Quand Armand me demande si je connais les deux jeunes femmes, je me contente d’un signe négatif de la tête. Si j’entame la discussion, c’est Armand qui pose les premières questions. L’une des femmes nous propose alors d’aller s’installer autour d’une infusion, pour prendre le temps de discuter.

Une fois installé, j’écoute les explications de la jeune femme avec attention. Elle nous dit ne plus avoir de nouvelles des Remnants ; une histoire étrange d’épidémie… J’échange un œil inquiet avec Armand. « Plus de nouvelles ? Du tout ? » Que je demande alors, perplexe. « Si vous avez interdiction d’approcher leur campement c’est que ça doit être grave, non ? C’est quelle genre d’épidémie ? » S’agit-il d’une simple précaution ? D’une mise en quarantaine ? Ou est-ce pire que ça ? Difficile de le savoir. Mais si le groupe a été mis à mal, cela représente un avantage certain pour nous.

Je remercie d’un sourire la jeune femme qui nous apporte nos tasses, amusé par le mug qu’elle me tend. J’hésite à faire une blague merdique à Armand, en disant que le chien sur la tasse me ressemble, mais c’est pas trop le moment. Je continue d’écouter les deux jeunes femmes. « Un nouvel endroit pour le troc ? Comme l’ancien No Man’s Land à Seattle ? » L’idée d’y aller faire un tour me dirait bien. Puis à la dernière question de la blonde, j’ajoute « J’imagine qu’on peut s’arranger, oui. De quoi auriez-vous besoin ? »

Une infusion ? Pouvait-il rêver mieux ? Armand était un expert des plantes à tisane. Il acquiesça, trop concerné toutefois par cette discussion pour se laisser aller à la satisfaction.

- Non mais je connais sa mère, répondu l'homme à la question de la blonde.

La conversation prit une tournure intéressante alors que l'une des femmes évoqua les Remnants. L'afro-américain fronça légèrement les sourcils. Ces derniers avaient disparu des radars ? Ça ne leur ressemblait pas. Sa mâchoire se crispa malgré lui, se demandant ce que Phelbs pouvait manigancer. A la mention de l'épidémie, il n'y crut pas tout de suite... Mais il repensa à cette grippe meurtrière qui s'était répandue chez eux quelques années plus tôt. Personne n'était particulièrement à l'abri. Le karma avait peut-être bel et bien sévi.

- De quand datent ces informations ? Quelle... fiabilité vous y apportez ? De nouveau Lily appuya les propos de sa copine. Le quadragénaire tâchait de réfléchir à cette nouvelle inattendue. Il appuya son regard dans celui de la jeune femme alors qu'elle mentionnait The Haven. Où étaient-ils passés ceux là, tiens... Il se retint de commenter à son tour.

Maxine poursuivit alors son discours et mentionna The Store, que les New Eden connaissait avant de révéler un possible nouveau rassemblement de survivants sur Seattle.

- Ce n'est pas étonnant, déclara-t-il autant pour Kendale que pour leurs interlocutrices. Providence répondait à un besoin réel. Il était voué à perdurer... Du moins si les Remnants n'avaient pas tout explosé. C'est bien, ajouta-t-il ainsi, sincère. De quels clans parlent ces rumeurs ? Enchaîna-t-il, intéressé.

Assez grave pour qu'ils soient contraints de quitter leur campement principal la dernière fois que j'ai eu des nouvelles, souffle-t-elle en réponse. Elle a conservé la lettre de Yuan. Depuis ? Plus rien. Il fait le mort, ou l'est concrètement. Elle ne sait pas ce qu'elle doit espérer. Tout ça remonte à avril, mais à l'échelle de la fin du monde, c'est comme si c'était hier, ajoute-t-elle simplement en soupirant. Elle aimerait qu'il en soit autrement mais ça n'est pas à elle de composer avec tout ça.

Seulement avec sa fille, qu'elle va devoir élever seule. Une part d'elle à mal pour Lou, d'ailleurs. De savoir qu'elle ne connaitra peut-être jamais son père. Le seul dont je suis sûre, c'est les Gentle Bastards, les propriétaires de la cage, répond-t-elle au sujet de Seattle. Le mot "providence" ne lui dit rien par ailleurs. J'ai entendu dire qu'il y en avait plus, mais je ne les connais pas et le nom m'échappe, ses yeux se tournent vers Lily, pour voir si ça lui revient.

En revanche, nous n'avons aucune idée - pour l'instant - de s'ils se sont établis ou non, certains de leurs survivants connaissent la localisation de la casse et passent nous voir, mais ils ne sont pas encore venus à nous, précise-t-elle rapidement. C'est évidemment avec une certaine impatience qu'ils les attendent, notamment pour Lexie. Pas de nouvelle, bonne nouvelle, j'imagine, ajoute-t-elle en essayant d'être optimiste.

J'écoute avec attention les paroles de la jeune femme, détournant à plusieurs reprises le regard vers Philips qui semble tout aussi troublé que moi par cette nouvelle. Si le camp des Remnants est tombé, cela représente une sacré aubaine ! Mais le fait qu'un groupe aussi imposant puisse tomber, ça a tout de même quelque chose d'effrayant. « Va falloir creuser ça... C'est quand même fou qu'un tel groupe puisse disparaître des radars aussi longtemps. » Puis je capte le regard de Maxine pour lui demander « Ils venaient régulièrement ici ? Pour quoi faire ? »

Je laisse l'afro-américain poursuivre l'échange, écoutant avec attention. Puis ils évoquent le nom d'un groupe que je connais. Cela remonte à plusieurs années - du temps de Bill - quand la cage était toujours au No Man's Land. J'en serais presque nostalgique... Les combats, là-bas, c'était quelque chose ! « J'connaissais bien plusieurs de leurs membres. » Que j'ajoute alors, tant pour Philips que Maxine. « C'est p't'être l'occasion d'y refaire un tour ? » Que je lance, l'air de rien...

On verra en temps et en heure. Donne-t-elle comme réponse à celui qui lui répond au sujet d'un éventuel échange plus gros en fonction des informations. C'est surtout qu'elle n'avait aucune idée, et que ce n'était pas à elle de décider ce dont ils avaient besoin.

Silencieuse au sujet des Remnants, elle tourne cependant un regard vers sa voisine lorsqu'elle évoque des détails à leur sujet. Est-ce qu'elle connaissait quelqu'un de là-bas, pour être aussi précise dans ses informations ? Elle aussi devra prendre Maxine à part histoire plus d'information, mais pour l'heure, elle ne voulait pas qu'elle ne dise trop à ces hommes : Des informations. Souffle-t-elle à sa place. Un peu comme vous, pour savoir qui se promène où et avec qui. En vérité elle n'en savait rien.

Elle finit par croiser les bras en s'enfonçant dans son fauteuil, un regard glissé à Maxine. Si on peut avoir plus que ça, je peux me renseigner de mon côté.