« Ravi que mes idées de repas te plaisent ! » Dit-il, souriant comme un enfant à qui on avait donné un bon point ou une image. S’il avait toujours apprécié de vivre seul, le trappeur s’était découvert une certaine attirance pour la vie en communauté, surtout autour de la nourriture. Il appréciait manger – et cela se voyait – mais il aimait surtout préparer la nourriture pour ceux qui comptaient sur lui. A sa manière, c’était une façon d’être inclus dans la vie commune, mais aussi, une façon de se rendre utile et de s’adapter à tout cela.

« D’accord, l’endroit me semble pas mal. Si quelqu’un tente quoi que ce soit, on pourra le voir venir de loin. Mais je ne suis pas inquiet : la végétation et le bois sont secs, la fumée ne sera donc pas très épaisse. » L’espace de quelques secondes, Ulysse se stoppa. Regardant les alentours durant de longues secondes sans respiration ni mouvement perceptible, le trappeur analysait et attendait… « Oui, ça devrait aller. »

Alors, Ulysse s’exécuta. Ramenant son sac de bivouac, il installa sa marmite sur son crochet, pendant d’une barre horizontale elle-même installée sur deux trépieds. Au-dessous, il plaça d’épaisses pierres, de manière circulaire, afin de sécuriser le feu à venir. Copeaux de bois, plantes, branchages, tout fut utilisé par Ulysse, car tout se trouvait à proximité du duo de survivants. Au final, un simple coup de lame sur l’allume-feu allait être suffisant pour pouvoir allumer ce feu.

« Oui je… » Il allait sortir sa planche à découper, lorsque l’évidente déception de Blanche lui fit tourner la tête. Venait-il de la blesser ? Venait-il de lui faire peur ? « Je suis désolé. J’avais besoin d’indices pour savoir à qui il appartenait réellement et… Enfin… » Il était désolé, contrit, réellement inquiet d’avoir outrepasser quelque chose de choquant pour la jeune femme. « Si… Si ça peut te rassurer, je n’ai regardé que quelques dessins, pour m’assurer que c’était bien à toi… Je l’ai mis en sécurité, et je ne l’ai plus rouvert. Je… Je suis désolé. »

Mais un nouveau sourire allait à nouveau illuminer le visage du trappeur, alors que Blanche proposait de partager un sachet de tomates cerises. Appréciant l’offre et anticipant le goût de ces petites tomates dans ce ragout en devenir, Ulysse s’empara du sachet qu’il déposa à côté de la planche à découper. Puis, farfouillant dans un sac de cuir, il en sortit un lapin déjà vidé gardé dans un torchon sec.

« Le repas sera prêt dans une heure. Est-ce que ça ira pour toi ? »

Elle attendait, patiemment, comme si il lui fallait l'avis d'Ulysse pour être certaine de camper ici. Il ne semblait pas contre l'idée d'ailleurs, et la blonde profita alors de ce temps où il installa le nécessaire pour manger, pour récupérer le bois nécessaire qui alimentera le foyer. Quelques brindilles pour lancer tout ça, puis du bois d'un diamètre plus gros pour garder le tout vivant. Il ne faut que quelques minutes à la trentenaire et trois allers-retours pour ensuite s'installer avec Ulysse où ils allaient se nourrir.

La réaction d'Ulysse d'ailleurs au sujet de son carnet la surprend, et elle reste de longues secondes à le fixer, bouche entrouverte. Est-ce qu'il était vraiment gêné d'avoir dû regarder dedans, ou ce n'était qu'un super bon acteur ? Mmh, elle espère quand même la première option. La blonde place rapidement ses mains devant elle, les agitant de gauche à droite avec un sourire rassurant. Oh ne t'inquiète pas, ce n'est pas un problème ! Tu n'as pas à t'excuser, ce n'est pas grave. Même si ce carnet renfermait des visages qui pourraient lui rendre la vie plus dangereuse. Surtout que bon.. c'est de ma faute, j'avais qu'à être moins tête en l'air.

Installée confortablement au sol - même si c'est un bien grand mot -, la trentenaire hoche la tête avec un sourire, le regard impatient quand même. Oui bien-sûr ! J'ai hâte de découvrir ton talent en cuisine. Si tu as besoin que je t'aide pour faire quelque chose c'est avec plaisir. Propose-t-elle même si le lapin était déjà prêt dans l'ensemble. Dans tout les cas, la blonde se tenait à disposition.

En attendant, la jeune femme se réchauffe un peu les mains au-dessus du feu qui prenait doucement vie, avant de récupérer dans son sac un carnet plus petit que le sien et un crayon. Histoire de tuer le temps, elle commença à griffonner quelques traits sur le papier usé par le temps. Comment se porte les enfants de ton groupe ? Demande-t-elle à tout hasard, se souvenant qu'il chassait surtout pour eux.

Ulysse dégageait l’endroit, tandis que Blanche apportait le petit bois destiné au feu. Aux petites branches et branchages succédaient ensuite quelques buches, frêles, mais suffisantes pour faire tenir un feu durant des heures et des heures, contrairement au petit bois qui, rapidement, allait s’éteindre et se réduire en cendres. Dégager l’endroit, cela voulait aussi dire se débarrasser des mauvaises herbes, des cailloux, des ronces, des racines sortant du sol, et de réutiliser tout cela pour pouvoir faire un feu protéger. Les cailloux et petits rocs, d’à peine une trentaine de centimètres de diamètre, seraient disposées en cercle et servirait à protéger le feu et les cendres. Le terrain, aplani et dégagé, permettrait aux survivants de profiter d’un instant agréable, et de poser un fessier qui ne serait point heurter par quoi que ce soit.

Le trappeur alluma alors un feu. D’un simple passage de sa lame sur la pierre à feu, il créa de grandes gerbes d’étincelles qui mirent ensuite le feu aux bois préparés par Blanche. Il n’y avait besoin de rien d’autre à l’instant : un feu crépitant, et une marmitte à préparer. « Eh bien… Le lapin est déjà prêt, il n’y a pas grand-chose à faire sinon faire griller le lard et mijoter le ragout… Alors… » Il regarde ensuite le petit carnet et le fusain. « Tu peux dessiner, en attendant. Le temps que je te rende ton premier carnet. Il n’y en a pas pour longtemps. »

Le feu était suffisamment grand pour faire deux choses à la fois. Alors, il commença par la marmite. Dedans, il plaça un demi litre de sa gourde d’eau potable, qu’il emplit ensuite par la carcasse du lapin, quelques légumineuses gardées dans son sac, un bouquet d’herbes plantées dans par chez lui, et du lard. Le lard qu’il avait lui-même retiré depuis la carcasse d’un sanglier chassé : une partie serait placée dans le bouillon ; l’autre allait griller sur une grille de barbecue.

Le bruit des crépitants et du bouillon avaient quelque chose de satisfaisant aux oreilles du trappeur. Habitué à parfois ne rien manger durant plusieurs jours, sinon de la viande séchée et salée, pouvoir faire un véritable repas était chose incroyable ! Chose… Indéfinissable ! Surtout en tels temps… En une telle période. Un petit sourire naquit alors et, à force de remuer ce bouillon et de s’assurer de la cuisson de la viande, il pu dire ces quelques mots qu’il attendait tant : « C’est prêt ! »

Servant alors tantôt le lard grillé et le bouillon de viande et de légumes dans deux écuelles d’inox, il tendit la première à Blanche, et se servit dans la seconde. Des couverts étaient disposés dans les écuelles. Enfin, une fourchette. Pour les couteaux… Ulysse était certain que les deux survivants en possédaient suffisamment. Il mangea alors avec appétit et envie… Et c’est la bouche à moitié pleine, qu’il se mit à répondre. « Ils vont mieux. Ils ont pu manger à leurs faims cette année. Nous avons eu quelques malades récemment, à cause d’une épidémie. Mais ils survivent. Et par chez toi ? »

Très bien.. Fait-elle avec un sourire, néanmoins un peu gênée de ne pas servir à grand chose pour la préparation du repas. Après, elle n'a jamais été un véritable petit cordon bleu alors d'un côté, ça l'arrangeait bien qu'Ulysse prenne les choses en mains. En espérant juste qu'il soit aussi bon qu'il laisse paraître.

Son crayon glisse alors sur le papier abimé par le temps au fur et à mesure des minutes, tandis que ses yeux se levaient parfois en direction de l'homme en face d'elle, le prenant comme modèle. Depuis la chute du monde, c'était bien la seule chose qui inspirait la trentenaire : les portraits. Quelques cheveux par-ci, puis par là, elle y ajoute même la marmite et les détails du ragout fumant. Elle prenait une pause parfois, discrète néanmoins, pour observer Ulysse s'affairer à sa tâche. Pensive. Avant de se remettre à son dessin.

Il ne sera pas terminé dans l'heure mais ça lui permet au moins de passer le temps. Lorsque le doux bruits du plat mijoté résonne dans ses oreilles comme une douce musique, suivi par l'odeur alléchante du bouillon et de la viande, elle ne peut s'empêcher de déposer son carnet sur ses genoux et de se pencher un peu pour humer le parfum. Mmmmhh, ça sent tellement bon ! Et Lily n'a pas besoin de promette ces paroles, que le grognement de son estomac résonne. Ses lèvres se pincent, elle retient un rire et se fend d'une faible excuse.

Et lorsqu'Ulysse lui annonça que le plat était prêt, son estomac repris de plus bel. Bras tendus, elle récupère sa part avec beaucoup d'impatience en remerciant l'homme avec rapidité, s'empressant de prendre une grand bouchée. Faut dire qu'elle n'avait plus l'habitude de manger des plats aussi bien préparés ; à Junk Town, ils se contentaient surtout d'aller au plus simple. Alors ce ragoût, elle l'engloutit comme si elle n'avait pas mangé depuis des semaines. Elle en oubli même pendant quelques secondes la question qu'elle avait posée à Ulysse, et pourquoi il lui parlait de son groupe.

Oh ! La bouche pleine, Lily place sa main devant pour ne pas paraître dégoutante, mâchant rapidement la viande pour répondre à son voisin. Nous avons eu deux nouveaux bébé chez nous, ils sont adorables. Evidemment, comme toujours, elle ne peut empêcher cette petite lueur de tristesse briller dans ses yeux, malgré un sourire bien présent. Eux aussi sont tombé malade, mais ça s'arrange. Elle a un long soupire. Et les adolescentes, je sais pas ce qu'elles ont, ça fait des semaines qu'elles nous prennent la tête avec des chansons d'une chanteuse, j'ai oublié son nom.. Ca fait nana Umbruella.. Ridicule. Elle ne peut s'empêcher de rire, reposant ensuite ses yeux sur Ulysse.

En tout cas, ce ragoût est vraiment, vraiment délicieux. Ca en valait le coup. Son visage et son corps étaient détendu, son estomac rassasié, les joues sont teinté de rouge. Sans parler de ses souvenirs qui lui faisaient penser à sa mère et dont les plats étaient tout aussi délicieux. Avec hésitation, la blonde tend son écuelle vers le cuisinier du jour, petit sourire timide dans le coin de ses lèvres : d'ailleurs, tu crois que je pourrais en reprendre ? Demande la femme, un peu gênée. Au moins, il suffit de ce simple geste pour faire comprendre à l'homme que son plat était délicieux. Elle ne peut s'empêcher de préciser d'ailleurs : on mange très très peu de plat cuisiné dans mon groupe, c'est toujours simpliste, même si c'est bon. Aloors.. tu penses qu'il en reste assez ? Même si elle voit bien qu'il en reste. Mais peut-être qu'Ulysse voulait en garder pour lui pour plus tard, et c'était bien normal. Mais bon, si elle pouvait avoir du rab, c'est un oui.