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Knockin' on Heaven's Door | LINCOLN

Ven 30 Sep 2016 - 18:52


Lincoln Franklin Fairbanks
39 ans • Américain • Instituteur / ex-soldat marines • Evergreen Ridge

i've got a war in my mind

Il est toujours délicat de tenter de savoir que penser de soi même sans savoir que penser du monde qui nous entoure. De nature, je suis un homme discret et modeste, la tâche de me décrire moi même est par conséquent loin d'être si aisée que ce que l'on peut croire. En me décrivant des qualités, j'aurais toujours la dure impression de mentir ou de jouer les prétentieux. Naturellement, j'aurais plus d'habileté à me trouver des défauts plutôt que des qualités, et pourtant, mon entourage semble insister pour me donner de ces derniers, sans que je ne sache trop s'ils me disent vrai ou non. Habituellement, mes proches me décrivent comme un homme foncièrement bon. Je ne sais pas précisément que penser de ce compliments, puisqu'en soi, l'homme est loin d'être toujours bon. Alors dois-je considérer cela comme un mensonge naïf ou comme un compliments des plus aimables ? Je ne sais pas vraiment. En tout cas, je suis prêt à dire que j'ai toujours tout fait pour être le plus bienveillant que possible, dans un premier temps avec mes proches, évidemment, mais je refuse de limiter la gentillesse à un seul groupe de personne. Je considère que chaque être vivant sur terre à droit à sa chance et que c'est grâce à la bonté, pas forcément de tous, non, cette vision serait bien trop optimiste et naïve, mais d'au moins quelques uns que la vie pourra perdurer. Pour moi, la bienveillance devrait être une qualité innée pour chaque homme, mais ce n'est malheureusement pas le cas : le monde est ainsi. Ma bienveillance peut même souvent m'amener à favoriser le bonheur des autres plutôt que le mien : altruiste, je ne saurais jamais avoir la prétention de me sentir plus important qu'un autre et je suis prêt à donner tout pour le bien d'autrui, parfois même à mes dépends. Les autres sont pour moi quelque chose de très importants : c'est en les voyant vivre que moi même je me sens toujours vivant. C'est pourquoi, certainement, je fais parfois trop attention à eux… Ma nature trop protectrice peut donner l'impression d'une attitude paternel, mais peut aussi devenir pesante, je l'avoue.

D'un calme certain, je n'ai jamais trop fait preuve d'impatience, sensible de toujours me montrer sous mon meilleur jour malgré les dures épreuves de la vie. Aussi, je tâcherai toujours de comprendre l'autre et de ne pas le détester, qu'importe qui il est. C'est parfois là une chose très peu aisé de par notre nature humaine querelleuse et je ne cache pas qu'il m'arrive d'avoir des failles, mais je tenterais toujours d'être tolérant au possible et de me montrer amical et avenant. Avec toute ces années de guerre et aujourd'hui d'apocalypse, j'ai appris que la haine n'apporte jamais rien de bon, et qu'il est nécessaire d'aimer son prochain pour pouvoir vivre, rien qu'un peu. En effet, les leçons de mon oncle, ma jeunesse de soldat, la mort de mes frères ou encore mon âme d'artiste m'ont forgé une esprit de pacifiste convaincu : si le combat me semble évitable, je ferais tout mon possible pour qu'il n'arrive jamais.

Mais bien sûr, il n'est nul homme qui ne possède point de défauts. Bienveillant ou non, je ne fais pas exception à la règle : émotif, en particulier depuis le début des tristes événements d'octobre, je suis d'une forte sensibilité ayant tendance à m’affaiblir, accentuant ma peur ou me poussant parfois aux larmes… l'art et le dialogue restent tout de même deux de mes grandes échappatoires. Beaucoup me disent que je réfléchis trop, que c'est ma réflexion constante qui a parfois tendance à me pousser à bout, et je suppose qu'ils n'ont pas vraiment tort. Les grandes questions de l'homme restent et resteront très  souvent sans réponse, et c'est le fait de toujours penser au sens de la vie ou à celui de la condition humaine qui peuvent amener à souffrir comme je souffre. Il semblerait que je ne parvienne pas assez à me donner une opinion dans ce monde insensé, et cela me torture énormément. Je reste donc là, perdu, comme désorienté dans un océan de questions sans réponses, d'horreurs insensées et d'infâmes répétitions sans but. Cet égarement dans les méandres de la pensée face à l'absurde me plonge alors dans une profonde mélancolie, un sentiment étrange hésitant entre la nostalgie et la dépression, l'idée de bien, l'idée de mal. Aujourd'hui, je suis un homme qui souffre, mais jusqu'au bout je tenterai de croire en l'homme, en la vie, en l'avenir.


and blood on my hands

Homme ordinaire d’1m78, mon physique n'a pas forcément grand chose d'exceptionnel. Veillant toujours à garder la forme, je n'ai jamais eu à m'inquiéter d'être en surpoids. J'ai eu autrefois une musculature plus imposante de par mon service dans le corps des marines, mais j'ai beaucoup perdu depuis mon départ de l'armée, même si je garde tout de même une carrure raisonnable. L'apocalypse m'a fait maigrir, en particulier lorsque nous étions contraints de errer seuls dans la nature devenue hostile, mais mon arrivée à Evergreen Ridge m'a permit de reprendre un minimum du poil de la bête.
Myope depuis mon enfance, je peux difficilement me passer de mes lunettes. Malgré les temps durs que nous vivons aujourd'hui, je veille donc au maximum à les entretenir : sans elles, je risquerai de devenir beaucoup plus vulnérable.
Sensible à l'idée de “vivre comme avant”, je prend toujours un minimum soin de mes cheveux bruns légèrement bouclés, veillant à ne pas trop ressembler à un vieil ours. A mon retour d’Irak, j'ai pris la décision de me laisser pousser la moustache, à la fois parce que j'appréciais simplement ce nouveau style, mais aussi pour cacher une cicatrice au dessus de ma lèvre, souvenir d'une guerre fort peu honorable.
Avant de rencontrer Alice, mon épouse, j’arborais un style vestimentaire relativement simple, mais la sensibilité de ma femme face à la mode et “l'art vaniteux” m'ont poussé à soigner un peu plus mon style : qu'est que l'on ne ferait pas pour une femme, n'est ce pas ? Aujourd'hui, j'y ai pris goût et veille toujours à m'habiller certes toujours assez simplement mais surtout correctement et sans fautes de goût. Cela me rapproche toujours un petit peu plus de notre vie d'avant, et même si cela peut paraître “lâche”, cela me fait du bien.

Depuis notre départ de la ferme familiale, après la catastrophe, j'ai pu récupérer quelques armes, même si je m'étais pourtant promis de ne plus jamais poser la main sur une arme à feu depuis l’Irak… Aujourd'hui, je me contente volontairement d'un simple 9mm, d'un grand couteau de chasse pour me défendre, ainsi que de quelques objets pouvant me servir d’armes ça et là, mais je suis bien conscient qu'un jour ou l'autre, il me faudra enrichir mon bien maigre arsenal…
Par nécessité, je suis aussi entré en possession d'un sac à dos, indispensable pour les expéditions et les tristement et, je l'espère, évitables départ de nos refuges, que je remplis le plus souvent de quelques en-cas, munitions et outils pratiques que pourront aimablement me prêter les dirigeant du camp d’Evergreen Ridge. Jusqu'à maintenant, même si j’y ai évidemment été contraint maintes et maintes fois, j'ai tenté de voler le moins possible, comme par blocage, mais je suis là aussi bien conscient qu'il me faudra voler bien plus souvent pour pouvoir survivre… et après tout, puisque tout est aujourd'hui abandonné, nous ne pouvons plus vraiment considérer cela comme du vol. Le bien et le mal semblent se confondre étrangement.

a storm is coming


Partie 1 : EXISTENCE

I - Naissance

Nous sommes le 20 décembre 1976, il est quatre heures du matin et la famille Fairbanks vient d’apprendre que les cadeaux déposés au pied de l’arbre de Noël de leur foyer ne seront pas les seuls présents dont ils seront gâtés. Le troisième enfant de la famille est né.

Mon père est là, près de moi, qui suis déjà blottit confortablement dans les bras de ma mère. Un sourire attendri s’est fixé sur son visage lorsque je l’ai regardé, comme si tout son bonheur résidait en le fait qu’en ce jour, face à lui, je respire et le regarde.

Cet homme qui m’a donné la vie se nomme Andrew Fairbanks. Son amour pour son épouse, Lynda, l’a mené à bâtir une belle famille de quatre enfants : Theodore, George, Lincoln - moi même, et Gabrielle. Fervent patriote réformé de l'armée pour capacités physiques inadéquates, mon père avait décidé de donner à chacun de nous un prénom rappelant un grand président Américain. Mes parents choisirent cependant un prénom religieux pour ma petite soeur.

Outre cette intégration au patriotisme dès notre naissance, nos parents nous ont offerts une éducation très bonne, voire exemplaire, par le biais du savoir, du travail et de l’enseignement du respect des principes religieux, des bonnes mœurs et d’autrui.
Notre famille était extrêmement soudée, et l’esprit d’union fut présent tout au long de son existence.

II – Jeunesse

Gabrielle était un peu perdue dans cette famille de garçons, alors ce fut de moi qu'elle se rapprocha le plus, mon âge étant peu éloigné du sien comparé à ceux de mes frères. Attaché à ma soeur, cette relation resta longtemps aussi forte qu'à cette époque où nous n'étions que des enfants.

De notre fratrie, je fus celui qui eut les meilleurs résultats scolaires, tout en restant un garçon discret. Les professeurs qui gardèrent le plus un oeil attentif sur moi furent mon professeur de dessin et celui de musique. Tous deux avaient réussi à dénicher une âme d'artiste au plus profond de mon être, et avait tout fait pour la faire ressortir au grand jour. Je n'aurais jamais cru qu'il le prendrait ainsi, mais mon père fut fier d'avoir un fils qui réussisse dans l'art. Contre toute attente de ma part, j'avais découvert une autre facette de cet homme que je respectais tant : un individu amoureux de l'art, mais dont le manque de talent à son goût l'avait poussé à dissimuler cette passion durant toute sa vie.

Chaque semaine, nous allions rendre visite à mon oncle Hank. Hank était le frère aîné de mon père, et lui, contrairement à mon père, avait fait la guerre du Vietnam, et y avait perdu l'usage de ses jambes. Leurs discussions étaient souvent tendues, leurs avis sur le sujet étant radicalement divergents. Le premier, mon père, se berçait lui même sans cesse d'illusions héroïques au sujet de guerres qu'il n'avait pas faites, et le second, mon oncle, traumatisé, était épris d'un dégoût profond de cette absurdité guerrière qu'il avait vécu. Autour de moi s'opposaient donc un utopiste et un fataliste, qui à eux seuls forgèrent une bonne partie de ma pensée. Tandis que mon père m'apprenait à être honorable et bon patriote, mon cher oncle Hank me montrait à quel point la guerre n'avait pas de sens, et à quel point une utopie peut parfois s'avérer terriblement sale.

Depuis tout petit, je rêvais d’être instituteur. C’est le plaisir que je prenais à m’occuper de ma petite soeur et de mes petits cousins, ainsi que l'attention que m’avaient porté mes professeurs de dessin et de musique qui firent naître ce désir. Cependant, mon père était d’un autre avis. Il n’a jamais souhaité me forcer à quoique ce soit, et ma mère restait assez passive au sujet de l’orientation de ses enfants, mais je sentais bien ce dont mon père rêvait. Il rêvait de voir ses fils accomplir ce qu’il n’avait, d’après lui, pas eu la “chance” d’accomplir : devenir un soldat servant avec ferveur son pays et les bonnes valeurs, ces valeurs qu'il nous avait transmis avec détermination et qui lui étaient si chères.

Par résultat de notre initiation à la justice, mes deux frères s’engagèrent donc l’un après l’autre dans l’US Army après avoir effectué quelques études, sous les yeux émerveillés d’un père qui les aimait tant, et rêvait pourtant de les voir risquer leurs vies pour leur pays.

Artiste en herbe envieux de liberté, je fus le plus réticent de ma fratrie à l’idée de partir faire l’armée. Mon père ne savait plus vraiment quoi penser. Que dire lorsque son fils, que l’on est fier de voir comme un artiste, refuse de vous offrir la plus grande joie de votre vie ? On torture involontairement son propre esprit qui se retrouve divisé en deux hémisphères qui se font, sans le vouloir, mais immanquablement la guerre. C’est pour cela que j’ai fini par accepter de rentrer dans le corps des Marines, à contre coeur certes : je voulais simplement voir mon père sourire à nouveau de fierté. Décision idiote d'un altruiste borné.

♫ Bob Dylan - Masters of War

Nous sommes maintenant en plein été 1996, j’ai 19 ans, et je m’engage dans le corps des Marines. San Diego, Californie. Un grand gaillard à la coupe en brosse et au vocabulaire chargé d’insultes en tout genre entraîne avec force et détermination un groupe de futurs soldats : le mien. Cet homme qui nous entraîne est le sergent Gorman, et jamais je n’aurais cru détester autant un être humain qui soit censé être mon allié, et même mon supérieur. Il n’y a pas à mentir, Gorman est un salaud, et il le sait. Gorman en fait exprès. Gorman veut nous mettre la haine. Gorman veut détruire notre humanité et faire de nous des machines de combats. Des monstres.
Même si je me fais de nouveaux amis dans cette caserne, je perds ceux que j’avais avant de l’intégrer, et il s’avère que mes nouveaux amis tombent un à un sous l’emprise lobotomisante du Sergent Gorman. Ils sont de bons soldats maintenant. De futurs héros. Je me demande vraiment ce que le terme “héros” veut dire. Pour moi, le héros de guerre n’existe tout simplement pas. Nous ne sommes que des soldats qui partiront se tuer pour une cause qu’ils ne comprennent même pas eux même.

Mon enseignement est terriblement rude et chacun se retrouve humilié d’une façon ou d’une autre par Gorman. Il m’a surnommé “Mole-man” à cause des lunettes que je dois porter pour corriger ma myopie. Alors à chaque fois que j’entends beugler ce lourdaud, je me force à penser à ceux qui me font garder mon calme. De grands hommes qui forgèrent ma pensée comme Gandhi, John Lennon, Bob Dylan...ou mon oncle Hank. La haine n’arrange en rien les choses. C’est cette idée que je m’efforce à garder en tête, moi qui me suis moi-même engagé dans un combat qui n’est pas le mien.

Quand je ne dors pas la nuit, dans le dortoir, je dessine souvent. Depuis peu, je n’arrive plus à dessiner que des hommes alignés, des balles et des fusils. Alors je ne dessine pas et je fais tout pour ne pas devenir ce monstre que l’on tente de me faire devenir.

♫ Johnny Cash - I walk the line

1998. Elle s'appelait Diana. Je me souviens que c’est allé vite ce soir là, nous fêtions ma fin de formation, on a beaucoup bu, beaucoup discuté et beaucoup rit. Ce n’est pas allé plus loin ce soir-là, mais la rencontre de Diana m’avait fait comme un électrochoc, un coup de défibrillateur qui avait, pour mon plus grand bonheur, ravivé la flamme de mon âme d’artiste que le sergent Gorman avait tenté d’éteindre et de piétiner.

Cependant, la fin de ma formation ne fut pas vraiment synonyme de détente jusqu’au bout. Même si ma relation avec Diana était devenue sérieuse, je restais un soldat intégrant tout juste le 7ème régiment de la première division d’infanterie du Corps des Marines. La grande classe, comme on dit. Mon père était fier de moi. Pourtant, le combat, et j’en étais bien heureux, était encore loin de moi puisque je fus basé dans le Wyoming, restant donc pour le moment sous réserve. Je me trouvai certes loin de ma cité d'émeraude natale, de ma famille et surtout de Diana, mais je n’ai pas à subir de guerre pour le moment, et je prie pour que cela dure. Durant mes permissions, je file à chaque fois voir ma famille et passer du temps avec elle, dans le Washington. Les retrouvailles sont toujours joyeuses et festives, mais les séparations n’en restent pas moins douloureuses. Diana vivait constamment dans l’idée qu’une nouvelle guerre pourrait éclater et qu’à ce moment, elle risquait de me perdre. Alors je la rassurais comme je pouvais, tentant de lui garantir qu’il n’y aurait pas de guerre avant la fin de mon contrat.
Je lui avais promis.

III – Epreuves

♫ Green Day - Holiday

Sur l’écran de télé, un président survolté pointe du doigt de terribles images. Nous voyons des flammes. Beaucoup de flammes. Des choses s’écroulent. On nous parle de deux tours, d’un polygone troué, d’avions et de fumée. On entend des explosions, assourdissantes, et des pleurs qui les accompagnent en un insupportable concert. A tout cela se mêlent peu à peu des cris de tristesse et de haine. Sur l’écran, un présentateur apeuré nous montre un homme barbu, pointant du doigt le ciel.
Aux images d’avions succèdent alors les fusées, les bombes et les uniformes. Après le barbu, on dénonce un homme à la moustache fournie, l’air dur surplombant un peuple de soldats qui le saluent fièrement.

Puis, un silence, court et terrible.

Le silence est pesant, comme celui qui précède une catastrophe que l’on attend. L’attente se fait, les uns suant, les autres pleurants ou criants. Puis le silence est subitement brisé. Le vrombissement d’un moteur de jeep, le bruit sourd d’un bombardement, au loin, nous plonge à nouveau dans le cataclysme. De toute part, on vomit des mots violents : vengeance, dictateur, destruction massive, fanatisme, guerre. D’autres part, on nous susurre d’autres mots enragés à l’oreille : Nations Unies, trahison, dissidence, massacre, pétrole.

Et c’est alors, perdu dans tout ces mots de haines, ces images effrayantes, ces barbus qui pointent le ciel, ces moustachus en uniformes, ces mensonges, ces présidents obstinées, que je n’ai même pas pu dire au revoir à Diana. Je l'ai quittée. Je ne peux plus la rendre heureuse maintenant. Je m'en veux de lui avoir menti.

Mon oncle Hank a pleuré. Il a parlé d’un nouveau Vietnam. Mon père s’est tu. Pour la première fois, il fut d’accord avec son grand frère, sans trop l’avouer. Il était même prêt à nous dire de tout arrêter maintenant, à moi et à mes frères, de quitter l’armée et de se jeter dans ses bras. Mais nous ne pouvions pas. La jeep était déjà en route, loin dans le désert.

Mes frères et moi avons d’abord été envoyés en Afghanistan, puis vint 2003. J’ai 27 ans. Je dois quitter mes frères. Au revoir Talibans, bonjour Saddam. Je comprends pourquoi mon oncle Hank qualifie cette guerre de second Vietnam lorsque je vois ce que nous faisons. Ce que ce cher monsieur Bush fait, en désobéissant nonchalamment aux règles fondamentales des Nations Unies. Oui, toi, président si ambitieux, qui punit un pays par les bombes au nom de la liberté, emmerdes bien tous ces Français qui critiquent ton gouvernement et bénit l’existence de ceux qui ont détruits tes deux tours et de leur soi-disant alliance avec ce fameux dictateur, eux qui t’ouvrent enfin la porte vers cette guerre expansionniste et ce pétrole si précieux dont tu avais tant rêvé.

Je t’emmerde, Bush. Je ne veux plus voir ceux qui étaient mes copains de caserne tuer quelques soldats inoffensifs, sous prétexte qu’ils servent le dangereux Saddam Hussein et ses bombes nucléaires imaginaires. Je veux dessiner ce que je vois sans que les coups de feu ne fassent trembler mon crayon. Je veux jouer de la musique sans qu’une bombe n’en vienne couvrir le son. Je suis fatigué, Bush. Je veux revoir ma famille.

♫ Bob Dylan - Knockin' on Heaven's Door

Et me voilà exaucé, du moins à moitié, lorsqu’en septembre 2007, quelques semaines à peine après l’une de mes permissions, je suis surpris par l’arrivée d’un type plus haut gradé que moi, à l’air étrangement blême. On m’apprend que je vais rentrer chez moi, d’un seul coup, et définitivement. Je devrais sourire, mais non. Tout doit être fait pour me faire pleurer. Si on me renvoie chez moi, c’est uniquement grâce à la Sole Survivor Policy. Theodore et George sont mort tout les deux, quelques jours après notre permission, dans l’explosion d’un kamikaze, en Afghanistan. Si la guerre se termine plus tôt pour moi, elle a tout de même décidé de me prendre quelque chose en échange. Si j’avais su, j’aurais prié pour que la guerre continue. Tout cela n’a tellement pas de sens.

Et voilà les résultats. Les visages souriant disparaissent à jamais dans une pluie de bombes, et les noms propres des villes n’ont plus besoin de dictionnaires pour qu’on les reconnaissent. Bagdad, Riyad, Kaboul et Tel-Aviv burinent les parois de nos cerveaux comme l’ont fait autrefois leurs très chères soeurs aînées : Hiroshima, Pearl Harbor, Saigon, Auschwitz et tous ces autres noms que l’on garde aujourd’hui honteusement en prison.

IV – Vie

Pour me sortir toute ces horreurs de la tête, pour pouvoir enfin retenir un crayon entre mes doigts, il fallait que je reprenne goût à une vie normale. C'est terminé avec Diana, mais l'amour n'est pas mort pour autant.
Je sors souvent depuis mon retour d’Irak, avec des amis qui ne sont, cette fois, pas des militaires. Ma vie heureuse semble peu à peu reprendre son cours, alors que je commence un nouveau chemin d'études qui me mèneront, je l'espère, à devenir enfin instituteur.

♫ Hans Zimmer - God Yu Tekkem Laef Blong Mi

Alice. Ce fut le prénom qui me marqua en ce nouvel an 2004, et me marquera jusqu'à la fin de mes jours. Une amie d'un de mes camarades d'études, une jolie blonde au sourire si gracieux et au regard percutant. Ca y est, je le ressens encore, l'amour. Ma vie n'est pas complètement détruite, faut il croire ? Je suis encore un homme. Je vis. Elle vit. Notre ami commun avait eu la gentillesse de nous payer un voyage à New York, et moi et à d'autre amis, pour ce nouvel an. Admirer la boule de lumière descendre au fil du compte à rebours pour finir par marquer le commencement de la nouvelle année, voilà un beau cadeau, aussi simple qu'il soit, qui avait su me faire oublier ne serait ce qu'un temps ce que j'avais vécu l'année précédente.
Vint le traditionnel baiser du nouvel an. Des dizaines de couples qui s'embrassent, heureux, sous la neige de Time Square. Nous avions beaucoup rit et avions largement eu le temps de faire connaissance, Alice et moi, durant le voyage vers New York. Au moment des embrassades, vous vous doutez de ce qu'il s'est passé. Cucul et cliché ? Peut être, mais cela a bien eu lieu. Ce fut là le plus beau nouvel an de ma vie, qui marquait, en plus d'une nouvelle année bien plus calme et plus stable, le commencement d'une nouvelle vie rythmée non pas par les bombes et les cris, mais par l'amour et la tendresse. Un ex-soldat à l’esprit divaguant et une jeune photographe à l'âme d'artiste : nous étions fait pour nous aimer. Alice était désormais devenue le symbole de ma paix intérieure.

Je vis avec Alice depuis un long moment maintenant, et nous nous sommes mariés en 2009. Avec l’encouragement de ma famille, je suis enfin devenu instituteur, rêve que je pus enfin réaliser pour de bon en 2010. Ce désir avait été accentué par la guerre, paradoxalement. J’ai réalisé que les enfants étaient l’avenir de l’homme, et qu’il était plus que capital de leur apprendre à ne pas reproduire les erreurs sanglantes de leurs aïeux.

Nous nous sommes installés dans un pavillon de banlieue à Seattle. Nos voisins sont sympathiques, la maison est neuve est bien équipée. Je travaille dans une école assez proche de notre logis, mes collègues sont des gens charmants et les élèves adorables. Nous menons une belle vie de couple ordinaire, loin du sable de l’Irak et des hurlements du Sergent Gorman. Notre vie peut sembler banale, mais elle n’est pour moi, tant que je suis aux côtés d’Alice, qu’une succession de journées toute plus radieuses les unes que les autres, comme si ces jours tentaient sans cesse d’égaler à mes yeux la beauté de mon aimée.

Bien sûr, une vie, aussi agréable soit elle pour celui ou celle qui en suit le fil, a toujours ses petites parts de tristesse. Mon oncle Hank est décédé en 2011, de mort naturelle. Il n’avait pas dit un mot depuis la mort de Theodore et George, jusqu’à mon mariage. Il m’a dit un simple “Je suis fier de toi”, qui suffit à me tirer les larmes des yeux. Nous lui avons offert le plus bel office que possible pour son inhumation.

En 2013, ce fut au tour de ma mère de nous quitter, alors qu’elle était atteinte de la maladie de Parkinson. Je ne parle pas énormément de ma mère, mais elle ne reste tout de même pas moins importante que mon père. J’aimais beaucoup cette femme discrète, qui m’avait tout appris, et qui se voulait volontairement presque invisible. Elle ne s’est jamais opposé à aucun des choix de ses enfants qu’elle considérait comme les quatre plus grandes réussites de sa vie.

La mort des êtres aimés doit tôt ou tard arriver. Cela fait paradoxalement partie de la vie. Nous ne faisons que passer en ce monde si vaste, mais la vie, elle, ne meurt jamais, et reste sans cesse la plus belle des inventions de Dieu.

on the highway to hell


Partie 2 : L’HOMME BRÛLÉ

I - Symptômes

14 octobre 2015

Les oeufs finissant de cuir m'interpellent soudainement par un crépitement bruyant. Le regard encore un peu fatigué, je racle doucement les deux oeufs et le bacon pour les passer de la poêle aux assiettes, que je pose sur la table à manger. Alice tire une assiette vers elle, gardant le regard fixé sur la télévision qu'elle venait d'allumer, dix minutes plus tôt. Je baille lentement son trop écouter les informations, avant de voir le regard sérieux d’Alice, figé sur l'écran. Intrigué, je tourne moi aussi le regard vers le poste en tentant d'écouter un minimum. « … ainsi que le Harborview Medical Center ont été placés en quarantaine. L'accès à ces établissements est donc strictement réservé aux membres du personnels et aux autorités. Les civils sont invités à se déplacer le moins possible afin de faciliter la tâche des militaires qui se chargeront de gérer... » Pas d'école aujourd'hui. Les enfants doivent être content… Enfin, c'est tout de même étrange cette affaire. Les autorités ont raison en tout cas, il vaut mieux laisser les enfants à l'abri, le temps que tout cela se termine.
Je fronce les sourcils, à la fois inquiet et agacé. Voir ces mauvaises nouvelles dès le matin, disons que ça ne met pas forcément de bonne humeur.  « Alice, tu veux bien changer de chaîne s'il te plaît ? On a passé la soirée d'hier soir à regarder les informations, je commence à saturer. » Alice arbore une petite moue hésitante et finit tout de même par attraper la télécommande pour changer de chaîne.  « T'as raison. C'est vrai que c'est inquiétant tout ça, mais c'est fatiguant aussi d'entendre les journalistes rabâcher toujours toutes ces mauvaises nouvelles... » Elle a mit une autre chaîne, au hasard… encore la même affaire.  « Manifestation à l'ouest de Seattle suite à l'abattage d'un “malade” par des officiers de police, les civils présents sur place se sont indigné face à une scène qu'ils qualifient de “meurtre pur et simple”. La situation ayant dégénéré, plusieurs policiers ont reçu coups et blessures de la part de quelques civils violents. »  « C'est lamentable. » déclarai-je d'un air désespéré. Alice fut intrigué par ce que je venais de dire.  « Tu parles des flics ou des civils ? » Je me tus un instant, hésitant, le regard figé sur la télévision.  « Je sais pas. »

♫ Bob Dylan - The Times They Are A-Changin'

J'entends à nouveau des mots terrible, dans le poste de télévision. Ce n'est pas une guerre, c'est un virus. Ça se ressemble. On parle de morts, de victimes, de manifestations, de violence. Et des militaires. Encore et toujours des militaires, comme si ces outils de guerre vivant étaient en réalité le seul espoir de la vie. Et ils le sont, paradoxe de l'existence humaine : la vie protégée par la mort. Je ne sais pas vraiment si je suis heureux ou non de ne plus être soldat, finalement.
Et me voilà, dans ma cuisine, alors que tout s'écroule à nouveau lentement sous mes yeux comme dans un terrible cycle de guerre et de paix, à faire cuir des oeufs et du bacon. D'habitude, je réserve les oeufs et le bacon pour le dimanche… Je ne sais pas pourquoi, c'est comme si les habitudes, une petite routine banale, se retrouvait d'un seul coup chamboulée. J'ai comme un sentiment étrange. Un changement. Oui, les choses sont en train de changer.

Je regarde par la fenêtre. La famille de la maison d'en face fait ses valises et les déposent calmement dans le coffre de leur voiture. On pourrait croire un départ en voyage. En vérité, le voisin lui même est venu me voir aujourd'hui pour me dire que les événements ne l'inquiétaient pas mais qu'il rejoignait ses parents à la campagne simplement le temps que cela se calme. Mine de rien, j'ai senti un soupçon de crainte dans ses yeux. On ne peut jamais être totalement serein dans une situation pareille.
J'ai lu journal. A l'intérieur se côtoient encore les affaires de meurtres sanglants et les joyeux résultats du dernier match de baseball des Mariners. Petit à petit, les bonnes nouvelles sont englouties. Finalement, le match a été annulé aujourd'hui.
Un véhicule militaire passe dans ma rue, mais tout va bien. Tout est sous contrôle, évidemment.
Je suis sorti boire un verre avec Phil, un bon ami prof, même si les nouvelles tentent de nous en dissuader. Là bas, Phil a dit qu'il n'y avait rien à craindre, que notre pays avait connu bien pire. Pourvu qu'il ait raison. Phil dit aussi que les militaires sont des gens biens, des héros de la nation, et qu'on aurait dû les aider en restant chez nous. On voit bien que Phil n'a jamais été militaire. Il ne sait pas ce que c'est.
A la télévision, dans le bar, on voit des choses terribles comme un nouvel appel à la guerre, contre un ennemi totalement nouveau : la nature. Un témoignage parle d'une femme ayant violemment attaqué son mari. Des gens manifestent contre les soldats et policiers qui tentent tant bien que mal de leur venir en aide. Le monde redevient fou, comme avant une guerre. Car ce qui s'annonce, là, devant nous, est une guerre. D'un genre nouveau, certes, mais les symptômes de la guerre, peut importe les formes qu'elle prend, restent toujours les mêmes, tous plus terribles les uns que les autres. Les choses se répètent encore et encore, indéfiniment. Je vais rentrer voir Alice, puisque aimer est encore ce qui peut nous sauver de cette folie qui recommence à envahir le monde.

Nuit du 24 au 25 octobre 2015

« Phil… Non Phil je… Je te dis de ne pas paniquer ! Qu’est ce qui s’est passé exactement ?... » Alors que je fais les cent pas dans la chambres sombre, l’air inquiet, j’entend Alice se réveiller doucement, intriguée de m’entendre au téléphone à une heure si tardive. « Tu dors pas ? C’est qui ? » me demande-t-elle d’une voix fatiguée, les yeux encore mi-clos. « C’est Phil, il a eu un problème chez lui. » « Un problème ? » Sans faire trop attention à Alice, je me remet à parler dans le téléphone. « Oui. Oui je t’écoute Phil... » Brièvement, je m’adresse à Alice en aparté. « Des gens ont attaqué sa maison, il sait pas où aller. » Alice met une main devant sa bouche, stupéfaite, et je me remet à parler à Phil. « Mais… Ils nous disent de rester enfermé Phil, on peut se permettre de... » Apparté. « Il veut qu’on parte de chez nous. »
« Hein ? Qu’on parte de chez nous ? » « On peut pas faire ça Phil, tu devrais… Oui… Oui c’est vrai... » Alice se tait et me regarde attentivement, perdu dans mes pensées. Un long moment de silence suit, la voix de Phil résonnant faiblement dans le téléphone. « Je sais p... » Bruit de verre cassé. Je me rue vers la fenêtre. La maison des voisins, ceux qui sont partis l’autre jour, est en train d’être cambriolée par une bande de type armés. La peur se lit sur mon visage et dans ma voix. « Phil ?... On va aller à la ferme de mon père. Tu sais où c’est ?... Bien. On se rejoint là-bas. » Nerveusement, je raccroche et lance le téléphone sur le premier meuble qui vient avant de m’empresser d’enfiler un pantalon. « Alice, on s’en va. » « Quoi ? Mais enfin c’est... » « Y a des casseurs en face ! Ils ont des armes ! Si on se dépêche pas maintenant ils vont débarquer chez nous ! » Alice, l’air paniquée, se tait en me regardant droit dans les yeux. Inquiet, je finis par me baisser vers elle pour l’embrasser d’un air rassurant, du moins, le plus rassurant que possible. « Allez vite. Fais tes valises. » déclarai-je d’un ton relativement calme, pour ne pas trop lui faire peur.

Quelques minutes plus tard, nous partions tout juste de la maison, l’abandonnant en espérant pouvoir la revoir rapidement. On crie dans la rue d’à côté. J’ai peur.

II - Diagnostic

Nuit du 24 au 25 octobre 2015

Je ne sais pas si je suis paniqué ou fou de colère. « Décroche ! » L’embouteillage semble immense. On ne peut pas faire demi-tour. « Décroche bordel ! » Alice est stressée, je le sens. Elle ne dit rien, mais elle se gratte nerveusement la lèvre inférieure. Je sais que ça veut dire qu’elle angoisse. « Putain de réseau ! » « Ça répond pas ? » « Les lignes sont saturées bordel de merde ! » Ma compagne pose une main tremblante sur la mienne, me faisant signe de laisser le téléphone. « Laisse. Ça ne fera que te stresser d’avantage. On va bien finir par réussir à le joindre, ton père. Il finira par rappeler. » Serrant sa main, je me frotte les yeux de l’autre pour me calmer, respirant très fort. « Tout va bien se passer Lincoln. » « Faut que j’appelle Phil. On sait pas où il est. » « Ne t’occupe pas de Phil, il sait se débrouiller tout seul et il sait où habite ton père. On le retrouvera là bas comme prévu. Si ça se trouve il est même dans ce bouchon, on en sait rien... » J’esquissai un maigre sourire, apercevant celui d’Alice, si doux et rassurant. Il faut qu’on parvienne à se calmer, cet embouteillage va bien finir par se terminer, à un moment ou un autre… Soyons patients et ne paniquons pas.

♫ Gustavo Santaolalla - Blackout

Une moto de police passe à toute allure entre les voitures, manquant de casser notre rétroviseur. Une deuxième. Une troisième. Il y a du mouvement devant ? Fronçant les sourcils, à la fois intrigué et inquiet, j’ouvre la portière et sort dans le froid pour tenter de voir ce qui se passe devant, sans succès. Un hélicoptère passe juste au dessus de moi, me faisant lever les yeux au ciel, ébloui par la lumière qu’il projette au sol. « Veuillez garder votre calme et rester dans vos véhicules. Je répète, veuillez garder votre calme et rester dans vos véhicules. » tonnent les hauts-parleurs. Tant pis pour les ordres, ce qui se passe dehors m’intrigue beaucoup trop. Un homme titube vers moi, au loin, vers l’arrière, entre les voitures. Il se rapproche, petit à petit. Sa démarche est… étrange. Comme s’il était… malade ? « Lincoln. » « Attends, y a un type là bas. » « Lincoln, ils disent de rentrer, rentre. » « Attends je te dis. » J’avance de quelques pas vers l’étrange individu avant de m’adresser à lui, les sourcils froncés. « Monsieur ? » Un râle. Ignoble. Son regard est vitreux, comme celui d’un mort. Sa mâchoire béante semble vouloir dévorer la première chose qui passera sous sa dent… Cet homme n’est pas un homme. Alors les voilà, les infectés. C’est à cela qu’ils ressemblent. Mon coeur palpitent, mes yeux s’écarquillent. J’ai peur. Je panique. Vivement, je fais quelques pas en arrières et me met à courir vers la voiture, cognant au passage le rétroviseur du véhicule qui succède au nôtre, le brisant sous le choc. Sans y porter attention, je me rue dans mon automobile et referme la portière. Alice aperçoit mon regard paniqué, mon souffle saccadé… « Qu’est ce qui se passe ? Lincoln ? Qu’est ce que tu as vu ? » Lentement, je tourne la tête vers elle sans dire un mot. Le chauffeur de la voiture derrière nous est sorti de son véhicule. Je l’entend s’énerver, se plaignant du rétroviseur que je venais de lui casser. J’écoute. Attentivement. Paniqué. « EHO ! Vous là dans votre voitu… Qu’est ce que… Laissez moi tranquille enfin ! Qu’est ce que vous... » Un cri. Un cri atroce. Souffrance. Agonie terrible. Mes yeux s’écarquillent encore plus, je tourne la tête et je le vois, à travers le pare-brise arrière, se faire arracher la gorge par cet homme infecté qui me suivait. Une effusion de sang. Je me retourne subitement vers le volant, clignant nerveusement des yeux, tétanisé. Je suis figé. Je tremble. Et voici enfin le terrible diagnostic de la maladie qui nous ronge. Celui qui nous fige de stupeur, rien qu'en imaginant à quoi ressemblera la vie, maintenant. Je réalise.

Alice me parle mais je n’entend plus rien. Elle tente de regarder à l’arrière, effrayée par les cris. D’un violent mouvement du bras, je l’empêche de se retourner. L’homme continue de hurler, de plus en plus horriblement. Je sens l’agonie dans ses cris, la douleur, la mort qui arrive, petit à petit, dans la souffrance la plus atroce. A ses cris se mêlent les effrayants râles du monstres, entremêlés aux gargouillis immondes du sang dans la gorge de sa victime. Je tremble. Je n’ai jamais tant tremblé depuis l’Irak. C’est un cauchemar. Un terrible cauchemar. Alice, main sur la bouche, pleure en silence. D’un geste tétanisé qui se voulait rassurant, je sers la main de mon épouse, tremblante. Plus aucun bruit. Il ne faut plus faire aucun bruit. Écoutez. Écoutez la faucheuses passer à nouveau dans nos rangs. Priez. Priez pour ne pas être le prochain à crier de douleur sous les coups qu’elle vous affligera.

III - Métastases

26 octobre. 2015

Nous sommes enfin arrivés à la ferme. Sains et saufs.
Lorsque nous étions dans les bouchons, un homme, un inconnu dans la même situation que nous a finalement intervenu et a tué le malade qui dévorait notre voisin arrière. Cet homme nous a aimablement conseillé de partir en laissant notre voiture. Je voulais refuser : abandonner ma voiture ainsi en plein milieu d’une route était impensable… Mais le cadavre éventré, encore étalé sur le capot de la voiture derrière nous me tétanisait de plus en plus. Il faut abandonner la voiture. L’homme, Henry, nous a mené à pied jusqu'à une petite maison, probablement une résidence secondaire retranchée de la ville où il avait cachée un véhicule. Henry était vraiment un homme très aimable et des plus courageux malgré son côté “mystérieux altruiste”. Je le sentais très perturbé par le coup qu’il avait dû porter au malade.
Il nous demanda donc notre destination et nous emmena par conséquent, à travers des petits chemins de campagne peu praticables, jusqu’à la ferme de mon père, où il nous déposa avant de partir. J’ai pris soin de le remercier sans retenue : sans cette âme charitable, Alice et moi ne serions peut être pas en vie.

♫ Gustavo Santaolalla - The Hour

Phil, sa femme Emily et leur fils Martin, ainsi que ma soeur Gabrielle, son mari Paul et leur fille Lena sont eux aussi arrivés à la ferme. Sains et saufs, par bonheur. Nous sommes maintenant neuf résidents à la ferme : Phil, Emily, le petit Martin, Gabrielle, Paul, mon père Andrew, son jeune employé à la ferme Russell, Alice et moi.

Cependant, on ne va pas rester ici. Non pas que cet endroit me déplaît - bien au contraire, il me rappelle mon enfance - mais Dieu sait à quel point les fermes sont des cibles privilégiées pour les pillards, en particulier celles dont les propriétaire sont des veufs agés de plus de quatre-vingt ans… Phil m’a parlé de plusieurs petits camps formés à travers la ville, sous la protection de militaires. Il est nécessaire que l’on en localise un et que l’on s’y rende dans les jours qui suivent.

13 novembre 2015

Nous avons enfin trouvé un petit camp de réfugiés, au coeur de Seattle… Malheureusement, les militaires semblaient avoir été surpassés peu de temps plus tôt, et seul un groupe d’enfants avait survécu, retranché dans une cave. Il y avait sept enfants, dont trois que je connaissais car venant de mon école. Les voir ici, terrifiés, orphelins, me faisait terriblement mal. Le camp étant désormais inexploitable, nous les avons ramené avec nous à la ferme. Désormais, c’est justement vers l’école que nous avons décidé de nous diriger. En effet, bien que sans protection militaire, l’endroit nous est familier et l’enceinte est très sécurisée, en plus d'être plus grand. Dès demain nous tenterons de nous y rendre.

29 novembre 2015

Cela fait maintenant 16 jours que nous nous sommes installés dans l’école. Nous tentons de vivre une vie normale, malgré toute les horreurs qui tournent autour de nous, grandissantes comme les métastases survoltées d’un cancer inguérissable qui rongerait le monde entier. Gabrielle, Alice et Emily ont prit il y a peu l’initiative d’installer quelques jeux d’intérieur pour les enfants, tandis que Phil et moi même leur offrons des cours, comme pour leur donner un semblant de vie normale en continuant de les instruire, de les faire exister par l’apprentissage, la parole, la curiosité. Les enfants sont l’avenir, ils sont la vie. Je serais prêt à n’importe quoi pour les protéger.

15 décembre 2015

Aujourd’hui, nous sommes sorti avec Alice. Nous partions simplement dans le froid pour tenter de ramener des vivres à notre refuge, comme d’habitude. C’est la première fois qu’Alice sort avec moi à l’extérieur de l’école, j’avais toujours refusé qu’elle prenne ce risque auparavant. Cette fois, elle a trop insisté pour que je refuse… Pourvu qu’il ne lui arrive pas malheur. S’il se passait quelque chose de grave, je ne m’en remettrai jamais.

Il est huit heures du soir. Nous sommes en retard. Enfin, par bonheur, il n’est rien arrivé à Alice durant notre expédition, et le retour au camp s’est fait sans trop d'encombres…

Un portail entrouvert. Étrange, je l’avais pourtant bien fermé quand nous sommes partis…Et j’avais pourtant dit aux autres de faire très attention aux verrouillage des issues : tout peut dépendre d’une simple petite faille. Phil va m’entendre. Je suppose qu’il a encore dû sortir pour jeter les déchets de la veilles, comme nous avons l’habitude de le faire. Il m’a déjà fait le coup d’oublier de refermer, heureusement que j’étais là pour le faire à sa place. Phil est adorable, mais je crois qu’il ne se rend pas toujours bien compte de la gravité de certaines choses. C’est un tête-en-l’air. Alice venait de monter les escaliers à l’intérieur de l’établissement quand je l’ai entendue crier, devant moi. Elle est redescendue, et à pleine vitesse s’est jetée dans mes bras en pleurant. « Alice ! Alice enfin qu’est ce qu’il y a ?! Qu’est ce qui se passe ?! ALICE ! » Elle tenta de parler mais aucun mot ne parvint à sortir de sa bouche. Elle était horrifiée, pétrifiée… Non. Tout allait bien, non. Lâchant mon aimée, je me précipite en haut des escaliers pour voir à mon tour ce qu’elle avait vu de si terrifiant. « Mon Dieu. » Emily. A terre. A demi dévorée. Ils sont entrés. « Putain non. Putain c’est pas possible non. » Sentant mes yeux s'humidifier sous l’impulsion de la terreur, de la tristesse et de la panique, je me met à courir à travers le couloir, dépassant le corps d’Emily en manquant de glisser dans son sang. Passant une porte, je me retrouve nez à nez avec un infecté, le visage et les vêtements enduits de sang. D’un geste plein de rage, je me rue sur lui pour lui planter mon couteau en plein visage. Il faut que je continue de chercher, les autres sont peut être toujours en vie, quelque part dans l’école. Une à une, j’ouvre toute les salles de classe, priant pour tomber sur ce qu’il reste de mes proches, en vie, jusqu’à tomber sur une salle dont la porte est déjà ouverte… et d’où j'entends déjà sortir d’immondes râles de rôdeurs. Les yeux fixés sur la trainée de sang à l’entrée de la pièce, je prend une grande inspiration avant d’entrer, appréhendant l'horreur. Précipitamment, toujours aussi paniqué, je pénètre dans la salle de classe. Paul est là, au sol, mort, son regard de cadavre tourné vers le mien. Un monstre à genoux est en train de lui arracher les entrailles pour s’en repaître inlassablement. Le corps de Russell n’est pas loin, le visage à moitié déchiqueté. Il avait 17 ans. Le spectacle est atroce. Je n’ose même pas m’approcher. Lentement, je sors un 9mm trouvé dans la journée de ma poche pour le pointer vers l’infecté. Je tire. Il tombe, raide mort, sur le corps inanimé du pauvre Paul. Le son du coup de feu a retenti dans toute l’école. J’entend du mouvement à l’étage d’au dessus. J’en entend descendre l’une des deux cages d’escaliers… Ils sont nombreux. Trop nombreux. Il faut que je fasse demi-tour. Me mettant à courir, je croise Alice qui commençait à lentement me rejoindre, tétanisée. Rapidement, je l’attrape pour la faire courir avec moi en direction de la cage d’escalier libre qui nous mènera à l’étage supérieur. Trois monstres nous y attendent. Trois coups de feu. Trois corps. Ils grattaient à une porte. Tremblant de panique, j’ouvre cette dernière pour découvrir, par bonheur, mon père et ma soeur encore en vie. Tous deux sont horrifié, pétrifié par la peur, et ne se rendent même pas compte tout de suite de ma présence. Précipitamment, je les relève et les emmène avec moi. « Phil ? Les enfants ? Où ils sont ?! GABRIELLE ! OU ILS SONT ?! » Ma soeur a beaucoup de mal à parler, mais parvient à prononcer le mot “infirmerie”. Sans attendre, je me précipite dans la direction de cette dernière en forçant les survivants à me suivre. L’infirmerie était située dans un autre bâtiment, adjacent au petit gymnase de l’école. C’est dans ce gymnase qu’avait été organisée la petite salle de jeux des enfants.

Sortant précipitamment du bâtiment, je pris soin de fermer rapidement toute les portes et de les barricader afin d’empêcher tout infecté de sortir. Nous reprîmes alors notre course vers le gymnase et l’infirmerie, mon père et ma soeur étant parvenu à reprendre leurs esprits, avec plus ou moins de difficulté.

♫ Gustavo Santaolalla - Home

Le chemin étant plus court, je commençai par me précipiter à l’intérieur du gymnase, dont les portes à double-battant étaient grandes ouvertes. Du gymnase, nous pouvions directement accéder à l’infirmerie.
Il y a du sang sur le sol. Des infectés sont passé par ici et ont du ressortir. Un silence terrible. Désormais, nous ne courrons plus, nous marchons. L’aire de jeu aménagée prend soudainement des airs de sépulture abandonnée. Les jouets sont encore là, immobiles. Un dessin à moitié colorié traîne sur une petite table en plastique. C’est la petite Lena qui l’a dessiné, je reconnais bien son coup de crayon. Il y a deux personnages. Ils portent ce qui ressemblent à des fusils et des pistolets. Ils sourient. La petite a écrit “Lincoln et Phil, nos protecteurs”. Pourvu que Lena soit en vie. Pourvu que Martin soit en vie. Pourvu que tout ces pauvres enfants soient en vie...
J’avance, lentement, comme traversant une église le jour d’un enterrement. Il y a du sang. Des traces de pas. J’avance. La porte de l’infirmerie est juste en face de moi, verrouillée. Je baisse les yeux. Il y a un morceau de papier au sol. Il a été glissé sous la porte de l’intérieur. Doucement, je me baisse pour le ramasser et commence à lire le message qui s’y trouve, écrit d’une écriture tremblante.

« Nous sommes piégés. Je pense que tout le monde est mort. Les petits sont avec moi. On s’est enfermé dans l’entrepôt au sous-sol de l’infirmerie. Il y a une clé dans le placard à désinfectants. Les infectés grattent à la porte. Je ne sais pas combien de temps on va devoir tenir. Lincoln, si tu es vivant, j’espère que tu viendras nous chercher. Il faut que tu viennes nous chercher.

Si je dois agir, je le ferais rapidement. »


La dernière phrase de cette brève lettre me coupa le souffle. Non. Pitié pas ça. « PHIL ! PHIL C’EST MOI, C’EST LINCOLN ! ON ARRIVE ! » D’un violent coup d’épaule, j’enfonçai la porte de l’infirmerie et me précipitai vers le placard pour m’emparer de la clé du sous-sol et ouvrit la porte de ce dernier, les mains tremblantes de peur. Je descendis ensuite les marches en appelant, en criant le nom de mon ami. « PHIL ! PHIL JE SUIS LA !... Phil ? » Arrivé au milieu de l’escalier, je n’entendais aucune réponse. Le silence régnait, un silence de mort, le pire que je n’avais jamais eu à subir. Je voulais faire demi-tour. Je ne voulais pas voir ce qu’il y avait en bas… Mais il le fallait. Lentement, effrayé, je terminai de descendre les marches, mon père, ma soeur et mon épouse m’attendant au dessus. Je commençai par voir le corps de Phil, assit au sol, contre le mur, la bouche grande ouverte, un 9 millimètres à la main. La trace de sang qui avait tâché le mur lorsqu’il s'était tiré une balle dans la bouche s’était transformée en une horrible traînée rouge qui descendait jusqu’à sa tête. Je me mis à pleurer. Brisé par ce qui était en train de se passer, je me tournai lentement au milieu de la pièce. Contre le mur, en face, quelque chose était recouvert d’une bâche. Je m’approchai doucement et m’emparai d’un petit papier abandonné sur la bâche. « ILS N’ONT PAS SOUFFERT » Je compris immédiatement. Je ne veux pas soulever cette bâche. Surtout pas. Plaquant une main sur ma bouche pour m’empêcher de crier de souffrance, j’entends les autres descendre.

Une seule porte entrouverte. Cela avait suffit.
En sortant, nous avons écrit un avertissement sur le mur du bâtiments où étaient enfermés ce qu’il restait de rôdeurs.
Avec moi, il ne reste plus que mon père, Gabrielle et Alice. Nous sommes les seuls survivants. Je devais tenir Gabrielle pour qu’elle ne retourne pas en arrière en courant pour aller chercher les corps. C’est tout simplement trop dangereux. Elle a perdu son mari et sa fille, je ne sais pas quoi lui dire.

Chaque partie de moi même veulent simplement abandonner. Mais il serait si facile de se rendre à ce monde. Je ne peux pas le faire. J’ai trop foi en l’humanité.

J’ai vu que nous sommes encore capable de faire le bien. Nous pouvons le faire. Je dois rester fort… pour eux. Pour ceux que j’aime, et qui restent.

17 décembre 2015

L’errance dans Seattle était très loin d’être aisée. Au danger constant s'ajoutaient nos esprits blessés divaguant, déroutés par les terribles évènements de ces derniers jours. Mais nous avons fini pour nous faire recueillir, alors que nous cherchions un abris, par des militaires… Et c’est ainsi que nous avons découvert le camp du Centurylink Stadium. Des centaines de personnes, à qui, comme nous, il était arrivé de plus ou moins terribles choses, survivaient ici. Ce fragment de vie semblait comme un étrange ilôt au milieu d’une mer d’horreur et de mort.

La vie au Centurylink n’est pas facile, mais nous nous y faisons, petit à petit. Après ce que nous avons vécu, je suis prêt à accepter n’importe laquelle des manières de voir des gens vivre, de toute façon. Pour la première fois, une partie de moi n’a plus honte d’avoir été militaire.

IV - Phase terminale

♫ Wye Oak - Civilian

10 janvier 2016

Le Centurylink Stadium est tombé aujourd’hui. Seule une ignoble horde d’infectés peuple maintenant ce stade qui abritait autrefois tant de vie. C’est comme si… la mort voulait sans cesse nous rappeler de la façon la plus douloureuse que possible qu’elle est toujours ce par quoi se termine la vie. Je refuse d’y penser. Non, je ne dois pas. Mais alors que dois-je penser, maintenant que je la tiens là, dans mes bras ? Ma pauvre soeur, dis moi, que dois-je penser ? Que ta mort n’a pas d’importance ? Pourquoi ? Pourquoi tout cela ?

Je sers dans mes bras le corps sans vie de Gabrielle, violemment mordue au cou. J’avais mis ma plus belle chemise blanche, ce jour là. Elle est maintenant teintée de rouge. Toute les belles choses finissent par être tachées de sang dans ce monde si dénué de sens. Alice est près de moi. Elle aussi, elle pleure. Elle me sert dans ses bras. Il faut que l’on parte, me dit-elle, nous sommes encore trop près du stade pour nous arrêter aussi longtemps. Je ne bouge plus. Je pleure. Mon espoir s'émiette, peu à peu. Emily. Paul. Russell. Phil. Martin. Lena. Les autres enfants. Maintenant Gabrielle. Petites miettes d’espoir. Qui sera le prochain ? Mon père ? Alice ? Je ne peux plus vivre comme ça. Je ne veux plus les sentir partir, les uns après les autres, en emportant à chaque fois une partie de mon âme. Le sol autour de moi s’effondre. Je ne sais plus quoi faire.
Gabrielle rouvre les yeux. Une lueur d’espoir me traverse naïvement. Puis je réalise. Ce n’est pas Gabrielle. Un coup de feu. Mes oreilles sifflent. Pour la première fois, je viens de tuer ce qui était autrefois un être aimé. Je me trompais. Tout cela est bien pire qu’une guerre.
La vie semble bel est bien sujette à la défaite. L’espoir est en phase terminale.

IV - Incinération

15 janvier 2015

♫ John Murphy - In the House, in a Heartbeat

Papa a disparu dans la panique, au Centurylink Stadium. Je prie pour qu’il soit en vie, quelque part. Un homme aussi âgé ne peut pas s’en sortir seul.

Alice et moi, séparés accidentellement du groupe, avons décidé de retourner à la ferme pour nous loger. Ce que nous avons trouvé en arrivant était à nouveau un véritable cauchemar.

Les flammes se voyaient de loin. J’ai insisté pour que l’on s’approche. La ferme entière brûlait. A pied, toujours vêtue de ma chemise tâchée du sang de ma propre soeur, j’observai le carnage, debout sur le sentier, face à la maison. Il était tard, les flammes brillaient dans la nuit comme un brasier tout droit sortit des enfers.

Un homme sortit de la maison, traînant un autre par les cheveux. Ce dernier devait avoir élu domicile dans notre ferme abandonnée. Le premier homme, chauve, riait aux éclats, un bidon d’essence à la main. L’homme qu’il tirait, un afro-américain aux vêtements déchirés, pleurait comme un enfant effrayé. Un troisième homme, sans doute allié du premier était là aussi. Lui aussi riait. « Celui là a cru qu’il nous échapperait ! Regarde un peu comme il bouge ! » « Bah alors negro ? T’as cru pouvoir t’en sortir ? » Face à l’apocalypse, chacun révèle sa véritable nature et la violence que nous connaissions autrefois prend alors une toute autre ampleur. « Tout est fini, grand con, maintenant ce monde est à nous… On peut enfin le nettoyer de tout ceux qui en pourrissent la surface. Vas-y Frank, allume le ! Haha ! » Je les entend rire grassement. Ils se repaissent de ce que le monde devient. Ils se régalent avec la mort. Je le regarde, cet homme chauve, jeter ce pauvre innocent dans la boue avant de vider ce qu’il reste de son bidon sur son corps. La victime supplie son bourreau. Je ne bouge pas. Le chauve craque une allumette. Le corps prend feu. Le spectacle est insoutenable. Je ne bouge pas. J’observe, impuissant, l’odieuse oeuvre du mal et de la terreur. L’incinération de la vie, tombée par petites miettes sous les coups incessant du chaos, implacable, détruisant tout les beaux souvenirs de mon enfance.

L’un de ces assassins m’a vu. « EH ! Y a un mec là-bas ! Clive, bute le ! » C’est fini. Je dois courir. Alice tire ma manche. Je dois courir. Alors je cours. Je cours à m’en couper le souffle, à travers la nuit, éclairé par ce ciel sombre rougit par les flammes. Je cours à m’en briser les jambes. Je cours en espérant mourir de fatigue, en priant pour qu’une balle me touche. Je cours, encore et encore. J’aimerais mourir.

V - Cendres

♫ Bob Dylan - Bowin' in the wind

Nous sommes vivants.

Les assassins qui nous poursuivaient ont fini par être semés, après une fuite précipitée vers la montagne, à bord d’une voiture trouvée sur la route. Cependant, Dieu sait à quel point il est imprudent de rouler vite en plein hiver, en particulier sur une route de montagne… Trop de neige nous bouche la vue. Une plaque de verglas. La voiture percute le flanc de la montagne et s’arrête nette. Inconscients, en hypothermie, un groupe d’individus, nos anges gardiens, ont fini par arriver, comme tombant du ciel. Ils nous ont sauvé. Alice. Moi. Nous sommes vivants.

Je ne me souviens pas du voyage, encore inconscient à cet instant, mais je me souviens de mon réveil, auprès de mon aimée, encore endormie. Nous avons été paisiblement alités, soignés et recueillit dans ce tout nouveau havre de paix : ce qui était autrefois une station de ski était aujourd’hui devenu le refuge d’un grand groupe de survivants… Et quelle fut notre surprise lorsque nous retrouvâmes mon père ici, sain et sauf, et que nous constatâmes que cette communauté était constituée d’un grand nombres des survivants du Centurylink Stadium. Tel un phénix, d’un petit tas de cendre, oeuvre de la mort, renaît un nouvel enfant, une nouvelle vie. Des cendres de ce monde, nous tentons de faire surgir, encore faible, une pointe de beauté dans cet océan de désolation.

Il est inutile de se demander pourquoi. Il est inutile d’essayer de trouver une quelconque clarté dans tout cet irrationnel. Il est inutile de se poser tant de questions qui nous torturent : pourquoi la vie, pourquoi la mort ? Pourquoi lui, pourquoi elle ? Pourquoi ici, pourquoi maintenant ? Comme le dit si bien mon idole, ce cher Bob Dylan, la réponse est soufflée dans le vent.

Aujourd’hui, je continuerai simplement d’être là, vivant encore un peu, et de servir ce qui, en ces temps nouveaux, semble rassembler des bribes d’espoirs disloquées au beau milieu de mon coeur meurtri. Je ferais tout pour Evergreen Ridge. Je suis prêt à travailler. Je suis prêt à sortir. Je suis prêt à me battre pour eux.

Et je le fais. Je me bats. Je sers mon espoir pour qu’il daigne ne pas me quitter à nouveau. Pendant tout ces mois depuis notre arrivée, je me tue à servir notre nouveau foyer, notre nouvelle famille. Aujourd’hui, la vie n’est pas aussi facile qu’autrefois, certes, mais peu importe. Aujourd’hui, en ce monde, nous sommes vivants.

time to meet the devil

• pseudo › Jodec, ou Jonah pour les intimes
• âge › 17 ans

• comment as-tu découvert le forum ? › Demandez à Jonah.
• et tu le trouves comment ? › Toujours aussi nul. ZERO.
• présence › Au moins deux fois par semaine en temps de cours

• code du règlement › Ok - Jay
• crédit › Moi/tumblr
passeport :

fiche (c) elephant song.
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Re: Knockin' on Heaven's Door | LINCOLN

Ven 30 Sep 2016 - 18:58

Rebienvenue avec ce super avatar Very Happy
Je te fais des bisous et bon courage pour le reste de ta fiche
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Re: Knockin' on Heaven's Door | LINCOLN

Ven 30 Sep 2016 - 19:00

Rebienvenuuuuuuue :smile34:

En espérant que tu t'amuseras encore avec ce personnage !




Je sais pas si ça m’est déjà arrivé, enfin, on va essayer de ramasser tous les morceaux et de recommencer à zéro, ça va pas être facile mais on est tous ensemble maintenant et je me sens bien.
Yulia Iojov
Yulia Iojov
The Exiles | Bras Droit
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Re: Knockin' on Heaven's Door | LINCOLN

Ven 30 Sep 2016 - 19:03

WOUAAAH. Cet avatar, Joaquin j'adoooore (dans ma tête ça fait GLADIATOOOOOR même si ok il n'a pas que jouer que là-dedans, mais c'est juste ma bible ce film) voilà ! Excellent ! Dès que j'ai une minute je lis cette fiche :p (oui j'ai pas encore lu)
En tout cas, du peu que j'en vois, j'aime déjà ton nouveau compte Surprised Donc Re'bienvenue !
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Re: Knockin' on Heaven's Door | LINCOLN

Ven 30 Sep 2016 - 19:13



bienvenue sur le forum !

Te voilà fraîchement inscrit sur The Walking Dead RPG ! Après avoir lu consciencieusement le règlement du forum, voilà quelques petites choses à retenir pour tes débuts parmi nous :

1 – Le délai pour finir ta fiche est de 10 jours. Un délai supplémentaire peut être accordé par un Administrateur.

2 – Si tu as oublié de le faire avant de t'inscrire, jette un petit coup d’œil aux bottins des noms, des prénoms, des métiers et des avatars.

3 – Lors du choix de ton avatar, il est important de bien respecter ces deux points du règlement : Les images choisies doivent être cohérentes avec le contexte, et l'âge de ton personnage avec l'aspect physique de ta célébrité.

4 – Afin d'éviter les RP répétitifs d'intégration dans un camp, nous te conseillons d'intégrer ton personnage à un groupe dès son histoire !  Si tu choisis d'intégrer le groupe des solitaires, il te faudra conserver ce statut durant 1 mois minimum avant de pouvoir t'installer dans l'un des groupes sédentaires.

5 – Si ton histoire comporte des personnages que tu souhaiterais proposer en Scénario, sache qu'il faudra également patienter 1 mois et être actif en zone RP.

6 – Une fois ta fiche terminée, signale le dans ce sujet AVERTIR ▬ FICHE TERMINÉE.

Bonne rédaction !


Désolée mais ... COMMODE QUOI. :MisterGreen:

Re-Bienvenuuuuuue :smile2:
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Re: Knockin' on Heaven's Door | LINCOLN

Ven 30 Sep 2016 - 19:16

Je te dis bienvenu mais... JE SUIS QUI TU ES !
(a)

Bon courage avec cette fiche^^
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Re: Knockin' on Heaven's Door | LINCOLN

Ven 30 Sep 2016 - 19:50

Rose... XDDD


Rebienvenue futur coupain ! :MisterGreen:
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Re: Knockin' on Heaven's Door | LINCOLN

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