Ce rp Flash-back se déroule juste après le scénario "On the precipice of death".

Un hululement de rapace nocturne retentit à travers le vignoble depuis la forêt, poussant les plus petits mammifères à se cacher pour échapper au prédateur.
Mais les rongeurs n'étaient pas les seuls à se dissimuler cette nuit là.

Accroupie derrière un pied de vigne, une petite silhouette humaine au visage dissimulé sous une capuche à oreilles observait la forêt. Celle-ci était silencieuse en dehors des bruissements des animaux nocturnes et de l'appel d'une chouette effraie. Pourtant, quelques jours auparavant, alors que le soleil disparaissait à l'horizon, d'étranges et inquiétants pleurs de nourrissons en sortaient encore. Du moins, c'est ce qu'aurait juré la guetteuse accroupie.

Anya souffla sur ses mains refroidies par les températures fraîches sans quitter la forêt des yeux. Deux semaines plus tôt, alors qu'elle s'était approchée de cette forêt qui semblait la narguer avec ses appels qu'elle seule entendait, elle était tombée face à une créature immense et cauchemardesque qui l'avait poussée à prendre la fuite ventre à terre. L'avait-elle imaginé ? Elle n'en était pas sûre… Aussi elle avait gardé le silence sur cette vision, de crainte d'effrayer pour rien sa famille, et avait essayé d'oublier.
Mais voilà, quelques jours plus tôt, à la suite d'une mission de recherche de médicaments, ils avaient dû laisser Reeds, Evan et Peter en arrière… Avec seulement l'assurance d'inconnus qu'ils allaient revenir dans un mois… Et elle avait dû rentrer la boule au ventre, avec la honte d'annoncer à Tori qu'elle était revenue sans son mari, sans ce père qui l'avait adoptée…
La honte, l'angoisse, le doute sur sa valeur, autant de sentiments qui l'avait poussée cette nuit dans une mission folle : retrouver ce qui se cachait dans la forêt et l’en chasser ! Ainsi, elle prouverait à la faction et à elle même qu'elle était utile ! Elle serait une chasseresse, comme Emily !

Alors, en plein milieu de la nuit, elle avait attendue que Tori et les enfants s'endorment pour préparer son sac avec une corde, du fil de pêche, un rouleau de bandage, son couteau et une lampe de poche, puis avait enfilé ses gants et sa capuche en laine à oreilles de renard avant de quitter la maison le plus discrètement possible. Ironiquement, cette sortie lui avait rappelé sa fugue plusieurs mois auparavant, lorsque poussée par la voix de sa mère, elle avait choisi la fuite avant d'être rattrapée et convaincue de revenir par Isha.
Mais cette fois, elle comptait bien revenir et annoncer fièrement à Tori qu'elle avait débarrasser la forêt de ses intrus, surnaturels ou non.

Anya scruta encore les arbres. Puis, après s'être assurée que rien ne l'y attendait, elle tira sur sa capuche puis, après avoir pris une inspiration pour se donner du courage, elle se redressa de derrière son abris, et fila furtivement vers l'orée du bois.

“Pardon Tori, pardon Emily…” pensa t-elle, essayant d'ignorer la culpabilité qui la rongeait d'avoir rompu sa promesse de ne pas s'approcher du bois.

Elle devait régler ça… Elle devait protéger sa famille !

Bien vite, l’ombre des arbres se referma sur elle.
Bon, pas que la luminosité hors des bois était bien plus haute, mais l’ambiance pesante de la forêt accentuait l’impression d’obscurité l’encerclant d’un seul coup.
Anya déglutit en observant les immenses troncs qui l’entouraient. Tout en resserrant les lanières de son sac à dos sur ses épaules, elle continua néanmoins d’avancer.
Ne pas paniquer… Se concentrer sur sa tâche… Ne pas paniquer…
Ce n’était qu’une forêt après tout. Elle s’était cachée dans un endroit semblable durant presque deux mois après son départ de la caravane. Ça n'était pas très différent… Pas vrai ?...

Comme en réponse à ses tentatives de se rassurer, les arbres bruissèrent sous l’effet d’un vent nocturne qui la fit frissonner. Un craquement sinistre de bois retentit sur sa droite. Puis un hululement au-dessus de sa tête… Elle sentit son coeur s’emballer d’un seul coup.
Elle s’arrêta une seconde, pour scruter les ténèbres du bois. Ses yeux avaient beau d’habituer au manque de lumière, elle avait l’impression de percevoir des silhouettes se mouvoir de toute part dans les ténèbres.
Ses yeux s'agrandirent et son souffle accéléra davantage. D’un seul coup, tout le courage qu’elle avait pris en venant ici semblait s’éteindre comme la flamme d’une allumette, engloutit par l’environnement oppressant.

Cette forêt n’avait rien à voir avec celle dans les montagnes… Il y avait quelque chose de sombre ici… Comme si les bois étaient vivants et jouaient avec elle avant de l’engloutir…
La panique gonfla dans son esprit sans qu’elle puisse la retenir.
Là ! Un autre bruit sur la gauche ! Elle tourna la tête vivement !
Etait-ce son imagination ou est-ce que les arbres se rapprochaient ? Non, c’était impossible… Hein ?
Un nouveau craquement lui fit pousser un cri de peur irrépressible sous l’effet de la tension. Ses yeux arrondis par la peur, elle crut distinguer une masse dans les ténèbres… ou peut-être des yeux ?
Elle ne resta pas pour le savoir et se détourna pour s’enfuir à toute jambe.

Filant entre les arbres, le coeur tambourinant la chamade, elle courrait à perdre haleine, toute volonté oubliée. Dans sa tête, une seule idée : fuir ! Quitter cet endroit maléfique ! Ne plus jamais y revenir ! Il y avait quelque chose ici, elle en était sûre maintenant !
Mais dans sa hâte de s’échapper pour trouver une cachette, au moins jusqu’à ce que le jour se lève, elle ne fit pas attention où elle mettait les pieds et se les prit dans une racine saillante. La chute lui tira un nouveau cri et la fit atterrir de tout son long au pied de l’arbre, la faisant se mordre violemment la lèvre.
Un peu sonnée, tremblante de tout son corps, elle se redressa doucement, portant une main à sa mâchoire douloureuse. Le goût du sang envahit sa bouche alors qu’elle devina qu’elle devait s’être coupée à la lèvre inférieure.
Abattue, terrassée par la peur, elle se redressa doucement en position assise en essuyant maladroitement le sang qui dégoulinait sur son menton d’un revers de manche.
D’un seul coup, seule au milieu de cette forêt obscure, blessée et effrayée, elle se sentait bien insignifiante… Pourquoi avait-elle eu cette idée folle ?... Elle n’était pas forte comme Emily ou Peter, ni intelligente et débrouillarde comme Tori ou Faith…

Elle se recroquevilla contre le tronc de l’arbre et, la main tremblante, attrapa Teto qu’elle serra contre elle, refusant pourtant de pleurer, comme un dernier défi lancé à la forêt.

Il lui fallut plusieurs minutes pour sortir assez de sa léthargie pour penser à ouvrir son sac et, toujours tremblotante, en sortir le rouleau de bandage dont elle déchira un morceau pour le placer sur sa lèvre et essayer de limiter l’écoulement de sang.

“C’est juste une forêt… Juste une forêt…” continua-t-elle de se répéter mentalement, le regard angoissé.

Jets:

Action:

La forêt continuait de s’agiter autour d’elle. On aurait dit qu’elle prenait un malin plaisir à voir la frayeur s’afficher sur son visage alors que l’adolescente regardait partout autour d’elle, se ratatinant sur elle-même.
Le dos écrasé contre l’arbre qui lui servait d'abri sommaire, comme si elle pouvait s’y enfoncer pour se cacher, Anya tentait ralentir sa respiration bruyante pour se faire la plus discrète possible.
Se calmer… Elle devait se calmer… Redevenir silencieuse…
Peut-être… Peut-être que ce qui se trouvait dans cette forêt n’avait pas remarqué sa chute de tout à l’heure ?... Peut-être qu’elle avait perdu sa trace ?...

Elle serra fort les dents à s’en faire mal à la mâchoire dans une vaine tentative d’apaiser son souffle agité.
Son esprit oscillait entre une angoisse toujours plus grossissante qui envahissait presque tout et brouillait ses pensées et la partie infime de son esprit qui tentait encore de se convaincre qu’elle était venue ici pour une bonne raison…

C’est alors qu’un nouveau frisson lui parcouru l’échine, tel une coulée d’eau glacée lui glissant dans le cou. Cette fois, elle se figea, droite contre un piquet contre son arbre et écarquilla les yeux, la respiration soudain coupée.
… Le vent venait de lui porter… quelque-chose qui ressemblait à un murmure ?... Ou peut-être était-ce sa peur qui lui faisait avoir des hallucinations auditives ? Elle n’était plus sûre de rien. Elle resta immobiles plusieurs longues secondes, l’oreille aussi tendue qu’un animal en présence d’un danger.
Qu’est ce qui pouvait bien habiter dans cette forêt ? Elle n’arrivait plus à réfléchir normalement tant l’angoisse obnubilait toute sa volonté…
Ses yeux osèrent enfin bouger et, sans qu’elle ne change de position, ils glissèrent sur la droite d’où il lui semblait avoir entendu les chuchotements. Un nouveau frisson glacé la secoua alors que l’impression soudaine d’être observée la saisissait. Les arbres autour lui semblaient se refermer autour d’elle dans une cage végétal infranchissable. Les battements de son corps lui paraissait encore plus forts à ses oreille que tout autre bruit, participant à son stress montant.

Que faire ? Rester immobile en espérant qu’on ne la voit pas ? Tenter de fuir au hasard au risque de se perdre davantage ? Faire face ?
Elle ferma les yeux un instant. Quelle image ridicule elle devait rendre à l’heure actuelle… Elle était venue pour se prouver qu’après n’avoir rien pu faire pour empêcher Evan, Reeds et son père de s’être fait mordre, elle pouvait faire quelque chose pour protéger la faction. Et pour quel résultat ? Rester piégée contre un arbre comme un animal apeuré ?
C’est cette pensée qui éveilla assez de colère en elle pour submerger sa peur l’ombre d’un instant et qu’elle parvienne à sortir de son immobilisme pour pencher lentement la tête derrière l’arbre. Son regard effrayé tenta de scruter les ténèbres.
Si au moins elle pouvait voir ce qui rôdait ici, elle saurait comment agir…

Doucement, sa main qui tenait le tissu sur sa lèvre glissa dans la poche de son sweat pour attraper le manche de son couteau, l'autre gardant malgré tout toujours Teto contre elle.
Ne pas laisser la peur gagner… Ne pas laisser la peur gagner…

Jets:

Action:

Anya réfléchissait à toute vitesse, luttant contre la panique qui menaçait à tout moment de la figer sur place.
A défaut de trouver une solution à sa situation, elle tendit d’avantage l’oreille, tentant d’entendre de nouveau un son qui lui indiquerait la direction du danger… pour pouvoir fuir dans l’autre sens.
Un frisson glacé la secoua lorsque des bruits de craquements et de bruissements plus distincts lui parvinrent. Elle en était sûre cette fois, quelqu’un ou quelque chose se rapprochait de sa position. Ils avaient même l’air d’être plusieurs…
L’adolescente retint sa respiration un instant et en essayant de bouger le moins possible, tourna sa tête de tous côtés, tentant de trouver un vain échappatoire. Le premier réflexe qui lui vint alors fut celui qu’elle avait tiré de toutes ces semaines isolée en forêt à échapper aux humains et aux chiens errants : elle se tourna vers l’arbre contre lequel elle s’était cachée et jeta un coup d’oeil à sa cîme. Il était grand et semblait un abris inespéré dans ce monde de cauchemar.
La fillette n’hésita pas une seconde et, fourrant de nouveau rapidement Teto dans son sac, elle prit son élan et sauta pour attraper la première branche. Tel un chat, elle commença à escalader le tronc noueux, suppliant pour qu’elle ait le temps d’atteindre les branches hautes avant que ses poursuivants ne l’aperçoivent.

Elle progressait plus lentement que prévu… La peur lui faisait commettre des erreurs…
Et l’erreur de trop fut lorsqu’elle ne put s’empêcher de regarder en bas pour voir les intrus. Ratant soudain une prise, elle se déséquilibra et son pied ripa sur le tronc. La fillette se sentit basculer dans le vide et agita vainement les bras en poussant un cri de frayeur. Trop tard…
Elle chuta et retomba d’un coup au sol après presque deux mètres de chute.
Le choc de son dos sur le sol lui coupa le souffle et la sonna à moitié.
Son visage se tordit de douleur et elle serra les dents.
La tête lui tournait.

Lorsqu’enfin elle rouvrit les yeux, son sang sembla se glacer. Deux silhouettes la dominaient, une de chaque côté. Cette fois, l’angoisse écrase ses barrières mentales comme un raz-de-marée et reprit sa place dans son esprit. Elle se figea complètement, laissant seulement ses yeux s’agiter dans tous les sens pour passer d’une silhouette à l’autre et sa poitrine se soulever à un rythme rapide sous l’effet de son souffle douloureux.
D’un seul coup, elle réalisait tout le ridicule de son entreprise et l’absurdité de sa situation. Mais qu’est ce qui lui avait prit ?... Qu’est ce qu’elle pensait pouvoir accomplir en venant ici ?... Elle n’était même pas encore une adulte et avait la force d’un moineau couplée avec le courage d’un hamster…
A l’instant, elle avait l’impression d’être comme ces enfants dans les contes de fées sur le point de se faire dévorer par une créature des bois…

Anya déglutit et, n’osant toujours pas bouger, vaincue par la terreur, fit la seule chose que la terreur lui permit lorsque l’une des personnes rapprocha sa main d’elle : elle gonfla ses poumons et hurla de toutes ses forces :

“Tooooooooriiiiiiiiii !”

Jets:

Action: