Mes gestes étaient simples et précis malgré la fureur que contenait mon corps. Je les tuais un part un. J’avais l’impression que j’avais fait ça toute ma vie. Certain crâne était plus "juteux" que d’autre et je m’étais retrouvé avec du sang sur le visage et ma chemise, mais je n’en avais strictement rien à foutre, rien ne pouvait m’empêcher de continuer. Je devais tous les exterminer, j’avais cette pensée qui tournait en boucle dans ma tête, le reste n’avait plus d’importance en soit. Sauf qu’il y avait un, mais, bas oui sinon ce n’était pas drôle, un des rôdeurs réussis tant bien que mal à se défaire de tout ça. Il avait de la ressource ce con, mais c’était sans compter sur moi.

Il était évident que je n’allais pas mieux. J’avais tué la moitié des rodeurs présents dans mon banc. Il n’en restait donc plus que cinq dans ce dernier et donc une quinzaine encore enchainé puisque les autres étaient en train de se lancer sur Joann qui était visiblement prise de panique. Mon sang était déjà monté à mon cerveau et pour le coup, je savais très bien ce que j’avais à faire. Je retirais mon couteau de ma dernière victime avant de me jeter littéralement au milieu de la masse de rodeurs autour de Joann. Je ne pouvais de toute façon pas sortir mon pistolet aux risques de la blesser. Mais en vérité, c’était surtout parce que je ne pouvais pas décemment utiliser une arme à feu dans une église…

- Ils ont souillé le nom de mon Saint-Père par les abominations qu'ils ont commises; c'est pourquoi je vais les consumés de ma colère.

J’avais sifflé ça en beuglant. Les rôdeurs dans une chapelle n’étaient clairement pas bons pour ma santé mentale. Je me retrouvais rapidement au milieu du tas de rôdeurs qui voulais s’en prendre à Joann, j’étais prêt, je jouais du couteau sans aucune hésitation, je n’avais toujours pas peur de la mort et ce n’était pas aujourd’hui que les choses allaient changer. Je plantais un premier connard puis un second. Certain m’attraper aux chevilles, mais aucun ne réussit vraiment à me déséquilibrer, je savais dans le fond que si l’un d’eux me blessait grièvement, je ne me rendrais sans doute même pas compte tellement j’étais dans mon truc.

Un des cadavres présents devant moi attrapa d’une main mon chapeau et je crois sincèrement que c’était la dernière chose à faire, déjà que j’étais passablement énervé, les choses ne faisaient que d’empirer.

- Tu vas lâcher ça connard !

Je lui lançais un violant coup de couteau dans la tête et je regardais le cadavre s’effondrait avec jubilation oubliant l’espace d’un instant les autres cadavres. Je manquais de me faire mordre au niveau du bras de justesse ce qui déclencha en moi une sorte d’hilarité, oui, c’était drôle. Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi ni comment, mais ça me faisait rire. Si ce n’était pas encore vraiment clair jusqu’à présent, il était devenu évident que j’étais en train de perdre les pédales. Peut-être que j’avais définitivement l’air inquiétant, mais ça ne m’empêchait pourtant pas de continuer mon massacre.

Ok ils s’étaient peut-être un peu emballés. Alors que, le sac bien rempli, le duo était prêt à rejoindre ses compagnons – qui étrangement n’étaient pas reparus encore, mais paraissaient faire un boucan d'enfer tout près ! – la silhouette d’un homme apparut dans l’embrasement de la porte.

- Bienvenue, déclara le type avec un calme déconcertant. Vos amis ont profané notre sanctuaire, vous n'auriez pas dû entrer dans cet hôpital. Vous deux pouvez repartir si vous promettez de ne jamais revenir.

Immédiatement, Stan vit le fusil mitrailleur qu’il tenait en mains, ainsi que la machette à sa ceinture. Merde ! Il recula mais resta impuissant à deux mètres de Swann qui venait de se faire alpaguer par une harpie aux yeux injectés de sang. D’où elle était sortie celle-ci, bordel ? Merde merde merde ! C’était sa faute, il n’avait pas été vigilant. Le cadenas sur la porte des urgences l’avait induit en erreur. Il était convaincu que l’hôpital était inhabité et que les tarés qui s’étaient amusés à faire ici leurs expériences étaient morts ou partis depuis longtemps. Il avait été négligent.

Essayant de garder son sang-froid, il tenta d’analyser en différé les paroles de l’homme qui les menaçait. Parlait-il de Merl et Joann ? Espérait-il réellement qu’ils le croient, quand il affirmait qu’il les laisserait partir ? Le jeune homme leva les bras, désarmé, pour tenter d’apaiser ces allumés. Il savait qu’il ne pouvait pas dégainer son Beretta et tirer plus vite que ce type. Il allait les mitrailler ! Sa carrure et son maintien pouvaient laisser supposer qu’il savait y faire.

- Ok on ne veut pas de mal, on… on va partir. Le militaire avait dégluti. Il n’était pas le meilleur des menteurs, mais le stress d’une telle situation justifiait bien des tonalités bizarres. Il espérait que les deux autres abaisseraient une seconde leur garde. Il jeta un regard à Swann. Ça faisait des mois que les deux compères travaillaient ensemble. Ce genre de situations, ils les avaient déjà évoquées tous les deux. Et sans se parler, ils se comprirent. Stan lut en tout cas dans les yeux de son poulain qu’il était prêt. Les Remnants ne faisaient pas de cadeaux. Point barre.

Sans crier gare, les deux garçons se jetèrent donc sur leurs assaillants. Stanley s’approcha du gaillard, le buste en avant, espérant avoir le temps de le déstabiliser et de le désarmer. Mais hélas, ce dernier était trop loin de lui. Il n’était pas encore arrivé à son niveau qu’une slave de balles jaillit de sa mitraillette. Il sentit deux d’entre elles se loger dans son gilet par balles. L’impulsion le propulsa en arrière sur le dos, le souffle un instant coupé. Il se prit un lit avant de tomber par terre. Mais sans plus de mal. C’était une chance qu’il fut ainsi équipé. Avec un peu de chance, l’autre type le croirait KO. Hélas, un nouveau tir partit quasi-immédiatement alors en direction de Swann. Non putain !

Le jeune homme, à terre, cligna des yeux. Il n’arrivait pas à voir l’état de son ami, mais il savait qu’il n’avait qu’une chose à faire : dégommer ce mec. D’un mouvement qu’il espéra discret, il sortit le Berreta qu'il portait à la ceinture.

Subitement, le cadavre qui la retenait s'effondra de tout son poids sur elle. Merl l'avait achevé mais tout ce qu'elle voyait, c'était les pieds de Rogers qui piétinaient les monstres après les avoir dégommé. Elle n'attendit pas, repoussa fiévreusement la dépouille, visa puis buta le premier dont les dents claquèrent près du bras du pécore. La balle, logée entre les deux orbites, fit retomber cette merde en arrière et lui permit de se redresser. Rien à foutre de tirer dans une Chapelle, elle n'était pas croyante et si elle prenait le temps de réfléchir, cet abruti de Merl se ferait ravager la gueule. Il riait comme un damné, habité par elle ne savait quelle folie qui la rendait aussi perplexe qu'elle était en rage.

De nouveau debout, Cain agrippa enfin son couteau et le planta dans les derniers crânes encore mobiles puis, fit volte face quand des coups de feu, en provenance du couloir, firent échos. Immédiatement, elle enjamba les dépouilles et se heurta aux portes. Stan et Swann étaient de l'autre côté, sans doute dans une merde noire. Les tirs pouvaient provenir de leurs armes ou pas. Elle n'en savait rien mais déjà ses mains saquaient derechef sur les clinches.

- Stan ! Swann !! Hurla-t-elle tandis que Merl continuait à délirer comme un connard. Rien, pas une réponse et déjà son sang ne faisait qu'un tour. L'envie lui prenait de tirer dans cette merde de serrure, mais qui lui garantissait que ça fonctionnerait ? Elle perdait la notion du temps et de la réflexion, plus encore car Rogers délirait de plus belle en terminant de dégommer les blattes attachées sur leur banc. Ferme la connard !

L'angoisse montait en elle comme le mercure dans un baromètre. Aussi, pour obtenir gain de cause, et parce qu'elle ne pouvait guère approcher son partenaire sans finir avec la lame qu'il tenait dans la gueule, Joe rengaina flingue et couteau pour empoigner le canon de sa Winchester en s'approchant de lui. Elle n'attendit pas plus et envoya la crosse de la carabine droit dans la tronche du pécore dont le cul, sous le coup, embrassa le sol tandis qu'elle l'observait en inspirant par saccades. Ce crétin lui foutait les nerfs et les jetons, c'était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour le ramener sur la terre ferme. Son ami était à l'extérieur, quant à Blackmore, même s'il n'était simplement qu'utile à son regard, il était hors de question qu'il claque. A bout, Joann fixa Merl, le sang qui dégoulinait de son nez, puis ouvrit la bouche.

- T'as fini tes conneries ?! Joe espérait qu'il allait se reprendre en main. Elle ne serait pas aidée s'il était plus con que d'habitude. Quand il lui répondit, Joann garda la carabine dans une paume et lui tendit l'autre pour l'aider à se remettre sur ses jambes. T'es siphonné mais merci pour c'que t'as fait... Faut qu'on sorte de là, j'le sens mal pour Stan et Swann, j'ai entendu des coups de feu.

Ils devaient sortir, ils devaient les aider, ici, à part attendre et stresser, ils n'étaient d'aucune utilité.

J’avais entendu les coups de feu prêt de moi, j’aurais pu me retourner et gueuler sur la brune, mais dans le fond, j’avais mieux à faire et elle m’aidait dans ma croisade alors, je n’allais pas me plaindre, c’est de bon cœur que je continuais le massacre. Pas question de s’arrêter, je continuais, beuglant, hurlant, riant. Je tuerais tout sur mon passage. Il n’y avait pas une once d’hésitation.

- Le Seigneur est ma lumière et mon salut. Quand une armée m’entoure et que la guerre éclate autour de moi, même alors, je serai confiant.

J’avais entendu le coup de feu dehors, mais pour le coup, je n’y prêtais même plus attention. Lorsqu’enfin, j’avais mis un terme au dernier rodeur de la place, je me retournais en direction de Joann qui semblait m’attendre puisqu’elle m’accueillit d’un coup de crosse dans le nez. J’avoue que je ne m’étais pas du tout attendu à ça. La douleur me paralysa le cerveau quelques secondes alors que mes fesses heurtées le sol, ma main valide entra rapidement en contact avec mon nom, elle ne m’avait pas loupé cette folle, mais c’était de ça que j’avais besoin alors je n’allais rien dire de plus. Un nouveau coup de feu se fit entendre dehors. Ils avaient définitivement besoin de nous. Mon regard se tourna vers Joann alors qu’elle me tendait une main pour me relever.

- Tu m’as remis les idées en place de façon efficace, merci.

Oui, c’était un moment sans doute étrange qui arrivait. Depuis quand il y avait ce genre de truc entre eux ? Je n’en savais trop rien et dans le fond, ça ne me plaisait pas tant que ça. J’aimais bien quand elle me parlait mal, c’était plus habituel dirons-nous. Je souriais doucement alors qu’un nouveau bruit dehors me rappelle à l’ordre. On ne pouvait pas rester ici en sécurité relative, les autres avaient besoin de notre aide, d’un révère de main, j’essuyais le sang que j’avais sur ma moustache alors que j’ajoutais simplement.

- Attend je vais défoncer la porte.

J’étais prêt à me jeter épaule la première de tout mon poids contre cette dernière, mais cependant Joann ne semblait pas l’entendre de cette oreille, elle tira dans la serrure de la porte. Pour le coup heureusement que je ne l’avais pas engueulé dix minutes plus tôt alors qu’elle tirait dans l’église sinon elle en aurait sans doute remis une couche. J’attrapais mon magnum, prêt à en découdre, je savais que s’ils y avaient des bruits de flingue dehors je pouvais sortir le mien et pour le coup, j’étais prêt à en découdre et tirer dans le tas.

Son merci lui fit l'effet d'un coup en plein ventre... Il était dingue, elle venait de lui refaire la gueule à coup de crosse et il la remerciait. Enfin, visiblement elle aussi avait usé de ce mot, ce n'était qu'une broutille, un moment d'égarement dans le feu de l'action... Oui, il valait mieux le voir ainsi. D'ailleurs, Joe n'attendit pas plus alors qu'il s'était redressé, elle approcha de la porte après avoir récupéré sa torche. Il y avait un boucan monstre derrière le bois, elle entendait quelques râles, des coups, des détonations. Ce n'était clairement pas net et elle n'allait pas attendre indéfiniment ici.

- Faut dégager d'là, ils ont sûrement besoin d'nous ! Lâcha-t-elle.

Merl était revenu sur terre et c'était mieux ainsi, il serait sans doute capable d'user de sa bonne gâchette s'il y avait besoin. Ça ne lui disait rien qui vaille et, le choix, concernant la manière de forcer la serrure, fut vite vu. Rogers, lui, était une fois de plus prêt à foncer dans le tas, quitte à se démettre l'épaule. Ce n'était pas une bonne manière d'agir, non seulement ce couillon se ferait sûrement mal, si ce n'était pas pire, mais en plus de ça si, comme elle l'imaginait en entendant les échos extérieurs, les morts s'étaient échappés de la cage d'escaliers, alors l'élan le ferait atterrir droit dans leurs bras. Non, Joe décida pour eux et lorsqu'il recula dans le but d'exécuter son plan foireux, Cain visa avec la carabine et tira. Assourdissant dans une si petite pièce certes mais le résultat était à la hauteur de ses attentes. La serrure était morte, le battant entrouvert, elle en profita donc pour replacer la Winchester à sa place puis dégaina son 9mm.

- Tu t'serai foiré de toute manière... Siffla-t-elle en reprenant leurs bonnes vieilles habitudes. Hors de question d'être plus sympa avec lui, certainement pas même s'il lui avait sauvé les miches plus tôt. Sur ce, Joann poussa le battant avec son pied puis tendit ses bras armés et, fort heureusement car, déjà son regard s'arrondissait face au bordel qui se présentait. La lame ne suffirait pas, ça non, il faudrait tirer cette fois ne serait-ce que pour éviter à cette dizaine de macchabées d'atteindre l'infirmerie où Stan et Swann étaient sans doute encore. Elle ne les voyait pas, ne les entendait pas, ni ne pouvait encore être certaine que d'autres personnes les avaient pris en traitre. Tire, tu les dégommes mais tu fais pas ton connard ! Faut les éloigner de l'infirmerie et retrouver les autres.

Sans attendre plus, elle tira dans les premiers crânes qui se présentaient. Les plus proches de l'infirmerie, ainsi, l'amoncellement de cadavres ralentirait les autres qui trébucheraient sur leurs congénères raides morts.