Si je garde un sourire de façade pendant tout le temps où parle Regina, je dois dire qu'intérieurement elle m'insupporte déjà grandement. Ah, quelle chance elle peut avoir de posséder théoriquement des talents qui peuvent nous être utiles. Son arrogance et sa prétention sont amenées sans aucune finesse, sans classe, de manière brute et écœurante. Franchement, cette femme n'a même pas l'air de remarquer à quel point elle se jette des fleurs alors qu'elle ferait mieux de rester au ras des pâquerettes.

Je serais presque tentée de profiter de l'arrivée tardive de Riley pour prétexter une urgence quelconque et prendre la tangente histoire de sauvegarder les neurones qu'il me reste et ne pas m'infliger la compagnie de cette nouvelle recrue passablement insupportable. Mais être présente fait partie de mes nouvelles obligations alors... On garde le sourire et on reste là. Heureusement pour moi, Billie est là aussi. D'ailleurs, contrairement à moi elle prend la parole et répond aux interrogations de Regina à notre sujet. De toute manière, il faudrait être sacrément stupide pour ne pas se rendre compte que nous sommes jumelles. La ressemblance est... frappante, je crois. Enfin, bref.

A la remarque sur le fait que l'on puisse vouloir savoir si elle a déjà tué, mon rictus s'étire un peu plus l'espace d'un instant. A peine perceptible, mais réellement amusé par sa façon de présenter les choses. Pense-t-elle nous impressionner ? J'en tremblerai quand je n'aurai rien d'autre à faire, j'imagine. Laissant chacune des femmes prendre la parole, j'en profite pour attraper une cigarette que je coince entre mes lèvres avant d'en tendre une à Thaïs et une à Billie. Pour ce qui est de Riley, je ne sais plus si elle fume ou pas. Elle se servira, au pire. J'allume la mienne, le regard toujours posé sur Regina en attendant qu'elle ne réponde à la question de la militaire. L'essentiel ici n'est pas de savoir si tu as déjà tué des gens ou pas. Si tu serais capable de recommencer ou pas. On voudrait pouvoir compter sur toi pour sauver des vies plutôt que les ôter. C'est bien résumé non ? Et en plus, c'est dit avec douceur, presque une pointe d'inquiétude dans la voix. En même temps, il n'y a bien que d'un médecin dont on peut avoir besoin. Le reste, on gère.