- C'est pas du tout c'que tu crois !

Mais qu'est-ce qu'il fout là, lui !? Si Zelda avait imaginé que Stan' pouvait se balader dans les parages, elle aurait sans doute fait preuve d'un peu plus de retenue. Mais forcément, comme il se doit, il arrive au mauvais moment. Celui où on pourrait presque croire que l'adolescente était en train de menacer la française. Et si l'australienne se fie à la façon dont il lui a ordonné de reculer immédiatement, c'est l'option pour laquelle il semble avoir optée.

La voici qui obéit. Peut-être par habitude, plus vraisemblablement à cause d'un mélange de peur et de méfiance. Elle n'a pas très envie qu'il lui saute à la gorge et si la présence d'Adel la rassure - c'est quand même un comble ! - elle envisage malgré tout l'idée qu'il cherche à venger son ami ou que la colère l'emporte sur le bon sens.

J'sais pas, Stan' ! À toi de m'le dire ? contre-t-elle néanmoins lorsque le général se permet de lui demander si elle n'en pas déjà suffisamment fait. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il revienne si vite sur le sujet, et de cette façon. Sans lui laisser la moindre chance, comme si le fait qu'elle soit coupable était devenue une certitude à ses yeux. J'en ai trop fait, à ton avis ? Seule sa perception semble importer et même si Zelda est consciente d'être coupable, la manière d'agir de Stan' n'en reste pas moins immorale à ses yeux. Ce n'est pas parce qu'on est injuste qu'on doit fermer les yeux sur l'injustice, d'abord !

Mais sa réaction est davantage celle d'une gamine vexée que d'une adulte dans son bon droit. Et bien vite c'est Adel qui se ménage à nouveau une place dans sa conscience alors qu'elle se met à débiter des conneries. Quelque chose qui ressemble vaguement à un résumé de ce qu'il se passait au moment de l'arrivée du général. Maintenant j'sais de quel côté t'étais pendant la guerre, toi ! lui claque l'australienne. Putain de collabo ! Et en plus la pilote ne se prive pas pour balancer ses inepties sur le fait qu'être aux commandes d'un avion est bien plus compliqué que de tenir un fusil. Pour moi ça revient au même ! Du gâteau ! Tant qu'il y une gâchette, elle se débrouillera.

Mais si le fait qu'Adel s'exprime sur l'aviation ou même la nature de leur discussion semble normal, elle dépasse très vite les bornes lorsqu'elle tente de s'immiscer dans les affaires de Stan' et elle. Mais soit, puisqu'elle souhaite savoir pourquoi elle a été virée... Parce que j'ai sauvé ta putain d'vie ! Voilà pourquoi ! Ou du moins quelque chose du genre. Ce qui est sûr c'est que si Adel ne s'était pas crashé, Zelda serait encore dans l'armée à l'heure actuelle. L'problème c'est qu'ça a coûté celle de Caleb, au passage ! Et que Stan' est convaincu que j'me suis amusée à l'buter pour... Bah, j'en sais rien ! Demande-lui ? Elle, elle tourne déjà le regard en direction de l'intéressé. Tant qu'ils y sont, hein, autant y aller à fond !

L’adolescente recula rapidement, attentive aux menaces implicites de son ancien formateur. Elle connaissant le langage de son corps, elle savait qu’il pouvait réagir très vite. Elle répondit toutefois avec une forme de dédain. Cette éternelle manie de ne jamais se remettre en question, d’être incapable seulement de la boucler. Adrienne ne manqua pas de fournir quelques explications à la scène. Affligeantes. Bon sang, Zelda ! Stanley poussa un long soupir. Il n’avait même pas envie de discuter. Mais c’était trop tard évidemment, puisqu’il s’était incrusté. Il afficha un visage exagérément surpris à la dernière remarque de la jeune fille. Elle ne manquait pas de toupet. Il tâcha de répondre relativement calmement, même si le sujet l’énervait.

- Zelda, n’fais pas comme si c’était la première fois qu’on parlait d’ça. Les zones d’ombre dans cette histoire, elles n’viennent que d’toi, souviens bien toi d’ça. J’crois pas une seconde qu’tu t’es amusée à l’buter, non. Mais j’suis convaincu qu’t’as fait une connerie qui lui a couté la vie. Et oui, ça m’reste là. Il mima le travers de sa gorge. Parce que c’est pas ta première fois et parce que t’es pas foutue d’raconter la vérité. En t’barrant, j’sais pas où, avec Levi sous un prétexte bidon, t’as définitivement perdu ma confiance, c’est tout.

Devait-il en dire davantage ? Probablement pas. Adrienne connaissait évidemment les faits, puisqu’elle aurait pu être un témoin majeur, si ce n’était le seul, dans cette affaire ! Et elle avait bien entendu été interrogée aussi dans le cadre de cette enquête réalisée par Jill. Mais non, la pilote n’avait été d’aucune utilité ! A croire que survivre à un crash et une attaque de rôdeurs empêchait de garder un minimum de lucidité ! Bref… seule la jeune fille connaissait l’entièreté de l’histoire et il n’y avait rien à en tirer.

- Tu d’vrais t’trouver une occupation là où tu n’risqueras la vie d’personne. T’as des qualités d’dingue, Zelda, c’est pas la question. Mais on s’demande franchement c’que t’as dans l’crâne parfois.

Comme en cet instant, avec sa requête à la française. Être un bon soldat ou un bon pilote, ce n’était pas seulement savoir tenir une arme ou savoir faire voler un avion. C’était être capable de prendre les bonnes décisions. Et que ce soit à chaud ou à froid, de toute évidence, la jeune fille était définitivement vraiment à chier pour ça !