Waban était renfrogné. Agacé même d'avoir encore besoin d'entendre son problème à sa jambe. Il se sentait comme diminué à l'entente de celui-ci. Parce que beaucoup lui rappelait à chaque fois. Il était plus qu'une simple faiblesse à son sens. Même s'il se doutait que Nima n'avait aucune arrière pensée de son côté.

- Je suis ravi de voir que tout le monde est capable de voir cette faiblesse. Je ne suis pas stupide, je sais que je compense autrement. Mais tu as quelque chose pour faire disparaitre les douleurs, toi ?

Waban grommela dans sa barbe, pas bien content d'être réduit à cet événement de sa vie. Mais Nima avait raison malgré tout. Mais l'accepter n'était pas aussi facile. Le natif soupire tout en tentant de se concentrer le mieux possible. Glissant son regard sur les empreintes de Nihima, pour tenter d'en trouver les subtilités. Mais rien. Il agita donc la tête de droite à gauche. Fémur brisé.. Waban fixa à nouveau les empreintes. Il aurait du les voir. Le natif fronça les sourcils, pas heureux du tout de cette constatation affligeante.

- Si j'étais plus concentré, je n'aurai pas eu cette blessure à la jambe. Si j'étais concentré, j'aurai pu éviter bien des choses.

Si par les signes, l'agacement ne pouvait être communiquées, Waban l'indiquait dans sa rapidité à signer, dans ses sourcils froncés par l'agacement. Il pensait faire mieux que ça. Elle lève la main, montre l'une des plumes qui se trouvaient dans ses cheveux. Glissant la main derrière son crâne, il ne trouva plus le même nombre...

Waban soupire à nouveau. Attrapant la plume pour la glisser à nouveau dans ses cheveux, Waban reposa son regard sur son amie. Se ménager n'était pas une chose facile à faire. Néanmoins, tout le monde semblait l'emmerder avec ça.

- Je ne promet rien.

Waban marcha en direction des traces que Nima lui avait notifiées. Il s'accroupit finalement pour s'approprier les détails au mieux.

- Ils sont plusieurs. Certaines plus petites que d'autres... on dirait un enfant. Un homme à en juger par les empreintes, la jambe gauche traîne bien plus donc le corps a été endommagé. Il y a des empreintes qui marchent normalement, comme s'il avait tenté de se faire passer pour l'un d'entre eux.

Un survivant à n'en pas douter. Il y avait probablement des survivants, ou survivant parmi le petit troupeau de rôdeurs.

- Trois morts, un vivant.

Elle hausse un sourcil, pas réellement surprise de sa réaction. L'avisant en silence témoigner de sa mauvaise humeur à l'évocation de sa faiblesse, haussant les épaules. Nolan, Quinn, Lisandro. Voilà sa propre manière de faire disparaître les douleurs. Des étirements, de la méditation. Pour elle, en tout cas. Ce n'était pas pour rien qu'elle passait parfois une heure seule sur la structure, à genoux. Et à sa nouvelle remarque désabusée, vient-elle finalement poser une main sur son épaule pour l'inciter à stopper le flot de ses pensées. Venant délacer rapidement armure et protections, quittant son haut noir pour ne conserver que sa brassière. Le laissant aviser des multiples marques de son corps. Son bras gauche massacré par les crocs des chiens à Georges, l'estafilade qui courrait de sa hanche à son épaule, profondément gravée à même sa peau. Les traces de couteau, de scarifications, ou se mêlaient parfois les restes d'hématomes de récents combats à la structure.

J'étais concentrée, ces jours là. Les Esprits ne m'ont pas épargnée pour autant. Et elle vivait avec chacune de ses douleurs hivernales, sans jamais rien en montrer. Nous avons tous nos cicatrices, nos propres blessures internes. Et si c'est frustrant, tu apprendras à vivre avec. Peut-être même à en faire une force, d'une manière ou d'une autre. Revenant se rhabiller prestement pour s'éviter la morsure du froid, secouant doucement la tête à cette fausse promesse que lui offre le brun. Non seulement, tu vas le promettre. Mais en plus, tu vas t'y plier. Et si le ton était calme, la demande ne souffrait pourtant d'aucun refus. Tu as un potentiel dont tu ignores tout. Et je compte bien te le faire découvrir, sitôt que tu auras terminé de râler. A croire que c'était l'apanage de ses élèves. Lui offrant une ombre de sourire alors qu'il vient s'accroupir pour aviser les traces, suivant son mouvement avec la même aisance, le laissant faire sa propre analyse. Fronçant imperceptiblement les sourcils à sa remarque. Bien. Souffle t-elle en hochant la tête, avisant la clairière qui s'enfonçait dans l'obscurité.

Tu prends les commandes. Je te suis.

Waban reprend finalement une respiration, cessant d’agiter les mains à la présence de celle de Nima sur son épaule. Il ne fallait pas qu’il se laisse aller. Alors, il préféra fermer les yeux quelques secondes. Pour se raccrocher à nouveau à la terre située sous ses pieds. Lorsqu’il sent du mouvement, Waban ouvre les yeux pour voir la native retirer son armure. Comprenant rapidement où elle voulait en venir, le brun se contente d’aviser chacune des blessures que peuvent comporter son buste.

- J’ignore comment tu fais.

Waban compensait. Mais il n’arrivait pas à faire avec. A ne pas le laisser l’impacter. La douleur de son corps ou de son âme lui paraissait parfois trop lourde à porter, trop lourde pour avancer. Alors qu’elle s’habille à nouveau, le natif ne laisse échapper qu’un simple Hm désapprobateur.

- Je travaille déjà avec Nolan.

Merci à Sokanon qui n’a pas attendu la moindre minute. A la vue de la difficulté de sa propre jambe, elle avait vu un écho à Waban qui n’était pas difficile à déceler. Waban savait qu’il avait du potentiel, sinon Nihima ne serait pas là à tenter de le monter. Néanmoins, il avait son caractère et à sa pique, il ne fit qu’un sourire amusé. Sourire d’à peine quelques secondes qui finit par disparaitre pour se concentrer vers ces traces. Petit groupe de rôdeur parmi lequel un vivant s’était camouflé. Drôle d’idée pour Waban. Se cacher parmi les ennemis. Se redressant sur ses deux pieds, Waban hocha simplement la tête.

- Ils sont partis vers la droite. Suis-moi.

Waban se déplaça rapidement, discrètement malgré tout, pour prendre la direction, suivre les traces jusqu’à s’arrêter près de quelques arbres. S’accroupissant à nouveau, les pas humains avaient finalement disparu.

Plissant les yeux quelques secondes, c’est un sifflement dans l’air qui le fait se redresser d’un coup, attrapant à la volée le manche de la hachette qui filait droit en direction du visage de Nihima. Un juron se fit entendre, du haut de l’arbre sur lequel le vivant était perché. « Je vous conseille de tourner les talons ! Je vous tiens en joue !  » Waban fronça les sourcils, jetant un regard à son amie avant d’agiter la tête de droite à gauche.

- Pourquoi il aurait jeté la hachette s’il était armé.. ?

Je n'ai pas le choix... A ce stade, ce n'était même plus une question de volonté après tout. Seulement de pouvoir continuer à avancer et montrer l'exemple. Si l'on pouvait le définir comme tel, du moins... Quand à l'excuse de travailler avec Nolan ? Alors doubles tes exercices. Exige la brune d'un ton ferme, haussant les épaules au regard que lui lance le natif. Je n'ai jamais dis qu'être un de mes élèves serait une sinécure... Ca ne l'avait jamais été, et elle savait Waban suffisamment intelligent pour ne pas s'en formaliser. Le laissant se concentrer avec plus de rigueur pour suivre la piste, se fondant à sa suite avant de venir à son tour s'accroupir à l'abri. Mais le temps semble s'arrêter une seconde avant qu'une hache ne fuse dans sa direction, rapidement stoppée par Waban. Avisant ce dernier avant d'hocher lentement la tête pour le remercier en silence, alors que la situation ne se prête pas à pouvoir le remercier d'avantage. Mais elle aurait tout le temps de se rattraper plus tard, quand la situation serait moins tendue.

Quand à l'homme, perché au dessus d'eux qui s'amuse désormais à les menacer ? Un rictus bref s'affiche à ses lèvres, venant resserrer sa prise sur le manche de la hache. Du buff ? Interroge t-elle finalement Waban pour avoir son avis sur la question, avant de contracter ses muscles et viser.

Retour à l'envoyeur. Songe t-elle avec un soupçon d'ironie alors que l'homme chute de sa cachette pour rejoindre le sol une fois son arme retournée contre lui. N'attendant pas une seconde de plus pour sortir de sa planque et venir réceptionner leur agresseur par le col pour l'aider à se relever sans aucun ménagement, fronçant les sourcils.

Maintenant, c'est moi qui t'ai en joue. Et la lame de son poignard contre sa gorge aurait au moins le mérite de l'inciter à choisir le calme plutôt qu'une nouvelle provocation, avec un peu de chances. Tu vois d'autres armes ? S'enquit-elle finalement auprès de Waban, histoire de leur éviter une seconde mauvaise surprise ...

- J'aurai été déçu si ton entrainement n'était pas une sinécure.

L'heure n'est plus au bavardage alors que Waban empêche Nima d'avoir une cicatrice supplémentaire sur le visage. Machette encore dans la main, l'homme est inoffensif à son sens. Jeter une arme blanche lorsqu'il possède une arme à feu est stupide à son sens. Waban comprend aisément qu'il n'a pas de munition. A la question de Nima, Waban hoche la tête.
Et Nima agit rapidement, lance la hache qui entraine la chute de l'homme. A l'image de Tucker, le pauvre mec est attrapé par le col et plaqué contre le tronc.

L'homme lève les mains en l'air, tentant même d'allonger son cou pour que la lame ne soit plus aussi présente contre sa gorge. Le natif s'occupe de détailler son visage mais aussi de regarder si des armes sont présentes. Ses mains passent sur son buste puis ses jambes. " Non non ! J'ai rien ! J'ai rien ! Arrête de me tripoter ! " Waban repose le regard sur l'homme, les sourcils froncés.

- Il a rien sur lui. Mais il faut qu'il arrête de gueuler, les rôdeurs sont sûrement pas loin.

A l'absence de mot de Waban et l'agitation de ses mains, le type fronce les sourcils avant de reposer le regard sur la native. " Je vous voulais pas de mal ! Il y a des connards partout ici, vous vous rendez pas compte ! " Waban se redresse finalement pour regarder autour de lui. Mais rien n'indiquait la présence de rôdeur. Dans l'immédiat. Le natif glisse la main sur l'arme à feu et comme il l'avait finalement deviné, aucune balle présente.

- Tu peux lui demander pourquoi il se cache ici au lieu d'avancer ?

Waban n'était pas bien rassuré à l'idée que quelque chose ne soit plus complexe et nécessite de ce cacher de la sorte. L'homme, visiblement sale et fatigué, commence toutefois à s'agiter. Alors qu'il s'apprête à ouvrir la bouche, un bruit d'en l'arbre se fait entendre, un craquement violent de la branche situé juste au dessus de lui avant qu'un super-rôdeur ne s'écroule. Dans un reflexe inouïe, Waban tire violemment l'épaule de Nima vers l'arrière alors que le rôdeur plante ses dents dans la mâchoire du pauvre type. Son hurlement déchire le calme de la forêt.

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