J’écoute attentivement ce que Marc me raconte et sans même m’en rendre compte, je comprends qu’il est comme nous. Une victime de plus et rien d’autre. J’vois dans ces traits et comprends dans sa voix et son regard qu’il a par l’air de mentir. Et je le sais parce que j’ai ressenti la même colère quand j’ai vu ce qu’ils avaient osé faire à Joaquin. Je souffle un grand coup avant de finalement lâcher : Ils ont fait la même chose à mon frère. Ils l’ont laissé crever la bouche ouverte, les bras et les jambes ligotés, l’ont laissé se transformer en rôdeur. J’ai presque du mal à sortir cette phrase parce que depuis tout ce temps où je ne l’avais pas vu, j’avais plus cette image de lui en tête mais d’en reparler, j’ai tout qui me revient en pleine gueule et une nouvelle envie de meurtre. J’crois que ce point commun peut être le début de quelque chose de plus grand. 

Mais j’essaie de faire bonne figure, si je veux convaincre Marc de nous aider, je dois lui montrer que je ne suis pas là pour rigoler, que j’ai un minimum de contenance. Je lâche même un petit rire quand il réagit comme un enfant qui ne veut pas écouter ses parents. Un Rebel, je vois ça. Ce n’est qu’une taquinerie en fin de compte, mais j’apprécie de le savoir. C’est vrai. Et j’hésite à lui en dire plus, mais sans prendre de risques, je ne saurais jamais. On fait partie de plusieurs groupes. On a été choisis et contre notre vie, ceux restés à terre doivent payer une rançon. Je ne connais pas le détail de la transaction, j’ai été rapidement emmené ici sans en savoir plus, mais j’imagine qu’il s’agit de nourriture principalement, d’armes aussi surement, de médicaments. J’fais que supposer, je n’ai pas encore eu l’accord pour partir avec eux. J’imagine que vu que tu n’avais pas de groupe, tu n’es qu’une bouche supplémentaire à nourrir. Je hausse les épaules, ce n’est pas une insulte, juste un constat, voilà pourquoi les filles et moi avons “ La chance “ d’avoir été marqué.  

Je retiens de leur coller contre le mur et de se montrer moins insolent avec moi, mais en même temps, ma question n’est pas la plus intelligente, je dois l’admettre. Car je sais qu’ils sont nombreux, j’en ai côtoyé assez en épluchant des pommes de terre ou en faisant d’autres tâches ingrates. Je relève la tête cependant quand il me donne le nom d’une autre otage. D’une autre “ marquée “ comme ils nous appellent. Aimee. Je dois aller lui parler. Alors j’essaie de lui en faire dire un peu plus. Elle ressemble à quoi cette Aimee dis-moi ? Que je lui demande. Et avant qu’il ne pense que je cherche à le nuire, lui ou ses intentions à son égard je rajoute : Et avant que tu ne te fasses des idées, si je veux savoir c’est parce que nous n’avons pas l’intention de rester les bras croisés. J'ai besoin d'informations, principalement. J’avise son visage à la recherche de signes, savoir s’il est fiable, mais je ne pourrais rien dire pour le moment. Écoutes, autant jouer la franchise jusqu’au bout, de toute manière ça passe ou ça casse. J’sais pas ce que je peux te dire d’autre pour le moment, mais saches qu’on ne compte pas se laisser marcher sur les pieds aussi facilement et nous prenons toute l’aide que nous pourrons. Ça sonnerait presque comme un marché. Je te propose ça, tu nous aides, tu sembles malin et tu connais pas mal de choses ici. Si ça se passe bien, tu t’en sors avec nous, si ça tourne mal, tu pourras toujours nier. Tu n’as rien à y perdre.  

Et avant qu’il ne me réponde je rajoute. Ulrich m’a à l’œil parce qu’il sait que je peux lui être utile. Il veut s’assurer de mes compétences avant et de ma fidélité. Si ça ne lui prouve pas que je suis sincère alors ce sera un échec dans ce deal qui pourrait bien nous faire avancer. J’ai fait pire qu’eux dans ma vie d’avant que je rajoute. Non, ce n’est pas vrai, mais ça, il n’a pas besoin de le savoir. Pour le moment. Alors ? T’en dis quoi ?