Les éclats de voix qui retentissaient depuis l'extérieur attirèrent brièvement l'attention de la grecque alors que Romy annonçait qu'elle souhaitait les suivre. Elle chercha mécaniquement le regard froid de Selene, avant de consulter Roza, puis Connor. Elle savait le rôle qu'avait joué l'égyptienne dans la libération des otages. Elle savait aussi que la russe et son compagnon la tenait en estime, et pour cette raison elle refusait de renvoyer dehors ces deux femmes. Qu'importe ce que pourraient penser les autres ; quiconque se battait pour eux, avait sa place parmi eux. Elle s'approcha en réprimant un rictus douloureux des deux cousines posant une main sur l'épaule de Romy. « Vous êtes chez vous avec nous. Personne ici ne vous force à suivre Roza. » Personne. Et blessée ou non, elle défiait quiconque de le faire, tiens. « Il n'y a que Riley qui ait les jambes pour de toute façon. » ajouta-t-elle sur un ton plus léger, en adressant un long regard aux deux femmes qui avaient exprimé leur volonté de repartir sur les routes. Elles n'étaient pas exemptes de tout reproche, c'était certain. Mais sans elles ils seraient encore tous sous l'emprise des esclavagistes.

L'apparition de Damian, accompagné de la petite Hope sembla figer la pièce. Le regard sombre de la jeune femme se posa tristement sur la fillette aux yeux encore rougis. Elle ne remarqua pas que Connor avait quitté la pièce. Ce ne fut qu'après, lorsque les cris de Ash résonnèrent entre les couloirs encore imprégnés d'une odeur de mort qu'elle comprit. Face au renoncement de la blonde, le sportif choisissait d'employer la manière forte. D'enfoncer la porte comme le bourrin qu'il était devenu. Evidemment, la méthode ne séduisait pas l'assemblée. Des protestations s'élevèrent, des gens qu'elle aimait s'interposaient, se déchiraient. Elle aurait voulu dire à son compagnon de relâcher la jeune femme, que personne ici ne la laisserait derrière eux de toute façon. Mais il y avait ce sentiment qui brûlait férocement sous sa poitrine, cette conviction inébranlable en laquelle elle choisissait de parier. Elle avait confiance en lui. Même si l'homme froid et sauvage qui se cachait derrière cette barbe de plusieurs jours lui renvoyait l'image d'un inconnu par instants, elle savait qu'il n'y avait rien de plus que cette rage de sauver ceux qu'il aimait pour lui dicter ses actes.

En dépit de la douleur qui irradiait toujours sa jambe alors qu'elle n'était pas décidée à la ménager, elle vint à hauteur de Addi, Finan, Jesse, Shaw et Daniella. « Il va la ramener. Vous le connaissez pas pour la plupart, et pour une première impression c'est pas l'idéal j'en conviens. Mais si vous n'avez pas confiance en lui, vous n'avez pas confiance en moi. » Le ton était donné. « Il va la ramener. » promit-elle en regardant successivement ses amis, avant de se retourner vers Selene. « Ton homme là, il est conscient des risques qu'il prend s'il nous accueille ? Il est prêt pour ça ? »

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Merci Elena, MERCI ! La russe lui rendit alors un regard plein de reconnaissance, les cousines seraient en sécurité, loin de cette vie, loin de la prostitution, et c'était tout ce qui comptait à l'heure actuelle, ou presque... Connor débarquait en force avec Ashley et quel bordel... il avait su attirer les foules avec sa sortie musclée alors que ça beuglait dans tous les coins. La russe ne se laissa pas impressionner et profita de la situation pour se rapprocher de l'entrée afin de laisser le sportif sortir. Pourquoi ? La confiance, voilà ce que c'était, plus d'un an à ses côtés à arpenter les routes dans un camping car à la recherche des pillards, ça avait ce don d'aider à nouer des liens, des solides liens ! Si la slave pouvait lui confier sa vie, elle pouvait sans mal lui confier celle d'Ashley, elle y croyait, Connor arriverait à la résonner !

À la remarque du sportif concernant un futur rendez-vous au no Man's Land, elle lui rendit un signe de tête et vit Selene surgir de son angle pour intercepter le "kidnappeur". "Désolée.." De son épaule valide, elle donna un petit coup à la cheffe de la prison et assura sa chute avec un pied bien placé derrière, juste où il faut pour couper son élan... C'était pas très loyal, surtout qu'il s'agissait de Selene, mais que pouvait-elle faire d'autre pour laisser Connor résonner Ashley ? Pas grand chose... Et l'on parlait là de la vie d'Ashley, une amie de l'ancien temps et surtout quelqu'un de précieux à ses yeux. "LAISSE ! Il sait ce qu'il fait ! Fais lui confiance ! Fais moi confiance !" Fais nous confiance..., enfin, ouais, autant demander à une vache de se détendre avant sa visite à l’abattoir, Selene et la confiance, ça faisait cinq, six, même dix. Pas faute d'y avoir pourtant mis les moyens : Roza avait aidé à armer la prison, elle avait mis sa vie en jeu pour rapporter le blindé, les M4, les gilets par balles, les grenades et avait même aidé pour mettre en place aux côtés de Sarah l'avant poste de la prison... Elle n'avait également jamais cessé d'arpenté les environs pour trouver les pillards, jusqu'à trouver Romy et en faire une taupe, jouant ainsi avec une vie innocente, que le diable l'emporte...

Elle avait fait beaucoup pour cette guerre, mais sans doute pas assez aux yeux de la musicienne. Heureusement pour elle, Elena reprit la parole en se portant garante pour le sportif et la russe s'éloigna aussitôt de Selene de quelques pas en arrière. Connor avait intérêt à réussir son coup, la tatouée restait bien conscience que son geste ne resterait pas impuni de la part de Selene, de sa part ou de celle de sa bande... Aussi, elle leva une main en l'air, signe de reddition, elle était prête à recevoir quelques coups pour Connor et sa tentative de résonner Ashley, ça en valait bien la peine...

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La situation s’était emballée dès que Connor avait disparu de leurs champs de vision à tous pour revenir avec Ashley sur l’épaule. Même Andrea ne l’avait pas vu venir, mais quand l’agitation submergea tout et qu’elle en vit certains partir en surenchère, elle fut contrainte d’intervenir. Sa main valide se saisit du bras de Frederik pour l’empêcher de faire quelque chose de profondément stupide. D’un regard ferme, mais qui lui disait combien elle comprenait son inquiétude et sa colère, elle lui souffla dans la foulée :

« Calme-toi, on n’a pas besoin d’en venir à ces extrémités. » La fatigue et le chagrin faisaient faire des bêtises, et elle était la première à le savoir.

Mais il ne fallait pas rajouter des regrets désormais. Commettre des choses qu’on savait encore plus impardonnables avec des alliés. Il y avait des histoires qui devraient se régler dans le secret, auxquelles tout le monde n’avait pas voix. D’un air compréhensif, elle invita Frederik à revenir à ses côtés quand Elena prit le devant sur les explications. Plus qu’un pas à franchir, et tout le monde pourrait plier bagages.

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J'avais opté pour la voie de la sagesse on va dire, je suis pas très doué en deuil.; mais je fais comme je peux. Et en redescendant en tenant la main de Hope, le spectacle que je découvre n'a pas vraiment changé, hors le fait que cela semble s'envenimer. Nan mais les gars ! C'est pas le moment de brailler comme des veaux sur tout le monde. Je serre un peu plus la main de la petite blondinette quand Musclor Débilos arrive à ma hauteur et m'agresse à moitié en me demandant si Ashley et seul, je ne réponds rien. Si elle est seule ça la regarde, elle a besoin de ce temps, ça ne sert à rien d'aller la parasiter. Puis il me jette quasiment à la tronche que je dois garder Hope. Ouais bah c'était le but, crétin ! Je prends donc sur moi pour ne pas m'énerver et épargner Hope de tout cela. Puis j'avise le reste du groupe. ils m'irritent tous, et tous autant qu'ils sont j'ai juste envie de leur demander de fermer leur gueule, d'aller dormir, parce qu'on est tous crever et sur les nerfs et que l'on pourra ainsi reprendre plus posément les discussion plus tard. Mais non, je dis rien, juste parce que je pense aux enfants et u'on doit les protéger de ça.

Alors je tire un peu Hope avec moi pour sortir de la pièce, prendre au passage un manteau, un plaid et d'autres choses chaudes avant de regarder les autres enfants et sourire. "Aller les enfants venez avec moi, on va aller jouer un peu dans le jardin. J'ai des idées ça va être chouette. Vous connaissez Colin Mayard ?" Puis je ferme la porte de l'arrière pour éviter ce spectacle dégradant aux enfants. Les protéger de tout ça. Les gosses c'est comme des éponges, ça s’imprègnent de tout et au bout d'un moment ça déborde et c'est jamais bon. Alors prenant tout de même les plus jeune aussi, j'installe les plaid chaud sur le sol, remet les bonnets sur la tête des gnards et explique les jeux afin de les occuper.

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Les « nous » et les « vous ». Elena avait mis le doigt sur le problème essentiel. La musicienne pensait qu’ils n’auraient aucune difficulté à passer outre, elle espérait même déjà naïvement qu’il soit déjà un « on »… sauf que la suite prouva le contraire. Les hurlements de Finan, la situation qui s’envenima brusquement. Au final, elle n’eut même pas le temps de défendre son opinion au sujet des deux égyptiennes – ni même de réfléchir aux arguments de la grecque et d’Isaac. Selene voulut se précipiter pour voir ce que faisait Connor, sauf que Roza s’interposa pour la projeter au sol et la bloquer.

- Putain de merde, lâche-moi !

Bien évidemment, même avec un bras en moins, la russe était suffisamment solide pour l’immobiliser. Lui faire confiance. Elle aurait voulu protester que ce n’était pas possible, qu’elle ne le sentait pas, sauf que le sportif avait été le premier des habitants du ranch à la défendre face au vent de la suspicion. Il avait été dans son camp en sachant qu’elle ne l’appréciait pas spécialement, son instinct appelait à lui rendre la pareille. Du coup, quand la pression sur son buste se relâcha, la pianiste se contenta d’un regard noir à l’adresse de la tatoueuse. Ok. Elle se rangerait du côté de ceux qui laissaient faire Connor. Inutile de préciser ce qu’il se passerait si jamais il arrivait la moindre chose à son amie d’enfance.

Néanmoins, quelque chose avait changé après la scène qui venait de se passer. Ils n’étaient pas un « on ». Ils ne le seraient peut-être jamais et à ce titre… elle n’avait aucune raison de tous les protéger. L’élément définitif fut la dernière intervention de Finan, qui vit ses traits se durcir alors qu’elle se relevait.

- Je vais vous dire une chose. Ecoutez-moi bien, parce que je le répèterai pas, elle s’adressait autant à Elena, qui lui avait posé d’autres questions, qu’à tous les autres, l’homme chez qui je projette de nous emmener, Deaglan, il ne sait pas que je m’apprête à débarquer chez lui avec… beaucoup de monde. Il n’a pas demandé à être mêlé à ça. Ça veut dire que je suis responsable de toutes les personnes que je ferai venir chez lui et que je me porterai personnellement garante de toute le monde, son timbre était aussi glacial que ses yeux qui allait d’un auditeur à l’autre – ils l’avaient mise en colère, s’il y a des gens qui n’ont pas confiance en moi, ou en la manière dont je fais les choses, ou qui ont encore quelque chose à redire : vous ne venez pas. Vous ne me faites pas une faveur en choisissant de nous accompagner. Je vous tends une main et n’ai aucune raison d’accepter ceux qui ont craché dessus, son regard s’arrêta sur Elena, car même si la musicienne se sentait compatissante suite aux accusations de l’irlandais, c’était elle la responsable de son camp et elle devinerait vite qui étaient les concernés.

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