Re: Life is a chessboard

En observant les autres après avoir entendu l'avocate, son amie Sacha qui tentait de démêler les choses, de choisir la personne la plus compétente pour obtenir des réponses, la gamine tourna les traits vers Donovan. Tous estimaient ici que le sénateur avait fait son temps et qu'il devait être remplacé dans le but que la communauté soit plus viable à l'avenir ? Sans doute ces idées venaient des erreurs commises, depuis que les morts avaient investi leur lieu de vie. Evelyn trouvait ça légitime certes, après tout quand un objet avait était défectueux, outre le fait de tenter les réparations, si ces dernières n'étaient guère concluantes, on terminait par remplacer le dit matériel.

Prostrée auprès du chef des militaires, la jeune fille écouta les mots de chacun, ne pouvant pas s'empêcher de froncer les sourcils lorsque l'un d'eux, sur lequel elle n'avait d'yeux sembla ouvertement se ficher de Merl. Tous étaient-ils bêtes aujourd'hui où le remarquait-elle seulement à l'instant alors que la situation nécessitait un débat tel que celui que menait June, Donovan, Casey et Ela vers laquelle elle tournait les traits. La pauvre avait subi des changements brutaux, la mort de son époux, la chute de sa demeure. Et elle se trouvait là, sans véritablement pouvoir se targuer d'être totalement présente. Néanmoins Casey termina par l'inclure dans les personnes aptes à reprendre les rennes du camp et la jeune fille se contenta d'observer sa réaction. Ce n'était pas rien d'être ainsi pointée du doigt. Vint ensuite le tour de June puis Cain qui, sans surprise, appuya les dires de l'avocate avant de quémander l'avis du jeune homme qu'Evelyn avait évincé au profit de Donovan pour sa formation.

Jusqu'ici les décisions Collins les prenait pour des faits très simples et sans véritables intérêt. Ça n'avait rien de politique, rien de terrible sinon les répercutions que ses actes – parfois trop impulsifs – avaient sur sa propre personne. Elle redressa péniblement les cils sur Amrani qui reprit enfin de timbre à l'en faire sourire. Elle avait beau dire qu'elle ne serait pas la femme dont tous avaient besoin pour faire changer les choses, Evelyn savait qu'avec elle aux commandes, sans nul doute certains seraient forcés de changer leur fusil d'épaule pour voir les choses sous un angle différent que celui de la violence capable de faire régner la loi autour de l'île.

Elle les écoutait, un a un, mais étrangement, et tandis qu'elle croisait les yeux verts de celle qui détenait son secret, Collins frissonna. Peu importait ce qu'elle imaginait réellement, sans doute devrait-elle marcher sur les traces de Phelbs pour se préserver. Malgré le désir de parler, de soutenir les dires de son amie, Collins préféra baisser les yeux. Cependant, lorsque Monsieur Davis prit la parole, la gosse en resta bouchée béante. Et à en juger l'air des autres, personne n'avait vraiment conscience de ce qu'il venait de dire..... Elle jaugea les regards et se hasarda à ouvrir la bouche.

- Le sénateur ne gérait rien seul ? S'étrangla-t-elle surprise.

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Encore une fois, Donovan écouta les réponses des uns, des autres. Ca l’agaçait dans le fond, cette situation et il regretta presque d’être venu, parce que les intrigues politiques c’était pas son délire, pas du tout. Heureusement quelqu’un eut l’idée de détendre l’atmosphère en proposant Merl comme dirigeant, le brun étouffa un rire gras. La seule qui parvint finalement à capter son attention, ce fut Ela. Ela, elle était intelligente, et sans le savoir elle proposait cette solution qui existait déjà. La solution c’était ce qu’ils faisaient déjà, mais sans l’abruti de Chambers en homme de paille, rôle qu’il n’était même plus capable de tenir.

Mais ça, personne n’était au courant. Et c’était sans doute mieux ainsi, sinon ils paieraient tous les pots cassés. Enfin, personne n’était au courant jusqu’à ce que Lawrence ouvre sa grande gueule de junkie. C’est des années de poker qui aidèrent Donovan à ne pas éclater de colère, à ne rien montrer de cette envie de lui faire fermer sa gueule. C’était risqué d’évoquer comme ça, sans vraiment le faire, leur petit arrangement. Il pointait cela dit du doigt les deux Chambers, Siobhán et Benjamin. Peut-être qu’il y avait quelque chose à utiliser dans ce coup d’éclat ?

Le tatoué allait embrayer mais Evy … fut égale à elle-même. Donnie soupira, visiblement la coloration n’avait rien changé à sa bêtise, mais bon, quelque part elle exprimait sans doute le sentiment général. « Ça m’emmerde de dire ça, mais Lawrence a raison, les Chambers sont pas capables de gérer ça seuls, ce que vous constatez, c’est l’échec cuisant de leur dernière tentative en date. » Calant sa clope entre ses lèvres, le tatoué posa son regard sur Lawrence et June. L’un parce qu’il soutenait sa parole, quitte à se voir encore davantage accablé par certains détracteurs, l’autre parce qu’elle avait l’occasion de confirmer ce qu’elle supposait très fortement depuis un moment. « Une seule personne ne peut pas gérer un camp de cette envergure seule. Donc Ela a raison aussi, quelque part. » Le militaire adressa un clin d’œil à l’israélienne, content de voir qu’elle se donnait la peine de proposer des solutions.

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Stanley ne fut pas le premier à réagir à ses propos, au lieu de ça, la voix de Davis monta, grondante. Et ne fit qu’appuyer les propos d’Ela. Ils se détruisaient de l’intérieur. Si un tel groupe existait, il s’était bien gardé de se montrer au peuple, prenant des décisions dans l’ombre et usant de l’image du Sénateur Chambers pour couvrir leur trace. Ce n’était cela qu’elle appelait. L’israélienne posa son regard sur Lawrence, déçue et lasse. « Je suppose que tu en es, ou du moins, tu étais au courant, Lawrence. » Elle ne se laissa pas happer par la colère, parce que ce n’était pas dans son tempérament. Elle aurait pu gronder, grogner comme Lawrence venait de le faire, mais la voix d’Ela restait posée. La surprise parcourait l’assemblée, jusqu’à laisser Evelyn pousser une exclamation fort peu utile. Donovan éleva la voix à son tour, donnant raison à la fois à Lawrence et à l’israélienne, la gratifiant d’un clin d’œil pour son intervention. Mais comme d’habitude, Ela ne sourcilla même pas. Elle observa Lawrence, Donovan et June également, son lien étroit avec Siobhán Chambers ne lui était pas inconnu. « Un groupe de décisionnaires travaillant dans l’ombre du Sénateur n’est plus la solution. » Annonca-t-elle. « Je comprends ce que vous avez voulu faire. » Il n’y avait ni colère, ni amertume d’avoir été trompée, la politique était un jeu après tout. « Je suppose que vous ne vous êtes pas manifestés pour ne pas inquiéter la population de ce qu’il se passait réellement. » Elle avait beaucoup trop longtemps évolué dans ce milieu que pour s’en sentir offusquée. L’important, en cet instant, était de ne pas nourrir la colère des habitants.

Elle resta fixée sur Lawrence, puisqu’il avait pris le pli de lâcher cette vérité, il devait avoir une part dans cette histoire. « Il serait temps de jouer carte sur table avant de déclencher une émeute, je pense. » Dit-elle posément. Elle s’avança un peu, le Stetson de Merl toujours entre ses mains. Elle retrouvait un peu de prestance – à peine – mais suffisamment pour qu’on la prenne au sérieux. « Je crois pouvoir parler au nom de tout le monde ici pour affirmer que les mensonges ont fait leur temps. » Elle pensait à cette idée stupide de leur avoir cacher la vérité si longtemps sur ce qu’il se passait réellement dans le monde, en dehors de ces murs. D’avoir menti sur cette maladie qu’ils combattaient dans l’ombre. Sur cette passation de pouvoir, et de ces faux-semblants. Lawrence remettait la faute sur les Chambers, mais peu importe qui faisait partie de ce groupe décisionnaire : ils avaient joué avec le feu en laissant Chambers faire bonne figure pour eux. « Nous avons le droit de choisir les personnes compétentes pour diriger ce camp. Le droit de choisir en qui nous voulons faire confiance. Et cela sans forcément déclencher une guerre. » A ces mots, elle jeta un coup d’œil aux Rogers. A Merl. Elle les savait toujours partant pour la bagarre, mais en cet instant, ils n’avaient pas besoin que Jason ne lance les hostilités par ennuis. Ela invitait à la discussion, aux négociations, pas à la colère ni aux reproches.

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J’avais regardé un instant de plus mon frère alors qu’Ela avait pris la parole. Elle savait de quoi elle parlait, vachement plus que moi ou que Jason et même Clayton avait nous. J’avais envie de lui montrer mon soutient, mais j’en était incapable. Je me sentais incapable de bouger. Incapable de faire un choix à cette instant précis. La baston d’un côté, la discussion de l’autre. J’avais toujours été un homme de terrain, mais je m’étais calmé avec le temps et aujourd’hui, j’avais envie de croire que les choses pourraient se passer calmement, mais je savais que c’était tout simplement impossible.

Tous parlaient comme des livres et pour le coup, je me sentais en trop et je savais que Jason avait le même ressenti que moi en cette instant. On était venu pour taper et clairement ça m’était beaucoup trop de temps à arriver. J’avais tourné mon regard vers Ela qui semblait toujours aussi affaiblie, mais à la fois forte. Je savais que dans le fond, elle avait cette niaque de vivre, elle ne pouvait pas laisser tout ça se dérouler devant ses yeux sans pour autant y glisser un mot. Je me tournais vers mon frère alors qu’une autre personne était en train de prendre la parole, décrochant parce que je ne comprenais même pas un mot sur deux.

- Je ne sais pas ce que tu en pense, mais c’est évidemment que Chad serait content ici…

Une partie de moi avant envie de soutenir Ela, mais je ne savais pas si c’était une bonne idée, déjà parce que je me ferais chier là-bas, que je n’avais pas envie d’attirer plus les regards que de raison déjà que j’étais certain que bon nombre avait remarqué que le chapeau que Ela tenait entre ses mains était le mien, après tout, il ne fallait pas être devin pour arriver à une telle conclusion puisqu’il n’était pas sur ma tête. C’était presque étrange de voir une femme que j’appréciais tenir précieusement un cadeau qui m’avait été fait par Ruby. Mais ça, je le gardais pour moi, il aurait été trop étrange de le dire. Kassidy était presque en train de s’endormir sur mon dos parce que comme Jason à côté de moi elle était définitivement en train de s’ennuyer.

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L'intervention de Donovan crispa effectivement Stan. Sa réplique de Calimero pour commencer, puis son discours toujours aussi creux par la suite. Il disait de Chambers ce que son ancien copain pensait justement de lui. Un comble, non ? Il croyait berner qui ici, précisément ? Il serra la main de Casey tout en se retenant de cracher quelques phrases malvenues à la gueule du tatoué. Leur querelle personnelle ne devait pas interférer. Il tenta de se calmer, écoutant la mine grave sa copine avancer des premières réflexions intelligentes.

Étonnamment, ce fut Phelbs qui envisagea la première la possibilité qu'il y avait effectivement mieux à faire. Stan la regarda avec intérêt. Il n'avait jamais évalué le potentiel de l'avocate. Puis chacun alla de sa petite proposition. Il ne réussit pas à en placer une, mais afficha un sourire désabusée à la remarque de Lawrence. Il fit un mouvement de tête, n'y tenant plus, avant de rétorquer.

- Alors remettons les choses dans leur contexte deux secondes, affirma le garçon en prenant une voix forte pour attirer à son tour l'attention. Il se hissa au même moment sur la table contre laquelle il était calé depuis le début. Pourquoi on est là aujourd'hui ? Parce que le sénateur nous a fait du boudin ce matin ?! C'est d'ça dont il est question ? J'crois pas non, trancha-t-il vigoureusement. L'échec qu'il faut retenir, il date de novembre ! Il pointa le sol avec son index pour marteler ses propos. Et RIEN aujourd'hui ne se déroulerait différemment si c'était à refaire. J'étais avec Chambers ce jour-là et j'ai vu la réaction du mec. Toutes les erreurs lui reviennent pas ? Wow merci de nous l'préciser Davis, quelle révélation ! Son ton était sarcastique et il jeta un regard éloquent à Donnie. Que personne n'oublie le rôle qu'il avait joué dans la mort de tous ces innocents ! Oui on veut voir démissionner le sénateur. Il est pas question de r'mettre en cause tout l'système. Certaines choses fonctionnent très bien ! La répartition d'la nourriture, l'entraide. Mais la communication ? La sécurité ? Nos revendications ? Ela l'a dit : de la TRANSPARENCE ! Mais aussi de l’UNITÉ ! On est divisé par cette administration depuis l'début ! Les civils, qu'il faut surtout pas froissé d'un côté, les militaires, qu'on épuise jusqu'à la corde et j'en passe. L'épidémie va pas s'résoudre demain, faut s'mettre ça dans le crâne ! Alors tout mettre dans les mains d'une seule personne, certainement pas. On veut simplement des gens réellement compétents dans leur domaine ! Et qui savent de quoi ils parlent ! Comme à son habitude, Stan parlait avec passion. Mais pour nous fédérer, vous pouvez croire c'que vous voulez, il nous faut un vrai LEADER ! Quelqu'un dans lequel les gens s'retrouvent et en qui ils auraient confiance ! Quelqu'un de charismatique, sans chichis, sans discours récités ! Pour nous donner à tous envie de s'battre pour cette communauté et d'la défendre ! Parce qu'aujourd'hui, c'est ça l'essentiel !

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June apprécia à leur juste valeur les efforts de la trentenaire qui prit la parole pour la soutenir, mais ça n’avançait pas leur affaire. Proposer d’emblée des noms avant qu’ils n’aient définies leurs attentes – et vider leur sac au passage – ce serait mettre la charrue avant les bœufs. Voilà ensuite que contre toute attente, Ela sortit de sa torpeur pour une intervention plus que pertinente. Même diminuée, la veuve n’en perdait visiblement pas de sa clairvoyance et dans le regard qu’elle lui lança, la rouquine sur qu’elle avait compris. L’ambition derrière son visage de marbre. Fort heureusement, elle n’avait jamais eu l’intention de reproduire l’erreur du couple Chambers à monopolisant seule le pouvoir.

Une autre voix s’éleva alors, trop loin pour que l’avocate en distingue le propriétaire – elle n’était pas bien grande – mais elle devinait qu’il s’agissait de Lawrence. Un Lawrence qui, peut-être sans le vouloir, venait de leur compliquer la tâche. Ce n’était déjà pas évident de trier le bon grain dans cette histoire et l’existence d’un complot caché au public n’allait pas aider. Ce fut Ela encore qui parvint à faire avancer le navire de façon constructive. Ce que proposait l’israélienne, en substance, c’était une ébauche de démocratie. Des représentants pertinents, cohérents, en lesquels le peuple pourrait avoir confiance. Passée son apparence maladive, ce n’était pas étonnant de la voir dans ce rôle : son ancienne vie devait l’avoir amenée à voir bon nombre de communautés en crise. En cet instant, Ela Amrani était dans son élément.

Pendant le discours enflammé du jeune militaire à propos du désastre de l’automne passé, la rousse s’avança à son tour pour se trouver aux côtés de la grande brune. Quoiqu’elle puisse croire, son intention n’était pas de lui voler la vedette, bien au contraire : si June voulait tenter sa chance, elle aurait besoin d’allié compétent. Dans un jeu politique comme celui-ci, elle miserait sur Ela. Un demi-sourire indéchiffrable flottait sur ses lèvres pendant que la foule se partageait des exclamations d’approbation après la conclusion du jeune homme.

- Vous marquez de sacrés points, dit-elle une fois l’agitation retombée, ce « protectionnisme » des civils n’a plus lieu d’être. Les gens ne sont pas des enfants et doivent affronter le fait que le monde n’est plus le même. Une partie sait correctement se défendre, certes, mais les autres ? les arguments d’Hokulani étaient toujours là, dans un coin de sa tête, motivaient son discours, certains ne réalisent même plus l’importance de tout ce qu’on a. L’électricité, l’eau, le confort… le sénateur – ou son petit groupe de dirigeants de l’ombre, appuya-t-elle volontairement, ont pensé que nous maintenir dans une caverne de Platon était une bonne idée. Je ne les blâme pas, ça aurait même pu marcher, si nous n’avions pas eu à jeter un œil à l’extérieur, sa voix était forte, affirmée, nuancée, c’était un exercice qu’elle maitrisait après tout, aujourd’hui, on ne peut plus se satisfaire de cet entre-deux. Je rejoins Ela sur ce qu’elle suggère, elle leva brièvement ses yeux verts sur la femme à ses côtés, pour que notre communauté prospère, pour que les événements tragiques comme ceux de l’année passée n’arrivent plus, il nous faut de la clarté, des représentants qualifiés… ou un leader bien conseillé.

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Ela reprit la parole peu de temps après l'intervention de June qu'elle appuierait s'il fallait. A choisir, entre ceux que Casey pointaient du doigt en temps que personnes qualifiées, la Canadienne trancherait volontiers pour l'avocate. Amrani n'avait peut-être pas tort, mais ce qu'elle jeta dans l'assemblée fit s'élever la voix de Lawrence qui termina par lâcher une bombe à laquelle peu s'attendaient. Pourtant c'était à anticiper non ? Surtout après avoir appris qu'on leur avait dissimulé des choses concernant l'existence des crevures à l'extérieur. La panique de cet abruti s'étant suicidé à l'époque aurait pu être évitée, le débarquement des connards tout autant... Chambers n'était, et n'avait jamais été, qu'une stupide marionnette. Tous en prenaient conscience ici suite à la gueulante d'un Davis visiblement soûlé par la situation et, contre toute attente, Donovan ne lui donna pas tort.

Joann fronça les sourcils lorsque Stanley se décida à l'ouvrir. L'image d'un Gavroche monté aux barricades l'invita à sourire. Il évoquait les faits avec panache, pointait du doigt le souci majeur ayant conduit à ce désir de changement. Il y avait certes de gros dysfonctionnements dans la manière de diriger le camp, et maintenant qu'elle en savait davantage, grâce à l'un de ses amis qui ne mâchait pas ses mots, les choses devenaient plus claires. Donovan, Lawrence, tout ce temps ils étaient voués au secret alors ? Détenaient des informations qu'eux, civils, n'avaient pas en mains et qui, s'ils en avaient eu vent, auraient très certainement – étant donné les capacités de certains à bastonner plutôt qu'à réfléchir – agi en débarquant avec pics et fourches devant la demeure Chambers pour renverser le pouvoir sans songer au reste.

Tout serait parti en vrille, car outre le fait que certains se cantonnaient de vivoter librement, comme si les parasites et le danger n'avaient jamais embrassé le monde, ces mêmes gens se plaignaient à l'heure actuelle sans se regarder dans un miroir. D'ailleurs, Phelbs les inclut dans son discours, tous ces crétins n'ayant guère mis le nez dehors, tous ces abrutis que Joann aurait volontiers secoué pour les forcer à se tirer les doigts du cul, histoire de les pousser à comprendre ô combien ils étaient chanceux, combien ils avaient une chance inouïe de ne pas faire parti du lot de sauvages à l'extérieur de l'enceinte.

Elle observa Swann, lui avait des idées qu'elle rejoignait sans crainte, lui savait que le haut du panier était plus important que des crétins inutiles qui, hormis sortir des massues pour écraser les parasites, ne réfléchissaient pas plus loin, de la chaire à canon ni plus ni moins. Il en fallait bien sur, mais mieux valait taire ses idées ci pour préserver leur étique. A défaut de pouvoir placer son amant sur le piédestal qu'il méritait à son regard, Joann détailla la rouquine, cherchant à savoir si ses propositions pouvaient la mener à cette place de choix.

- C'cravateux doit dégagé, être pris pour des cons ça va un temps, et s'offusquer changera rien à c'qui c'est passé. Sourit-elle avant de hausser les épaules. Vous voulez de l'unité et deux femmes sont d'accord ici, c'est un début non ?

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