Liv, tu- Je relève les yeux vers Ludwig. Mon sang a quitté mon visage quand cette pointe de douleur est venue me couper dans la conversation que nous avons. Les jambes en coton, je ne sais pas comment je parviens à tenir debout encore. Je suis pâle, et j'ai mal. Je ne saurais expliquer pourquoi ou comment parce que sur le coup, j'ai comme l'impression que c'est encore très différent de ce que j'ai vécu avec la naissance de Nicolas. Je n'arrive pas à me l'expliquer, et je retarde juste le moment où il n'y aura plus le choix. Tout va bien...

Ludwig me rend un regard effaré, il devient rouge d'une colère que je ne lui connais pas alors qu'il m'agrippe le bras pour m'aider à tenir debout. Non, ça ne va pas ! Depuis quand ça a... ça a commencé ? Demande-t-il. Je reste muette, sans doute parce que si j'ouvre la bouche, je vais me mettre à hurler. A la place, j'ai juste les larmes qui me viennent aux yeux : Pourquoi tu n'as rien dit !? Ce n'est pas... C'est bon Ludwig, ça va... Je ne sais pas comment je fais pour maitriser le timbre de ma voix, alors que je suis tout bonnement terrifiée par tout ça.

Non, viens, je t'amène à l'infirmerie, t-tu dois être prise en charge... Je hoche la tête. Je n'ai pas la force de lutter, pas comme ça. La gorge nouée, je m'agrippe à lui, en tentant de... Je ne sais pas vraiment. Respirer profondément, souffler de plus belle. Nous parvenons devant l'infirmerie quand je l'arrête soudainement en m'agrippant à lui si fort qu'il grimace à son tour de douleur. Je me crispe, lui plantant les ongles dans le bras. Il me rattrape avant que mes jambes lâchent : J'ai besoin d'aide ! Elle est en train d'accoucher, elle ne m'a rien dit avant, je- Appelle-t-il pour qu'on vienne me soutenir : Est-ce que ça va aller ? Insiste-t-il. Je relève un regard effrayé avec lu. Franchement ? Non.

Elle terminait tout juste de lire son chapitre sur la grossesse, triturant nerveusement son stylo en réfléchissant. Poussant un bref soupir en avisant l'infirmerie vide toute âme, étirant son dos avec douceur pour le soulager des longues sessions de lecture qu'elle lui imposait ces derniers jours. Avec Liv enceinte jusqu'aux yeux, mieux valait être trop prudente, que l'inverse. Et si elle se réjouissait pour la brune et Ludwig, il n'empêchait. Sa manie de vouloir tout contrôler lui instaurait de continuer de se renseigner encore et encore, jusqu'à ce que ce bébé ne se décide à pointer le bout de son nez.

Et si elle s'était relevée rapidement dans l'espoir de boire un semblant de café soluble, un cri non loin la stoppe dans son élan. Immobile, avant de reconnaître la voix de Ludwig qui annonce avoir besoin d'aide, sortant en trombe de l'infirmerie pour voir Liv qui peine à être soutenue, sentant les couleurs quitter son visage.

Ludwig, qu'est-ce qu'il se passe ? En train d'accoucher. Oh non. Ses yeux s'agrandissent sous la surprise, venant rapidement glisser le bras de la brune autour de ses épaules pour l'aider à marcher, hélant Devon non loin. Trouves Nolan, dis lui de venir en urgence ici ! Elle n'a pas le temps d'expliquer d'avantage à son cadet qui se contente de bredouiller un vague oui, avant de filer sans demander son reste.

Aide moi. Qu'elle grogne à l'attention du futur père, la faisant rentrer dans l'une des pièces au fond du batiment, l'invitant à allonger la brune sur le brancard. Ok, ok, ça va le faire. Il le fallait, non ? Trouve moi ... De l'eau chaude, des tissus propres, du savon. Et un peu plus vite que doucement si possible. Laissant Ludwig s'affairer à la tâche avant de venir esquisser un sourire à Liv. Allez, Nolan arrive, et tu vas bientôt rencontrer ton bébé. Qu'elle promet à la brune en venant retirer les cheveux de son front, l'aidant à retirer son bas pour la couvrir. Tes contractions, elles ont commencés quand ? Tu as perdu les eaux, ou pas encore ?

Histoire de se faire un avis rapide de la situation, quoi. Situation qui semblait tomber au pire moment, vu comment la brune semblait souffrir.

Je grimace alors que Juliet continue de me montrer une nouvelle fois l’exercice qu’elle veut que je fasse avec ma jambe. Définitivement, y a un truc que je capte pas et c’est en train de m’agacer prodigieusement. Pourtant, j’ai pas envie de l’envoyer balader. Après tout, j’ai noté l’effort qu’elle fait pour être sympa avec moi et pour m’aider à récupérer autant que possible. Mais ça fait toujours aussi mal, si c’est pas plus, surtout une fois les exercices terminés.

Je la vois rouler des yeux alors qu’elle commence elle aussi à perdre patience et c’est avec un soulagement non dissimulé que je vois Devon arriver en courant, alors qu’on est tous les deux installés pas loin de la cafétéria, nos deux tasses de café posées à même le sol. « Nolan, on a besoin de toi à l’infirmerie ! C’est urgent ! » Je me relève d’un bond, titubant sur place alors que la douleur me vrille la jambe de bas en haut mais je me contente d’une profonde inspiration, serrant le poing un instant. « Okay, okay. J’arrive. » Et, alors que je boitille derrière lui, je souffle, d’un ton sérieux. « Il se passe quoi ? » Un haussement d’épaules en réponse. Merveilleux.

Finalement, je suis plus rapide que je l’aurais cru et quand je débarque à l’infirmerie, mon regard passe d’Olivia à Quinn, avant que je finisse par souffler un « oooh d’accord » de compréhension. Déjà ? Ouais, on est en juillet remarquez, c’est fou ça. « On dirait que le grand jour est arrivé. » Si les prochaines heures risquent de pas être de tout repos, Olivia a déjà eu un enfant. Alors je suis plus confiant que je pourrais l’être en temps normal. Même si ouais, forcément, on est pas à l’abri d’un problème, je suis plutôt du genre optimiste sur ce coup-là. « J’imagine que Quinn t’a déjà posé les questions habituelles ? » Et j’ajoute, alors que Ludwig a détalé dehors pour récupérer je sais pas quoi. « Tu veux qu’il soit là ou on doit trouver un moyen de le laisser dehors ? » La question est on ne peut plus sérieuse. C’est carrément à elle de voir comment elle veut que ça se goupille, surtout qu’elle était pas particulièrement enthousiaste tout au long de cette grossesse. Tout en parlant, je vais pour me laver les mains et je lance un regard en direction de la rouquine. « Tu te sens prête ? » Ca aussi, c’est important. C’est pas rien ce qu’on va faire.

Elles ont commencé il y a longtemps... Assume Ludwig d'un ton sombre, qui trahit sa panique. Il ne sait même plus quoi faire pour me soulager, aucune de ses préparations n'a pu vraiment changer quelque chose à la situation, et je suis trop bornée pour les accepter de toute façon. Je pose un regard douloureux sur Quinn, alors qu'elle enchaine les questions en essayant sans doute de rendre ce moment plus agréable qu'il ne l'est. Mais son "tu verras bientôt ton enfant" n'a rien de rassurant, et je ne comprends pas qu'elle puisse trouver ce genre de déclaration adorable quand elle sait que je ne suis pas motivée du tout à être de nouveau mère.

Pourquoi croit-elle que je n'ai pas parlé du début du travail ? A-t-elle l'impression que j'attends cet instant avec une formidable impatience ? Je me contiens comme je peux, crispée alors que je peux rejoindre une assise, mais je suis incapable de m'allonger : c'est tout sauf spontané, logique pour moi. C'est sans doute plus pratique pour eux, mais mon corps se refuse à le faire parce que les douleurs sont un peu plus gérables quand je suis crispée vers l'avant. Hier matin, ça a commencé à me faire mal... que je leur annonce. J'ai... J'ai perdu les eaux dans la nuit... je termine de dire ça quand Nolan arrive, et que Ludwig perd de son côté toutes ses couleurs. Je ne sais pas s'il est effrayé ou horrifié, ou en colère même.

Pourquoi tu ne l'as pas dit ?! Je soupire. Je peine déjà à retrouver mon souffle, est-ce que c'est le bon moment pour avoir cette discussion. C'est avec toutes mes forces que je l'ignore, pour essayer de... Je ne sais pas ? Ne pas exploser sans doute, ça sera un bon début. Il y a de moins en moins de temps entre les contractions mais- Une nouvelle me prend, et je retiens un glapissement qui n'augure rien de bon. La question de Nolan me laisse un temps songeuse quand je retrouve mes esprits, c'est difficile parce que j'ai le crâne plongé dans du coton, saturé de douleur seulement. Non, c'est bon, il peut rester... Que j'articule.

Hier matin ?! Bon sang, et c'était maintenant qu'elle jugeait utile de venir ? La rouquine pince les lèvres, sans doute que Ludwig lui à déjà passé un savon de toute manière, autant de ne pas la stresser d'avantage avec l'accouchement à venir. Se contentant de cligner des yeux plusieurs fois à l'évocation de la perte des eaux dans la nuit, pile au moment ou Nolan débarque. Ah, son sauveur. Lui offrant une brève esquisse de sourire rapidement disparu sitôt que Ludwig explose, reprenant à l'attention du futur père Vraiment, cette discussion peut attendre. Et si elle comprenait qu'il fulmine, il n'empêchait. Pour l'heure, la brune avait besoin de soutien, pas de leçons de morales.

Donc perte des eaux, et visiblement tout juste quelques minutes entre les contractions ? Qu'elle demande à Liv sitôt qu'ils ont installé le matériel, attendant l'avis de Nolan sur la question, alors qu'il est question de laisser Ludwig assister à tout ça. Hochant la tête en silence, tout en espérant que le futur père ne chercherait pas à poser les questions qui fâchent, reprenant à l'attention de Nolan, tout en serrant la main de la brune de la sienne pour lui apporter un minimum de soutien entre les douleurs qu'elle semble déjà ressentir.

Il va falloir vérifier la dilatation du col... Surtout au vu du peu de minutes entre chaque contraction. Déjà au moins quelques heures depuis la perte des eaux, mais ça ne voulait pas dire pour autant que l'accouchement avait démarrer, et ce, malgré ses douleurs.

Liv, tes douleurs. reprend la rouquine à l'attention de leur patiente, venant poser une main fraîche sur son front. Quel niveau, sur une échelle de dix ? D'autant qu'ils ne possédaient rien pour la soulager, en l'état. Avisant Nolan en le laissant fédérer la suite des événements, lui tendant néanmoins la bassine d'eau chaude ramenée par Ludwig qu'elle remercia dans un souffle, profitant d'un court laps de temps seul à seul pour se désinfecter.

C'est pas normal qu'elle souffre autant. Le col est à peine dilaté, les contractions devraient être plus espacées...

Je me contente d’un bref froncement de sourcils quand Olivia annonce qu’elle a mal depuis la veille. Et qu’elle a perdu les eaux dans la nuit. Pas la peine de la sermonner ou d’en rajouter une couche, ça changera pas grand-chose à son état immédiat de toute façon. Mais au moins, ça nous file quelques infos concrètes sur sa situation. Et j’ai pas le temps de rappeler à Ludwig que c’est Olivia la priorité que Quinn s’en charge direct. Bon, tant mieux.

Surtout que là, on a clairement autre chose à penser. Et si la brune me dit qu’elle veut bien qu’il reste, j’ai un bref regard à l’attention du père. Avant de serrer son épaule doucement, sans rien ajouter de plus. Il sait comment ça fonctionne et je peux piger qu’il soit inquiet. J’écoute les échanges avec Quinn, tout en enfilant une paire de gants. Je garde le silence, attrapant la bassine d’eau chaude pour la poser sur le côté, attendant surtout les premiers résultats des examens faits par la rouquine.

Et ce qu’elle me dit me plait pas du tout. « Je vois. » Une brève inspiration, alors que toutes les options se bousculent dans mon esprit. « Il va falloir qu’on surveille ça. S’il s’ouvre plus du tout, on devra procéder à une césarienne. » Que ce soit parce qu’il y a une anomalie dans la dilatation ou parce que le bébé progresse pas assez. Trop de possibilités. « On va faire une écho pour voir la position du bébé. » Ca nous aidera déjà à en savoir plus. « Qu’est-ce qui nous reste comme antidouleurs ? » Quelque chose qui la shoote assez pour que les douleurs soient plus une entrave au travail, mais qui la garde assez alerte pour qu’elle pousse.

… ouais, c’est la merde.

Je ferme les yeux un instant, avant de revenir vers Olivia. « Okay, on va devoir faire quelques petites vérif’ en plus, d’accord ? Rien de grave. Oublie pas qu’on est là tous les deux, qu’on s’occupe de tout. » Hum. Je sais pas si je suis super convaincant, mais je me sens ptet un peu plus fébrile que je l’aurais cru au premier abord. « Dis-voir, tu sais si ton utérus est paresseux ou pas ? » Bon. Au moment où je prononce cette phrase, je me dis que j’aurais pu faire ça de 10 000 façons différentes. Et celle-là en fait pas du tout partie.

Je sens au regard des autres que ce que je leur raconte n'est clairement pas une bonne nouvelle. Je suis inquiète, et ça ne va pas en s'arrangeant. Ludwig saisit ma main, et à la moindre vague de douleur, je la serre plus que de raisons. J'ai chaud, je suis fatiguée, j'ai l'impression que ça ne va pas aller en s'arrangeant. Mon seul soulagement, c'est que les contractions ne sont pas encore totalement continues. J'ai le droit à du répit entre chaque, de quoi reprendre mon souffle. Nolan et Quinn font des messes basses, le problème étant qu'ils sont suffisamment discrets pour que je ne les entende pas, et pas suffisamment pour que je ne les vois pas.

La question de Quinn me fait froncer les sourcils. Sur une échelle d'un à dix, ou est-ce que je situe la douleur ? Je pince les lèvres : Je ne sais pas... Je dirais... Sept ou huit... Mais à peine je termine de dire ça qu'une contraction me reprend et je serre si fort la main de Ludwig que lui aussi à un cri douloureux : OU QUINZE ! Que je lâche, le souffle coupé par l'impression d'être broyée littéralement. C'est... C'est insoutenable, je vais sans doute crever ici, à une vitesse hallucinante, tout ça pour quoi ? QUINZE, C'EST QUINZE ! Que je confirme.

Un sanglot m'échappe, c'est tellement douloureux que quand la contraction passe, j'ai l'impression de ne plus avoir de force du tout. Et le reste ? On m'assure une nouvelle auscultation, qu'il faut vérifier, et puis faire une échographie. J'ai du mal à retrouver mon air alors ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent que ça ne changera rien du tout pour moi. Quoi que la question de Nolan me fait lancer un regard dur vers lui, et serrer les doigts - si fort que Ludwig s'inquiète d'une autre contraction : Ce que je peux te dire, c'est que mon poing n'est pas du tout paresseux, tu veux voir ça de plus près ? Que je lui demande à bout de ma patience. Déjà...