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Re: Rencontre au bout du monde - Juillet 2007, Kaboul, Afghanistan -

Sam 16 Avr 2016 - 14:26


Pourquoi fallait-il que ça lui arrive, à elle ? Pourquoi ce type s’était retrouvé sur son chemin alors qu’elle sortait de l’infirmerie ? Pourquoi semblait-il vouloir lui parler ? Pourquoi elle ? Tellement de questions qui l’empêchaient d’avoir les idées claires. Que devait-elle faire ? Se mettre à courir et disparaître ? Oui, c’était ce qu’elle voulait faire. Malheureusement, elle était incapable de mettre un pied devant l’autre, complètement paralysée par la situation. Cet homme n’avait pourtant pas l’air méchant et elle voyait bien qu’il n’avait pas l’intention de lui faire du mal, bien au contraire. Il se montra agréable et souriant, s’inquiétant même pour elle en lui demandant s’il ne lui avait pas fait mal. Il l’avait tutoyée, accentuant encore un peu plus la gêne qu’elle ressentait. Faisant un léger « non » de la tête pour lui répondre, elle fut incapable de parler. Cela se voyait clairement sur son visage qu’elle ne se sentait pas bien… Entre la chaleur et son cœur qui faisait des bonds dans sa poitrine, elle allait devoir se calmer si elle ne voulait pas faire de malaise. Tout cela était absurde… Il fallait vraiment qu’elle se reprenne…

Elle écouta alors les explications du soldat. Il voulait parler, lui précisant qu’elle s’était sûrement fait une mauvaise image de lui. Forcément… Vu le comportement de son ami, aurait-elle pu faire autrement ? Néanmoins, l’homme se fit insistant, il semblait vouloir se racheter. Après tout ça, Isabel aurait sûrement dû lui demander de partir… Pourtant la voix masculine avait quelque chose de sincère, comme ses deux grands yeux qui ne cessaient de fixer les siens. Apparemment, il s’en voulait et avait envie d’arranger les choses. Etait-ce possible ? La blonde en doutait. Mais elle était trop gentille pour refuser de l’écouter, ce n’était pas tellement dans sa nature de faire ça. Il lui fit un nouveau sourire, puis l’invita à le suivre… Il avait dit vouloir aller plus loin, pour qu’ils puissent parler tranquillement sûrement. La jeune femme fit un signe de la tête, positif cette fois, puis elle se mit à le suivre… Les jambes tremblantes, Isabel eut quelques difficultés à se mettre à marcher mais ils finirent par s’éloigner de l’infirmerie, comme Arthur le souhaitait. « Excusez… Excuse-moi » fit-elle d’une voix à peine audible. Elle avait décidément du mal avec le tutoiement, mais étant donné qu’il s’était mis à employer le « tu », elle se sentait bête de ne pas faire pareil… Elle reprit difficilement, un peu plus fort cette fois « Je veux bien qu’on parle, oui… Mais est-ce qu’on pourrait aller jusqu’à cette tente, là-bas ? » Elle indiqua celle où était entreposé la plupart des réserves de nourriture et d’eau. « Je crois que j’ai besoin de boire un peu d’eau… Je ne me sens pas très bien… » continua-t-elle avant de prendre la direction du stock de nourriture.

Une fois entrés dans la tente, Isabel attrapa une petite bouteille d’eau avant de se retourner vers Arthur. « Tiens. Tu… Tu dois avoir chaud toi aussi… » Elle lui donna la bouteille avant d’en reprendre une. Elle l’ouvrit et but quelques gorgées qui lui firent un bien fou, puis elle s’installa sur un tabouret qui traînait là. Voilà, ça allait bien mieux. Elle était prête à l’écouter ; quoiqu’encore un peu tendue par ce que l’homme allait lui dire. Cette fois ci, elle devait avouer qu’il semblait bien moins maladroit que la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Non, il avait l’air sûr de lui et plutôt à l’aise… Peut-être était-ce ça qui l’impressionnait ? Sûrement… Mais il n’y avait pas que ça. A présent assise, le soldat qu’elle avait face à elle lui paraissait bien plus grand qu’il ne l’était déjà. Puis, elle ne pouvait pas le nier, c’était un bel homme. Elle s’était déjà fait la réflexion lors de leur première rencontre mais maintenant qu’il se tenait de nouveau là, devant elle, la jeune femme ne put s’empêcher de remarquer qu’il était bien bâti… Comme la plupart des soldats, certes… Mais il y avait un petit quelque chose qui faisait qu’elle le trouvait bien plus intéressant à regarder que les autres. Son sourire, peut-être ? Son regard azuré ? Ou les deux ? Tous ces détails la troublaient. Non… C’était même lui, tout entier, qui la troublait…

« Je… Alors… Qu’est-ce que vous… Euh. Tu voulais me dire ? » Elle se doutait bien qu’il voulait parler de ce qu’il s’était passé la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Le comportement de son ami, le fait qu’elle soit partie et qu’elle l’ait totalement ignoré depuis. Quoique… Ignorer n’était pas vraiment le mot à employer. Elle l’avait surtout évité, et avait fait mine de ne pas le voir. Mais en réalité, elle s’était surprise à l’observer plusieurs fois… Comme s’il lui plaisait. Elle n’avait pas vraiment réussi à se dire si c’était vraiment le cas ou pas, plutôt rebutée par la façon dont s’était terminée leur première discussion. Mais… Elle avait quand même bien vu qu’il avait été aussi gêné qu’elle à cause de son ami… Peut-être était-il différent des autres soldats ? Il avait l’air gentil et semblait réellement s’excuser pour ça. C’était difficile de lui refuser ça… D’ailleurs, elle était prête à l’écouter vu qu’elle l’avait suivi jusqu’à l’intérieur de la tente. Non cette fois elle ne fuirait pas. Et sûrement qu’en écoutant ce qu’il avait à lui dire elle se sentirait mieux aussi. Parce que bon… Passer son temps à l’éviter, ça ne plus plaisait pas vraiment non plus… Son regard se plongea alors dans celui de l’homme et elle lui offrit un sourire timide.

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Re: Rencontre au bout du monde - Juillet 2007, Kaboul, Afghanistan -

Jeu 12 Mai 2016 - 16:20

Finalement.. l'aborder n'était pas si difficile. Je ris intérieurement de l'état dans lequel j'étais quand je lui ai parlé la première fois. Quelle catastrophe.. Mon dieu. Les aspirateurs.. Je m'en souviendrai toute ma vie. Mais au moins, là maintenant, je suis sûr de moi. Assez fort pour rester droit devant elle et ses yeux qui.. pourraient me faire rougir à chaque fois que je les croise. Assez fort oui, pour assumer les mots que je tiens à lui dire, ces mots qui cogne si fort dans ma poitrine, qui se dessinent sur mes lèvres quand je souris bêtement. Ces mots que je viens de lui promettre, et qu'elle accepte d'entendre.

Elle ne se sent pas bien.. Oh je peux le comprendre, la chaleur est étouffante. Écrasante même.. comme si le soleil avait décidé de nous faire courber le dos sous le poids de sa botte. Mais est ce vraiment la chaleur qui la trouble ? Elle semble fébrile depuis que je suis là. Je ne sais pas si .. ma présence est réellement désirable. Peut être suis je un peu trop cavalier pour elle.. Pourtant je suis certain qu'elle adore les chevaux ! Mh... mais qu'est ce que je raconte ?


" Bien sûr oui !

Comment lui refuser ? J'agite la tête de haut en bas, pour appuyer ma phrase.
Je la suis jusque sous cette tente, et même si je me réclame d'une attitude tout à fait respectable, mes yeux n'ont pu s'empêcher de détailler ses formes, son corps, sa beauté simplement. Une beauté qu'elle ne semble même pas soupçonner. Ou peut être en est elle consciente, mais qu'elle s'en fiche royalement. Peut être est ce ça qui m'attire tellement en elle.. Une beauté simple. Qui n'a pas besoin de l'aide de la mode et des cosmétiques pour briller, pour charmer. Une beauté sans arrogance, naturelle autant que sublime.. Et voilà que je m'égare encore. Je secoue la tête, reprenant mes esprits. Je ne voudrai pas qu'elle découvre le point de mire de mon regard en se retournant, c'est le meilleur moyen de tout foutre en l'air, haha..

Elle prend une bouteille, et m'en propose une autre. Quelle délicate attention ! C'est vrai, je meurs de soif. Depuis un petit moment d'ailleurs.. mais dans l'armée, même si on nous assure que boire est important, on nous recommande de ne pas le faire au coeur de l'action. Et euh... oui.. même si je suis si sûr de moi, aborder la belle est une véritable opération ! J'attrape la bouteille, lui accordant un sourire.


Merci Izzy.

La voilà assise, pendant que j'avale les trois quarts de la bouteille à grande gorgée.. Aaaah ! Et quand je tourne mes yeux vers elle, je remarque que les siens sont posés sur moi.. Elle semble bel et bien me fixer. Je ne sais pas si j'ai raison mais.. en fait on dirait qu'elle me mate. Est ce donc la position que j'ai adopté en buvant cette eau ? Étais-je donc digne d'une pub coca cola light ? C'est vrai, dans l'armée, on est plutôt du genre à avoir un corps bien entretenu. Des muscles dessinés, bien présents en évitant avec grâce l'excès ridicule dont sont si fiers les adeptes de la musculation. Quoi ? Oh non ils font ce qu'ils veulent ! C'est juste que je préfère amplement être comme je suis.

Je reste donc figé l'espace d'un instant.. Une seconde, peut être, où je la regarde en coin, la bouteille penchée et collée à mes lèvres, alors que plus rien ne descend. Je cligne des yeux, et reprend enfin une position plus commune. Mais avec un petit sourire aux lèvres. Un petit sourire qui dit.. " J'ai vu ! Je t'ai vue me regarder ! Héhé ! ", chose que je ne m'accorderai pas de lui avouer. Pas de suite, voyons.. Aujourd'hui, je dois faire amande honorable, et prouver que je suis un homme bien, respectable, et totalement fou d'elle depuis que je l'ai vue. Euh.. j'vais p'tête pas le dire de suite non plus, ça..


Mh.. Euh.. je..

Et je perd de ma superbe. Comme Caesar tombant de sa monture.. Non, je ne peux pas me le permettre ! Je ne vais pas recommencer à parler d'aspirateur ! Non !! Je me racle donc la gorge, inspire un bon coup, et reprend.. même si j'ai un air légèrement sévère sur le visage, en fronçant les sourcils comme je le fais, pour me concentrer.

.. Je voulais vraiment clarifier la situation. Te dire que je ne suis pas ce soldat qui.. ... enfin ce genre de mec qui.. .... Eh bien je ne t'ai pas abordée pour...

Mes yeux s'agitent, sous mes sourcils qui se fronce de plus en plus. Je laisse couler le silence une seconde, puis une autre, pressant mes lèvres l'une contre l'autre. Finalement.. ai je la force de lui dire tout ça ? Le doute s'installe, même pire, il est en train d'acheter tout le terrain et... d'y prévoir un manoir avec un énorme jardin pour inviter ses potes la timidité et la honte pour faire un énoooorme barbecue. En se foutant bien de ma tronche ! D'ailleurs j'imagine Caramel s'occuper de la cuisson des brochettes..
Mais je dis NON. Je l'ai dis, je serai fort. J'y arriverai. Alors je souffle un long soupir, je ferme les yeux un instant, et quand je les ouvre de nouveau, mon visage est serein. Mes sourcils ne sont plus froncés. Je vais lui dire ce que j'ai à lui dire.. Et si rien n'en découle, au moins, je n'aurai aucun regret.


... Izzy.. quand je t'ai vue la première fois, je n'arrivais plus à détacher mon regard de toi. Je savais que je devais venir te parler mais... mon dieu je n'osais pas. Et même s'il a agit comme un idiot après.. Andy l'a remarqué et m'a immédiatement relevé pour.. que je puisse venir te voir. Tu te rends compte ! Andy déteste faire ça mais il l'a fait pour moi.. Euh.. hum.

Je prends à mon tour un tabouret. M'asseoir me permettra d'être plus confiant, peut être. Et sûrement moins impressionnant car.. à voir comme elle me regarde, j'ai l'impression d'être une montagne. Je me racle à nouveau la gorge, laissant mon regard lui signifier que non.. on ne va pas parler de mon vieil ami.

... Bref je suis venu et.. c'était pas glorieux je sais. J'ai parlé de n'importe quoi, et en plus je l'ai fait n'importe comment.. Et puis.. y avait Andy et ses conneries.. ... Izzy je..

Je me penche légèrement, appuyant mes coudes sur mes genoux. Après avoir tenté de le fuir, je plonge finalement mon regard dans le sien.

Je sais que ça a mal commencé mais.. j'ai vraiment envie de te parler.. d'apprendre à te connaître.. Tu as l'air si.. gentille ! Si prévenante.. J'admire ce que tu fais ici et.. tu es tellement.. belle. Je crois que je n'ai jamais vu des yeux aussi.. ... bleus .. ... et verts.. et.. je crois bien que je pourrais m'y perdre.. et ne plus jamais en revenir..

Je cligne plusieurs fois des yeux. Ca, c'est dit.. et je ne réalise pas vraiment que je viens de le faire.

... Alors je te demande une chance de... de te prouver que j'suis pas qu'un soldat..

Et à ces dernières paroles, je souris. Nous y sommes.. Est ce qu'elle va m'envoyer paître ?
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Re: Rencontre au bout du monde - Juillet 2007, Kaboul, Afghanistan -

Dim 29 Mai 2016 - 20:10


Et voilà qu’ils se trouvaient dans cette tente tous les deux. Il avait dit vouloir lui parler et elle comptait bien l’écouter maintenant qu’ils étaient là. Oh bien sûr, l’idée de fuir lui avait traversé l’esprit, mais ce n’était pas vraiment son genre. Non. Il y avait quelque chose de sincère en cet homme et elle ne pouvait pas l’ignorer. Elle s’était donc installée sur un tabouret et avait bu une grande partie de cette petite bouteille d’eau qu’elle avait pris quelques minutes avant. Elle était en train de mourir de chaud et s’asseoir lui fit beaucoup de bien. Mais était-ce réellement la chaleur ? Elle n’en était pas sûre. Oui, il y avait sûrement un peu de ça. Mais, c’était surtout lui, le problème. Enfin, « problème » n’était sans doute pas le mot adéquat. Il y avait quelque chose chez cet homme qui la troublait et elle était incapable de ne pas y porter attention. Elle avait beau chercher, elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Et le regarder boire, ainsi, debout face à elle. Dieu qu’il était beau.

Puis brusquement, leurs regards se croisèrent à nouveau. L’homme afficha alors un sourire et la blonde comprit vite qu’il avait sûrement remarqué qu’elle était en train de le regarder. Elle eut d’un coup du mal à déglutir et eut envie de se faire toute petite. Isabel détourna alors ses yeux et serra un peu plus la bouteille qu’elle tenait dans les mains, ses joues sûrement rouges écarlates. Par chance, elle n’avait pas été en train de boire lorsqu’il avait remarqué ça… Elle aurait été capable de s’étouffer avec une gorgée d’eau, c’était certain.  

Il s’éclaircit alors la voix, semblant chercher les bons mots pour commencer. Elle releva doucement les yeux vers lui, se demandant bien ce qu’il allait lui dire. Que ce moment était horriblement gênant. Elle n’était pas du tout habituée à discuter avec un homme, encore moins quand il lui plaisait. Ah ! C’était donc ça ! Arthur lui plaisait alors ?! Plus elle le regardait et plus elle semblait prendre conscience de ce fait qu’elle avait certainement tenté de mettre de côté. Côtoyer quelqu’un au bout du monde, dans de telles conditions… Elle ne l’aurait jamais cru. Et d’ailleurs cela lui semblait bien compliqué avec tout le travail qu’elle avait à faire ici. Mais lui, il voulait mettre les choses au clair. Elle l’écouta alors avec attention, fronçant légèrement les sourcils quand il expliqua qu’il n’était pas le genre de gars à… Quoi ? La jeune femme était assez naïve pour ne pas comprendre tout de suite où il voulait en venir. Pourtant après ce qu’elle avait vu la dernière fois, son ami et ses gestes plus qu’inappropriés… Ah si. Elle avait compris de quoi il parlait. D’ailleurs, elle avait horreur des types comme ça. Et c’était sûrement ça qui lui avait fait peur la première fois qu’elle avait vu le soldat…

Après un léger silence, où il chercha de nouveau ce qu’il allait dire. Il finit par reprendre après avoir repris son souffle et fermer les yeux l’espace d’une seconde. Isabel ne le quittait toujours pas des yeux, s’obligeant à le regarder il fallait avouer. Ses parents lui avaient toujours répété qu’il était impoli de ne pas regarder dans les yeux de la personne qu’elle avait en face d’elle. Alors même si Arthur la troublait elle s’efforça à garder ses yeux dans les siens, les joues rosies par la situation et le souffle court. Et lorsqu’il se décida à parler, les mots de l’homme lui expliquèrent un tas de choses. Le fait qu’il n’ait pas pu la quitter du regard, que son ami ait pris sa place à la distribution de nourriture pour qu’il puisse venir la voir, que ce même ami ait agi comme un idiot, qu’il s’en voulait que cela se soit passé ainsi…

Isabel continua de l’écouter et ne remarqua même pas qu’il s’était à son tour installé sur un tabouret. D’un coup elle se sentit mal, encore. Encore plus lorsqu’il reprit et lui fit entendre qu’il voulait lui parler, apprendre à la connaître, qu’elle avait l’air gentille et qu’elle était belle… Jamais personne ne lui avait autant de compliment dans la même phrase. Pensait-il vraiment tout ça ? Ou était-ce seulement une façon de se racheter pour mieux la séduire après ? Oh, elle ne doutait pas que certains soldats en auraient été capable. Mais lui. Arthur. Ses mots sonnaient tellement « vrais », il avait l’air honnête. Alors qu’il eut terminé, lui demandant de lui laisser une chance, elle resta à le regarder avec de grands yeux et la bouche légèrement ouverte. Lorsqu’elle finit par réagir enfin, ce fut pour boire une nouvelle rasade d’eau. Elle termina presque la bouteille d’ailleurs, qu’elle vint placer sur ses genoux une fois le bouchon refermé. Elle passa ensuite l’une des mains sur le coin de ses lèvres pour essuyer une petite goutte qui commençait à perler sur sa peau.

Qu’allait-elle lui dire après tout ça ? Etait-ce une déclaration ? Ça en avait tout l’air, et c’était bien ça le problème. Que dire ? Elle en tremblait presque. Si elle s’était attendue à tout ça, clairement qu’elle aurait pris ses jambes à son cou. Non. Elle avait pensé qu’il voulait juste parler un peu de l’incident de l’autre fois, de son ami… Mais tout ça. Wow. Elle allait défaillir là. Mais elle ne pouvait pas rester là à rien dire comme une idiote. Il fallait qu’elle lui dise quelque chose. Depuis combien de temps avait-il fini de parler ? Trop longtemps. Elle se mit à jouer avec ses doigts, les triturant presque à cause de l’émotion. Puis enfin, sa voix se fit entendre. « Je… Arthur… Je… Sais pas… Quoi… Te dire… » Du grand n’importe quoi. En même temps, elle était bien incapable de dire autre chose après tout ça. Elle prit une profonde inspiration et se calma un instant avant de reprendre. « Ecoute. Pfiou. C’est… C’est vraiment adorable de ta part de venir me dire tout ça. C’est, c’est vrai que je n’ai pas eu une bonne image de toi au début, avec ton ami et le reste. Mais… Je dois t’avouer, je n’ai pas l’habitude de tout ça, et… »  

Une nouvelle pause, plus courte. Cette fois-ci, elle prit le temps de réfléchir à ce qu’elle allait dire ensuite. Ses yeux, toujours plongés dans ceux d’Arthur, elle continua « Ne le prends pas mal mais c’était un peu… Comment dire… Direct. Tout ça. » Elle se mit à rire doucement et bizarrement ça lui fit du bien. « Mais ça ne me dérange pas d’apprendre à te connaître un peu plus aussi, au contraire. Tu as l’air gentil, toi aussi… Et. Tu… » Es très beau… Elle n’eut pas le cran de l’avouer… Non. Elle reprit alors rapidement « Tant que ton ami, ne recommence pas avec ses gestes bizarres… » Elle rit de nouveau, détournant son regard, tout de même un peu gênée encore.

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Re: Rencontre au bout du monde - Juillet 2007, Kaboul, Afghanistan -

Mar 31 Mai 2016 - 16:01

J'aurai dû m'y attendre, elle reste un peu.. sous le choc. Une telle déclaration, servie toute chaude sortie du four, comme ça. La pauvre, elle me regarde comme si j'étais mon propre fantôme. Ou le fantôme du fantôme de mon fantôme.. enfin quelque chose comme ça. Elle est adorable.. cette mine si expressive, ses yeux grands ouverts qui rayonnent comme un mélange de saphirs et d'émeraudes à la lueur d'une torche d'aventurier. Elle est un coffre aux multiples trésors, et je viens de lui demander la clé. Elle avale la bouteille comme si elle pouvait la sauver de cette situation embarrassante, dont je m'excuserais bien, si je n'étais pas celui qui tente de séduire.

Ses mots s'enchaînent, tant bien que mal. Ils ne reflètent pas ce que j'espérais. j'aurais aimé la toucher un peu plus, peut être que dans mes rêves les plus fous je la voyais n'attendre que ça, et qu'à force d'y croire, je ne voyais que cette possibilité. C'est vrai que je brûle d'envie qu'elle se lance sur moi, pour que je la serre dans mes bras. Prouver ainsi ma tendresse et ma douceur, deux qualités insoupçonnables chez un soldat sur le pied de guerre. Mais je reste sagement assis sur ce tabouret, à l'écouter chercher ses mots.

Pas l'habitude de choses aussi directes. Au moins, c'est dit, c'est clair, j'ai peut être un peu trop avancé mes pions, haha. Quel maladroit je fais. En amour, je suis presque une calamité. Aussi gauche que timide, pourtant aussi franc et aventureux.. Rah, je ne sais plus. Elle me rend fou. Bien plus que les autres. A la voir, j'ai l'impression que celles d'autrefois n'étaient que des brouillons, des pauses sur une longue route qui finalement m'a mené à elle. Rien n'a encore débuté que je sens déjà un brasier me consumer de l'intérieur, alors que volent et chantent de bien drôles d'oiseaux dans mon ventre.

Je viens d'engager une partie où j'ai déjà perdu. Haha.. c'est bien moi. Mais son discours n'est pas si réservé et distant que ça. Si elle prend soin d'esquiver les mots, le fond de sa pensée est clair.. Elle accepte de me donner cette chance que je réclame. A moi de la saisir, et d'emporter son coeur. J'ai peine à m'imaginer sans, désormais.
Mon sourire s'accentue alors qu'elle ne finit pas sa phrase. Peut être suis je en train de me faire de drôles d'idées mais.. J'aime croire que ses yeux ont déjà parlé pour elle, tout à l'heure.


" Et je ?

Les sourcils arqués, et le sourire charmeur de type colgate montrant bien mes jolies dents, je me passe la main dans la nuque. Mon dieu que j'aurai aimé avoir les cheveux longs, là maintenant, pour avoir un peu plus de style et bien plus de pouvoir de séduction. Mais bon, à l'armée, c'est coupé court. Bah..
J'aimerai entendre de sa bouche ces mots que je m'imagine, et qui attisent le feu qui s'impose en moi. Je ne la lâche pas des yeux.


.. Oh il ne sera plus là pour nous déranger, je peux te l'assurer.

Je ris doucement, évoquant cette scène où je me suis opposé à sa bêtise pour lui signifier qu'Izzy, c'était pas une parmi les autres.

D'ailleurs, il ne sera pas au trois coyotes ce soir, à 20h. Si tu veux ne pas le voir, tu peux toujours venir.. moi j'y serai.

Une invitation, en bonne et due forme. Un rendez vous, ouais. Là au bout du monde, dans le seul bar à l'américaine que l'on puisse trouver à des miles à la ronde. Ce genre d'établissement qui a subitement apparu avec l'arrivée de loustics de guerres tels que nous ! C'est devenu comme notre repaire de permission, sauf qu'on y sert pas de l'alcool. C'est interdit.. et si on se fait choper complètement bourré, on est de corvée de chiotte pour au moins trois semaines. Et ça, c'est si on s'fait pas renvoyer. M'enfin, vu ce pays plein de poussières, on ne se refuse pas un bon vieux coca cola devant un billard. Poussiéreux mais.. un billard quand même !

Je t'attendrai devant pour te faire entrer."

Car évidemment, on ne rentre pas là dedans comme dans un moulin. C'est un lieu de détente, mais la sécurité y est renforcée. J'attends maintenant sa réponse.
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Re: Rencontre au bout du monde - Juillet 2007, Kaboul, Afghanistan -

Sam 2 Juil 2016 - 18:38


Isabel se sentait tellement bête. Elle qui d’habitude était plutôt sûre d’elle et capable de gérer une équipe logistique de plusieurs personnes. Oh bien sûr ce n’était qu’un petit bout de femme, à la mine adorable et gentille mais elle savait être ferme quand il le fallait. Elle menait une équipe principalement composée d’hommes et jamais elle ne s’était fait marcher sur les pieds. Certains avait bien tenté de la déstabiliser à son arrivée, sans grand succès. Mais là, face à ce beau soldat, elle perdait complètement pied. Elle était restée bouche bée face à ses déclarations. Il voulait apprendre à la connaître. Il la trouvait belle. Jamais personne ne lui avait fait autant de compliments d’un coup et tout cela la perturbait complètement. A tel point qu’elle était incapable d’enchaîner deux mots sans bafouiller… Et cela ne s’arrangea pas lorsqu’Arthur se mit à sourire, semblant comprendre ce qu’elle avait voulu dire. Si. Il avait compris qu’elle le trouvait beau, elle aussi. Elle sentit alors ses joues la brûler de plus en plus, terriblement gênée par la situation. Et il continuait de sourire en plus. Elle baissa alors les yeux et se mit à tortiller ses doigts dans tous les sens.

Elle ne dit rien de plus, se contentant de relever les yeux vers le soldat lorsqu’il reprit en disant qu’il veillerait à ce que son ami ne les dérange plus. Puis de nouveau, de la surprise put se lire sur son visage quand il l’invita à venir le rejoindre au bar, le soir même. Et elle se sentit encore un peu plus prise au piège quand il lui expliqua qu’il l’attendrait devant. Que devait-elle faire ? Décliner l’invitation et lui dire qu’elle ne viendrait pas ? Inventer une excuse bidon ? Lui dire qu’elle viendrait mais qu’elle n’irait pas finalement… Non. Elle était bien trop sincère pour lui raconter des histoires. Soit elle disait non et en expliquait les raisons, soit elle disait oui et elle s’y rendrait l’heure du rendez-vous venue. Elle mit alors un peu de temps à se décider. Et puis finalement elle prononça, souriant légèrement « D’accord. Je viendrai. » Elle se leva alors et reprit « Il me reste pas mal de travail… Je dois y aller. A ce soir… Alors… » Elle fit un petit geste de la main pour lui dire au revoir et sortit de la tente, les joues toujours rougies et le cœur battant. Avait-elle pris la bonne décision ? Elle n’en savait rien. Néanmoins, une partie d’elle-même mourait d’impatience d’y être, c’était une sensation étrange qu’elle n’avait jamais vraiment ressentie avant…


***


Une fois son travail terminé, vers dix-neuf heures, Izzy rentra jusqu’à son campement pour se doucher. Elle avait passé l’après-midi à s’occuper des stocks de nourriture mais elle n’avait pas été très efficace il fallait l’avouer. Elle avait passé une grande partie de son temps à repenser à ce rendez-vous et à Arthur. Sortant de la douche, elle se sécha et pour la première fois de sa vie elle se demanda ce qu’elle allait mettre. Choisir ses vêtements ? Ce n’était pas une préoccupation d’habitude. Mais là, elle était dans tous ses états, complètement chamboulé par tout ça. Un rendez-vous avec un homme qui lui avait déclaré qu’il la trouvait adorable et belle… Y’avait de quoi être en panique. Surtout pour elle qui n’était pas très douée pour ce genre de chose. Et en plus, ils allaient se voir dans un lieu remplis d’autres soldats. Ça lui faisait vraiment peur tout ça. Elle n’avait vraiment pas envie de revivre ce qu’il s’était passé lors de leur première rencontre.

Elle enfila alors des sous-vêtements noirs, puis elle se mit à fouiller dans ses affaires. Mais à vrai dire, elle n’avait pas grand-chose pour ce genre « d’occasion ». En même temps, elle n’était pas venue jusqu’ici pour rencontrer quelqu’un. Alors non, elle n’avait pas de robe ou de jupe… D’ailleurs il était rare qu’elle en porte. Elle soupira doucement avant de se décider pour un débardeur noir, un jeans, et une paire de sandales. Rien de très original, mais elle n’avait pas mieux. Pas de maquillage, pas de bijoux. Seul son petit tatouage dans le creux de son poignet venait en quelque sorte embellir sa tenue. Oui… Elle l’avait fait quelques années plus tôt, à l’époque où elle ne s’entendait pas avec son père. Ce dernier m’appréciant pas qu’elle laisse ses études de droit de côté. Une légère provocation ? Sûrement. Mais au final, elle l’aimait bien et il la représentait plutôt bien.

Lorsqu’elle fut prête, elle se regarda brièvement dans le petit miroir de poche qu’elle utilisait peu d’habitude. Elle passa ses doigts dans ses cheveux encore un peu humides. Bien. Vingt heures approchaient et elle allait devoir y aller. Elle se mit alors en route, le bar n’était pas loin et l’endroit était suffisamment sécurisé pour qu’elle s’y rende à pied. Elle était tendue et ça se voyait certainement sur son visage. Plus elle avançait et plus elle avait envie de faire demi-tour et de rentrer. Puis après quelques minutes de marche elle arriva aux trois coyotes. Elle n’y avait jamais mis les pieds auparavant. Elle avait sûrement un peu d’avance, mais elle aperçut très vite une silhouette familière devant l’endroit. Il était déjà là, apparemment en avance lui aussi. Encore une fois son cœur se mit à battre bien plus fort qu’à l’accoutumée, qu’était-elle en train de faire au juste ?

Bien sûr, Arthur la remarqua très vite. Et elle répondit alors à son sourire alors qu’elle arrivait à ses côtés. « Bonsoir. » Se contenta-t-elle de dire alors qu’elle ne savait pas si elle devait lui faire la bise ou pas. A vrai dire elle ignorait comment se comporter avec lui. Elle se doutait bien qu’il devait avoir quelques idées en tête après tout ce qu’il avait pu lui dire durant l’après-midi. Et c’était ça qui lui faisait peur d’ailleurs… Tenterait-il quelque chose durant la soirée ? A cette idée, elle paniqua complètement. Il allait le remarquer, c’était évident. Parce qu’à force de jouer avec ses cheveux et de se mordre la lèvre, il allait certainement se poser des questions. Sans compter ses joues qui étaient redevenues complètement rouges. Voilà… Elle recommençait à ressentir exactement la même chose que durant l’après-midi et elle était totalement incapable de le contrôler… Arthur la troublait… Et elle n’arrivait vraiment pas à se calmer…

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Re: Rencontre au bout du monde - Juillet 2007, Kaboul, Afghanistan -

Mar 20 Sep 2016 - 23:01

Les heures passent, à regarder une base si vide, car elle n'y est pas. Assis dans un coin de ma tente, le visage entre les mains, je repense à nos mots, à nos réactions. J'imagine ce que j'aurais dû lui dire, pour arriver à la toucher en plein coeur. Ce coeur que je ne m'étonne plus de convoiter, que je ne m'interdis pas de désirer. Le sourire rêveur qui s'étend sur mes lèvres ne trompe pas.. Amoureux, je ne sais pas. mais attiré, ça oui. Elle est ma faiblesse, et je ne veux pas être invulnérable.
Les heures passent, tranquilles, s'écoulant lentement. Bien vite je sors de mes songes et me remet à faire ce qu'il y a à faire, même si aujourd'hui ce n'est pas ma tâche. Un peu d'ordre dans ce joyeux bordel que l'on trouve dans mon coffre. Des tas de lettres, de cassettes, de cd, de photos. Je ne retrouve pas celle de ma soeur dans sa robe de soirée.. Etrange.  Les sourcils froncé, je vide le contenu de ce coffre, en vain. Je me retrouve bien bête là, devant le néant. J'ai dû l'égarer ailleurs. J'ose espérer qu'elle n'est pas entre les mains perverses d'un copain, sinon il risque fort de le regretter.

Seul dans les douches, je prends le peu de temps qui m'est imparti pour prendre soin de moi, et penser à nos retrouvailles ce soir. J'ai toujours peur, ça ne passe pas. Réussir à me montrer assez courageux pour être franc et honnête avec elle fût quelque chose de difficile. Peut être même plus difficile que d'affronter les tirs ennemis. La déception peut être plus douloureuse que le plomb.
Je me brosse les dents, me plantant dans mon propre regard dans le miroir. Et là, la question se pose. Même si elle s'abandonne à moi, et que je m'abandonne à elle.. En suis-je digne ? La réponse qui me traverse l'esprit me laisse figé. Un éclair glacial torture mon corps et mon âme... Comment un homme aux mains si sales pourrait il toucher une peau si pure sans la corrompre à tout jamais ? Comment pourrais je lui sourire  quand mes lèvres ont ordonné la mort d'autres hommes ?

Cette idée me reste en tête, alors que les heures se sont écoulées, et que je suis dans coin du bar, le dos tourné à l'entrée. Je n'ose la regarder, de peur de la voir arriver. De peur de ne jamais la voir franchir cette porte. Je.. je ne sais pas. Je ne sais plus. L'envie de fuir saisit tout mon être. La laisser là où elle est, pour lui épargner d'avoir à me souffrir, moi, et mes fantômes qui toujours me hanteront. Je soupire de nombreuses fois. Je suis nerveux. Autant qu'un homme peut l'être quand un conflit pareil sévit dans ses pensées.

Puis la porte s'ouvre, et je sors. A la limite de m'envoler à jamais. J'observe l'intérieur à travers la vitre de la porte. Une clope, pour mieux assister à toutes ces scènes que je préfère rêver, pour son bien. Je nous vois, nous deux, assis autours d'une table devant nos verres, à rire de nos anecdotes. Tout ça sur un piano et une voix, qui d'un ton Jazzy, accompagnent nos premiers moments. Mais...
A la moitié de la cigarette, je prends ma décision. Je regarde le rouge flamboyant de mon futur cancer, puis relevant les yeux.. je la vois débarquer, dans le reflet de cette vitre. Comme un ange venu me sortir des enfers. Une valkyrie venue me mener jusqu'aux grandes portes, derrière lesquelles enfin je pourrais goûter à un grand et éternel festin. A la voir me chercher du regard, mes doutes s'envolent. Alors c'est évident. Peu importe qui je suis, elle a le don de me soigner. Elle a la force de faire de moi un homme meilleur. La chaleur qui saisit mon ventre m'ordonne de me relever, et de marcher vers elle. Ainsi je m'exécute, étirant mes lèvres en un sourire sincère, soulagé, tout simplement heureux. En se présentant au rendez vous, elle m'accorde une chance, et je brûle de la saisir.

" Bonsoir.. heureux de te voir ici.

Et comment. Souriant toujours un peu plus, je m'accorde même un moment de romantisme  en prenant sa main dans la mienne, pour l'effleurer de mes lèvres. Voilà ce que m'inspirent ses hésitations. Nul doute qu'elle sera rouge comme une pomme d'ici peu, ce qui me donnera encore plus envie de la croquer. Mais ce n'est pas le sujet.

Viens, tu dois mourir de soif. Je t'offre quoi ? Du coca ou.. ou tu es plutôt pepsi peut être ?!

Très important, n'est ce pas ? Bref, à ses côtés, je franchis à nouveau la porte, en sa compagnie maintenant. Ce qui évidemment attire le regard des quelques soldats en permission venus passer leur soirée ici. Ce qui évidemment me remplit de fierté. Fini l'homme en proie aux doutes, place à l'homme en rendez vous galant ! Si du moins, les vêtements militaires permettent de l'être.

Je crois qu'ils risquent fort de te sauter dessus d'ici vingt minutes.. mais ne t'en fais pas, ils grognent avant pour prévenir.. En général.

Un petit sourire en coin après ce murmure plaisantin, je l'invite à s'asseoir à la table que j'occupais dans mes rêves, juste avant. Claquant des doigts, je balance la commande que le barman, me connaissant bien, prendra la peine de nous porter ensuite. Nous voilà donc à notre premier vrai rendez vous, dans ce bar de fortune qui ressemble à s'y méprendre à ceux que l'on trouve chez nous, le long des routes. Pour peu, avec l'ambiance rock et blues qui sort du jukebox, on pourrait s'attendre à voir quelques motards franchir la porte. Il y a un billard au tapis abîmé au milieu de la salle. Des boules y traînent depuis deux jours, et personne n'y touche. Le comptoir longe le grand mur. De nombreux miroirs garnissent ce mur, et ils portent tous des inscriptions à l'indélébile. Les mots, les pensées des soldats. Le reflet de l'âme des hommes durant la guerre. Quand on y regarde bien, le mur du fond porte plusieurs impacts de balles. Les soirées n'ont pas toujours été aussi calmes ici, et avant que l'endroit ne soit investi par les américains, il n'avait rien d'un bar.

Laissant planer un silence gênant pendant quelques instants.. je finis par lui demander.


Dis moi.. Qu'est ce qui t'a poussé à faire ça ? Aider ces gens.. Pourquoi ? "
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Re: Rencontre au bout du monde - Juillet 2007, Kaboul, Afghanistan -

Dim 27 Nov 2016 - 0:53


Isabel ne savait plus où se mettre, complètement dépassée par la situation. Comment avait-elle fait pour se retrouver là ? Tout cela était insensé. Avoir rendez-vous avec un homme, à l’autre bout du monde, dans un bar remplit de soldats. Jamais elle n’aurait pensé vivre cela en venant ici. Et voilà qu’Arthur venait saisir sa main pour y déposer doucement ses lèvres. Isabel se figea d’ailleurs à ce contact, se retenant de faire les yeux ronds, le visage entièrement rouge à présent. Il lui avoua qu’il était content de la voir là, et c’était sûrement ce qu’elle aurait dit, également. Mais elle fut incapable d’aligner un seul mot, le suivant simplement à l’intérieur du bar. Un Coca ? Un Pepsi ? « Je… Euh… Un… Un Pepsi, ça sera très bien. Merci. » Même choisir ce qu’elle voulait boire était compliqué. Elle allait passer pour une idiote à coup sûr. Qui avait envie de passer la soirée en compagnie d’une fille qui n’arrivait même pas à prononcer une phrase sans bafouiller. Mais visiblement cela ne dérangeait en rien Arthur qui continuait de lui sourire, sans prêter attention à ces mots qu’elle bredouillait.

Scrutant les environs, Izzy remarqua alors la présence d’autres soldats et ces dizaines de paires d’yeux qui la fixaient à présent. Lui sauter dessus ? Grogner ? Qu’était-il en train de lui raconter ? De quoi la rendre encore plus mal à l’aise qu’elle ne l’était. Décidément, ce rendez-vous, ici, était-ce une bonne idée ? Malheureusement, elle ne pouvait plus reculer. S’enfuir, maintenant ? Non. Elle ne pouvait pas. S’installant enfin à une table, face au soldat McLeod, elle le regarda passer commande auprès du barman. Les mains posées sur ses cuisses, le dos cloué au dossier de sa chaise, la jeune femme ne savait pas où se mettre. Autour d’eux, elle pouvait entendre les discussions des autres soldats, leurs éclats de rire parfois, et cette musique agréable qui s’élevait du jukebox à quelques mètres de là. Il fallait qu’elle se détende, elle prit alors une profonde inspiration avant de plonger enfin son regard dans celui de l’homme qui était en face d’elle. Là, elle étira doucement les lèvres, lui offrant un timide sourire. Avec Arthur, elle ne risquait rien ici.

Se concentrant seulement sur le soldat, elle tenta d’oublier tout le reste. Si elle était là, c’était pour lui, après tout. Et même si elle ne se sentait pas à son aise dans cet endroit, elle avait envie d’en apprendre un peu plus sur lui. Mais, ce fut lui, le premier à l’interroger. Là, elle vint repasser une mèche de ses longs cheveux derrière son oreille. Elle haussa les épaules avant de lui répondre d’une voix un peu plus claire que précédemment. « Oh… J’ai toujours voulu aider les gens je crois… Depuis toute petite. J’ai commencé à distribuer des plats chauds aux sans-abris quand j’étais à la fac. Puis je me suis engagée ponctuellement dans ses missions humanitaires pendant les vacances d’été. Je suis partie au Guatemala pour aider à la construction d’une école. Ça a été le déclic. Quand je suis rentrée aux Etats-Unis, j’ai laissé tomber mes études de droit. J’ai déçu mes proches d’ailleurs… Mon père voulait que je sois avocate… Mais sincèrement… Je ne regrette pas mon choix. Je me sens vraiment plus utile ici… Et… » Elle fut obligée d’interrompre ses explications lorsque le barman apporta leurs boissons. Izzy s’était surprise à parler autant. Etait-ce le signe qu’elle se sentait mieux ? Peut-être. Ses joues étaient toujours rouges, elle avait toujours chaud. Et elle se jeta sur son Pepsi, buvant une longue gorgée glacée, qui lui fit presque mal au crâne. Quand elle reposa le verre sur la table, elle prit un air gêné. Cela ne se faisait pas de boire ainsi, elle n’avait même pas eu le temps de remercier le serveur. Elle qui avait reçu une éducation des plus strictes, voilà qu’elle se comportait de manière déplacée. Ou du moins, elle le pensait. Parce que franchement, Arthur ne prêterait sûrement pas attention à ça. Mais qu’importe, elle reprit, espérant qu’il ne le lui fasse pas remarquer

« Ils pensaient que je ferais ça un temps et que je changerais d’idée mais… J’ai fini par devenir chef de mission et je me suis portée volontaire pour venir en Afghanistan. Les gens manquent de tout ici… » Elle se souvenait avoir été profondément touchée en apprenant la condition des populations civiles dans ce pays. Tout le monde avait tenté de la dissuader, d’ailleurs, mais elle avait tout de même décider de venir ici. Malgré les dangers, les conflits. Izzy venait pourtant d’une famille aisée, néanmoins, elle avait toujours été révoltée par la misère des autres. Durant tous ses voyages lorsqu’elle était plus jeune, dans de nombreux pays d’Afrique, elle avait vu la pauvreté et tout le reste… Elle avait eu la chance, elle, de grandir dans un monde où elle pouvait tout avoir d’un simple claquement de doigts. Mais ce n’était pas un monde qui lui plaisait. Non. Elle voulait se sentir utile, et venir ici, pour aider les autres. C’était ça le plus important pour elle…

« Et… Et toi ? Pourquoi vouloir devenir soldat ? » Demanda-t-elle d’une voix basse et peu assurée. C’était une façon de lui retourner la question… Après tout, elle était curieuse de le savoir… Mais elle n’osait pas lui demander trop de chose. Décidément, ce rendez-vous était un désastre.

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