouvait s'avérer long et fastidieux. Il a développé quelques compétences dans la pose de pièges et de collets pour le petit gibier, mais ça n'est pas encore suffisant pour se garantir un repas quotidien, loin de là.

Lorsqu'un secteur est trop dépourvu de ressources, Jonah rationne ce qu'il lui reste et change d'endroit. Après deux ou trois jours de marche, il se trouve un point de chute et s'installe, et le manège recommence.

Parfois, il trouve un véhicule avec un fond de réservoir suffisant pour démarrer et faire quelques kilomètres. Il lui est aussi arrivé de désosser en partie une voiture pour récupérer ce qui pouvait être utile.


Time to meet the devil

• Pseudo (sur internet) : Ju
• Âge irl : 36
• Présence : Régulière – minimum 2 posts par semaine (sauf contretemps)
• Personnage : Inventé [ X ] / scénario/prédef [ ]
• Code du règlement : Validé par Markus

• Comment avez-vous découvert le forum ? :
J'ai déjà joué ici, il y a un moment
• Qu'est-ce qui vous a convaincu de vous inscrire ? :
BESOIN DE RP !!!
• Crédits (avatar et gifs) :
/



passeport :
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Re: Jonah Moss

Dim 12 Jan 2020 - 23:03

Salut et bienvenue à toi Jonah ! ^^



bienvenue sur le forum !

Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :

1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours. Un délai supplémentaire peut être accordé par un membre du staff sur demande.

2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.

3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.

4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire ! Si tu choisis d'intégrer le groupe des Travelers, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.

5 – Si tu comptes jouer un Remnants et que ton personnage est intégré au camp avant juillet 2019 dans son histoire, il se peut que celui-ci ait été vacciné contre le virus qui transforme en rôdeur. Pour savoir si c'est le cas, rendez-vous ici.

6 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.

7 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.



Bonne rédaction !


N'hésite pas si tu as des questions !
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Re: Jonah Moss

Dim 12 Jan 2020 - 23:34

Bienvenue !
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Re: Jonah Moss

Dim 12 Jan 2020 - 23:50

Rebienvenue par ici et bonne rédac' !
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Re: Jonah Moss

Dim 12 Jan 2020 - 23:54

Bienvenue collègue routier ! Wink



☠️ I swore to protect and defend the constitution against all ☠️
enemies foreign and domestic. I'm honored to be
one of this Great nations guardians.

Spoiler:
Clayton Buchanan
Clayton Buchanan
The Nomads
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Re: Jonah Moss

Lun 13 Jan 2020 - 3:44

Bienvenue Jonah :MisterGreen: Bon courage pour la rédaction de ta fiche!
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Re: Jonah Moss

Lun 13 Jan 2020 - 4:41

Bienvenue par ici Jojo ! =D

Bon courage pour ta fiche ! bounce
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Re: Jonah Moss

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