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Matthew Farrell

Mer 6 Juil 2016 - 7:32


Matthew Farrell
34 • AMÉRICAIN •PILOTE D’HÉLICOPTÈRE • EMERALD FREEDOM

Hellfire was my tool of trade



La nuit était tombée depuis longtemps mais la température était toujours aussi étouffante. Le Pakistan méritait bien son surnom d’ « Enfer sur terre ». Entre ses mains, un téléphone-satellite qu’il avait subitement demandé à son supérieur après la fin de sa sortie quotidienne en fin d’après-midi. À sa droite, un fusil d’assaut M4 allongé calmement contre le pilier de la tente. Le cran de sûreté était enlevé, sa pastille rouge avait l’air de dire : « Quand est-ce qu’on y retourne ? »

Oui, quand ?

L’appareil high-tech bougeait entre ses mains mais c’était bel et bien la seule interaction qui avait eu lieu. Il n’osait pas appelé ou plutôt, ne savait pas s’il devrait. Ça faisait déjà des mois. Avant, ils s’appelaient chaque fois que possible ; le temps manquait pour raconter des semaines chargées en quelques minutes. Mais maintenant ? Maintenant et la dernière fois, et la fois d’avant, et toutes les autres depuis son troisième déploiement, maintenant ils n’avaient rien à se dire. Et ce silence au bout du fil, de part et d’autres, le torturait.

À l’autre bout de la tente, assis sur son lit de camp, le second lieutenant Bradley « Beat » McIntyre de l’USAA (United States Army Aviation)  jeta un coup d’œil vers lui avec une certaine inquiétude et ne put s’empêcher que c’était sans aucun doute une mission de trop pour Matthew « Owl-Eye » Farrell. Il avait connu le second lieutenant lorsqu’ils avaient fait l’école de l’aviation légère en Alabama. Dans son souvenir, Farrell était un type qui incarnait la joie de vivre et avait un humour difficile à résister. Ou bien il attirait les situations cocasses. Un des deux. Dans tous les cas, rien de comparable avec l’épave qui hésitait à contacter sa petite amie-la-vétérinaire. C’était un côté qu’il ne montrait pas aux autres hommes du 229e régiment. Beat savait qu’aussitôt qu’un des autres pilotes viendraient lui parler, c’était le « bon gars » qui ressortirait. Owl-Eye s’entendait toujours bien avec tout le monde parce qu’il avait deux traits extrêmement rares dans l’aviation : « l’humilité et l’adaptabilité ». Les barres dorées sur son uniforme, son entraînement à 3 000 000 de dollars américain, l’AH-64 Apache aux couleurs du plus prestigieux bataillon – le 1er -  de la 16e Brigade qui l’attendait dans un hangar, une bête meurtrière aux ailes blindées et décorée d’une tête de grand-duc d’Amérique sur le côté, tout ça ne voulait rien dire pour lui face à un gars de l’entretien ménager. Et quand les connards de l’USAF venaient rigoler des « Libellules de l’aviation », Farrell ajustait la barre. Toujours à la hausse, évidemment. Ces connards d’aigles tordus ne méritaient rien.

Un soldat entra dans la tente et tendit à Farrell un rapport météorologique pour les prochaines 24 heures. Beat soupira et regarda le plafond de la tente. Matthew était le genre de gars qui compartimentait sa vie, pour le meilleur et pour le pire. Et sur la pile de boite, le travail était toujours au sommet. Le militaire savait déjà que le pilote allait lire attentivement le paquet de feuille, annoter ce qui lui semblait important, calculer les données atmosphériques manquantes et ce genre de truc. C’était un type analytique, qui jurait un peu avec le côté « gros bras » de l’armée. Pas un bon soldat, n’aurait dit les vieux de la vieille école. Pas du genre à discuter des ordres mais plutôt à avoir une conscience. Peut-être pas la bonne conscience. Il avait vu le pilote hésiter avant de tirer, mais pas sur la question de presser le détente mais bien du meilleur endroit pour frapper. Tuer était seulement une partie du travail, ça ne semblait pas vouloir dire quelque chose en soit. Pas un meurtre, du moins. Farrell ne questionnait jamais le vrai fond des ordres.  Et pas question de le contredire sur le sujet ! Aussi sympa qu’il soit, Matthew avait des idées arrêtées sur son travail et sur les valeurs qui l’entourait. Ce n’était jamais gris, juste noir et blanc et c’est comme ça. Pas de dieu. Obama est un con. Et Elvis est définitivement mort. Ce genre de truc. Mais Matthew avait de l’aisance à faire croire aux gens qu’il considérait leur opinion, qu’il s’intéressait à eux sincèrement. Il serait en fait plus facile de déplacer la base au complet que de le faire changer d’avis. Et ça c’est dans la vie de tous les jours parce que si c’est lui dans le cockpit, il aura le dernier mot sans plaisanteries. Les choses doivent se passer à sa manière sinon il avance à reculons. L’environnement de l’Apache était parfait pour ça. Le militaire avait son expertise et le pilote la sienne. Et personne ne disait à personne comment faire son boulot.

Ils avaient  eu leurs disputes au cours du boulot, évidemment. Beat était un gars impulsif et c’était pour ça qu’il avait étudié les systèmes d’armement plutôt que le pilotage tactique. Les trucs faisaient boom et le plus tôt, souvent le mieux. OwlEye était méthodique et beaucoup plus patient, à ne pas dire lent. Il attendait le dernier instant pour agir, pas capable de prendre une décision sans toutes les variables. McIntyre préfèrait ne pas juger qui des deux avait raison. Il espérait juste que ça ne tue personne.
Il regardait Farrell et son petit jeu était facile à deviner. Farrell fuyait ses problèmes dans le travail, dans la certitude que l’objectif de la mission, c’était la réussite et la bonne voie à suivre. C’était son point fort après tout, mais c’était pas un peu naïf aussi ? Il était pas complètement embobiné par le discours de l’armée – soyez un héro ! Courage pour votre patrie !- mais c’était tout comme en fait. Le travail lui donnait un sens. Mais ça n’allait pas durer pour toujours. Déjà 34 ans. Sa carrière en mission ne serait pas éternelle.

Et que dire de sa vie amoureuse merdique ? Beat doutait fortement qu’il soit nul en amour pourtant. Mais Owl-Eye avait  bien du mal à doser sa vie. Il était malléable mais borné au fond. Selon la rumeur, sa copine était encore pire. La même rumeur disait que le Hibou se faisait mener par le bout du bec de retour en Amérique, avec ou sans bague au doigt. Farrell était incapable de dire non, en fait. Il en prend une tonne sur ses épaules, sans réfléchir à savoir s’il peut vraiment « squatter » la charge. Beat se demanda si Farrell serait un jour capable de choisir entre son métier et sa vie personnelle, avant de perdre les deux. Le militaire soupira et arrêta de penser au pilote d’hélico.  C’était un peu louche après tout.

Matthew feuilleta le rapport et remercia le soldat qui venait de lui donner. Celle-ci lui demanda s’il pouvait faire autre chose pour le pilote. Grand sourire chaud. Une private de troisième classe aux cheveux roux qui lui rendait un peu trop service depuis son arrivée. Farrell allait lui dire que non mais il hésita et regarda le téléphone dans ses mains. Après un court instant, il lui donna en lui demandant de le rapporter au secteur logistique du camp de base. Il serra les poings en baissant les yeux sur la poussière du désert. Par chance, il ne vit pas de sang en suintant cette fois. Ça arrivait parfois. Il n’en parlait jamais. Pas plus que les cauchemars en vision de nuit, ou encore les cris humains qui retentissait lorsque le moteur de l’Apache rugissait parfois. Depuis quand ça durait ? Probablement depuis le premier cadavre jeté sur le pont de son appareil quand il pilotait des Black Hawks. Ou la première fois qu’il avait rasé un village entier à coup de missiles air-sol. Il avait perdu le compte avec le temps mais les images étaient restées. Il n’en faisait pas grand cas. Et pourquoi aurait-il partagé ça ?

Elle ne comprenait rien, à quoi bon essayer ?


I was the fire raining from the sky

La Private de troisième classe sortit de la tente, le téléphone à la main, un petit sourire en coin. Elle allait finir par l’avoir, c’était qu’une question de temps. C’était interdit évidemment mais tout le monde le faisait. Tu crois vraiment qu’on peut survivre dans ce trou sans faire de galipettes ? Mais elle avait les yeux sur lui depuis son arrivée et personne d’autre ne pouvait capter son attention, pourtant les candidats ne manquait pas. Elle n’était pas certaine de ce qui la faisait vraiment craquer chez lui. Yeux sombres et cheveux impeccables, un mètre quatre-vingt ou quelque chose du genre. On s’imaginait souvent les soldats comme étant tous des athlètes titanesques mais c’était l’aviation ici, pas les forces de terre. Oh, elle n’avait pas de mal à croire qu’un corps relativement bien sculpté se trouvait sous son uniforme de pilote… Elle ne savait pas grand-chose de lui à part son physique. Une autre fille qui veut se le taper lui a dit qu’il a une vision exceptionnelle et que c’est pour ça qu’il  est pilote. Une vraie garce, elle n’avait aucune chance. Quelqu’un a insinué qu’il était pris mais quelle conne laisserait un aussi bon spécimen venir mourir dans le creux du Pakistan ?

Les visions du Pakistan et de son paysage montagneux et désertique se brouillèrent en même que le visage de la rousse, en même temps que la gueule de McIntyre. Juste un arc-en-ciel gris, comme une toile d'araignée transparente. Du verre brisé. Sa tête était douloureuse. Le souvenir des dernières minutes le frappa comme une vague et il se mit à s'agiter. Son harnais était toujours en place. Il avait un goût métallique dans la bouche. Du sang. Il s'était mordu la langue quand ils avaient frappés l'édifice. Regard à droite. Barnett était tout aussi mort qu'avant l'écrasement. Au moins il n'allait pas revenir, le projectile 7.61x39mm logé dans sa tête s'en assurait. Sa main se porte à son torse et dégaina son couteau M9 avant de trancher la sangle de son harnais de sécurité. L'appareil était à l'envers, la gravité l'accueillit à bras ouvert. Chute mais le sol n'était pas loin. La tête lui tournait. Le soldat mitrailleur n'était pas accroché dans son siège. Il devait être tombé lors de la collision. Pas la peine de se demander s'il a survécu à la chute. Quelque chose coulait sur le sol. Du sang. Encore le sien. Quelque chose saignait. Sa tête. Une vilaine blessure mais il n'osait pas tâter. Il fit l'inventaire, un réflexe de soldat. Son uniforme, la veste pare-balle et la tenue de vol d’hiver. Le casque était foutu. Le M1911 à sa cuisse, la M4 qui gisait quelque part et les trois chargeurs à sa poitrine. La gourde de Barnett était percée mais la sienne était intacte. Son sac était toujours attaché à son siège. La carte topographique était trop vague pour l'aider en plein Seattle.  

Mais il connaissait la ville. Il savait où aller. Et la source de ces connaissances lui brisa le coeur. Il ne lui restait rien.

I hailed the storm


Fils d'un cultivateur, Matthew passe toute son enfance dans les prairies des campagnes de l'Oregon. Tout jeune, il est souvent sermonné par ses parents lorsqu'il affirme voir des choses qui leur sont invisibles, comme une souris dans un champ ou encore un oiseau dans le ciel. Il est plus tard rencontré par un ophtalmologiste qui établit sa vision à 23/20, soit supérieure à la moyenne en précision et en perception de l'espace. Loin d'être un super pouvoir, Matt a beaucoup de maux de tête jusqu'à l'âge adulte. Puisqu'il est plus confortable avec les objets de proche, il s'intéresse rapidement à la mécanique et à la soudure, passant des étés entiers à travailler sur les machines agricoles de son père. Pauvre, son père lui annonce dès le début de l'adolescence qu'il compte vendre ses terres à la retraite et qu'il mérite un meilleur sort que de travailler la terre toute sa vie pour vivre dans la misère. Pas très habile à l'école parce que les matières lui semblaient inutiles, il est attiré comme beaucoup de jeunes par les salaires alléchants de l'armée. Il choisit l'armée de l'air pour respecter le vœu de sa mère de ne pas aller directement au front. Matthew travaille pendant quelques années comme mécanicien dans une base locale de l'Oregon sans évènements notables. Sans vrai diplôme, son futur est limité dans un domaine technique, d'autant plus que son talent n'était que moyen. Il est limité à l’entretien des véhicules terrestres de la base. L’Air Force, c’était surtout le badge sur son épaule.

Un jour, son sergent lui demande de prendre une jeep pour aller voir ce que fait l'autre équipe alors affectée à la réparation d'un avion léger tout au bout de la piste. Ils devraient déjà être de retour. Farrell regarde et répond qu'ils sont en train de réparer un pneu crevé. Le sergent incrédule lui demande comment il peut savoir ce qu'ils font à l'autre bout de la base.

"Je le vois, c'est tout."

Les années suivantes furent un tourbillon désordonné. On le mute directement à L’US Army parce qu’il est impensable qu’il devienne pilote sans baccalauréat et Farrell refuse d’aller à l’université militaire. On lui paya une opération oculaire pour ajuster sa vision à longue portée. On l'envoya ensuite chez les tireurs d'élite mais il échoua de manière presque spectaculaire. Même s'il voyait la cible clairement, il n'avait pas de talent particulier avec le tir. L'année suivante, on l'envoya en Alabama et Matthew fut recalé en pilotage d'avion pour... Vertige en haute altitude. Le choix de milieu s'avéra les hélicos et il eut tout juste la note de passage aux examens théoriques. Commentaire des instructeurs : "potentiel physique ruiné par inaptitude intellectuelle".

Les trois années de Warrant Officer furent longues et terrible. Il faillit laisser tomber plusieurs fois et pour la plupart des enseignants, c'était un miracle qu'il ait les notes de passage à chaque fois. On soupçonna même la tricherie. Cependant, son travail restait irréprochable et c'est pourquoi on le laissa continuer. Lorsqu'il appliqua à l'école d'aviation, les références de ces supérieurs étaient suffisantes pour contrebalancer ses mauvais résultats aux tests.

L'école d'aviation fut une toute autre affaire, et pas moins pénible. On lui bourra le crâne de cours de météorologie, sciences de l'aviation et physiques. Farrell ne comptait plus les nuits passées à réviser. Il n'était pas talentueux mais bien passionné. C'est lorsque les cours pratiques commencèrent qu'il commença enfin à redorer son blason. Ses scores furent spectaculaires et avec ses résultats théoriques désormais dans la moyenne, il gradua dans un délai normal et en tête de liste... Pour être déployé du moins.

Sa première affectation fut à Kandahar en Afghanistan de 2006 à 2007 comme pilote d'UH-60 Black Hawk, le légendaire hélicoptère de transport, du moins si on croit Hollywood. Malgré le souhait de sa mère alors décédée, il vit alors ce qu'était le front directement. On déposa plus d'un soldat mort ou agonisant dans son appareil. Matthew fut surpris à quel point... Il n'en ressentait rien. Je veux dire, pas insensible mais pas à en perdre ses moyens. Il fut louangé à maintes reprises par ses supérieurs et recommandé pour une réaffectation vers un rôle d'assaut. Comme bien des gens qui ont toujours été médiocres et qui soudain deviennent respectés dans quelque chose, Matthew se lança à corps perdu dans son métier. Dès son retour en Alabama, il annula sa permission et entama immédiatement les procédures d'entrée aux corps d'hélicoptères d'assaut, ne visant rien de moins que l'Apache. En 2008, il obtint sa certification d'aspirant et fut réaffecté à la base de Fort Lewis à Washington pour accumuler des heures de vol et de la formation.

Matthew alluma la radio de son Ford Escape en hochant de la tête silencieusement, sortant de son petit scénario mental. Ouais, ce serait une bonne biographie, avec tout ce que sa amène pour faire une bonne histoire : le zéro devient un héros.  Il pourrait faire un livre. Personne ne l’achèterait mais ce serait un bouquin quand même. Quelles idées connes il pouvait avoir parfois. Il jeta un œil à la cage sur le siège.

"Avec une si charmante muse, normal d'avoir ce genre d'idée, non ?"

Le caniche aboya en montrant les dents, essayant vainement d'arracher la porte de sa prison en plastique. C'était une affreuse bête, aussi minuscule qu'aux yeux gigantesques et exorbités. Elle appartenait à sa grand-mère Carmen. En permission, sa mère lui avait demandé d'aller directement en banlieue de Seattle, où la doyenne résidait. Sitôt arrivé et sans même le temps d'enlever son uniforme qu'on lui lançait la monstrueuse créature en lui ordonnant de l'emmener chez le vétérinaire pour "transformer Clovis en fille". Pour une dame de 87 ans, Carmen était encore plutôt énergique. Et progressiste.

Il avait pris la clinique la plus proche par Google Map et en rétrospective, le destin devait avoir joué un rôle ce jour-là. Après avoir réussi tant bien que mal à extirper la créature qui aurait sans doute vaincu une douzaine de talibans par elle-même, il entra dans l'expectative de faire face à un vieillard bedonnant qui exigerait plus de 200 dollars. Le côté facture fut véridique - non mais vraiment, 200 pour les couper les c****** ? - mais le vétérinaire n'était pas vieux. Ni bedonnant. Ni un homme en fait.

Elle s'appelait Judy et c'était une créature incroyable. Même si sa première réaction fut de se moquer de lui, avec son combo camouflage+caniche. Pas moqué, non. Elle s'était à peine détournée pour pouffer de rire. Matthew avait alors décidé de jouer le jeu.

"C'est notre nouvelle arme de poing."

Après un bon sermon sur l'atteinte à la virilité causée par Clovis, la bête changea de main et Matthew lui fit un bon doigt d'honneur alors que la vet avait le dos tourné. Enfantin mais satisfaisant. Pour un vétéran du moins. Il partit de l'endroit pourtant intrigué. Et il s'arrangea pour être celui qui alla chercher Clovis après son opération. Après avoir exprimé sa satisfaction à la bête désormais Clovisette, il prit son courage à deux mains et l'invita à dîner. Pas Clovisette, Judy.

Judy était unique. Et chaque jour avec elle était une sorte de pause de tout le reste. Elle était brillante, cultivée mais aux simples racines. Elle aimait les sciences pures mais aussi le jardinage. C'était une fan de littérature française mais aussi une "poule" de motocyclette. Elle était surtout douce et bienveillante. En public, elle était réservée et parfois timide, mais il suffisait de mieux la connaître pour voir son entrain et sa volonté dans tout ce qu'elle entreprend. Elle était coquine aussi.

Vraiment coquine.

Ils décidèrent de se bâtir un patrimoine environ un an plus tard en banlieue de Seattle à Kent. Tous deux voulaient rester à distance respectable du centre-ville mais être à proximité de la base de Lewis et de la clinique de Judy. Matt n'était pas resté accroché à la ferme de son enfance mais il bâtit pour elle un petit poulailler et un jardin derrière la maison. Il n'en fallait pas beaucoup plus pour garder la vétérinaire heureuse même avec un type comme lui. Il ne compta pas les après-midi sous le soleil de plomb à taper du marteau sur des morceaux de bois ou à enfoncer des pieux pour clôturer leur petit terrain. Parfois Judy arrivait avec son napperon, deux bières froides à la main.

Parfois, elle ne portait rien en dessous, et c'était les meilleurs jours de tous.

Et c'est ainsi que leur vie se partagea entre le travail, la maison et leur couple. Une vie presque normale jusqu'en octobre 2010. Jusqu'à ce que la lettre de déploiement n'arrive dans la boite au bord du chemin.  Il ne révéla pas à Judy qu'il avait été averti 6 mois plus tôt de son arrivée. Elle se montra plus forte qu'il ne l'aurait cru. Mais lorsqu'il lui confia un bébé chiot le matin de noël, elle fondit en larmes.

Farrell n'aurait pas su décrire son sentiment. La vie avec Judy était parfaite. Mais il avait besoin d'y retourner. Ce n’était pas juste une question de devoir, Matthew n'était pas spécialement patriotique. C'était son boulot.

Il débarqua en Irak en janvier 2011 et débuta ses premières missions à but offensif environ trois mois plus tard au sein du 229e. Il acquérait son pseudonyme d'As (8 cibles anti-aériennes abattues) en décembre de la même année, OwlEye (oeil de hibou). Officiellement, l'histoire voulait qu'il ait repéré, de nuit, un canon antitank camouflé en plein territoire allié alors que les lieux avaient été inspectés à plusieurs reprises. Officieusement, Farrell avait accumulé plus d'heures de vol que les autres pilotes et avait tellement de cernes autour des yeux qu'il ressemblait à l'oiseau.

Je vous laisse croire qui vous voulez !

Pendant son déploiement, il utilisa chaque moyen possible pour rester en contact avec Judy. Ils racontaient leurs journées, du moins une version édulcorée. Judy lui parlait de Finn qui devenait un bon grand chien. C'était une brave bête et Matthew savait qu'il n'avait pas à s'inquiéter. Elle lui envoyait toutes sortes de photos. Le jardin était magnifique.

Lorsqu'il revint enfin en aout 2012, ils s'enlacèrent à l'aéroport pendant cinq bonnes minutes. Elle avait bravé la sécurité de l'aéroport en emmenant Finn dans le terminal. Il s'agitait dans tous les sens en remuant la queue. C'était bien le genre de ce bout de femme. Blottie dans ses bras, elle murmura "plus jamais..." et il ne répondit rien.

Ils fêtèrent. Ils firent l'amour. Il amena les gars de l'escadron à la maison et ils mangèrent des hamburgers sur le grill. Il redressa aussi Finn qui avait quelques mauvaises habitudes surprotectrices. Et sa place dans le lit conjugal était presque normale lorsque la lettre arriva en novembre. Celle-là était une surprise.

Les disputes furent terribles et marquèrent une déchirure définitive dans leur relation, au point où Farrell alla vivre chez sa grand-mère pendant les dernières semaines avant son déploiement. Il eut beau tenter d'expliquer à Judy qu'il devait y aller, que c'était son travail, son devoir et tout ce que sa implique, elle ne comprenait pas. Ne comprenait pas qu'il avait besoin d'entendre les rotors de l'apache rugir encore. C'était sa vie bordel ! Aurait-elle abandonné les animaux s'il lui avait demandé ? Croyait-elle vraiment qu'il allait rester à s'entraîner toute sa vie ?

Ils s'entendirent plus ou moins sur une pause à leur relation. Elle pouvait garder le chien et la maison et ils vendraient à son retour. Ni un ni l'autre n'avait les moyens de payer l'hypothèque seul de toute façon.

Elle l'accompagna à l'aéroport mais leurs adieux fut guère plus que des salutations d'amis. La colère régnait toujours en maître. Avec un dernier regard vers le terminal, Judy et Finn l'illégal, Matthew "OwlEye" Farrell, second lieutenant du 1er Bataillon du 229e régiment de la 16e brigade de l'USAA se demanda si le temps règlerait les choses.

Dieu sait que non.

I sent hell and it came back


Les militaires savent toujours tout en premier. Mais ils ne savent rien non plus au final en fait. Au Pakistan, les jours se suivent et se ressemblent et Matthew est davantage préoccupé par la fin de son déploiement dans moins d’une semaine que par toute nouvelle venant des États-Unis. Le 13 octobre 2015, une frappe aérienne fut autorisée pour un village censé abriter des rebelles. Farrell a vu les missiles Hellfire actionnés par Beat frapper et engloutir l'endroit dans un torrent de flammes rougeoyantes. Il était habitué à l'odeur, à la fumée, à la cendre. Mais certainement pas à l'image dans son oeil droit, branché sur vision thermique : une forme qui avance  à travers les flammes? Une forme distincte, qui brûle manifestement mais avance d'un pas traînant. Croyant à une défaillance du système de vision, il avait rapporté le bris mais rien n'avait été trouvé de défectueux. Il n’y eut aucun autre incident et Farrell oublia ça jusqu’à ce qu’il soit trop tard, du moins.

Matthew quitta le pays comme prévu le 16 octobre, alors que les rumeurs d’une épidémie en Amérique se propageaient. On parle de zones contaminées. Un capitaine de brigade vient à son siège lui annoncer que tous les pilotes en permission sont réaffectés temporairement pour assister l’armée de terre à la gestion d’une « crise virale ».  Cette réaffectation pourtant temporaire n’eut jamais de fin. Dès son arrivée au pays, il rentra de nouveau en poste à Fort Lewis et passa les jours suivants à faire la surveillance aérienne de zone de quarantaine. Sans en être directement informé, le paysage sous ses yeux ne présageait pas un évènement qui allait se terminer rapidement. Le 18 octobre, il assiste à un meeting où il apprend que la loi martiale sera instaurée le lendemain. Il est assigné à un Black Hawk pour la récupération de personnalités publiques et militaires.

Personne ne lui dit rien mais il lui suffit de regarder le sol ou la télévision pour comprendre. La vie ne devient plus qu'une routine de désolation grandissante. De son oiseau de fer, Farrel voit le monde changer et s'éteindre. Les masses qui essaient de quitter la ville. Les hôpitaux de terrain qui jaillissent un peu partout, les tanks qui roulent dans les rues. Matthew ne comprend pas tout. Il a vu les images, il a vu les attaques. Mais ça lui semble complètement irréel. Que se passe-t-il en bas au juste ? Il voit des gens lui faire des gestes. Mayday, SOS. Parfois du code morse. Mais il ne peut rien faire sinon suivre les ordres. Récupérer et repartir. Lors de la récupération d’un sénateur, un des soldats revient à l’hélico avec une tache de sang sur le bras. Farrell ne le revit jamais après l’atterrissage à Fort Lewis.

Seattle devient une sorte de petit pays, avec sa multitude de petits campements militaires. Des hommes en tenue scellée lui explique de ne pas faire embarquer des individus avec des blessures saignantes. Trop peu d’informations, trop tard. Nous sommes le 26 octobre et Matt voit parfois des civils se jeter les uns sur les autres sans raison.

Mais personne ne semble mourir. Ils se relèvent tous.

On lui disait  que d'autres reviendraient pour les civils toujours pris dans la ville hors des camps temporaires, mais Matthew n'en était pas certain du tout. Les semaines passèrent. On l’envoie fréquemment faire des vols de reconnaissance dans la ville sans lui dire exactement quoi surveiller. Novembre. L'hiver arrive et Farrel rapporte plusieurs groupes de survivants en déplacement vers le secteur montagneux entre Washington et l'Oregon. Mauvaise idée. Les soldats non essentiels de la base sont réaffectés réaffectés dans les camps de réfugiés.

Le monde s’éteint. Matt est incapable d’obtenir  des appels avec son père ou même Judy. Le courant devient une denrée.

À la mi-décembre, ils reçurent l'ordre de chercher activement des survivants et les ramener à la base, faute de main d'œuvre pour maintenir les lieux. Farrell est épuisé comme tous les autres et trouver une vigile qui gardera son poste toute la nuit sans dormir est devenu une denrée rare. Cet ordre ne subsista pas longtemps car certains Black Hawks furent embusqués à l'atterrissage. La population se retournait contre sa propre armée. Matt perdit deux amis, dont Beat McIntyre, cette semaine-là.

En janvier, une surveillance aérienne rapporte que le camp de réfugié du Century Link Stadium est contaminé. On rapporte beaucoup de problèmes à Emerald Freedom, l'opération de la même ville. Des militaires désertent presque quotidiennement même à Fort Lewis. Les communications coupent sans arrêt et il y a eu des coupures de courant. Un autre BH est embusqué lors d'un dépôt de provision au nord de Cascades Falls.

Février. Manque d'effectif sérieux et seulement quelques heures de courant par jour. Les communications long-range sont une chose du passé. Les vols sont strictement limités pour sauver le carburant. Matt est ordonné de prendre l'un des derniers BH encore fonctionnels pour se rendre à la base d'Emerald Freedom basée dans une école près du centre-ville de Seattle. Aucune nouvelle du général Moore. Même si les communications coupées, le protocole dictait l'envoi d’un messager par véhicule terrestre. Sans moyen de contacter rapidement les camps de réfugiés encore actifs à proximité, Fort Lewis doit vérifier l’état du général elle-même.

On en est là, songea Matthew en procédant aux contrôles pré-décollage de l'appareil. Son copilote, Barnett, avait l'air à moitié mort, si ça voulait encore dire quelque chose. Il ne savait même pas le nom du type qui s'installa à la M249. C'était un vieux BH 1991, sans la GAU-19 "Minigun" qui pouvait pulvériser une foule entière si on appuyait trop longtemps sur le bouton rouge. Un autre gars embarqua sans même saluer.

Le trajet se fit en silence. On ne pouvait pas s’attendre à davantage. La base de Lewis s’éloigna sur le radar. Matthew ne se douta pas un instant qu’il puisse s’agir de son dernier voyage. Il ne s’inquiétait jamais de l’éventualité de sa propre mort curieusement. Ici, dans les airs, on se sent toujours plus en sécurité. Il avait vu des dizaines, voire une centaine de personne mourir sous l’œil magnifié du Black Hawk, mais c’était si loin pour lui. Le sol, c’était un autre monde.

Les immeubles de Seattle percèrent la vitre de l’habitacle. Barnett étouffa un bâillement et Matt ajusta la sensibilité des rotors principal vu le vent du nord-est qui se levait. Quelqu’un vivait vraiment là-dedans ? Il fit relever l’appareil en plus haute altitude. C’était de la pure courtoisie, car le bruit du moteur attirait fortement les choses qui traînaient au sol. Encore quelques minutes et ils seraient arrivés. Farrell n’était pas mécontent de visiter Emerald Freedom. Il y a une question qui lui torturait l’esprit depuis quelques temps. Probablement rien mais… Ses pensées furent interrompues par la voix de Barnett dans son casque.

À 10 heures.

Là-bas sur le toit de la tour Rainier… Farrell passa en mode thermique. Pas de doute, quelque chose de vivant était là. Un homme obèse peut-être ? Matt ajusta la trajectoire pour s’approcher un peu. Pas un homme, une femme. Barnett s’exclama.

Elle est enceinte. Elle agitait des bras manifestement dans la direction de l’hélico.

« On ne peut pas la laisser là. »

Matthew jeta un regard au copilote, incertain de savoir réagir à la remarque. Les yeux fatigués de Barnett étaient presque luisant. Depuis combien de temps avaient-ils été en compagnie d’une femme ? La dernière soldate de Kingsley avait été retrouvée violée et la gorge tranchée dans une salle de bain de la base il y a deux semaines. L’affaire avait rapidement été étouffée puisqu’il n’y avait pas de police militaire pour faire enquête.

« Les ordres… »
« Fuck les ordres ! C’est le putain de futur qui fait signe là »

Son regard se tourna encore vers la femme. Elle avait de longs cheveux bruns et ses vêtements étaient déchirés. Mais ce n’était définitivement pas un monstre. Il hésita quand même, parce qu’il était encore un soldat. Un professionnel.

« Putain Farrell ! »
« C’est bon, ferme la ! On la dépose à Emerald c’est tout. »

En rétrospective, il se demanda souvent pourquoi il avait plié. En temps normal, il aurait été catégorique et intraitable. Mais la fatigue avait fait son chemin. La solitude aussi. Et le désespoir. Sur le coup, sur le moment, ça lui sembla alors un bon choix. La bonne chose à faire.

Ce genre de connerie.

Il manœuvra l’appareil en communiquant les informations tactiques. Ses yeux se posaient fréquemment sur la femme. Sa vision n’était plus aussi précise et devenait parfois même brouille à cause de la fatigue. Un effet secondaire de la chirurgie. Il remarqua qu’elle ne souriait pas. Des traces de mascara sur les joues, beaucoup de larmes. Barnett commenta qu’elle devait avoir peur de nous. Matt n’était pas aussi certain mais il ne fit rien  pour empêcher la suite, ce qui revient au même.

Les rails d’atterrissage raclèrent le toit du gratte-ciel à peine assez large pour accueillir l’appareil. Le deuxième soldat sauta hors de l’appareil en direction de la femme. Le temps sembla ralentir pour Matt. Elle ne souriait pas. Elle semblait terrorisée. Comment une femme enceinte pouvait s’être rendue là par elle-même ? Son ventre, n’était pas d’une étrange forme ? Des éclats métalliques brillant à la lumière du soleil. La porte de l’escalier intérieur qui s’ouvre et le canon d’un AK-47 qui crève la surface.

Ils voulaient probablement l’appareil. Ils l’auraient sans doute eu si nous n’avions pas été fatigués et nerveux. Au désespoir dans un monde de désespoir. Le deuxième  soldat n’hésita pas une seconde, pas plus que le mitrailleur. Les coups de feu retentirent. Matt tira sur le manche  de contrôle principal et l’appareil eut un violent sursaut vers l’arrière, mais il était trop tard.

Il vit la femme mourir en sachant qu’elle était probablement innocente, mais les 800 cartouches / minute  de la M249 ne lui donnèrent aucune chance. Les plumes sortant de son ventre  indiquèrent au moins qu’il n’irait pas en enfer pour ça. Il vit également les projectiles de la Kalachnikov perforer la bulle de verre à sa gauche. Du sang fusa, mais ce n’était pas le sien. Le crâne de Barnett venait d’imploser. Son corps  tomba comme une pierre sur les contrôles, accentuant le geste de Matthew. L’oiseau se projeta dans le vide.

Farrell essaya de redresser le nez de l’appareil mais le rotor arrière indiquait une panne mécanique et le moteur gauche étouffa sous le soudain changement d’axe. Une des premières leçons de pilotage venait prendre sa place. Douceur en tout geste, ou Douleur en tout reste. L’appareil se mit à tournoyer sur lui-même en perdant de l’altitude. La Queue frappa le gratte-ciel et les fenêtres volèrent en éclat. Il entendit le mitrailleur crier. L’impact sembla repousser l’appareil vers l’air libre, mais la destination n’était pas plus réjouissante.

MAY-DAY. MAY-DAY.

Matthew criait mais il n’entendait pas sa propre voix. Ses mains étaient cramponnées sur les contrôles, tiraient de toutes leurs forces. Mais rien n’allait le sauver. La physique prenait sa place de maître.  Le nez du Black Hawk 1991 pointa vers le sol.

MAY-DAY. MAY-

C’était à peu près tout ce que Matt se rappelait. Après l’inventaire (No Comprende  ? Voir la section équipement !),  il fouilla le cadavre de Barnett et trouva une  barre de chocolat volée à  la cafétéria sans aucun doute. Le sucre lui fit du bien mais  le sang qui coulait lui rappelait de ne  pas s’éterniser, surtout avec les bruits autour. Il s’extirpa péniblement de la carcasse fumante en se demandant comment il pouvait avoir survécu à ça. La réponse était simple, il était loin de s’en être tiré. Des spectateurs s’approchaient tranquillement de tous côtés. Combien de temps était-il resté dans le noir ?

Il fallut quelques minutes pour qu’il découvre ses repères. Il se sentait de plus en fatigué et le sang lui coulait dans les yeux. Il aurait peut-être une jolie cicatrice. Ou un bout de cerveau en moins. Au moins il ne deviendrait pas un de ces trucs. Encore quatre coins de rue. Trois. Deux…Voilà, je te vois. Où sont les gars du 97e  ? Farrell en connaissait quelques-uns. Les lumières se braquèrent et il fut aveuglé. Des cris et des bruits métalliques. Des armes automatiques.  Matthew cria aussi mais il ne se rappela pas quoi. Il ne voyait pas d’uniformes. Où était l’infanterie ? Moore… Où est Moore ?

Une voix de femme, il y a quelqu’un qui le pointe du doigt depuis la barrière du campement.

Une créature incroyable.

Le premier exploit fut, découvre-t-il par la suite, de ne pas se faire tirer dessus à vue. Le deuxième fut qu’on ne tire pas après l’avoir vu.

La suite fut longue. Il passa plusieurs heures ligoté à répondre aux questions des leaders civils d’Emerald Freedom. L’opération n’avait rien de secret alors Matthew fut assez franc à la discussion jusqu’à un certain degré du moins. Au final, ils n’étaient pas convaincus que Matt sois un espion du groupe de feu Moore, mais pas non plus du contraire. Judy se portait garante et ils ne pouvaient pas l’ignorer. Les civils vérifièrent la carcasse de l’hélico le lendemain et confirmèrent le scénario presque miraculeux de l’écrasement. Il avait eu de la chance si c’était vrai. La chance était relative aurait-il répondu.

Pendant le premier mois, quelqu’un devait l’accompagner partout et il n’effectuait que des tâches ne nécessitant pas d’armes. Il se montra coopératif. C’était moins simple avec Judy, au dirait qu’il y avait un blocage entre eux. Ils se parlèrent peu, Finn servait d’intermédiaire pour les câlins. Comme si ni un ni l’autre ne pouvait accepter la présence de l’autre dans un contexte aussi étrange.

Avec le temps, on lui laissa davantage de responsabilité, comme faire de la surveillance, réparer des autos ou nettoyer des armes, mais une certaine hostilité allait toujours rester. Ces hommes et ces femmes n’étaient pas prêts d’oublier le bain de sang qui avait eu lieu ici. Son rôle dans la communauté resterait limité et il y avait toujours quelqu’un quelque part en train de le regarder. Quant à Matthew lui-même, il n’avait pas oublié son propre devoir. Fort Lewis devait être informé. Mais il n’avait aucun moyen sûr d’y retourner. Il n’était pas non plus certain que la base serait encore opérationnelle à son retour. Pour le moment, le soldat suivait sa mission, soit de faire de la reconnaissance.  Et il avait quand même une dette à repayer pour l’avoir accueilli ce jour-là. Ils auraient pu le tuer.

Ils auraient probablement dû.


And now I’m at the wrong end of the trigger

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Re: Matthew Farrell

Mer 6 Juil 2016 - 7:39

Hey bienv'nue Matthew !!

Et tu as déjà écrit une grosse partie de ta fiche, bravo !! J'espère à très vite parmi nous, p'tit fou Cool
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Re: Matthew Farrell

Mer 6 Juil 2016 - 9:47

Bienvenue Matt'!
J'espère que tu te plaira ici Very Happy
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Re: Matthew Farrell

Mer 6 Juil 2016 - 10:04

Bienvenu Smile
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Re: Matthew Farrell

Mer 6 Juil 2016 - 15:53

Et bienvenue !

Si tu as des questions n'hésite pas Wink
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Re: Matthew Farrell

Mer 6 Juil 2016 - 20:36

Hellcome !
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Re: Matthew Farrell

Mer 6 Juil 2016 - 22:13

Merci à tous :afro:

Luke je n'avais pas totalement saisi ton message avant de me relire xD En effet, la fin de l'histoire était manquante. Il faut croire qu'on peut même plus se fier à CTRL+A de nos jours Smile

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Re: Matthew Farrell

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